"Nobody will get out of here alive." Jim Morrison1 La mort, objet philosophiqueL'inĂ©vitabilitĂ© de mourir et le droit ou l'interdiction de tuer ne cessent de nous questionner "Il s'en faut d'un rien, un caillot de sang dans une artĂšre, un spasme du cĆur... pour que lĂ -bas soit immĂ©diatement ici. Vladimir JankĂ©lĂ©vitch"Vous ne savez ni le jour ni l'heure." Evangile de Jean"Chacun de nous est le premier Ă mourir." EugĂšne Ionesco"Quand on naĂźt, on est toujours assez vieux pour mourir." Martin HeideggerMalgrĂ© les progrĂšs des sciences biologiques et Ă©pidĂ©miologiques, la mort reste inĂ©luctable..."Elle est inclassable, elle est l'Ă©vĂ©nement dĂ©pareillĂ© par excellence, unique en son genre, monstruositĂ© solitaire, elle est sans rapport avec les autres Ă©vĂ©nements qui, tous, s'inscrivent dans le temps." Vladimir JankĂ©lĂ©vitchPourquoi la mort de quelqu'un est-elle toujours une sorte de scandale, se demande Vladimir JankĂ©lĂ©vitch Vladimir JankĂ©lĂ©vitch, La Mort, Champs Flammarion, 1977, pourquoi cet Ă©vĂ©nement si normal Ă©veille-t-il chez ceux qui en sont tĂ©moins autant de curiositĂ© et d'horreur ? Depuis qu'il y a des hommes et qui meurent, comment le mortel n'est-il pas habituĂ© Ă ce phĂ©nomĂšne naturel et pourtant toujours accidentel ? pourquoi est-il Ă©tonnĂ© chaque fois qu'un vivant disparaĂźt, comme si cela arrivait chaque fois pour la premiĂšre fois ? "Si la mort n'est pensable ni avant, ni pendant, ni aprĂšs, quand pourrons-nous la penser ?"La mort n'est nulle part et elle est partout, ce n'est pas un Ă©vĂ©nement, mais un processus continu, de la naissance Ă la mort clinique, biologique, en passant par le vieillissement "Chaque jour, j'observe la mort Ă l'Ćuvre dans le miroir." Jean CocteauLa mort est un phĂ©nomĂšne biologique mĂ©diatisĂ© par le social, ce n'est pas un simple objet empirique. La mort-en-soi n'existe pas, mais elle est perçue, vĂ©cue, imaginĂ©e... L'homme sait qu'il va mourir, ce qui faisait dire Ă Heidegger dans Ătre et Temps Sein und Zeit que l'homme le Dasein est un "ĂȘtre-pour-la-mort".On parle de mort physique, mais aussi de mort biologique, de mort gĂ©nĂ©tique, quantique, spirituelle, psychique ou philosophie s'interroge sur la mort "Philosopher, est-ce apprendre Ă mourir ?" La mort est-elle une privation, une punition ou bien une dĂ©livrance ? Nous rĂ©vĂšle-t-elle lâĂtre par le biais de l'angoisse ? Est-ce un Ă©chec "en elle s'identifient l'absolu de l'Ă©chec subjectif et l'absolu de l'Ă©chec objectif." ou bien un renouvellement ontologique ? Est-ce une expĂ©rience inĂ©vitable et unique ou un objet de spĂ©culation ?Si philosopher, depuis Socrate, c'est "se prĂ©parer Ă mourir" la formule est de Montaigne, c'est parce que le "dialogue silencieux de l'Ăąme avec elle-mĂȘme constitue, non un refus de la vie, mais un retrait provisoire par rapport Ă la vie et un oubli du corps cf. H. Arendt, La vie de l'esprit ; l'idĂ©e de l'Ăąme, la thĂ©orie platonicienne des "mondes duels", si intimement liĂ©es Ă l'idĂ©e de la mort, proviennent, selon elle, de ce retrait par rapport Ă la vie, que le sens commun considĂšre comme "contre nature"."Ni le soleil, ni la mort ne se peuvent regarder en face." La Rochefoucauld fait allusion, dans cette cĂ©lĂšbre maxime au moment oĂč la mort cesse d'ĂȘtre un objet de pensĂ©e extĂ©rieur Ă moi pour devenir, comme disait saint Augustin de Dieu "plus intime Ă moi-mĂȘme que moi-mĂȘme".On ne peut regarder la mort en face, "l'envisager" ; l'inconscient, l'animal en nous, ignore la mort, mais la mort peut se mettre Ă saturer la conscience, non en tant que simple savoir, le point de vue que nous pourrions avoir "sur" un objet, mais comme certitude intĂ©rieure, absolue, existentielle, la seule et unique certitude."Vous savez que vous allez mourir, disait Lacan, mais vous n'en ĂȘtes pas sĂ»rs." Le passage du savoir Ă la certitude est l'Ă©preuve suprĂȘme dans la vie d'un ĂȘtre humain. La plupart des hommes s'arrangent pour ne pas l'affronter en s'Ă©vadant dans le divertissement, mais il arrive qu'elle s'impose Ă nous. Il s'agit alors de savoir comment supporter l' Anthropologie de la morta La mort dans les sociĂ©tĂ©s archaĂŻques L'idĂ©e dominante est que les disparus vivent d'une vie propre, comme les vivants. "De la MĂ©lanĂ©sie Ă Madagascar, du Nigeria Ă la Colombie, chaque peuplade redoute, Ă©voque, nourrit, utilise ses dĂ©funts, entretient un commerce avec eux, leur donne, dans la vie, un rĂŽle positif, les subit comme des parasites, les accueille comme des hĂŽtes plus ou moins dĂ©sirables, leur prĂȘte des intentions, des pouvoirs." Paul ValĂ©ryb La mort dans les sociĂ©tĂ©s "mĂ©taphysiques"Les morts y sont radicalement sĂ©parĂ©s des vivants ; on distingue les "morts anonymes" des "grands morts" les personnages importants. L'immortalitĂ© de l'esprit remplace l'immortalitĂ© des La mort dĂ©dramatisĂ©eSelon Ăpicure, la mort n'est rien "Familiarise-toi avec l'idĂ©e que la mort n'est rien pour nous, car tout bien et tout mal rĂ©sident dans la sensation, or la mort est la privation de cette derniĂšre."Cette connaissance certaine que la mort n'est rien pour nous a pour consĂ©quence que nous apprĂ©cions mieux les joies que nous offre la vie Ă©phĂ©mĂšre, parce qu'elle n'y ajoute pas une durĂ©e illimitĂ©e, mais nous ĂŽte au contraire le dĂ©sir d'immortalitĂ©. Ainsi, celui des maux qui fait le plus frĂ©mir n'est rien pour nous, puisque, tant que nous existons, la mort n'est pas et que, lorsque la mort est lĂ , nous ne sommes mort, par consĂ©quent, n'a aucun rapport, ni avec les vivants, ni avec les morts, Ă©tant donnĂ© qu'elle n'est rien pour les premiers et que les derniers ne sont plus." Ăpicure, Lettre Ă MĂ©nĂ©cĂ©eFeuerbach considĂšre la mort comme une chimĂšre, puisqu'elle n'existe que quand elle n'existe Marx, la mort est hors des atteintes de l'Ă©nergie pratique de l'homme. Cette dĂ©dramatisation de la mort, qu'elle soit Ă©picurienne ou marxiste n'est pas trĂšs convaincante. La dĂ©monstration que la mort n'est rien ne supprime pas l'angoisse du rien. Par ailleurs, comme le remarque le philosophe nĂ©o-marxiste Ernst Bloch, l'utopie vient se briser contre l'Ă©cueil de la mort. Si nous devons mourir, notre vie n'a pas de sens parce que ses problĂšmes ne reçoivent aucune solution et parce que la signification mĂȘme des problĂšmes demeure Chesterton faisait remarquer un jour que les Anciens nous Ă©taient supĂ©rieurs Ă de nombreux points de vue, mais qu'ils n'Ă©taient certainement pas plus joyeux que nous ne le sommes ou que nous nous pourrions l'ĂȘtre si nous avions la certitude de la "vie Ă©ternelle" et que, comme le dit Nietzsche, "nous avions l'air ressuscitĂ©s".Ce qui est un lieu commun pour nous, le thĂšme de la briĂšvetĂ© de la vie, Ă©tait une obsession pour les Anciens. HĂ©siode compare les hommes Ă la "race des feuilles" et le conseil que donne LucrĂšce "Carpe diem" Cueille le jour ! est Ă©troitement liĂ© Ă l'idĂ©e de la mort profite de l'instant qui passe car il ne reviendra plus ; chaque heure qui passe te rapproche de la fin. "Omnis vulnerant, ultima necat."4 L'amortalitĂ©L'animisme et la religion de l'ancienne Ăgypte expriment une volontĂ© de survivre aprĂšs la mort. "Je crois aux dieux, AthĂ©niens, comme n'y croit aucun de mes accusateurs. Et, puisque Dieu existe, il ne peut arriver rien de mal Ă l'homme juste, ni pendant sa vie, ni aprĂšs sa mort." fait dire Platon Ă Socrate dans L'apologie de Socrate. On trouve la mĂȘme croyance dans le bouddhisme, mais sans l'idĂ©e de salut individuel fusion dans "l'Un-Tout" "L'homme n'est pas comme la banane, un fruit sans noyau, son corps contient une Ăąme immortelle." Les Kabyles appellent les dĂ©funts "les gens de l'Ă©ternitĂ©".5 La rĂ©surrection des corpsLe judaĂŻsme, puis le christianisme et l'islam approfondissent la croyance en l'immortalitĂ© et y ajoutent celle de rĂ©surrection des corps "Vos morts vivront, leurs corps ressusciteront." Ancien Testament, Vision dâĂzĂ©chielHannah Arendt met en Ă©vidence l'influence dĂ©cisive du christianisme et de la notion de "rĂ©surrection des corps" et pas seulement des "Ăąmes" et de "vie Ă©ternelle" qui confĂ©ra Ă la vie humaine une importance et une dignitĂ© qu'elle n'eut jamais le christianisme, la vie humaine et le temps qui lui est imparti sur la terre acquiĂšrent une importance considĂ©rable en raison de lâincarnation Dieu sâest fait homme et du fait quâelle constitue une prĂ©paration au salut, Ă la vie Ă©ternelle."Ne considĂ©rons plus un corps comme une charogne infecte, car la nature trompeuse le figure de la sorte, mais comme le Temple inviolable et Ă©ternel du Saint Esprit." Pascal, Lettre Ă sa soeur Gilberte du 1er octobre 1651"Sans JĂ©sus, la mort est abominable, mais c'est une chose sainte et joyeuse pour le vĂ©ritable croyant." PensĂ©esTout ce qui ce par quoi lâhomme antique cherchait Ă sâimmortaliser les Ćuvres dâart, la vie politique passent au second plan des prĂ©occupations humaines ou sont jugĂ©es vaines. Le sentiment dâĂ©ternitĂ© lâemporte dĂ©sormais sur le dĂ©sir dâimmortalitĂ© et sur la rivalitĂ© avec les PĂ©guy a bien montrĂ© ce changement de perspective qui Ă©tait dĂ©jĂ plus ou moins en germe dans lâantiquitĂ© grecque les hommes sont supĂ©rieurs aux dieux, car ils font lâexpĂ©rience de la mort est un Ă©vĂ©nement tragique, mais ce nâest pas un Ă©vĂ©nement absurde car sans elle la vie humaine nâaurait pas de sens. Un homme immortel ne ferait rien, ne se reproduirait pas "La vie des enfants, c'est la mort des parents." Hegel et nâaurait dâautre ressource que de sâintĂ©resser, passionnĂ©ment comme les dieux grecs, aux la mort et sans la naissance, rien de nouveau ne se produirait dans le monde "Le miracle qui sauve le monde, le domaine des affaires humaines de la ruine normale, "naturelle", c'est finalement le fait de la natalitĂ©, dans lequel s'enracine ontologiquement la facultĂ© d'agir." Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Calmann-LĂ©vy, coll. Pocket, p. 3145 La mort Ă l'Ă©poque moderneAvec les progrĂšs des sciences et des techniques, le dĂ©veloppement de l'esprit critique et le remplacement des anciennes valeurs par le profit et la rentabilitĂ©, l'individu affronte la mort dans la solitude. L'Ă©poque moderne se caractĂ©rise par une crise de l'individualitĂ© devant la mort dans un contexte de nĂ©vrose et d'angoisse ou par une banalisation apparente de la sociĂ©tĂ© moderne a globalement perdu la foi en la vie Ă©ternelle Arendt montre l'action corrosive du doute cartĂ©sien chez des penseurs chrĂ©tiens comme Pascal ou Kierkegaard, mais a conservĂ© la foi en la vie, mais une vie dĂ©sormais coupĂ©e de toute considĂ©ration transcendantale religieuse ou autre et donc d'une vie qui se suffit Ă elle-mĂȘme et d'oĂč la dimension de l'action rĂ©servĂ©e Ă une poignĂ©e de savants, de la parole et de l'Ćuvre rĂ©servĂ©e Ă une poignĂ©e d'artistes tend Ă disparaĂźtre au profit d'une sorte de survie "hĂ©bĂ©tĂ©e" ... DĂšs Ă prĂ©sent, le mot travail est trop noble, trop ambitieux, pour dĂ©signer ce que nous croyons faire dans le monde oĂč nous sommes. Le dernier acte de la sociĂ©tĂ© de travail, la sociĂ©tĂ© d'employĂ©s, exige de ses membres un pur fonctionnement automatique, comme si la vie individuelle Ă©tait rĂ©ellement submergĂ©e par le processus global de la vie de l'espĂšce, comme si la seule dĂ©cision encore requise de l'individu Ă©tait de lĂącher, pour ainsi dire, d'abandonner son individualitĂ©, sa peine et son inquiĂ©tude de vivre encore individuellement senties, et d'acquiescer Ă un type de comportement, hĂ©bĂ©tĂ©, "tranquillisĂ©" et fonctionnel." On peut donc constater que la banalisation de la mort comme simple cessation des fonctions vitales va de pair Ă l'Ă©poque moderne avec une certaine banalisation de la des philosophe "athĂ©es" ou agnostiques continuent Ă assumer le sĂ©rieux de la mort, sa dimension "tragique" Pour Jean-Paul Sartre, elle est la "nĂ©antisation toujours possible de mes possibilitĂ©s, qui est hors d'atteinte de mes possibilitĂ©s." La mort transforme la vie en destin. » dira de son cĂŽtĂ© AndrĂ© moderne a tendance Ă ignorer la mort ou Ă la banaliser "on" meurt. Pour Heidegger, nous trouverons dans l'acte d'assumer la mort l'authenticitĂ© de notre "ĂȘtre pour la mort", puisque la mort exprime la structure de la vie humaine. "L'Etre authentique pour la mort, c'est-Ă -dire la finitude de la temporalitĂ©, est le fondement cachĂ© de l'historicitĂ© de l'homme." Sein und Zeit [/justify]
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Nonje ne regrette toujours rien Livre d'occasion Ă©crit par Dumont, Charles paru en 2012 aux Ă©ditions Calmann-LĂ©vy, . ThĂšme : LITTĂRATURE GĂNĂRALE - Biographies, MĂ©moires - Biographies Code ISBN / EAN : La photo de couverture nâest pas contractuelle.
FIDELI FIDELIS JĂ©sus parle. Ă mĂšre ensevelie hors du premier jardin, Vous nâavez plus connu ce climat de la grĂące, Et la vasque et la source et la haute terrasse, Et le premier soleil sur le premier matin. Et les bondissements de la biche et du daim Nouant et dĂ©nouant leur course fraternelle Et courant et sautant et sâarrĂȘtant soudain Pour mieux commĂ©morer leur vigueur Ă©ternelle, Et pour bien mesurer leur force originelle Et pour poser leurs pas sur ces moelleux tapis, Et ces deux beaux coureurs sur soi-mĂȘme tapis Afin de saluer leur lenteur solennelle. Et les ravissements de la jeune gazelle Laçant et dĂ©laçant sa course vagabonde, Galopant et trottant et suspendant sa ronde Afin de saluer sa race intemporelle. Et les dĂ©passements du bouc et du chevreuil MĂȘlant et dĂ©mĂȘlant leur course audacieuse Et dressĂ©s tout Ă coup sur quelque immense seuil Afin de saluer la terre spacieuse. Et tous ces filateurs et toutes ces fileuses MĂȘlant et dĂ©mĂȘlant lâĂ©cheveau de leur course, Et dans le sable dâor des vagues nĂ©buleuses Sept clous articulĂ©s dĂ©coupaient la Grande Ourse. Et tous ces inventeurs et toutes ces brodeuses Du lacis de leurs pas dĂ©coupaient des dentelles. Et ces beaux arpenteurs parmi ces ravaudeuses Dessinaient des glacis devant des citadelles. Une crĂ©ation naissante et sans mĂ©moire Tournante et retournante aux courbes dâun mĂȘme orbe. Et la faĂźne et le gland et le coing et la sorbe Plus juteux sous les dents que la prune et la poire. Vous nâavez plus connu la terre maternelle Fomentant sur son sein les faciles Ă©pis, Et la race pendue aux innombrables pis Dâune nature chaste ensemble que charnelle. Vous nâavez plus connu ni la glĂšbe facile, Ni le silence et lâombre et cette lourde grappe, Ni lâocĂ©an des blĂ©s et cette lourde nappe, Et les jours de bonheur se suivant Ă la file. Vous nâavez plus connu ni cette plaine grasse, Ni lâavoine et le seigle et leurs dĂ©bordements, Ni la vigne et la treille et leurs festonnements, Et les jours de bonheur se suivant Ă la trace. Vous nâavez plus connu ce limon qui sâencrasse Ă force dâĂȘtre Ă©pais et dâĂȘtre nourrissant ; Vous nâavez plus connu le pampre florissant, Et la race des blĂ©s jaillis pour votre race. Vous nâavez plus connu lâarbre chargĂ© de pommes Et pliant sous le faix dans la mĂ»re saison ; Vous nâavez plus connu devant votre maison Les blĂ©s enfants jaillis pour les enfants des hommes. Ce qui depuis ce jour est devenu la fange NâĂ©tait encor quâun lourd et plastique limon ; Et la Sagesse mĂȘme et le roi Salomon NâeĂ»t point dĂ©partagĂ© lâhomme dâavecque lâange. Ce qui depuis ce jour est devenu la somme Sâobtenait sans total et sans addition ; Et la Sagesse assise au coteau de Sion NâeĂ»t point dĂ©pareillĂ© lâange dâavecque lâhomme. Vous nâavez plus connu ni cette plaine rase, Ni le secret ravin aux pentes inclinĂ©es, Ni le mouvant tableau des ombres dĂ©clinĂ©es. Ni ces vallons plus pleins que le flanc dâun beau vase. Vous nâavez plus connu les saisons couronnĂ©es Dansant le mĂȘme pas devant le mĂȘme temps ; Vous nâavez plus connu vers le mĂȘme printemps Le long balancement des saisons prosternĂ©es. Vous nâavez plus connu les fleurs nouvelles-nĂ©es Jaillissant des sommets en Ă©normes cascades ; Vous nâavez plus connu les profondes arcades, Et du haut des cyprĂšs les ombres dĂ©cernĂ©es. Vous nâavez plus connu les naissantes annĂ©es Jaillissant comme un chĆur du haut du jeune temps ; Vous nâavez plus connu vers un jeune printemps Le chaste enlacement des saisons alternĂ©es. Vous nâavez plus connu les saisons discernĂ©es Par un Ă©gal bonheur au creux dâun mĂȘme temps ; Vous nâavez plus connu vers un Ă©gal printemps LâĂ©gal dĂ©roulement des saisons gouvernĂ©es. Vous nâavez plus connu les saisons retournĂ©es Vers un Ă©gal bonheur et vers le mĂȘme temps ; Vous nâavez plus connu vers le mĂȘme printemps Le souple enroulement des saisons dĂ©tournĂ©es. Vous nâavez plus connu de lâun Ă lâautre pĂŽle La terre balancĂ©e ainsi quâune nacelle ; Et le dĂ©sistement et le retrait dâĂ©paule Dâune saison pĂ©rie encor que jouvencelle. Vous nâavez plus connu de lâun Ă lâautre pĂŽle La terre balancĂ©e ainsi quâun beau trois-mĂąts ; Et le renoncement, lâeffacement dâĂ©paule De la saison qui meurt au retour des frimas. Vous nâavez plus connu de lâun Ă lâautre pĂŽle La terre balancĂ©e ainsi quâun bĂątiment ; Et le dĂ©tournement et la blancheur dâĂ©paule Dâune saison qui meurt pour Ă©ternellement. Ce qui depuis ce jour est devenu la boue Ătait alors le suc de la fĂ©conde terre. Et nul ne connaissait la peine hĂ©rĂ©ditaire. Et nul ne connaissait la houlette et la houe. Ce qui depuis ce jour est devenu la mort NâĂ©tait quâun naturel et tranquille dĂ©part. Le bonheur Ă©crasait lâhomme de toute part. Le jour de sâen aller Ă©tait comme un beau port. Les bonheurs qui tombaient faisaient un dĂ©versoir, Le silence de lâĂąme Ă©tait comme un Ă©tang. Le soleil qui montait faisait un ostensoir Et se rĂ©percutait dans un ciel Ă©clatant. Les vapeurs qui montaient faisaient un encensoir. Et les cĂšdres faisaient de hautes barricades. Et les jours de bonheur Ă©taient des colonnades. Et tout se reposait dans le calme du soir. Et la terre nâĂ©tait quâun vaste reposoir. Et les fruits toujours prĂȘts sur les rameaux de lâarbre, Et les jours toujours prĂȘts sur les tombeaux de marbre Ne faisaient quâun immense et temporel dressoir. Et la terre nâĂ©tait quâun jardin bocager. Et les fruits alignĂ©s aux Ă©tages de lâarbre, Et les jours alignĂ©s sur les Ăąges de marbre Ne faisaient quâun immense et temporel verger. Et la terre nâĂ©tait quâun vaste potager. Et lâhomme accoutumĂ© parmi ces plates-bandes, RespectĂ© de la bĂȘte administrait ces bandes Ainsi quâun amiable et naturel berger. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Se reposait penchĂ© sur sa crĂ©ation. Et lâamour filial et lâamour paternel Se nourrissaient dâhommage et de libation. Et Dieu lui-mĂȘme juste ensemble quâĂ©ternel Avait pesĂ© le monde au grĂ© de sa balance. Et il considĂ©rait dâun regard paternel Lâhomme de son image et de sa ressemblance. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que la fleur dâun jeune Ăąge. Et pĂšre il regardait dâun regard paternel Le monde rassemblĂ© comme un humble village. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que la nuit et le jour. Et pĂšre il contemplait dâun regard paternel Le monde au coin dâun bois jetĂ© comme un gros bourg. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que le temps et que lâĂąge ; PĂšre il considĂ©rait dâun regard paternel Le monde circonscrit ainsi quâun beau village. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest quâun tour et quâun retour. Et pĂšre il contemplait dâun regard paternel Le monde rassemblĂ© comme un Ă©norme bourg. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que le temps de lâannĂ©e. Immuable il voyait dâun regard paternel Passer parmi ses sĆurs la saison couronnĂ©e. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que le temps et le lieu. Calme et laissant descendre un regard paternel, Il voyait ce que câest que le reflet de Dieu. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que le temps et le lieu. Calme et laissant tomber un regard paternel, Il voyait ce que câest que lâimage de Dieu. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que le temps et lâespace. PĂšre il considĂ©rait dâun regard paternel Ce que câest que dâun monde Ă©phĂ©mĂšre et qui passe. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest quâun monde qui dit oui. Fleuriste il regardait dâun regard paternel LâĂ©panouissement dâun monde Ă©panoui. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest quâun espace Ă©tendu. Fixe il considĂ©rait dâun regard paternel LâĂ©vanouissement dâun monde dĂ©tendu. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que les jeux du jeune Ăąge. Calme et laissant poser son regard paternel Il se considĂ©rait dans lâhomme son image. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que les vĆux du jeune Ăąge. Provident il voyait dâun regard paternel Le monde se dresser pour cet appareillage. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest quâenfants du premier Ăąge. IntĂšgre il regardait dâun regard paternel Le monde appareiller le long dâun beau rivage. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que jeunes nourrissons. PĂšre il considĂ©rait dâun regard paternel La plus jeune gamine et les derniers bessons. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que jeunes jouvenceaux. PĂšre il considĂ©rait dâun regard paternel Une mĂšre penchĂ©e au bord de deux berceaux. Dieu lui-mĂȘme penchĂ© sur lâamour Ă©ternelle La revoyait fleurir dans de pauvres hameaux. PĂšre il considĂ©rait une amour maternelle Doublement partagĂ©e entre deux beaux jumeaux. Dieu lui-mĂȘme penchĂ© sur lâamour solennelle La regardait fleurir au fin fond des hameaux. PĂšre il considĂ©rait une amour fraternelle DĂ©jĂ communiquĂ©e entre deux beaux jumeaux. Dieu lui-mĂȘme penchĂ© sur la fleur Ă©ternelle La regardait fleurir aux pointes des rameaux. Dieu lui-mĂȘme penchĂ© sur lâamour fraternelle La regardait germer dans le cĆur des GĂ©meaux. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que les ris du jeune Ăąge. IntĂšgre il regardait dâun regard paternel Le monde se grouper comme un beau voisinage. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que les pleurs du jeune Ăąge. IntĂšgre il regardait dâun regard paternel Le monde commencer son long pĂšlerinage. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que les cris du jeune Ăąge. IntĂšgre il regardait dâun regard paternel Le monde appareiller le long de ce rivage. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que baisers du jeune Ăąge. IntĂšgre il regardait dâun regard paternel Le monde lever lâancre au bord de ce voyage. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que les soins du jeune Ăąge. Anxieux il voyait dâun regard paternel Le monde appareiller au seuil de ce naufrage. Et Dieu lui-mĂȘme jeune ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que le progrĂšs de lâĂąge. Dâun regard toujours jeune et toujours paternel Il regardait vieillir un monde jeune et sage. Et Dieu lui-mĂȘme sage ensemble quâĂ©ternel ConsidĂ©rait son Ćuvre et trouvait quâil est bon. Du premier diamant jusquâau dernier charbon, Il enveloppait tout dâun regard paternel. Et Dieu lui-mĂȘme bon ensemble quâĂ©ternel ConsidĂ©rait son Ćuvre et trouvait quâil est bien Et quâil Ă©tait parfait et quâil nây manquait rien Et que tout dĂ©roulait un ordre solennel. Et la crĂ©ation Ă©tait comme une tour Qui sâĂ©lĂšve au-dessus dâun immense palais. Et le temps et lâespace assuraient les relais. Et les jours de bonheur Ă©taient comme un seul jour. Et les fidĂ©litĂ©s Ă©taient comme une tour. Et le temps et lâespace en Ă©taient les valets. Et le temps et lâespace assuraient les dĂ©lais. Et les fidĂ©litĂ©s Ă©taient un seul amour. Un Dieu lui-mĂȘme auteur ensemble quâĂ©ternel ConsidĂ©rait son Ćuvre et disait quâil est bon. De la fleur de pommier jusquâau dernier chardon, Il enveloppait tout dâun regard paternel. Un Dieu lui-mĂȘme auguste ensemble quâĂ©ternel Ne voyait que dĂ©cence et quâamour filial. Et le monde dâesprit et le monde charnel NâĂ©taient devant ses yeux quâun temple lilial. Un Dieu lui-mĂȘme pĂšre ensemble quâĂ©ternel Voyait partout ses fils et les fils de ses fils. Et les champs de mĂ©teil et les champs de maĂŻs Ătaient devant ses yeux une nappe dâautel. Un Dieu lui-mĂȘme neuf ensemble quâĂ©ternel Regardait lâunivers comme un immense don. Un monde sans offense, un monde sans pardon DĂ©veloppait les plis dâun ordre solennel. Un Dieu nouveau lui-mĂȘme ensemble quâĂ©ternel Regardait ce que câest que jeune nouveautĂ©. PĂšre et laissant tomber un regard paternel, Il voyait ce que câest que naissante beautĂ©. Un bon Dieu bienveillant ensemble quâĂ©ternel ConsidĂ©rait son Ćuvre et trouvait quâil est pur. Un Dieu cultivateur, Ă©conome et rĂ©el Voyait jaunir le seigle et trouvait quâil est mĂ»r. Un beau Dieu statuaire ensemble quâĂ©ternel ConsidĂ©rait son Ćuvre et trouvait quâil est beau. Et le premier bercail et le dernier tombeau NâĂ©taient quâun mĂȘme asile Ă©gal et fraternel. Vous nâavez plus connu ce manteau de bonheur JetĂ© sur tout un monde et de bĂ©atitude, Et ce fleuve et ce flot et cette plĂ©nitude, Et ce consentement aux rĂšgles de lâhonneur. Vous nâavez plus connu ce manteau de tendresse JetĂ© sur lâĂąme mĂȘme et ce manteau dâhonneur. Vous nâavez plus connu cette chaste caresse Et ce consentement aux rĂšgles du bonheur. Vous nâavez plus connu ce manteau de bontĂ© JetĂ© sur tout un monde et cette bienveillance, Et cette multitude et lâantique vaillance, Et cette solitude et cette fermetĂ©. Vous nâavez plus connu ce manteau de satin JetĂ© sur tout un peuple et dans cette allĂ©gresse Tout un monde gonflĂ© de la mĂȘme tendresse Depuis le ras du sol jusquâau dernier gradin. Vous nâavez plus connu cet auguste festin, Et la sĂšve et le sang plus purs quâune rosĂ©e. La jeune Ăąme avait mis sa robe dâĂ©pousĂ©e, Et la terre fleurait la lavande et le thym. Et le jeune homme corps Ă©tait alors si chaste Que le regard de lâhomme Ă©tait un lac profond. Et le bonheur de lâhomme Ă©tait alors si vaste Que la bontĂ© de lâhomme Ă©tait un puits sans fond. Vous nâavez plus connu lâinnocence du monde Et les greniers bondĂ©s jusque sur le portail. Vous nâavez plus connu cette race fĂ©conde Et les prĂ©s dĂ©bordant dâun immense bĂ©tail. Vous nâavez plus connu quâun sĂ©vĂšre destin. Vous nâavez plus connu la terre reposĂ©e. Vous nâavez plus connu quâun amour clandestin. Vous nâavez plus connu la terre dĂ©posĂ©e. Vous nâavez plus connu les blĂ©s inĂ©puisables Et les gerbes montant Ă lâassaut des greniers. Vous nâavez plus connu les vignes inlassables Et les grappes montant Ă lâassaut des paniers. Vous nâavez plus connu les pas ineffaçables, Et les moissons montant sous le vol des abeilles. Les vendanges montant Ă lâassaut des corbeilles. Les pas des vendangeurs dans les chemins de sables. Vous nâavez plus connu les puits intarissables, Et les moissons montant Ă lâassaut de la meule. Vous nâavez plus connu quâune Ăąme errante et seule Et des pas soupçonneux sur des chemins de sables. Vous nâavez plus connu les jours impĂ©rissables, Et les raisins montant Ă lâassaut du pressoir. Et les treilles montant Ă lâassaut du dressoir. Et des pas fastueux sur des chemins de sables. Vous nâavez plus connu les blĂ©s involontaires, Vous nâavez plus connu que de pauvres labours. Vous nâavez plus connu que de pauvres amours. Vous nâavez plus connu que des blĂ©s rĂ©fractaires. Vous nâavez plus connu les blĂ©s inoubliables. Vous nâavez plus connu que des jours moissonnĂ©s. Et du haut du coteau des pins dĂ©couronnĂ©s. Et le commencement des jours inexpiables. Vous nâavez plus connu que des puits tarissables, Et sur de maigres champs de plus maigres labours. Et sur de maigres ans de plus maigres amours. Et du haut du plateau des cĂšdres pourrissables. Et du haut du pĂ©chĂ© des Ăąmes corruptibles. Et du haut de la treille un pampre pĂ©rissable. Et du haut de lâorgueil lâenvie impĂ©rissable. Et du haut de lâamour des haines putrescibles. Et du haut du bonheur la mort et lâĂ©pouvante, Et du haut de lâhonneur le travail et la peine. Et du haut de lâamour lâamertume et la haine. Et la honte maĂźtresse et la honte servante. Et du haut de la mort la borne infranchissable, Et la foi toujours pleine et toujours dĂ©cevante. Et du haut du destin le sort inconnaissable. Et du haut de lâamour une pitiĂ© fervente. Vous nâavez plus connu que le temps dans le lieu. Vous nâavez plus connu la jeunesse du monde, Et cette paix du cĆur plus lourde et plus profonde Que lâĂ©norme OcĂ©an sous le regard de Dieu, Vous nâavez plus connu que des biens pĂ©rissables, Et la succession et le vieillissement. Et la procession des maux ineffaçables. Et le regard voilĂ© dâun appauvrissement. Et le regard meurtri dâun affaiblissement, Et sous le mĂȘme front des yeux mĂ©connaissables, Et dans les mĂȘmes yeux des pleurs intarissables, Et les marques de mort et dâamortissement. Et dans les mĂȘmes yeux un tout autre regard, Un regard de dĂ©tresse et dâamoindrissement. Et sous les mĂȘmes cieux un tout autre hasard. Un hasard de tendresse et dâavilissement. Vous nâavez plus connu ce long dĂ©sarmement Et le cĆur inondĂ© dâune haute splendeur. Et dans cette amplitude et ce contentement Tout un monde noyĂ© dans sa propre candeur. Et ce repos dâun cĆur qui ne manque de rien, Et qui se sait servi de toute Ă©ternitĂ©. Et qui reçoit son maĂźtre et possĂšde son bien Dans une solennelle et tremblante unitĂ©. Et je vous aime tant, mĂšre de notre mĂšre, Vous avez tant pleurĂ© les larmes de vos yeux. Vous avez tant levĂ© vers de plus pauvres cieux Un regard inventĂ© pour une autre lumiĂšre. Vous avez tant pleurĂ© votre force premiĂšre. Vous avez tant voilĂ© le regard de vos yeux. Vous avez tant levĂ© vers de plus pauvres cieux Votre voix hĂ©sitante au seuil de la priĂšre. Et je vous aime tant, aĂŻeule roturiĂšre. Vous avez tant lavĂ© le regard de vos yeux. Vous avez tant courbĂ© sous le courroux des cieux Votre nuque et vos reins frissonnants de misĂšre. Vous avez tant levĂ© vers une autre tempĂȘte Une voix dĂ©faillante et tremblante dâamour. Vous avez tant levĂ© vers une pauvre fĂȘte Un regard inventĂ© pour un tout autre jour. Vous avez tant levĂ© le front de votre tĂȘte Vers le repensement dâun plus noble sĂ©jour. Vous avez tant levĂ© vers le haut de la tour Vos esprits Ă©puisĂ©s dâune Ă©ternelle quĂȘte. Et moi je vous salue ĂŽ la premiĂšre femme Et la plus malheureuse et la plus dĂ©cevante Et la plus immobile et la plus Ă©mouvante, AĂŻeule aux longs cheveux, mĂšre de Notre Dame. Et moi je vous salue ĂŽ pleine dâĂ©pouvante Et pleine de terreur au seuil des nouveaux jours Et pleine de retraite au fond des nouveaux bourgs Et moi je vous salue ĂŽ vainement fervente. Et moi je vous salue ĂŽ premiĂšre servante, AĂŻeule des bergers et des bons serviteurs, AĂŻeule des bouviers et des premiers pasteurs. Et moi je vous salue ĂŽ premiĂšre suivante. Et moi je vous salue ĂŽ vainement vivante Et vainement offerte Ă de pauvres malheurs. Et la plus soucieuse et vainement savante Et la plus douloureuse aprĂšs les sept douleurs. Et je vous aime tant, premiĂšre soucieuse, Et vainement assise aux jardins de la peur. Et moi je vous salue ĂŽ la plus anxieuse Et la plus Ă©crasĂ©e aux rĂȘves de torpeur. Et la plus immuable aux robes de stupeur Et la plus enfoncĂ©e en des chemins vaseux Et la plus embourbĂ©e en des sentiers glaiseux Et la plus capturĂ©e en un cercle trompeur. Vous nâavez plus connu les flots tumultueux Jaillis de la fontaine Ă nulle autre pareille. Vous nâavez plus connu les manteaux somptueux JetĂ©s sur le muguet et la salsepareille. Vous nâavez plus connu les bois silencieux GonflĂ©s de la beautĂ© dâune auguste prĂ©sence. Vous nâavez plus connu dans la clartĂ© des cieux Lâimage et le reflet dâune auguste innocence. Vous nâavez plus connu que des pas tortueux, Vous nâavez plus connu quâune Ă©ternelle absence. Vous nâavez plus connu quâune pauvre dĂ©cence Et la sĂ©vĂ©ritĂ© des chemins montueux. Vous nâavez plus connu ces palais fastueux. Vous nâavez plus connu quâune pauvre chaumiĂšre. Et vous ĂȘtes la seule et vous ĂȘtes premiĂšre Qui nâayez plus connu ces blĂ©s tumultueux. Vous nâavez plus connu les flots impĂ©tueux Jaillis de la fontaine Ă nulle autre seconde. Vous nâavez plus connu dans la clartĂ© dâun monde Lâimage et le reflet dâun soleil fastueux. Vous nâavez plus connu les blĂ©s impĂ©tueux Se mouvant Ă lâassaut des plaines infinies. Et le blĂ© sur son socle et les moissons bĂ©nies. Et le recensement des blĂ©s respectueux. Vous nâavez plus connu les blĂ©s prĂ©somptueux Gouvernant les saisons comme une Ă©ternitĂ©, Anticipant le temps en toute impunitĂ©, Vous nâavez plus connu les blĂ©s torrentueux. Vous nâavez plus connu les blĂ©s majestueux Et le manteau royal au seuil de votre cour. Vous nâavez plus connu les enfants fructueux Et le manteau royal au seuil de votre amour. Vous nâavez plus connu les blĂ©s tempĂ©tueux Soulevant tout un monde en leur Ă©norme vague, Et lâhomme sur son sol, et la senne, et la drague, Et le dĂ©nombrement des blĂ©s affectueux. Vous nâavez plus connu les blĂ©s tumultueux Se bousculant pour naĂźtre et monter jusquâĂ vous. Sur la face de lâĂȘtre et devant vos genoux Vous nâavez plus connu que des blĂ©s vertueux. Vous nâavez plus connu que des laborieux. Vous nâavez plus connu les blĂ©s par grandes ondes. Vous nâavez plus connu sur la face des mondes La race des puissants et des victorieux. Vous nâavez plus connu ces fontaines profondes. Vous nâavez plus connu que des dĂ©fectueux, Et des gagne-petits et des dĂ©lictueux, Vous nâavez plus connu ces largesses fĂ©condes. Et ces flancs plus ombreux que le flanc dâun beau vase Contenant une race Ă©ternelle et profonde. Et ces regards noyĂ©s dâune profonde extase Et tout Ă©merveillĂ©s de la beautĂ© dâun monde. Vous nâavez plus connu la prodigalitĂ© Dâun monde qui savait se refaire Ă mesure. Vous nâavez plus connu cette impudente usure Dâun monde ivre de sĂšve et de vitalitĂ©. Vous nâavez plus connu que de lâeau dâun canal. Et le mĂ©nagement, et lâĂ©cluse, et le bief. Et le gouvernement sous un si pauvre chef. Et le lanternement sous un maigre fanal. Vous nâavez plus connu que la parcimonie. Et les Ă©pargnateurs et les conservateurs, Et la petite Ă©pargne et cette ignominie, â AĂŻeule des bouviers et des premiers pasteurs. Vous nâavez plus connu que des blĂ©s vertueux, Et les fausses moissons et les imitateurs. Et les contrefaçons et les contrefacteurs. Et les fausses maisons chez les infructueux. Et les fausses raisons chez les talentueux Et la soumission sous le lĂ©gislateur. Et la dissension chez le pauvre amateur. Et la fausse oraison dans le voluptueux. Vous nâavez plus connu quâune lente agonie Et les collusions dans les mains des docteurs. Et le faisceau liĂ© dans la main des licteurs. Et toute mauvaise herbe et toute zizanie. Et moi je vous salue, ĂŽ bonne mĂ©nagĂšre. Mais quand on avait tout on ne mĂ©nageait pas. Et je vous vois marcher, vigilante bergĂšre. Mais quand on avait tout nul ne comptait ses pas. Et je vous vois veiller, vieille femme Ă©conome. Mais quand on avait tout on ne mĂ©nageait rien. Vous ĂȘtes la servante et le conseil de lâhomme. Mais quand on avait tout nul ne comptait son bien. Je vous vois aujourdâhui fidĂšle et scrupuleuse, Attentive et sĂ©vĂšre et sage dĂ©sormais. Mais quand on avait tout, ĂŽ grande audacieuse, Quand on avait toujours on ne comptait jamais. Quand on avait la source et la lourde fontaine Et le dĂ©versement nul ne canalisait. Quand on avait la grĂące et cette lourde plaine Et le contentement nul nâĂ©conomisait. Quand on avait lâhonneur en ces premiers moments, Nul ne courbait le front devant le donateur. Et le bonheur, promis aux plus graves tourments. Ne baissait pas les yeux devant le spectateur. Une foi sans symbole et sans inscription Remontait toute seule aux pieds du crĂ©ateur, Comme une loi sans table et sans description Se courbait sous les pieds de son lĂ©gislateur. Quand on avait la foi dans ces premiers moments On ne demandait pas des formules astreintes. Quand on avait la loi sous ces premiers serments On ne demandait pas des rĂšgles de contraintes. Et quand on avait Dieu dans ces premiers moments. On ne demandait pas des formules restreintes. Quand on vivait heureux sous ces premiers tourments, On ne demandait pas des rĂšgles et des craintes. Et quand on avait tout rien ne se querellait Et le dĂ©versement de la crĂ©ation Se poursuivait sans hĂąte et sans dispersion. Et quand on avait tout rien ne se morcelait. Et quand on avait tout rien ne se harcelait. On ne regardait pas alors Ă la dĂ©pense. Et tout foisonnement portait sa rĂ©compense. Et quand on avait tout rien ne sâĂ©cartelait. Vous nâavez plus connu que cette vilenie, Ă pĂąle aĂŻeule assise entre de pĂąles fleurs. Vous nâavez plus connu que la longue avanie, AĂŻeule dĂ©plorable aux yeux pĂąlis de pleurs. Et moi je vous salue ĂŽ femme entre les femmes, Ă vainement assise aux portes du jardin, Plus bas que la poterne et le dernier gradin, Et que la tubĂ©reuse et que les jusquiames. Et moi je vous salue ĂŽ la plus prĂ©cieuse Et la plus prosternĂ©e aux genoux du destin. Et la plus enchaĂźnĂ©e aux maĂźtres du festin. Et la plus anxieuse et la plus soucieuse. Et moi je vous connais seule silencieuse Et seule naufragĂ©e aux rives de mĂ©moire. Et seule prĂ©posĂ©e aux rayons de lâarmoire. Et seule diligente et seule officieuse. Et je vous aime tant ĂŽ la plus sĂ©rieuse Et la plus prosternĂ©e aux genoux du travail. Et la plus inconnue et la plus glorieuse Et la plus accouflĂ©e aux portes du bercail. Et la plus accotĂ©e aux montants du portail, AĂŻeule aux maigres doigts, seule laborieuse, Et seule obĂ©issante et seule impĂ©rieuse, Et la plus accointĂ©e au coin du soupirail. Et nul ne vous connaĂźt, seule mystĂ©rieuse, Ni lâhomme votre fils, ni lâhomme votre frĂšre, Ni lâhomme votre Ă©poux, ni lâhomme votre pĂšre, Ni lâhomme votre maĂźtre ĂŽ seule ambitieuse. Vous nâavez plus menĂ© quâune vie attentive, Ă seule curieuse et seule incurieuse. Vous nâavez enfantĂ© quâune horde craintive, Et tantĂŽt dĂ©faillante et tantĂŽt furieuse. Vous nâavez plus connu quâune race hĂątive. Vous nâavez plus connu quâun monde qui dit non. Des terres de JudĂ©e aux terres dâĂpernon Vous nâavez plus connu quâune race furtive. Vous nâavez plus connu la race affirmative. Vous nâavez plus connu quâun peuple qui dit non. Et des bourgs de JudĂ©e au bourg de Maintenon Vous nâavez plus perçu quâune voix nĂ©gative. Vous nâavez plus connu la race positive. Vous nâavez plus connu quâun peuple qui dit non. Des chĂąteaux de JudĂ©e au chĂąteau de Chinon Vous nâavez plus perçu quâune voix nĂ©gative. Vous nâavez plus connu quâune race inventive. Vous nâavez plus connu quâun peuple qui dit non. De la voix de Judith Ă la voix de Manon Vous nâavez plus connu quâune race fautive. Vous nâavez enfantĂ© quâune race plaintive, TantĂŽt rivĂ©e au sol, tantĂŽt victorieuse, TantĂŽt martyre et sainte, et sage ou furieuse, Ă mĂšre et câest ma race et la race captive Constamment accotĂ©e aux murs de sa prison Et vous seule vivace et seule industrieuse, Vous vous dĂ©pensez toute, ĂŽ seule besogneuse, Ă laver la vaisselle et ranger la maison. Ă vous qui pourchassez jusquâau fin fond des coins La poussiĂšre et lâordure et toute impuretĂ©, Toute disconvenance et toute improbitĂ©. MaĂźtresse des labeurs, des veilles et des soins, Vous qui prenez ce bois pour allumer la lampe Et la mettre au milieu de la table servie, Et qui prenez ce lin pour essuyer la rampe, Et qui rangez les fleurs et qui rangez la vie, Ă femme qui rangez les travaux et les jours, Et les alternements et les vicissitudes, Et les gouvernements et les sollicitudes, Et la vieille charrue et les nouveaux labours. Ă femme qui rangez les palais et les tours, Et les retournements et les iniquitĂ©s, Et la jeune dĂ©tresse et les antiquitĂ©s. Et la vieille tendresse et les nouveaux amours, Femmes, je vous le dis, vous rangeriez Dieu mĂȘme, Sâil descendait un jour dedans votre maison. Vous rangeriez lâoutrage, et lâoubli du blasphĂšme, Si Dieu vous visitait dedans cette prison. Femmes, je vous le dis, vous rangeriez Dieu mĂȘme, Sâil venait Ă passer devant votre maison. Vous rangeriez lâoffense, et le pouvoir suprĂȘme, Sâil venait Ă passer devant votre raison. Que nâavez-vous rangĂ© la colĂšre divine. Que nâavez-vous lavĂ© la grande iniquitĂ©. Il Ă©tait temps alors. Que nâavez-vous quittĂ©, Quand il en Ă©tait temps le creux de la ravine. Femmes, je vous le dis, vous rangeriez la foudre. Si Dieu vous lâenvoyait dedans votre maison. Vous rangeriez la grĂące, et le pouvoir dâabsoudre, Si Dieu vous visitait dedans cette prison. Que nâavez-vous rangĂ© le premier anathĂšme, Cette fois quâil tomba sur votre solitude. Que ne lâavez-vous mis dedans votre systĂšme De bon gouvernement et de mansuĂ©tude. Femmes vous rangeriez jusquâĂ lâeau du baptĂȘme, Si Jean redescendait vers un nouveau Jourdain. Vous rangeriez lâhostie, et lâhuile, et le saint-chrĂȘme Si lâhomme revenait dans le premier jardin. Femmes vous rangeriez dedans votre cuisine Avec le pain du corps le pain spirituel. Que nâavez-vous rangĂ© jusque dans sa racine, Il Ă©tait temps alors, lâarbre intellectuel. Que nâavez-vous rangĂ© lâarbre perpĂ©tuel Cette fois quâil jaillit au creux de la ravine. Que nâavez-vous rangĂ© lâarbre contractuel Cette fois quâil jaillit au flanc de la colline. Que nâavez-vous rangĂ© la couronne dâĂ©pine Quand elle Ă©tait encore un timide bourgeon. Que nâavez-vous rangĂ© cette blanche aubĂ©pine Quand elle Ă©tait encore un candide surgeon. Que nâavez-vous rangĂ© cette rouge Ă©glantine Quand elle Ă©tait encore une naissante rose. Que nâavez-vous rangĂ© la colĂšre latine Quand elle Ă©tait encore une naissante cause. Que nâavez-vous rangĂ© le sceptre dĂ©risoire Quand il Ă©tait encore un fragile roseau. Que nâavez vous rangĂ© la couronne illusoire Quand elle Ă©tait encore un fragile rĂ©seau. Que nâavez-vous rangĂ© pour la premiĂšre fois Quand il Ă©tait encore un fragile arbrisseau Lâarbre au double destin, lâarbitre au double sceau, Lâarbre de la science et lâarbre de la croix. Que nâavez-vous rangĂ© dans un Ăąge absolu Quand il Ă©tait encore un arbre jouvenceau, Lâarbre au double destin, lâarbitre au double sceau, Lâarbre de la potence et lâarbre du salut. Que nâavez-vous rangĂ© dans un ordre absolu Avant quâil fĂ»t entrĂ© sous la seconde loi, Lâarbre au double destin, lâarbitre de la foi, Lâarbre de la crĂ©ance et lâarbre du salut. Que nâavez-vous lavĂ©, diligente laveuse, Mon front ensanglantĂ© devant quâil fĂ»t sanglant. Que nâavez-vous alors, ĂŽ grande lessiveuse. LavĂ© ma pĂąle face et mon auguste flanc. Que nâavez-vous alors, ĂŽ femme de lessive. LavĂ© ma barbe rousse et mes cheveux sanglants. Que nâavez-vous alors, maternelle et pensive, Soutenu ma faiblesse et mes pas chancelants. Que nâavez-vous alors, aĂŻeule au chef branlant, Quand jâĂ©tais plein dâinjure et couvert dâavanie, Que nâavez-vous alors, aĂŻeule au chef tremblant, EssuyĂ© cette ordure et cette ignominie. Que nâavez-vous alors, ĂŽ femme de journĂ©e, PrĂ©parĂ© la maison pour la derniĂšre fĂȘte. Que nâavez-vous alors, ĂŽ laveuse acharnĂ©e, LavĂ© mes cheveux roux et ma barbe dĂ©faite. Que nâavez-vous alors, aĂŻeule et chĂątelaine. BalayĂ© le chĂąteau pour mon dernier repas, Et balayĂ© les fleurs pour mon dernier trĂ©pas, Et balayĂ© la mort pour ma derniĂšre CĂšne. Que nâavez-vous aussi balayĂ© les soldats, Et lâinjustice assise au cĆur du tribunal. Et le treiziĂšme apĂŽtre et le baiser vĂ©nal, Et le consentement aux lĂšvres de Judas. Que nâavez-vous alors, ĂŽ femme de mĂ©nage, EssuyĂ© le pĂ©chĂ© devant quâil fĂ»t commis. Que nâavez-vous enfin dans votre voisinage Accueilli le sauveur avant quâil fĂ»t promis. Que nâavez-vous alors, ĂŽ mon Ăąme, ĂŽ ma mĂšre. EssuyĂ© les deux pleurs jaillis des mĂȘmes yeux. Que nâavez-vous alors, ĂŽ cent fois centenaire, Recueilli le seul cri poussĂ© vers dâautres cieux. Vous savez aujourdâhui gouverner votre race, Vous savez distinguer et le tien et le mien. Vous savez dĂ©compter le geste et la menace. Mais quand on avait tout, on ne dĂ©comptait rien. Vous savez aujourdâhui gouverner lâamour mĂȘme, Et lâamour filial dâavec le maternel. Et le fils dernier-nĂ© dâavec le pĂ©nultiĂšme, Mais quand on avait tout, tout Ă©tait Ă©ternel. Vous savez aujourdâhui gouverner lâhonneur mĂȘme, Et lâhonneur trivial dâavec lâoriginel. Et le jour de la mort dâavec le jour suprĂȘme, Mais quand on avait tout, tout Ă©tait solennel. Vous savez aujourdâhui gouverner votre bien, Distinguer lâintĂ©rĂȘt dâavec le capital ; Et la communautĂ©, du rĂ©gime dotal. Mais quand on avait tout, on ne rajoutait rien. Vous savez aujourdâhui ce que chacun rapporte, Et ce que chacun coĂ»te, et comment, et combien. ĂŽ vainement assise en dehors de la porte Mais quand on avait tout on ne retranchait rien. Vous savez aujourdâhui ce que chacun rapporte, Et le meuble et lâimmeuble et la chĂšvre et le chien, Ă vainement assise au seuil de lâautre porte Mais quand on avait tout, on ne rapportait rien. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©robe, Le maĂźtre et le valet, le fils et le gardien. Ă pauvrement assise en cette pauvre robe Mais quand on avait tout, on ne dĂ©robait rien. Vous savez aujourdâhui ce que chacun supporte, Et lâesclave et le maĂźtre, et la femme et le chien. Ă vainement assise au coin de lâautre porte Mais quand on avait tout, on ne supportait rien. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©tourne, Mais quand on avait tout on ne dĂ©tournait rien. Et vous savez surtout ce que tout homme ajourne Car câest son sauvetage et son souverain bien. Vous savez aujourdâhui dans quel four on enfourne Et le pain pour hier, et le pain pour demain. Et par lĂ vous savez ce que tout homme ajourne Car câest sa pĂ©nitence et câest son lendemain. Vous savez aujourdâhui dans quel temple on enfourne Et lâoubli pour hier, et lâoubli pour demain. Et par lĂ vous savez ce que tout homme ajourne Et câest sa pĂ©nitence et câest son examen. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©tourne, Le fisc et le larron et le voleur de nuit. Et par lĂ vous savez ce que tout homme suit Et par lĂ vous savez oĂč tout homme retourne Et câest au vieux pĂ©chĂ© couvĂ© dans le vieux cĆur. Et câest au vieux palais dâantique turpitude. Et câest aux vieux genoux de lâantique habitude. Et câest aux vieux lacets du plus ancien traqueur. Et câest au vieux chenil de lâantique piqueur. Et câest au vieux fournil du plus vieux boulanger. Et câest au vieux courtil du plus mauvais berger. Et câest au pli fanĂ© des lĂšvres du moqueur. Et câest Ă ce tourment dâun vieil accent du chĆur. Et câest au vieux chĂąteau de longue lassitude. Et câest aux vieux trĂ©teaux de fausse certitude. Et câest au pli grossier des lĂšvres du vainqueur. Et câest aux liaisons dâantique servitude. Et câest aux vieux falots de ses casernements. Et câest aux vieux cachots de ses internements. Et câest aux courbements de sa dĂ©crĂ©pitude. Et câest aux vieux genoux de ses prosternements. Et câest aux vieux palais de sa sollicitude. Et câest aux vieux relais de sa vicissitude. Et câest au carrefour de ses gouvernements. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©tourne, Le roi, le gouverneur, le Christ et le larron, Le bourgeois, le vilain, le clerc et le baron, Et par lĂ vous savez ce que lâhomme contourne Câest le cap de la mort et câest lâoubli de Dieu. Et de la haute mer et du dernier naufrage. Et du phare et du port et du dernier barrage. Et de prendre la foi juste par le milieu. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©tourne, Lâintendant, le notaire et le mĂȘme gardien. Et par lĂ vous savez comment tout homme tourne Mais quand on avait tout, on ne dĂ©tournait rien. Vous savez aujourdâhui ce que tout homme plaide. Car câest son indigence et son infirmitĂ©. Mais par lĂ vous savez Ă quoi tout homme cĂšde Câest Ă sa complaisance et sa difformitĂ©. Vous savez aujourdâhui comme on creuse une tombe. Et ce quâil faut de terre au corps le plus aimĂ©. Mais par lĂ vous savez Ă quoi lâhomme retombe. Et câest toujours au saint quâil a le plus chĂŽmĂ©. Vous savez comme on ferme une chaste paupiĂšre. Et ce quâil faut dâespace aux deux yeux les plus beaux. Vous avez tant baisĂ© jusque dans leurs tombeaux Les fils de votre amour et de votre misĂšre. Vous savez aujourdâhui dans quoi lâhomme se prend. Et câest dans les rĂ©seaux du plus ancien trappeur. Mais par lĂ vous savez oĂč tout homme se rend. Et câest sous les arceaux de la plus vieille peur. Vous savez aujourdâhui ce que tout homme paye Pour demeurer fidĂšle aux rĂšgles de lâhonneur. Mais par lĂ vous savez ce que tout homme raye De la liste des biens quâil demande au bonheur. Vous savez aujourdâhui ce que tout homme pĂšse. Et câest un peu de cendre au creux de votre main. Mais par lĂ vous savez ce que câest que demain. Et câest la mĂȘme argile et câest la mĂȘme glaise. Vous savez aujourdâhui ce que tout homme achĂšte Et ce quâil veut trouver aux marchĂ©s du bonheur. Mais par lĂ vous savez de quel sceau se cachĂšte Lâantique obĂ©issance aux rĂšgles de lâhonneur. Vous savez aujourdâhui de quoi lâhomme se garde. Et câest de se tourner vers le Seigneur son Dieu. Mais par lĂ vous savez ce que lâhomme regarde. Câest la plus pauvre cendre et le plus maigre feu. Vous savez aujourdâhui de quoi lâhomme se garde. Et câest de se tourner vers le Seigneur son pĂšre. Mais par lĂ vous savez ce que lâhomme regarde. Câest la plus tremblotante et caduque lumiĂšre. Vous savez aujourdâhui de quoi lâhomme se garde. Et câest de se tourner vers notre unique Dame. Mais par lĂ vous savez ce que lâhomme regarde. Câest la plus dĂ©cevante et vacillante flamme. Le peu quâil fait de bon, ce nâest que par mĂ©garde. Mais ce quâil fait de faux et de dĂ©lictueux, Et ce quâil fait de trouble et de dĂ©fectueux, Câest par sa vigilance et par sa prude garde. Le peu quâil fait de bon, câest pure nĂ©gligence, Et câest quâil nâa pas su comment faire autrement. Mais ce quâil fait de sot et de dĂ©rĂšglement, VoilĂ le propre effet de son intelligence. Le peu quâil fait de bon, ce nâest que par hasard Et par le double jeu de sa double fortune. Mais ce quâil fait tout seul câest sa basse rancune, Sa tĂȘte de carton et son cĆur de bazar. Vous savez aujourdâhui de quoi lâhomme se garde. Et câest de se tourner vers le seuil du tombeau. Mais par lĂ vous savez ce que lâhomme regarde. Câest la plus pĂąle flamme et le maigre flambeau. Vous savez aujourdâhui ce que chacun prĂ©fĂšre, Et câest de se ranger dans un illustre port. Mais par lĂ vous savez ce que chacun diffĂšre Et câest de se tourner vers le jour de sa mort. Vous savez aujourdâhui ce que chacun prĂ©fĂšre. Et câest de se ranger sous un illustre sort. Mais par lĂ vous savez ce que chacun diffĂšre Et câest de se pencher sur le jour de sa mort. Vous savez aujourdâhui de quoi lâhomme se garde. Et câest de se tourner vers son maĂźtre et son Dieu. Mais par lĂ vous savez ce que lâhomme regarde Câest la plus pauvre flamme et le plus maigre feu. Vous savez aujourdâhui de quoi lâhomme se garde. Et câest de se tourner vers son maĂźtre et son pĂšre. Mais aussi vous savez ce qui le dĂ©sespĂšre. Ce qui fait ses yeux creux et sa face hagarde. Vous savez aujourdâhui de quoi lâhomme se garde. Et câest de se tourner vers notre unique Dame. Mais aussi vous savez ce quâil fait de son Ăąme. Et comme il a troquĂ© lâantique sauvegarde. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©tourne, Et par lĂ vous savez ce que chacun poursuit. Et par lĂ vous savez en quoi tout homme nuit. Et par lĂ vous savez oĂč tout homme sĂ©journe Et câest dans un sĂ©jour dâantique pestilence. Dans la dĂ©crĂ©pitude et le dĂ©labrement. Dans la dĂ©suĂ©tude et le dĂ©sĆuvrement. Dans le mĂ©pris du chaste et solennel silence. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©porte Vers le dĂ©portement dâun Ă©ternel exil. Et par lĂ vous savez ce que chacun transporte Dans le transportement dâun Ă©ternel pĂ©ril. Vous savez aujourdâhui ce que chacun reporte Vers le reportement dâun exil Ă©ternel. Ă vainement assise au seuil de lâautre porte. Vainement relĂ©guĂ©e en ce monde charnel. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©pense, LâhonnĂȘte homme et le sot, le fat et le vaurien. Vous savez ce que vaut la haute rĂ©compense. Mais quand on avait tout, on ne compensait rien. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©tourne, Et par lĂ vous savez ce que tout homme suit. Et par lĂ vous savez oĂč tout homme conduit Ce regret quâil oppose au remords quâil retourne. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©tourne, Et par lĂ vous savez ce que tout homme fuit. Et par lĂ vous savez que tout homme retourne Dans le dĂ©solement dâune Ă©ternelle nuit. Vous savez aujourdâhui que tout homme retourne Dans le dĂ©solement de sa sollicitude. Et par lĂ vous savez ce que chacun dĂ©tourne Du trĂ©sor de regret et de vicissitude. Vous savez aujourdâhui ce que chacun dĂ©tourne Du seul trĂ©sor ouvert Ă nos cupiditĂ©s. Et par lĂ vous savez comment lâhomme retourne Le champ de ses remords et ses aviditĂ©s. Vous savez aujourdâhui comment lâhomme retourne Ce regret quâil recreuse au fin fond de son cĆur. Et par lĂ vous savez dans quel antre sĂ©journe La lamentation de ce pauvre vainqueur. Et vous savez aussi ce que tout homme coĂ»te Et que lâhomme a coĂ»tĂ© le sang mĂȘme dâun Dieu. Et vous savez ainsi par quelle affreuse route Un condamnĂ© monta jusquâau dernier haut lieu. Vous savez aujourdâhui ce que chacun rapporte. Vous avez Ă©tabli ce compte redoutĂ©. Ă vainement assise au seuil de lâautre porte Lâhomme rapporte peu pour ce quâil a coĂ»tĂ©. Vous qui savez ranger, diligente lingĂšre, Et compter les trousseaux aux rayons de lâarmoire ; Vous qui savez ranger, docile messagĂšre, Et compter les arceaux au temple de mĂ©moire ; Vous qui savez ranger, diligente lingĂšre, Et compter les bonheurs aux temples de lâarmoire ; Vous qui savez ranger, docile messagĂšre, Et compter les honneurs aux rayons de mĂ©moire ; Vous qui savez ranger, diligente lingĂšre, Et compter le beau linge aux rayons de lâarmoire ; Vous qui savez ranger, docile messagĂšre, Et compter les beaux jours aux rayons de mĂ©moire ; Vous qui savez ranger, aĂŻeule passagĂšre, Et compter les beaux jours partis au fil de lâeau ; Vous qui savez ranger, aĂŻeule viagĂšre, Et compter le bois dâorme et le bois de bouleau ; Vous qui savez ranger, vigilante bergĂšre, Et compter les brebis et les jeunes agneaux ; Vous qui savez ranger, savante boulangĂšre, Le pain de chaque jour et les jeunes gĂąteaux ; Vous qui savez ranger les graines fourragĂšres, Et compter le sainfoin et le trĂšfle incarnat ; Vous qui savez ranger les herbes potagĂšres, Et les rubans ponceau sur la robe grenat ; Vous qui savez ranger, vainement horlogĂšre, Les heures de la nuit et les heures du jour ; Vous qui savez inscrire en un mĂȘme pourtour Le robuste poirier et la pĂąle fougĂšre ; Vous qui savez ranger sur la frĂȘle Ă©tagĂšre Les fleurs du souvenir et les fleurs du regret ; Vous qui savez ranger dans le creux dâun coffret La cendre et le dĂ©bris dâune peine Ă©trangĂšre. Vous qui savez ranger dans le creux dâun secret Une amour Ă©ternelle encor que viagĂšre ; Vous qui savez plier sous le pli dâun dĂ©cret Une haine immortelle encor que passagĂšre. Vous qui savez plier un auguste remords Comme on plie un linceul aux rayons de lâarmoire. Vous qui savez compter les vivants et les morts Et ranger tout un peuple aux rayons de mĂ©moire. Vous qui savez connaĂźtre une herbe mensongĂšre Et qui la bannissez du savant pot-au-feu ; Ă femmes qui pouvez dans le plus cruel jeu Tricher dâun cĆur tranquille et dâune main lĂ©gĂšre. Vous qui savez ranger les herbes bocagĂšres Et mettre sous vos lois la bruyĂšre et lâajonc. Vous qui savez tresser et la paille et le jonc Pour le recueillement des plantes maraĂźchĂšres. Vous qui savez compter comme un bien pĂ©rissable La grappe suspendue au fronton de la treille. Vous qui perdez de vue et le fleuve et le sable Et ne connaissez plus quâune pauvre corbeille. Vous qui savez compter dans le nombre des fleurs La rose suspendue au cerceau du rosier. Vous qui savez compter dans le nombre des pleurs Une enfant suspendue en un berceau dâosier. Vous qui mĂ©connaissez les vaisseaux sur la plage, Mais classez et comptez les sacs jusquâau dernier. Vous qui mĂ©connaissez les arceaux et lâombrage Et ne voyez plus rien quâun malheureux panier. Vous avez pu compter, ĂŽ bonne mĂ©nagĂšre, Ă combien revenait le sang que jâai versĂ©. Vous avez pu noter, exacte messagĂšre, Ă combien revenait ce flanc quâils ont percĂ©. Vous avez pu compter, vigilante bergĂšre, Combien de mes agneaux sont sous la dent des loups. Vous avez pu noter, aĂŻeule passagĂšre, Combien de mes martyrs sont dans les mains des fous. Vous avez pu noter, savante boulangĂšre, Si le pain que jâai cuit Ă©tait cuit pour toujours. Et si jâai pu pĂ©trir une pĂąte Ă©trangĂšre Dans le raccordement des travaux et des jours. Vous avez pu compter, inlassable horlogĂšre, Les heures et les jours dâune lente agonie. Et si jâai pu tisser pour une nouvelle Ăšre Le chanvre et lâĂ©cheveau de mon ignominie. Vous avez pu laver, inlassable lingĂšre, Le linge ensanglantĂ© du plus pur de mon sang. Mais pourra-t-on blanchir pour un autre mystĂšre Ce lambeau qui pendait de mon auguste flanc. Le pain que je rompis Ă©tait mon propre corps. Le vin que je fis boire Ă©tait mon propre sang. La mort que je subis Ă©tait vos propres morts. La foi que je fis croire Ă©tait mon propre flanc. Le pain que jâai rompu pour mon illustre CĂšne Ătait le pain dâamour et de communion. Et le vin qui coula dâune illustre fontaine Ătait le vin dâoffrande et de libation. Vous avez pu compter, inlassable Ă©conome, Combien mâa rapportĂ© le meilleur de mon sang. Vous savez Ă prĂ©sent Ă combien revient lâhomme Et si câest du quarante ou du quatre pour cent. Vous avez pu compter, inlassable intendante, Si je suis descendu de mon illustre rang. Vous avez pu noter, aĂŻeule prĂ©cĂ©dente, Si je me suis assis sur un infĂąme banc. Vous avez pu compter, aĂŻeule confidente, Ă quel taux jâai placĂ© la couronne dâĂ©pines. Vous avez pu noter, aĂŻeule trĂšs prudente, Ce que mâont rapportĂ© mes strictes disciplines. Vous avez pu compter, maĂźtresse de maison, Ă quel taux jâai placĂ© le repas de ma table. Vous avez pu compter en ma jeune saison Ă quel taux jâai louĂ© ma place dans lâĂ©table. Vous avez pu compter, maĂźtresse de raison, Ă quel taux jâai louĂ© la pierre pour ma tĂȘte. Vous avez pu compter, maĂźtresse dâoraison, Ă quel taux jâai placĂ© la priĂšre et la fĂȘte, Et ce dernier repas dans un dernier hĂŽtel. Vous avez pu compter, aĂŻeule respectable, Ă quel taux jâai placĂ© ma mort inĂ©luctable, Et combien jâai payĂ© sur un dernier autel. Ă femmes qui pouvez dans le secret du cĆur Classer la liaison dĂ©sormais Ă©trangĂšre, Et classer la victoire et classer le vainqueur, Et classer une foi dĂ©sormais mensongĂšre. Et classer une paix comme on classe une guerre, Et classer une amour dĂ©sormais pĂ©rissable. Et tirer la mĂȘme eau du puits intarissable. Et tirer lâHomme enfin dâune race vulgaire. Ă femmes qui rangez dans le creux dâun secret Une dĂ©liaison dĂ©sormais infidĂšle. AĂŻeule qui guettez la derniĂšre hirondelle Pour enfermer lâhiver en un dernier coffret. Ă femmes qui rangez dans le creux dâun regret Une dĂ©liaison dĂ©sormais inutile Et qui savez classer sur un pauvre livret Ă toute heure du jour lâĂ©pargne mercantile Vous avez pu ranger la race des prophĂštes Et la race des saints et le sang du martyr. Vous avez pu ranger tous les trĂ©sors de Tyr. Et tout lâor amassĂ© pour ces uniques fĂȘtes. Et tout le sang versĂ© par la gueule des bĂȘtes. Et le sang du martyr et le sang du bourreau. Vous avez pu ranger lâinfĂąme tombereau Et la barque Ă©chappĂ©e aux gueules des tempĂȘtes. Vous rangez la victoire autant que la dĂ©faite, Et tout vous est Ă©gal dans un mĂȘme labeur. Vous rangez lâĂ©nergie autant que la stupeur, Et tout vous est Ă©gal dans une paix mal faite. Vous ne connaissez rien quâune fortune hostile Guettant Ă votre porte et levant le rideau. Vous ne connaissez rien quâune main versatile Et cet Ă©crasement dâun immense fardeau. Et votre front cernĂ© dâun stupide bandeau. Et lâimmobilitĂ© de la nuit et des ombres. Et les vagues croulant en Ă©normes dĂ©combres. Et vos enfants partis sur un frĂȘle radeau. Et tout vous est Ă©gal et tout vous est Ă©troit. Vous redoutez autant les bons que les pervers. Tout bonheur qui vous vient vous arrive Ă lâenvers. Mais tout mal qui vous vient vous arrive Ă lâendroit. Les eaux ne coulent pas, les bois ne sont pas verts, Les cieux ne sont pas purs pour votre anxiĂ©tĂ©. Vous ne connaissez rien dans lâimmense univers Qui ne soit lâinstrument dâune infĂ©licitĂ©. Tout vous demeure Ă©gal sous une Ă©gale peur. Vous nâattendez jamais de vos secrets effrois, Vous nâattendez jamais des peuples et des rois Que le dĂ©roulement dâune immense torpeur. Vous avez pu ranger et la faiblesse humaine Et le tĂ©trarque HĂ©rode aprĂšs quâil mâeut haĂŻ. Vous avez pu ranger et la lance romaine Et Pilate et Judas, mais quand il mâeut trahi. Vous avez pu ranger CaĂŻphe le grand-prĂȘtre Et le soldat Malchus aprĂšs quâil eut servi. Vous rangez toute forme et vous rangez tout ĂȘtre Et vous rivez les fers, quand lâhomme est asservi. Vous avez pu ranger le mont nommĂ© Calvaire Ou le mont Golgotha, mais quand je lâeus gravi. Vous rangez lâor, lâairain, le cristal et le verre, Et la clef du trĂ©sor, aprĂšs quâil est ravi. Vous avez pu ranger la couronne dâĂ©pine, La verge et le roseau, mais quand il eut servi. Vous avez pu ranger la stricte discipline, La honte et la fureur aprĂšs quâelle eut sĂ©vi. Vous avez pu ranger et la sainte colline, Autrement dit Sion, aprĂšs quâelle eut pĂ©ri. Vous avez pu ranger et la creuse ravine OĂč coulait le CĂ©dron, aprĂšs quâil fut tari. Vous avez pu ranger la chaise du prĂ©teur Et le prĂ©teur lui-mĂȘme aprĂšs quâil eut servi. Et les bancs du public et le blasphĂ©mateur Et la tourbe et la foule aprĂšs quâelle eut suivi. Vous avez pu ranger lâauguste tribunal. Vous Ă©coutez parler les interlocuteurs. Vous Ă©coutez marcher tout le code pĂ©nal. Vous Ă©coutez chanter tous les persĂ©cuteurs. Vous avez su ranger les bois du sacrifice. Les clous et le marteau, mais quand il eut frappĂ©. Vous rangez la priĂšre et vous rangez lâoffice. Et vous rangez le temps, quand il est Ă©chappĂ©. Vous rangez lâĂ©pouvante et le dernier supplice. Vous Ă©coutez marcher le jugement de Dieu. Vous allumez la lampe et regardez le feu. Vous rangez lâostensoir et le dernier calice. Ăternelle Ă©conome, Ă©ternelle ouvriĂšre, Vous rangez le salut, quand il est Ă©coulĂ©. Ă femme mĂ©dicale et femme infirmiĂšre, Vous Ă©pongez le sang, aprĂšs quâil a coulĂ©. Femmes, je vous le dis, vous rangeriez lâautel. Vous rangeriez lâhostie, et lâhuile, et le saint ChrĂȘme. Vous rangeriez le pape et le pouvoir suprĂȘme. Vous rangeriez lâoffense et le pĂ©chĂ© mortel. Femmes, je vous le dis, vous rangeriez Dieu mĂȘme, Et vous lâavez rangĂ© la fois quâil est venu. Vous lâavez saluĂ©, vous lâavez reconnu, Vous avez recueilli le nouveau diadĂšme, La couronne coupĂ©e au long de la colline. Vous avez recueilli le sceptre dĂ©risoire. Vous avez regardĂ© le meurtre provisoire, Et les trois longs gibets jaillis de la ravine, Et le jeune roseau nĂ© pour un autre sort. Vous avez pu ranger la muette agonie Et toute forfaiture et toute ignominie. Vous rangez le cilice et le jour de la mort. Vous avez pu ranger le meurtre expiatoire, â Ă femmes qui pleuriez, â mais quand il fut fini. Vous avez pu ranger et lâinterrogatoire Et lâhomme interrogĂ©, mais quand on lâeut honni. Vous regardez passer le meurtre expiatoire. Dans le bannissement vous classez le banni. Vous regardez trĂŽner et lâinterrogatoire Et lâinterrogateur, avant quâil fĂ»t puni. Vous regardez monter lâoffrande et lâoffertoire. Vous classez la dĂ©fense et le contradicteur. Ă vainement assise aux marches du prĂ©toire, Vous regardez monter la hache du licteur. Vous classez la bataille et classez la victoire. Et vous classez lâoffense avec lâaccusateur. Ă vainement assise aux marches de lâhistoire, Vous regardez monter lâoubli consolateur. Vous classez le nĂ©ant et vous classez le monde. Ă vainement assise aux marches de lâautel, Vous regardez monter cette vague profonde, Vous regardez grandir le grand pĂ©chĂ© mortel. Vous regardez monter la vague de luxure, Ă vainement assise au seuil de puretĂ©. Vous regardez monter ce flot de duretĂ© Du cĆur et tant de honte et tant de flĂ©trissure. Vous regardez monter cette immense mer Morte, Ce flot de pestilence et dâopiniĂątretĂ©, Ă vainement assise au seuil de duretĂ©, Ă vainement assise Ă votre propre porte. Vous regardez monter ce flot de turpitude. Vous pensez Ă vos fils assis dans le jardin. Vous regardez monter jusquâau dernier gradin La vague dâindĂ©cence et de dĂ©crĂ©pitude. Vous pensez Ă vos fils nĂ©s pour un autre sort, SecrĂštement armĂ©s contre la multitude. Ă vainement assise aux marches de la mort, Vous pensez Ă vos fils nĂ©s pour la solitude. Vous regardez monter lâocĂ©an dâavarice, Tout un monde noyĂ© dans la honte dâargent. Et le dĂ©bordement du plus hideux caprice. Et lâastuce et la ruse et lâimmonde entregent. Vous regardez monter la lourde ingratitude. Et ce dĂ©vĂȘtement de la vĂ©nalitĂ©. Vous voyez sâĂ©taler lâimmense platitude. Et cet Ă©crasement sous la banalitĂ©. Vous voyez sâĂ©taler la lourde turpitude, Ă vainement assise au seuil de pauvretĂ©. Vous voyez sâen aller cette longue habitude, Les mĆurs de la justice et de la libertĂ©. Vous regardez monter cette double luxure, La luxure dâhier sous celle de demain. Vous regardez saigner cette double blessure, Au creux de ma main gauche et de ma droite main. Vous regardez monter cette double luxure, La luxure dâargent sous la luxure dâor. Vous voyez se gonfler cet immonde trĂ©sor. Vous voyez puruler la double pourriture. Vous regardez monter cette double aventure, La luxure du cĆur, la luxure du sang. Vous regardez monter la double forfaiture Gomme une double lance Ă mon malheureux flanc. Vous regardez monter cette lourde mainmorte, Lâavarice du cĆur sous lâancienne avarice, Ă vainement assise Ă votre pauvre porte Vous regardez saigner la double cicatrice. Vous regardez monter cette double insolence, La luxure du cĆur sous les stupres anciens. Vous regardez monter dans lâantique silence Le long dĂ©laissement de Dieu parmi les siens. Vainement rĂ©chauffĂ©e aux tisons de ce feu, Vainement acouflĂ©e Ă cette vieille dalle, Vous pleurez longuement sur ce nouveau scandale Lâargent devenu maĂźtre Ă la place de Dieu. Tout se vend et sâachĂšte et se livre et sâemporte. Rien ne se donne plus et moi jâai tout donnĂ©. Ă vainement assise Ă votre chĂšre porte, Câest donc lĂ le salut que nous avons sonnĂ©. Tout se voit et se vaut et se vend Ă la porte. Tout sâĂ©tale et triomphe et se vend au marchĂ©. Tout se montre et se dit et se place et rapporte Est-ce lĂ le salut que nous avons cherchĂ©. Tout se vante et sâexhibe et se porte Ă la halle. Vous pensez Ă vos fils nĂ©s dâun autre destin. Vous regardez monter vers un dernier matin Le long dĂ©roulement du plus grossier scandale. Vous avez pu ranger le reniement de Pierre. Vous rangez le sommeil, et la veille, et les larmes. Vous rangez la vaillance et le mĂ©tier des armes. Vous rangez le regard sous la lourde paupiĂšre. Et vous rangez la voix jusquâau fond de la gorge. Et vous rangez les pleurs jusquâau fin fond des yeux. Vous rangez le Seigneur jusquâau fin fond des cieux. Vous rangez la brĂ»lure au fin fond de la forge. Et vous rangez la paix jusquâau fin fond des guerres. Et vous rangez le fer laissĂ© dans la blessure. Vous regardez monter cette double luxure, La luxure du sang et des ruses vulgaires. Vous avez pu ranger le reniement de Pierre. Mais pourrez-vous ranger le nouveau reniement. Vous avez pu ranger les monuments de pierre. Mais pourrez-vous ranger le nouveau monument. Vous avez pu ranger le sĂ©pulcre de pierre. Mais pourrez-vous ranger dâun Ă©gal rangement, Et par le seul effet dâun long mĂ©nagement, Le deuil enseveli sous la lourde paupiĂšre. Vous avez pu ranger la charrue et le glaive. Rangerez-vous jamais nos nouveaux armements. Pourrez-vous refouler dans les casernements Le monstrueux effort du monde qui se lĂšve. Vous regardez monter cette double avarice, Le manquement de cĆur et le manque de sang. Vous regardez saigner la double cicatrice, Lâatteinte vers le cĆur, lâatteinte vers le flanc. Vous regardez saigner la double flĂ©trissure. Vous poursuivez lâorgueil jusquâau fond de la plaie. Vous regardez monter cette double luxure, La sanie et lâenvie et le saint sur la claie. Vous regardez monter cette double impuissance, Lâimpuissance dâaimer et celle de haĂŻr. Vous regardez monter cette double licence, La licence dâaimer et celle de trahir. Vous voyez sâen aller cette double puissance, La puissance dâaimer et celle dâobĂ©ir. Vous voyez succomber cette double dĂ©cence, La dĂ©cence dâaimer et celle de faillir. Vous regardez sombrer cette double clĂ©mence, La clĂ©mence dâamour et de fraternitĂ©. Vous regardez monter cette double dĂ©mence, La dĂ©mence de haine et dâinhumanitĂ©. Et moi je vous salue, ĂŽ reine de dĂ©cence. Vous rangez le fumier dans le fond du jardin. Vous balayez le seuil et le premier gradin. Et vous vous avancez, merveille dâinnocence. Et vous vous tenez lĂ , reine de rĂ©ticence. Et lâhomme nâest quâun sot devant votre balai. Des ordures du jour vous faites un remblai, Un tas devant la porte, et par obĂ©issance Vous ramassez la fleur aprĂšs quâelle est fanĂ©e. Aux justices de Dieu vous faites un dĂ©lai. Des injures du jour vous faites le dĂ©blai. Vous ramassez lâavoine aprĂšs quâelle est vannĂ©e. AprĂšs le dernier pas de la procession, Quand lâĂ©vĂȘque est passĂ© vous ramassez la rose Et le lis et lâĆillet et la robe dĂ©close AprĂšs le dernier pas de lâintercession. Quand le pape est passĂ© vous ramassez la prose. Vous ramassez la gerbe, aprĂšs quâelle est glanĂ©e. Vous ramassez la messe, aprĂšs quâelle est sonnĂ©e. Vous ramassez le buis avec le laurier-rose. Quand lâeffet est passĂ©, vous ramassez la cause. Vous ramassez lâhonneur, aprĂšs quâil est flĂ©tri. Vous rangez le bonheur, aprĂšs quâil a pĂ©ri. Vous mettez le tilleul avec la passe-rose. Vous ramassez la grĂące, aprĂšs quâelle est donnĂ©e. Vous ramassez la source aprĂšs quâelle est tarie. Vous rangez la douleur quand elle est dĂ©fleurie. Vous rangez la moisson quand elle est moissonnĂ©e. Vous avez ramassĂ© les cailloux et les pierres Quand on les eut jetĂ©s sur le premier martyr. Vous ramassez lâhorreur et lâeffroi de partir Quand ils sont descendus sous lâarceau des paupiĂšres. Vous avez pu ranger le mont nommĂ© Calvaire Et recueilli mon corps quand on lâeut descendu. Vous rangez le remords, le regret plus sĂ©vĂšre. Vous recueillez mon corps quand on lâa dĂ©pendu. Femme je vous le dis, mais rangerez-vous Dieu, Quand il viendra sâasseoir au dernier tribunal. Rangerez-vous lâarchange et le code pĂ©nal. Et lâespace et le nombre et le temps et le lieu. Rangerez-vous alors dâun dernier rangement Le vaisseau tout chargĂ© du pĂ©chĂ© dâIsraĂ«l. Rangerez-vous Achab Ă cĂŽtĂ© dâIsmaĂ«l. Rangerez-vous le jour du dernier jugement. Rangerez-vous alors lâĂ©norme chargement. Balaierez-vous alors les marches de lâautel. Rangerez-vous lâoffense et le pĂ©chĂ© mortel. AmĂ©nagerez-vous cet amĂ©nagement De tout le temporel dans son dernier mĂ©nage. Et cette Ă©normitĂ© du dĂ©mĂ©nagement De tout le temporel hors de son apanage. Et cette Ă©normitĂ© de lâemmĂ©nagement De tout le temporel dans son nouveau partage. Rangerez-vous alors le dĂ©couragement Du vieux cĆur temporel hors de son vieux courage. Rangerez-vous alors tout le dĂ©rangement De lâhomme temporel hors de son vieux village. Rangerez-vous alors tout le dĂ©gagement De la foi temporelle hors de son premier gage. Rangerez-vous la liste avec lâĂ©margement. Rangerez-vous la honte et lâĂ©pouvantement De lâhomme enseveli dans un suprĂȘme orage. Rangerez-vous lâhorreur et le saisissement De lâhomme suspendu sur un dernier barrage. Rangerez-vous la barque et le gouvernement. Et vos fils emportĂ©s sur un frĂȘle radeau. Rangerez-vous la lampe et le dernier rideau. Rangerez-vous le port et le dĂ©barquement. Femme, vous mâentendez quand les Ăąmes des morts Sâen reviendront chercher dans les vieilles paroisses, AprĂšs tant de bataille et parmi tant dâangoisses, Le peu qui restera de leurs malheureux corps ; Et quand se lĂšveront dans les champs de carnage Tant de soldats pĂ©ris pour des citĂ©s mortelles, Et quand sâĂ©veilleront du haut des citadelles Tant de veilleurs sortis dâun terrible hivernage ; Et quand sâĂ©veilleront, dâun terrible rĂ©veil, Tant de guetteurs assis au faĂźte de la tour, Et quand les chambellans et les dames dâatour Sâarracheront des bras de lâantique sommeil ; Quand tout ne sera plus que poussiĂšre et que cendre, Quand se rĂ©veillera la belle au bois dormant, Quand le page et la reine et le prince charmant Diront Câest le grand jour ; ĂŽ maĂźtre il faut descendre ; Et quand tous trembleront, et de la mĂȘme transe, Disant Lâheure est sonnĂ©e, il est temps de paraĂźtre ; Et quand le roi Louis et quand le roi de France Ne sera plus quâun pauvre et quâun malheureux ĂȘtre ; Quand ne sonnera plus la cloche du baptĂȘme, Et lâentrĂ©e Ă la messe et le saint sacrement, Et la jeune promesse et le grave serment, Et lâautomne fleuri de grave chrysanthĂšme ; Quand ne sonneront plus les temporelles vĂȘpres Et lâentrĂ©e Ă la messe et lâauguste salut, Et quand apparaĂźtra dans un Ăąge absolu LâĂ©ternelle hideur des temporelles lĂšpres ; Quand on nâentendra plus au cĆur des grandes fĂȘtes Monter lâin excelsis et le Magnificat, Quand on ne verra plus sur lâocĂ©an des tĂȘtes Tomber le Dominus et le Benedicat Vos omnipotens Deus dans les siĂšcles des SiĂšcles, quand ne monteront plus les Hosanna, Et le dur Sabaoth et les Alleluia, Et le tragique Agnus ; femme, vous mâentendez Quand on ne verra plus vers les jours de NoĂ«l Dans la paille et lâespace et lâĂ©table et le temps NaĂźtre le dernier-nĂ© des enfants dâIsraĂ«l, Et Joseph le couver de regards importants ; Quand on ne verra plus dans une pauvre auberge NaĂźtre le plus secret et le plus grand des rois, Quand on ne verra plus saint Joseph et la Vierge Veiller sur un poupon qui joue avec sa croix ; Quand on ne verra plus dans une pauvre crĂšche Sommeiller un bambin devant lâĂąne et le bĆuf, Et trois pauvres bergers lui mettre un manteau neuf Pour le sauver du vent qui souffle par la brĂšche ; Quand on ne verra plus couchĂ© dans de la paille Le fils du plus grand roi qui soit dans lâunivers, Quand on ne verra plus cette auguste marmaille Tenir son firmament et sa croix de travers ; Quand on ne verra plus dans le secret des temples Rayonner le secret dâune amour Ă©ternelle, Et lestement troussĂ© dans la main maternelle Ce seul petit JĂ©sus, femme, que tu contemples, Parce quâil fut nourri du lait dâune autre femme, Et bercĂ© dâune main mĂȘmement maternelle. Parce quâil fut baignĂ© dans une onde charnelle, Et parce quâil riait aux yeux de Notre Dame ; Et quâil fut caressĂ© dâune main fraternelle Par le petit saint Jean doublĂ© de son agneau, Et quâil fut saluĂ© de façon solennelle Par les rois dâOrient doublĂ©s de leur chameau ; Et moi je vous le dis quand cette antique cloche Ne fera plus monter les grands alleluias, Quand la meute et le vol des chastes hosannas Ne sâĂ©lancera plus gagnant de proche en proche ; Quand ne descendra plus du haut des grandes orgues La cĂ©lĂ©bration des beaux jours de la vie, Mais quand sâĂ©croulera du haut des grandes morgues Et le pĂ©chĂ© dâorgueil et le pĂ©chĂ© dâenvie ; Quand du haut du clocher la cloche catholique Ne fera plus tomber les Ave Maria, Quand sur le coffret dâor et la sainte relique Ne sâavancera plus le triple Gloria ; Quand ne sonnera plus la cloche paroissiale Pour le glas de ce jour qui sera le dernier Et lâangĂ©lus du jour qui sera le premier, Et la marche funĂšbre avant la nuptiale ; Mais quand retentiront de bien autres buccins, Quand tout se courbera sous le fracas des cuivres, Quand lâantique Satan, ses larves et ses guivres Reculeront glacĂ©s devant le saint des saints ; Quand on nâentendra plus que le sourd craquement Dâun monde qui sâabat comme un Ă©chafaudage, Quand le globe sera comme un baraquement Plein de dĂ©suĂ©tude et de dĂ©vergondage ; Quand lâimmense maison des vivants et des morts Ne pourra plus montrer que sa dĂ©crĂ©pitude, Quand lâantique dĂ©bat des faibles et des forts Ne pourra plus montrer que son exactitude ; Quand on nâentendra plus que le dĂ©traquement Dâun monde qui chancelle et qui se met par terre, Et quand apparaĂźtra lâimmense manquement Dâun sol toujours solide et toujours sĂ©dentaire ; Et quand se lĂšveront dans les champs dâĂ©pandage Tant de martyrs jetĂ©s dans les Ă©gouts de Rome, Et quand se lĂšvera dans le cĆur de tout homme Le long ressouvenir de son vagabondage ; Et quand sur le parvis des hautes cathĂ©drales Les peuples libĂ©rĂ©s des vastes nĂ©cropoles, Dans Paris et dans Reims et dans les mĂ©tropoles Transporteront lâhorreur des chambres sĂ©pulcrales ; Quand ils sâassembleront sur les places publiques, Quand ils sâentasseront sous un dernier portail, Quand ils repasseront par les ormes du mail, Quand ils resalueront les grandes rĂ©publiques ; Quand ils traverseront la place du Martroi, Quand ils sâamasseront sur le pavĂ© des villes, Quand ils resalueront les batailles civiles, Et le royaume assis dans le giron du roi ; Quand lâhomme relevĂ© du plus ancien tombeau Ăcartera la pierre et le vase dâoubli, Quand le plus vieil aveugle et lâhomme enseveli Rallumera lâĂ©clair du plus ancien flambeau ; Quand lâhomme relevĂ© de la plus vieille tombe Ăcartera la ronce et les fleurs du hallier, Quand il remontera le vĂ©tuste escalier OĂč le pied du silence Ă chaque pas retombe ; Quand lâhomme reviendra dans son premier village Chercher son ancien corps parmi ses compagnons Dans ce modeste enclos oĂč nous accompagnons Les morts de la paroisse et ceux du voisinage ; Quand il reconnaĂźtra ceux de son parentage Modestement couchĂ©s Ă lâombre de lâĂ©glise, Quand il retrouvera sous le jaune cytise Les dix-huit pieds carrĂ©s qui faisaient son partage ; Quand il retrouvera ceux de son hĂ©ritage, Et les fils de ses fils et tous ceux de son sang, Et les cousins germains et tous ceux de son rang, Comme ils venaient en bande aux jours de mariage ; Quand il retrouvera dans la maison dâĂ©cole Et tous ceux de son Ăąge et tous ceux de son banc, Et la chaire et le maĂźtre et lâauguste parole, Et la carte et le stĂšre et le gramme et le franc ; Quand tout se lĂšvera pour un appareillage Qui sera le dernier des appareillements, Quand tout se lĂšvera pour un dernier naufrage Qui sera le premier des Ă©tablissements ; Quand tout retrouvera sa maison et sa race, Au moment de les perdre, ou de les conserver, Quand tout reconnaĂźtra la raison et la grĂące, Au moment de la perdre, ou de la retrouver ; Quand tout sâĂ©clairera des flammes de mĂ©moire, Quand tout homme sera comme un grand spectateur, Quand la crĂ©ation devant le crĂ©ateur Sera comme un linceul aux rayons de lâarmoire ; Quand les ressuscitĂ©s sâen iront par les bourgs, Encor tout Ă©baubis et cherchant leur chemin, Et les yeux Ă©blouis et se tenant la main, Et reconnaissant mal ces tours et ces dĂ©tours Des sentiers qui menaient leur candide jeunesse, Encor tout Ă©bahis que ce jour soit venu, Encor tout assaillis du regret revenu, Et reconnaissant mal, avant que lâaube naisse, Ces sentiers qui menaient leur enfance premiĂšre, Encor tout dĂ©molis dâĂȘtre ainsi revenus, Et reconnaissant mal ces corps pauvres et nus, Et reconnaissant mal cette vieille chaumiĂšre Et ces sentiers fleuris qui menaient leur tendresse, Et les anciens lilas dans les vieilles venelles, Et la rose et lâĆillet et tant de fleurs charnelles, Avant que de monter jusquâaux fleurs de hautesse ; Quand ils avanceront dans la nuit Ă©ternelle, TĂątant des mains les murs et cherchant leur chemin, Quand ils se lĂšveront pour le seul examen Qui vienne aprĂšs la mort et se repose en elle ; Quand lâhomme sâen ira dans la nuit solennelle, Encor tout Ă©tourdi dâĂȘtre ainsi revenu, Encor tout interdit dâĂȘtre ainsi pauvre et nu, Encor tout engoncĂ© dans sa gaine charnelle ; Encor tout ahuri que ce jour soit venu. Mal rĂ©accoutumĂ© de se servir de soi, DĂ©jĂ tout envahi du regret revenu, De ne plus ĂȘtre un homme et ne plus ĂȘtre un roi ; Quand il retrouvera sa force originelle, Mais pour ĂȘtre abolie et ne servir quâun jour, Quand il retrouvera dans son premier sĂ©jour La lumiĂšre et la paix qui baignaient sa prunelle ; Quand ils sâavanceront dans cette cĂ©citĂ©, Tout dĂ©saccoutumĂ©s des chemins de la terre, Tout dĂ©shabituĂ©s de lâantique citĂ© Qui posait sur les fronts un masque statutaire ; Quand ils sâavanceront dans cette solitude, Mal rĂ©accoutumĂ©s Ă marcher pas Ă pas, Quand ils sâavanceront vers un dernier trĂ©pas, Ou vers le premier jour dâune bĂ©atitude PrĂšs de qui tout bonheur est de commandement. Et vers le premier jour de cette quiĂ©tude PrĂšs de qui toute grĂące est de gouvernement, Et vers le premier jour de cette certitude PrĂšs de qui tout savoir est un entassement, Et vers le premier jour de cette exactitude PrĂšs de qui toute rĂšgle est de consentement, Et vers le premier jour de cette plĂ©nitude PrĂšs de qui toute joie est une insuffisance, Et vers le premier jour de ce contentement, Et vers le dernier terme et la seule prĂ©sence, Et vers le premier bord du seul dĂ©bordement ; Quand ils sâavanceront dans cette adversitĂ©, Tout dĂ©saccoutumĂ©s des chemins de la terre, Tout dĂ©shabituĂ©s de lâantique citĂ© Qui posait sur les fronts un ordre salutaire ; Quand on nâentendra plus que le dĂ©membrement Dâun monde qui sâen va comme un Ă©cartelĂ©, Quand on ne verra plus que le dĂ©labrement Dâun monde qui sâabat comme un mur craquelĂ© ; Quand vos enfants perdus, aĂŻeule volontaire, Chemineront le long de leurs anciens labours, Et quand ils passeront le long des anciens jours, Et sur le beau chemin devant le presbytĂšre ; Quand ils sâavanceront dans la nuit Ă©ternelle, Encor tout Ă©tonnĂ©s dâĂȘtre ainsi dans leur corps, Et dans lâancien scrupule et dans lâancien remords, Et dâĂȘtre retournĂ©s dans la raideur charnelle ; Et dâĂȘtre maladroits et perdus dans ces membres, Et tout embarrassĂ©s dans ces remembrements, Comme un roi qui revient et se perd dans ses chambres, Et ne reconnaĂźt plus ses beaux appartements ; Comme un roi qui retourne en son premier palais Et ne retrouve plus ni son grand chambellan, Ni son grand majordome et demande le plan De sa propre demeure et cherche des valets Qui pourraient ranimer tout ce grand appareil, Et la salle du trĂŽne et la salle du sacre, Et son glaive dâor pur et son sceptre de nacre, Et pourraient balayer la chambre du conseil ; Et pourraient lui montrer sa garde militaire, Et la porte centrale et le parvis de marbre, Et la vasque dâeau pure et le pourpris et lâarbre, Et pourraient lui sauver sa race hĂ©rĂ©ditaire ; Quand lâhomme sâen ira dans la nuit Ă©toilĂ©e, Encor tout Ă©perdu de ce remembrement, Quand lâhomme sâen ira dans la nuit dĂ©voilĂ©e, Encor tout confondu de ce transfĂšrement ; Quand lâhomme sâen ira dans une nuit tacite, Encor tout engourdi dâĂȘtre ainsi remembrĂ©, Quand il regardera vers un suprĂȘme site, Encor abasourdi dâĂȘtre ainsi transfĂ©rĂ© ; Quand lâhomme sâen ira dans une nuit profonde, Encor tout alourdi dâĂȘtre rĂ©intĂ©grĂ©. Et dâĂȘtre rĂ©inscrit et rĂ©incarcĂ©rĂ©, Encor tout assourdi dans ce fracas dâun monde Quand vos enfants perdus, aĂŻeule utilitaire, Chemineront le long de leurs anciens amours, Et le long des soucis qui ramenaient toujours En un centre de peine en un point de la terre Les longs Ă©garements dâun cĆur dĂ©libĂ©rĂ©, Quand ils reconnaĂźtront les antiques serments, Quand ils retrouveront les antiques tourments, La poudre et le dĂ©bris dâun cĆur dilacĂ©rĂ© ; Quand ils chemineront tout le long des dĂ©tours Qui ramenaient toujours vers la mĂȘme blessure, Quand ils chemineront tout le long de ces jours Qui ramenaient toujours la mĂȘme meurtrissure ; Quand ils reconnaĂźtront les jours de leur dĂ©tresse, Plus profonds et plus beaux que les jours de bonheur, Quand ils retrouveront les jours de leur honneur, Plus durs et plus aimĂ©s que les jours de liesse ; Quand ils verront lâautel et les premiers degrĂ©s, Quand ils verront le temple et les premiĂšres marches, Quand ils verront le seuil et les marbres sacrĂ©s, Et la brique romaine et la voĂ»te et les arches Du vieux pont qui menait leur caduque allĂ©gresse, Quand ils chemineront tout le long du fossĂ©, Quand ils retrouveront dans les jours du passĂ© Les jours de leur candeur et de leur maladresse, Quand ils sâavanceront tout le long du rempart, Quand ils regarderont les hautes cheminĂ©es, Tout gauches, tout perdus, percĂ©s de part en part Par le ressouvenir des anciennes annĂ©es ; Quand se rĂ©veilleront dans les champs de glanage Tant de glaneurs pĂ©ris pour des pĂ©chĂ©s mortels, Mais quand se dressera le plus haut patronage Pour les reversements les plus sacramentels, Quand dans le mĂȘme lieu les plus hauts personnages Ne seront pas plus grands que les derniers venus, Quand les dais les plus lourds, et les plus saugrenus, Ne vaudront pas plus cher que de pauvres mĂ©nages, Quand vos enfants perdus, ĂŽ reine de misĂšre, Sâavanceront ainsi le long des anciens bois, Quand ils sâenfonceront pour la derniĂšre fois Dans la route commune et pourtant solitaire ; Quand ils sâavanceront le long des anciens prĂ©s, Dans la mansuĂ©tude et le recueillement, Quand ils sâenfonceront tout le long des regrets Dans la dĂ©suĂ©tude et le dĂ©feuillement ; Quand ils sâavanceront dans leur dernier chemin, Comme le jeune HĂ©mon et la belle Antigone, Quand le dernier bleuet et le dernier jasmin Et la douce pervenche et la chaste anĂ©mone Ătendront sous les pas de ces derniers passants Le dernier Ă©tendu des tapis de la terre, Et quand la sagittaire et quand le fumeterre, Vainement Ă©tendus vainement florissants, Ătendront sous les pas de cette immense armĂ©e Le dernier Ă©tendu des linceuls de la terre, Et quand la cicutaire et quand la serpentaire, Vainement vigilante et vainement armĂ©e, Et vainement poignante et vainement vivace, Ătendront sous les pas de vos derniers enfants, Vainement accablĂ©s, vainement triomphants, Le dernier drap du lit pour la derniĂšre race Et le dernier passage et la derniĂšre trace, Et les pas sur les fleurs et les pas sur le sable, Quand vos enfants perdus, aĂŻeule pĂ©rissable, Sâavanceront ainsi sur la basse terrasse, Pour la derniĂšre empreinte et la derniĂšre marque, Et quand ils fouleront la lavande et le thym, Quand ils sâavanceront dans leur dernier matin Vers le dernier prĂ©toire et le dernier monarque, Quand ils iront en bande et les curĂ©s en tĂȘte, Quand ils contempleront le dernier tribunal, Quand ils chemineront tout le long du canal, Comme ils allaient en bande aux jours de grande fĂȘle, Quand ils sâavanceront dans lâĂ©ternelle nuit, Quand ils auront passĂ© devant le four banal, Et le moulin Ă vent et le prĂ© communal, Comme ils allaient en bande aux messes de minuit, Quand ils auront passĂ© devant le marĂ©chal, Et la forge et lâenclume et le bras sĂ©culier, Quand ils se heurteront au coin dâun espalier, Encor tout endormis et reconnaissant mal Ces sentiers qui menaient leur naĂŻve rudesse, Et quand ils trembleront dans ce dernier trĂ©pas, Pourrez-vous allumer pour Ă©clairer leurs pas, Dans cette incertitude et dans cette faiblesse, AĂŻeule du lĂ©preux et du grand sĂ©nĂ©chal, Saurez-vous retrouver dans cet encombrement, Pourrez-vous allumer dans cet Ă©garement Pour Ă©clairer leurs pas quelque pauvre fanal, Et quand ils passeront sous la vieille poterne, Aurez-vous retrouvĂ© pour ces gamins des rues, Et pour ces vĂ©tĂ©rans et ces jeunes recrues, Pour Ă©clairer leurs pas quelque vieille lanterne ; Aurez-vous retrouvĂ© dans vos forces dĂ©crues Le peu quâil en fallait pour mener cette troupe Et pour mener ce deuil et pour mener ce groupe Dans le recordement des routes disparues. Nous nous sommes rangĂ©s sous une loi si dure, AĂŻeule de lâesclave et du lĂ©gislateur. Nous nous sommes rangĂ©s sous une foi si pure, AĂŻeule du despote et du conspirateur. Vous avez pu ranger la brebis et lâagneau Et le berger lui-mĂȘme aprĂšs quâil eut pĂ©ri. Vous rangez le bercail, vous rangez le chevreau. Et vous rangez le loup quand il est assouvi. Vous rangez lâeau bĂ©nite et le lit mortuaire Et le lit nuptial de lâhomme enseveli, Vous rangez le crĂ©dit et la loi somptuaire Et lâamour filial quand le fils est parti. Vous rangez lâescabeau, vous rangez le suaire, Vous rangez lâappareil des appareillements. Vous rangez le caveau, vous rangez lâossuaire, Vous rangez le recueil et les recueillements. Vous rangez le silence et le drap funĂ©raire Et vous fermez ces yeux quand lâhomme en est parti. Vous rangez la prĂ©sence et lâurne cinĂ©raire Et vous baisez ce front, quand lâhomme en est sorti. Ă femme qui fermez les regards bleus et noirs Et les regards profonds des yeux les plus aimĂ©s, Ăpouse qui fermez pour le dernier des soirs Le reconnaissement des yeux accoutumĂ©s. Ă femme qui fermez les regards des mourants Sur le dernier aspect quâils auront eu du monde, Et qui les refermez sur cette nuit profonde, Ă femme qui cueillez des souffles expirants, Vous rangez le Seigneur au fond du sanctuaire, Vous rangez le calice aprĂšs quâil est empli. Vous rangez le cantique avec lâobituaire. Et vous rangez le sort quand il est accompli. Et vous rangez le mort aprĂšs quâil est bien mort. Et vous rangez les temps quand ils sont rĂ©volus. Et vous rangez les jours quand ils sont absolus. Vous rangez le vaisseau quand il est dans le port. Vous rangez les enfants quand ils sont rĂ©solus. Vous rangez le sĂ©pulcre et la croix de par Dieu. Vous rangez les trois croix sur le dernier haut lieu. Et vous rangez le cĆur aprĂšs quâil ne bat plus. Vous rangez le martyr au fond du tombereau. Et vous rangez la foule aprĂšs quâelle a suivi. Vous avez pu ranger le glaive et le fourreau Et le soldat lui-mĂȘme aprĂšs quâil eut servi. Vous rangez la tenaille et rangez le barreau. Vous rangez le Calvaire aprĂšs quâil est gravi. Vous rangez le carcan, vous rangez le bourreau. Vous rangez la victime aprĂšs quâelle a servi. Vous rangez cette tourbe aprĂšs quâelle a suivi. Et vous rangez la messe et vous rangez lâabsoute. Vous rangez le dĂ©part et vous rangez la route. Vous rangez le Sauveur aprĂšs quâil a servi. Femme qui connaissez et les palais des rois, Et le chaume et la grange et le maĂźtre dâĂ©cole, Et qui savez par cĆur votre rĂšgle de trois, Et la reconnaissez jusquâen ma parabole ; Vous avez pu compter, Ă©ternelle comptable, Ă quel prix jâai sauvĂ© ce peuple abandonnĂ©. Vous pouvez calculer, voici lâencre et la table, Ă quel taux jâai prĂȘtĂ© le sang que jâai donnĂ©. Vous avez pu compter, inlassable servante. Combien se sont nourris du pain que jâai rompu. Vous avez pu compter, implacable suivante, Combien jâen ai sauvĂ© de ceux que jâai voulu. Vous avez pu compter, inlassable gĂ©rante, Si du pain de mon corps tout homme sâest repu. Vous avez pu compter, implacable rĂ©gente, Ce que jâavais tentĂ© dâavec ce que jâai pu. Vous avez pu compter ce que coĂ»te le nombre, Quand il faut le payer avec le sang dâun seul. Vous avez pu compter ce que coĂ»te un linceul Quand tout un univers descend dans la pĂ©nombre. Vous avez pu compter, inlassable Ă©conome, Ce que coĂ»te lâespace, et le temps, et le lieu. Vous avez pu compter Ă combien revient lâhomme, Et quâil fallut payer du sang mĂȘme dâun Dieu. Vous qui savez compter, comptable inĂ©vitable, MaĂźtresse du cassis et du jaune nerprun, Vous qui les avez vus douze autour de ma table, MaĂźtresse de la dette et du tragique emprunt ; Vous qui savez par cĆur ce que coĂ»te chacun, MaĂźtresse du jardin et des eaux et forĂȘts. Vous qui savez par cĆur vos rĂšgles dâintĂ©rĂȘts. Et les frais gĂ©nĂ©raux et le compte commun. Vous le savez assez, ĂŽ mon Ăąme, ĂŽ ma mĂšre, MaĂźtresse de mesure et dâun sort opportun, MaĂźtresse du dĂ©compte et du large sommaire Que nous nâavons que Dieu qui rende cent pour un. Et vous mettrez ceci dans vos livres de compte, Puisque vous Ă©crivez ce que coĂ»te chacun, Et vous mettrez ceci dans nos livres de honte, Que nous nâavons quâĂ Dieu quâon prĂȘte Ă cent pour un. Et vous mettrez ceci sur le large sommaire, Et sur le bordereau de ce que vaut chacun, Ăternelle Ă©conome, Ă©conome Ă©phĂ©mĂšre, Que nous nâavons que Dieu qui vaille cent pour un. Et vous mettrez ceci sur le large sommaire, Et sur le bordereau de ce que fait chacun, Ăternelle Ă©conome, Ă©ternelle Ă©phĂ©mĂšre, Que nous nâavons que Dieu qui fasse cent pour un. Et par lĂ vous savez combien lâhomme exagĂšre Quand il dit quâil dĂ©teste et quand il dit quâil aime. Et quâil nâest point de lieu sur la terre Ă©trangĂšre Ni pour un grand amour ni pour un grand blasphĂšme. Et par lĂ vous savez combien lâhomme exagĂšre Quand il dit quâil atteste et quand il dit quâil ment ; Et quâil nâest point de place en sa tĂȘte lĂ©gĂšre Ni pour un grand respect ni pour un grand serment. Vous qui savez si bien doubler un capital, Et le redemander quand on vous lâa rendu, Faites lâaddition et posez ce total Que nous nâavons que moi qui prĂȘte Ă fonds perdu. Et par lĂ vous savez combien lâhomme exagĂšre Quand il dit quâil achĂšte et quand il dit quâil vend. Câest toujours moi qui paye et toujours lui qui prend. Et câest Dieu qui possĂšde et câest lâhomme qui gĂšre. Et par lĂ vous savez combien lâhomme exagĂšre Quand il dit quâil se bat et quand il dit quâil vainc. Câest Dieu seul qui dĂ©bat et Dieu seul qui convainc Dâimposture et de faux la lĂšvre mensongĂšre. Et par lĂ vous savez combien lâhomme exagĂšre Quand il dit quâil conteste et quand il dit quâil ment. Et quâil nâest point de seuil sous sa porte Ă©trangĂšre Ni pour un grand bonheur ni pour un grand tourment. Et par lĂ vous savez combien lâhomme se flatte Quand il dit quâil descend et quand il dit quâil monte. Il a mal mesurĂ© combien sa vie est plate Entre le point dâhonneur et le niveau de honte. Et vous savez aussi ce que tout homme tente Câest de se rĂ©chapper des mains du Tout-Puissant. Câest de tenter sa veine et de suivre sa pente. Et câest de gaspiller le meilleur de mon sang. Et vous savez aussi ce que tout homme tente Câest de se rĂ©chapper des mains de lâĂternel. Câest de cuver sa peine et de planter sa tente Dans le recordement de son rĂȘve charnel. Et vous savez aussi ce que tout homme tente Câest de se rĂ©chapper des mains de son Sauveur. Câest de se libĂ©rer de la vieille Ă©pouvante Afin de retomber dans la turpide peur. Et vous savez aussi ce que tout homme tente Câest de se rĂ©chapper des mains de son bonheur. Et câest de sâĂ©vader des jours de son honneur. Et de le mettre en gage et de le mettre en vente. Et vous savez aussi ce que tout homme tente Câest de se rĂ©chapper des chemins du salut. Et câest de sâĂ©vader dâun bonheur absolu. Et de se consumer dans une vaine attente. Et par lĂ vous savez ce que tout homme tente Câest de garer son bien des atteintes de Dieu. Câest de garer son or et le mettre en un lieu Quâil nâait plus quâĂ dormir pour en toucher la rente. Et par lĂ vous savez ce que tout homme tente Câest de garer son bien des reprises de Dieu. Câest de garer son or et le mettre en un lieu Quâil nâait plus quâĂ dormir pour en toucher la rente. Et par lĂ vous savez ce que tout homme tente Câest de garer son bien des reproches de Dieu. Câest de garer son or et le mettre en un lieu Quâil nâait plus quâĂ dormir pour en toucher la rente. Et par lĂ vous savez ce que tout homme tente Câest de garer son bien des tempĂȘtes de Dieu. Câest de garer son or et le mettre en un lieu Quâil nâait plus quâĂ dormir pour en toucher la rente. Et par lĂ vous savez ce que tout homme tente Câest de garer son cĆur des reprises de Dieu. Câest de garer son Ăąme et la mettre en un lieu Quâil nâait plus quâĂ dormir pour en toucher la rente. Vous qui juxtaposez sur la double colonne Ce que chacun rapporte et ce que chacun doit, Vous savez que Dieu seul est le seul qui se donne, Et que lâĂȘtre de lâhomme incessamment dĂ©croĂźt Et que lâĂȘtre de Dieu remonte incessamment Ă son niveau de force Ă la mĂȘme altitude, Et quâil fait de lui-mĂȘme et son redoublement Et sa force Ă©ternelle et son exactitude. Et que lâĂȘtre de Dieu recroĂźt incessamment Ă son niveau de vie Ă la mĂȘme altitude, Et quâil fait de lui-mĂȘme et son retriplement Et la vie Ă©ternelle et la bĂ©atitude. Et que lâĂȘtre de Dieu retourne incessamment Dans sa source Ă©ternelle et dans sa plĂ©nitude, Et quâil fait de lui-mĂȘme et son accroissement Et sa force Ă©ternelle et sa mansuĂ©tude. Et que lâĂȘtre de Dieu repuise incessamment Dans sa source Ă©ternelle et dans sa nuit profonde, Et quâil fait de lui-mĂȘme et son accroissement Et le salut de lâhomme et la force du monde. Et par lĂ vous savez, gouvernante et patronne, Que lâhomme ne vaut pas le quart de ce quâil croit, Et quâil ne comprend pas le quart de ce quâil voit, Et quâil joue et quâil ment quand il dit quâil se donne. Et par lĂ vous savez que tout homme dĂ©pense, Et que le plus avare est le plus dĂ©pensier. Et que le charitable est le seul bon boursier, Le seul qui sache un peu gouverner sa finance. Et que le charitable est le seul usurier Ă deux mille fois plus que le denier commun. Il est le seul prĂȘteur qui prĂȘte Ă cent pour un. Et câest un vieil avare et un procĂ©durier. Car il est cent fois sĂ»r de toucher ce pour cent. Et je suis Ă©tonnĂ© quâon en fasse mystĂšre. Quand il exposerait quelques arpents de terre Il remet sa crĂ©ance aux mains du Tout-Puissant. Câest un spĂ©culateur, un maĂźtre en fait dâemprunt, Et de prĂȘt et dâusure et de bon placement, Car câest le seul banquier qui prĂȘte Ă cent pour un Et qui soit toujours sĂ»r de son gouvernement. Câest un calculateur en fait de certitude. Il mets sur le seul fonds qui ne pĂ©rira pas. Et sa rĂšgle Ă calcul et son double compas, Câest un seul mot tombĂ© sur cette multitude. Câest un seul mot de moi tombĂ© sur cette foule, Le jour que je pleurai sur cette multitude. VoilĂ son gouvernail dans cette immense houle, Sa boussole et son or et toute son Ă©tude. VoilĂ son appareil et sa sollicitude. VoilĂ son banc de rame et son couronnement. VoilĂ son attirail et sa pauvre habitude. VoilĂ le seul manteau de son revĂȘtement. Un seul mot remontĂ© dâune similitude, Câest son centre et son axe et son alignement. Un seul mot remontĂ© de mon enseignement, VoilĂ son Ă©quilibre et son exactitude. Câest lĂ sa latitude avec sa longitude. Câest lĂ son parallĂšle et son mĂ©ridien. Câest son cadran solaire et câest son amplitude. Et câest le seul recours dâun cĆur patricien. Et câest le temps quâil fait et câest lâĂąge quâil a. Et câest sa quiĂ©tude et son contentement. Et câest lâheure quâil est Ă ma montre et voilĂ Tout ce quâil a gardĂ© de tout enseignement. Les autres sont perdus parmi tant de richesses Quâils ont le cĆur plus creux quâun cĆur pharisien. Mais seule vous traĂźnez parmi tant de largesses Le long ressouvenir du temps quâon nâavait rien. Les autres sont perdus parmi tant de kermesses Quâils ont le cĆur plus faux quâun cĆur musicien. Et seule vous traĂźnez parmi tant de liesses Le long ressouvenir du temps quâon nâavait rien. Les autres sont perdus parmi tant de sagesses Quâils ont le cĆur plus sot quâun cĆur historien. Et seule vous traĂźnez parmi tant de souplesses Le long ressouvenir du tant quâon nâavait rien. Les autres sont perdus parmi tant de bassesses quâils ont le cĆur plus las quâun cĆur quotidien. Et seule vous traĂźnez parmi ces gentillesses le noble souvenir du temps quâon avait rien. Quelques-uns sont rangĂ©s parmi tant de noblesse Quâils ont le cĆur plus haut quâun cĆur cornĂ©lien. Avec eux vous traĂźnez parmi cette hautesse Le simple souvenir du temps quâon nâavait rien. Les autres sont perdus parmi tant de faiblesses Quâils ont le cĆur plus fat quâun cĆur magicien. Et seule vous traĂźnez parmi ces joliesses Le secret souvenir du temps quâon nâavait rien. Quelques-uns sont rangĂ©s parmi tant de tendresse Quâils ont le cĆur plus doux quâun cĆur virgilien. Avec eux vous traĂźnez parmi cette justesse Lâantique souvenir du temps quâon nâavait rien. Les autres sont perdus parmi tant de rudesses Quâils ont le cĆur plus dur quâun cĆur prĂ©torien. Et seule vous traĂźnez parmi ces forteresses Le morne souvenir du temps quâon nâavait rien. Celui-lĂ seul qui met son front sur mes genoux Est seul maĂźtre du temps et seul maĂźtre du lieu. Et seul il sait garder ses misĂ©rables sous, Celui qui donne au pauvre et redemande Ă Dieu. Vous voici dĂ©sormais parmi tant de dĂ©pouilles, Entre le mauvais juif et le mauvais chrĂ©tien. Ils sont tous deux vos fils et se font des embrouilles. Mais quand on avait tout, personne nâavait rien. Vous voici dĂ©sormais entre tant de fripouilles, Entre le mauvais juif et le mauvais chrĂ©tien. Ils sont tous deux pareils et se cherchent des brouilles. Mais quand on avait tout, personne nâavait rien. Vous voici dĂ©sormais dans toute cette tourbe, Entre le mauvais riche et le mauvais larron, Entre le mauvais fils et le mauvais baron, Vous voici dĂ©sormais dans toute cette bourbe. Vous voici dĂ©sormais dans toute cette fange. Vous voici dĂ©sormais dans lâoblique et le courbe. Vous voici dĂ©sormais dans le faux et le fourbe. Vous voici dĂ©sormais dans la bourse et le change. Ils se querelleront pour des mines de houilles. Ils se querelleront les quatre fers dâun chien. Ils se querelleront de caves et des fouilles. Mais quand on avait tout, nul ne querellait rien. Et par lĂ vous savez de quoi lâhomme se mĂȘle, Et que ce nâest jamais de son pauvre devoir, Et que ce nâest jamais de son maigre pouvoir, Et que ce nâest jamais que de quelque cautĂšle. Et vous savez aussi sur quoi lâhomme se fonde Pour dire quâil est fort et pour dire quâil est beau. Il ne veux voir que lui dans cet immense monde. Et ne jamais fermer la porte dâun tombeau. Et par lĂ vous savez le peu que lâhomme pĂšse, Et le peu quâil figure entre les mains de Dieu, Et le peu quâil dĂ©tient dans le temps et le lieu, Depuis quâil fut pĂ©tri de la premiĂšre glaise. Et par la vous savez le peu que lâhomme pĂšse, Quatre onces de poussier dans le creux de la main. Quatre pieds de terreau dans le creux du chemin. Et le retournement dans la premiĂšre glaise. Mais vous savez aussi de quoi lâhomme dĂ©roge. Câest de son origine et câest de sa noblesse. Et de sa hauteur dâhomme et câest de sa hautesse. Et par lĂ vous savez ce que lâhomme sâarroge Câest le droit dâĂȘtre bas quand la rĂšgle est trop haute. Et le droit dâĂȘtre haut quand la rĂšgle est trop basse. Et le droit de pĂ©cher sans commettre de faute. Et le droit de passer quand la rĂšgle se lasse. Et le droit de broncher quand la rĂšgle se tasse. Et le droit dâĂȘtre absent quand Dieu mĂȘme est son hĂŽte. Et le droit de sombrer sans se mettre Ă la cĂŽte. Et le droit de casser quand la rĂšgle se casse. Et par lĂ vous savez par quoi lâhomme se perd. Il veut se dire grand et ne pas voir quâil baisse. Il veut se dire fort quand il cĂšde et sâaffaisse. Il veut se dire libre, et ne pas dire quâil sert. Et par lĂ vous savez combien lâhomme se trompe Quand il dit quâil offense et quand il dit quâil plaide. Il a mal mesurĂ© combien sa vie est laide Et quâil faut quâelle plie et quâil faut quâelle rompe. Et par lĂ vous savez Ă quoi lâhomme se prend. Câest Ă quelque fantĂŽme issu de sa cervelle. Ă quelque pas dansĂ© sur une herbe nouvelle. Et par lĂ vous savez le peu que lâhomme rend. Et par lĂ vous savez le peu que lâhomme pĂšse, Et quâil est fĂ©tu dans les doigts de la main, Et quâil est un passant sur le bord du chemin, Tout prĂšs de retourner dans sa premiĂšre glaise. Et par lĂ vous savez ce que lâhomme dĂ©couvre. Câest que tout souvenir est un point de douleur. Et que tout avenir est un puits de malheur. Et que toute blessure est prĂ©sente et se rouvre. Et par lĂ vous savez de quoi lâhomme se doute. Câest quâil est un pauvre ĂȘtre et que tout finit mal. Et par lĂ vous savez ce que lâhomme redoute. Câest dâĂȘtre malheureux comme un morne animal Qui se traĂźne et pĂ©rit dans sa captivitĂ©. Câest dâĂȘtre enfin cernĂ© parmi tant de bassesse. Et bloquĂ© dans sa geĂŽle et dans sa forteresse. Et dans son innocence et dans sa gravitĂ©. Par ainsi vous savez Ă quoi tout homme pense. Et cet arriĂšre-goĂ»t pour le pĂ©chĂ© mortel. Et ce prosternement aux marches de lâautel. Et cet arriĂšre-goĂ»t pour une rĂ©compense Qui du moins ne serait quâun malheur dĂ©tendu Et dans le souvenir dâune peine moins dure Le recommencement dâune vie aussi pure Et le couronnement dâun bonheur attendu. Et vous savez surtout de quoi lâhomme se venge. Câest du bien quâon lui fait et du bien quâon lui veut. Et cet arriĂšre-goĂ»t pour lâordure et la fange. Et de faire le mal par les moyens quâil peut. Et vous savez pourquoi tout homme se lamente. Il veut jouer deux jeux dans le jeu temporel. Il veut reprendre son aise, il veut suivre sa pente, Et cependant gagner son salut Ă©ternel. Il veut gagner deux fois dans le jeu qui je joue. Et gagner lâĂ©phĂ©mĂšre avecque lâĂ©ternel. Et la dĂ©rision du soufflet sur ma joue, Il veut la retourner vers un jeu temporel. Il veut gagner deux fois en ne misant quâun jeu. Il veut gagner son Ăąme avec son corporel. Et gagner le miracle avec son naturel. Et gagner ces deux fois ne mettant quâun enjeu. Et par lĂ vous savez pourquoi lâhomme sâobserve. Câest quâil a toujours peur de trop donner Ă Dieu. Il bĂątirait mon temple en boĂźte de conserve Et du bois de la croix allumerait son feu. Et par lĂ vous savez combien lâhomme exagĂšre Quand il dit quâil recule et quâil dit quâil avance, Et quâil nâest point de place en sa tĂȘte lĂ©gĂšre Ni pour un grand refus ni pour une observance. Mais vous savez aussi quâil nâexagĂšre pas Quand il dit quâil est nud et quand il dit quâil tremble. Et quâil est malheureux et quâil est tout ensemble Sous le coup de la mort et le coup des frimas. Mais vous savez aussi quâil nâexagĂšre pas Quand il dit quâil est sot et quand il dit quâil tremble. Et quâil est saugrenu de vouloir tout ensemble Mener la mĂȘme vie en de nouveaux climats. Mais vous savez aussi quâil nâexagĂšre pas Quand il dit quâil est double et quand il dit quâil tremble, Et quâil cherche sa voie et quâil veut tout ensemble Avancer sans Ă -coups et faire des faux pas. Et par lĂ vous savez quâil nâexagĂšre pas Quand il dit quâil est faux et quand il dit quâil tremble. Et quâil cherche sa route et quâil veut tout ensemble, En piĂ©tinant sur place acheminer ses pas. Mais vous savez aussi quâil nâexagĂšre pas Quand il dit quâil est faible et quand il dit quâil tremble. Et quâil fait peine Ă voir et quâil est tout ensemble Sous le coup de la vie et le coup du trĂ©pas. Quand il dit quâil grelotte et quand il dit quâil tremble, Et quâil est vagabond sans asile et sans feu, Et quâil est Ă la porte et quâil est tout ensemble Et sous les coup de lâhomme et sous les coups de Dieu. Vous savez aujourdâhui ce que chacun supporte Et câest un pauvre sort lentement poursuivi. Et par lĂ vous savez ce que chacun rapporte. Câest lâombre du butin que le maĂźtre a ravi. Vous savez aujourdâhui ce que tout homme escompte. Câest une grosse gloire Ă la hĂąte entassĂ©e. Mais vous savez aussi ce que tout homme compte. Câest une chĂšre peine Ă la longue amassĂ©e. Nous voici dĂ©sormais parmi tant de partage. Chacun veut battre lâautre et veut faire lâimportant. Mais vous qui les voyez au seuil de lâhĂ©ritage Quand on possĂ©dait tout, on ne comptait pas tant. Voici nos valeureux qui font tant de batailles. Ne se battent jamais pour le souverain bien. Voici nos malheureux qui font tant de ripailles. Mais quand on avait tout, on ne gaspillait rien. Voici nos sages fous qui font tant de rĂ©serves. Voici le pĂ©ager, voici le publicain. Voici nos grands savants qui nous font des conserves. Mais quand on avait tout, on ne conservait rien. On ne nourrissait pas pour les sept vaches maigres Vers le Nil donateur les belles vaches grasses. On ne mĂ©nageait pas les sources et les grĂąces. Toutes coulaient toujours et demeuraient intĂšgres. On ne nourrissait pas pour les sept vertus maigres Le beau bĂ©tail produit dans les plaines dâĂgypte. On ne bĂątissait pas pour les sept vaches maigres Lâombre du baptistĂšre et lâombre de la crypte. On ne nourrissait pas pour les sept vertus maigres Le beau troupeau produit sur les rives du Nil. On ne nourrissait pas pour les sept vaches maigres Le flambeau du salut et lâombre du pĂ©ril. On ne nourrissait pas pour les sept vertus maigres Le beau troupeau produit dans les plaines du Nil. On ne nourrissait pas pour les sept vaches maigres Lâombre de la puissance et du sceptre viril. On ne nourrissait pas les sources et les grĂąces Comme un garde-manger pour les sept vaches maigres. Et lâĂgypte et le Nil et les sept vaches grasses Comme un garde-manger pour les sept vertus maigres. On ne nourrissait pas les sources et les grĂąces Comme un rĂ©servement pour les sept vaches maigres. Et lâĂgypte et le Nil et les sept vaches grasses Comme un engraissement pour les sept vertus maigres. On ne nourrissait pas pour les sept fiĂšvres aigres La santĂ©, la jeunesse et le consentement. On ne nourrissait pas tout un enfantement, Le long du pĂšre Nil pour les sept vaches maigres. Et pour des repentirs plus Ăącres que des fautes. Et des contritions plus sales quâun pĂ©chĂ©. Et des attritions plus sottes et moins hautes. Et des consomptions que lâon trouve au marchĂ©. Des rĂ©tractations plus lĂąches que des crimes. Des faux Ă©clats plus laids que des aveuglements. Des circonspections qui ne sont que des frimes. Des barrages moins beaux que des dĂ©bordements. Des rĂ©parations plus viles quâune offense. Et de confessions moins nobles que lâaveu. Et des confusions chez quelque bas neveu. Pleines de ridicule et pleines dâindĂ©cence. Et des ablutions pleines de rĂ©ticence. Et des prĂ©cautions pleine de procĂ©dure. Et des prĂ©sentations plus vides que lâabsence. Et des attentions plus mornes que lâordure. Et des retournements qui reviennent au mĂȘme. Et des effacements qui nâeffacent que lâhomme. Et des empressements sous un faux majordome. Et des solutions pires que le problĂšme. Des vĂ©nĂ©rations pleines de turpitude. Et des rois moins sacrĂ©s que des soulĂšvements. Des ordres moins divins que des dĂ©rĂšglements. Des adorations pleines de lassitude. Des rĂ©volutions plus mortes que des trĂŽnes. Des progrĂšs plus cassĂ©s que la vieille habitude. Des secrets plus connus que Louis XI et Latude. Des Ă©volutions plus sages que des prĂŽnes. Et moi je vous salue ĂŽ pleine de disgrĂące. Vous avez tant menĂ© la charrue et les bĆufs. Vous avez tant versĂ© sur votre pauvre race Le vain dĂ©versement de vos stĂ©riles vĆux. Et moi je vous salue ĂŽ reine de disgrĂące. Vous avez tant liĂ© ces pĂ©rissables nĆuds. Vous avez tant versĂ© sur votre auguste race. Le long dĂ©sarmement de vos paisibles vĆux. Et moi je vous salue ĂŽ temple de disgrĂące. Vous avez tant lavĂ© vos pĂ©rissables yeux. Vous avez tant versĂ© sur votre noble race Le long dĂ©membrement de vos fragiles vĆux. Et moi je vous salue au nom de votre race, AĂŻeule des vaincus et des retriomphants. Vous avez tant versĂ© sur vos pauvres enfants Le long ressouvenir des morceaux de la grĂące. Et moi je vous salue ĂŽ premiĂšre ouvriĂšre. PremiĂšre assujettie Ă la loi du travail. Vous avez tant levĂ© vers le premier portail Des yeux tout alourdis dâune morne priĂšre. Et moi je vous salue ĂŽ la plus misĂ©rable. PremiĂšre assujettie Ă la loi de la peine. Et la premiĂšre exposĂ©e Ă la loi de la haine. Ă victime et tĂ©moin dâun sort inexorable. Et moi je vous salue ĂŽ premiĂšre mortelle. Vous avez tant baisĂ© les fronts silencieux, Et la lĂšvre et la barbe et les dents et les yeux De vos fils descendus dans cette citadelle. Vous en avez tant mis dans le chĂȘne et lâĂ©rable, Et la pierre et la terre et les marbres plus beaux. Vous en avez tant mis sur le seuil des tombeaux. Vous voici la derniĂšre et la plus misĂ©rable. Vous en avez tant mis dans de pauvres linceuls, CouchĂ©s sur vos genoux comme aux jours de lâenfance. On vous en a tant pris qui marchaient nus et seuls Pour votre sauvegarde et pour votre dĂ©fense. Vous en avez tant mis dans dâaugustes linceuls, PliĂ©s sur vos genoux comme des nourrissons. On vous en a tant pris de ces grĂȘles garçons Qui marchaient Ă la mort tĂ©mĂ©raires et seuls. Vous en avez tant mis dans ces lourdes entraves, Les seules qui jamais ne seront dĂ©liĂ©es, De ces pauvres enfants qui marchaient nus et graves Vers dâĂ©ternelles morts aussitĂŽt oubliĂ©es. Vous en avez tant mis dans ce lourd appareil, Le seul qui de jamais ne sera rĂ©solu, De ce jeune troupeau qui sâavançait pareil Ă des agneaux chargĂ©s dâun courage absolu. Vous en avez tant mis dans le secret des tombes, Le seul qui jamais plus ne sera dĂ©voilĂ©, Le seul qui de jamais ne sera relevĂ©, De ces enfants tombĂ©s comme des hĂ©catombes, Offerts Ă quelque dieu qui nâest pas le vrai Dieu, FrappĂ©s sur quelque autel qui nâest pas holocauste, Perdus dans la bataille ou dans quelque avant-poste, TombĂ©s dans quelque lieu qui nâest pas le vrai Lieu. Vous en avez tant mis au fond des catacombes, De ces enfants pĂ©ris pour sauver quelque honneur. Vous en avez tant mis dans le secret des tombes, De ces enfants sombrĂ©s aux portes du bonheur. Vous en avez tant mis dans les plis dâun long deuil, Dâentre ceux qui marchaient taciturnes et braves. On vous en a tant pris jusque sur votre seuil, Dâentre ceux qui marchaient invincibles et graves. Vous en avez tant mis le long des nĂ©cropoles, Vous en avez tant pris sur vos sacrĂ©s genoux, De ces fils qui venaient le long des mĂ©tropoles, Et marchaient et tombaient et qui mouraient pour vous. Et moi je vous salue ĂŽ premiĂšre fermiĂšre. Vous avez tant comptĂ© les poules et les Ćufs. Vous avez tant versĂ© sur la race premiĂšre Le vain dĂ©bordement de vos futiles vĆux. Et je vous aime tant ĂŽ premiĂšre pauvresse, PremiĂšre assujettie Ă la loi de la mort, Et premiĂšre exposĂ©e Ă la loi de dĂ©tresse, Et premiĂšre exposĂ©e aux coups dâun nouveau sort. Et je vous aime tant ĂŽ mon Ăąme, ĂŽ ma mĂšre, PremiĂšre assujettie aux lois de pauvretĂ©, PremiĂšre assujettie Ă la loi de misĂšre, PremiĂšre assujettie aux lois de libertĂ©. Et je vous aime tant, aĂŻeule inaltĂ©rable, PremiĂšre assujettie Ă la loi de tendresse, Qui dans cet abandon et dans cette dĂ©tresse PĂ©rissez la derniĂšre et la plus misĂ©rable. Et je vous aime tant, aĂŻeule invulnĂ©rable, PremiĂšre assujettie aux lois de servitude, Qui parmi tant dâoffense et tant dâinquiĂ©tude, Demeurez la derniĂšre et la plus misĂ©rable. Et moi je vous salue ĂŽ premiĂšre fermiĂšre. Vous avez tant veillĂ© devant de maigres feux. Vous avez tant versĂ© sur la race premiĂšre Lâardent dĂ©bordement de vos fĂ©briles vĆux. Et moi je vous salue, aĂŻeule vĂ©nĂ©rable, PremiĂšre assujettie Ă la loi dâhabitude, Qui parmi tant dâoutrage et tant dâincertitude, NaquĂźtes la premiĂšre et la plus misĂ©rable. Les autres nâont connu que dâĂȘtre malheureux. Mais vous avez connu dâinnover le malheur. Les autres nâont connu que dâĂȘtre douloureux. Mais vous avez connu dâinnover la douleur. Les autres nâont connu que leur indignitĂ©. Mais vous avez connu ce que câest que descendre. Les autres ont connu le tison et la cendre. Mais vous avez connu la flamme et la clartĂ©. Les autres ont connu dâĂȘtre sans hĂ©ritage. Mais vous avez connu dâĂȘtre dĂ©shĂ©ritĂ©e. Les autres nâont connu que leur nouveau partage. Mais vous avez connu dâĂȘtre dĂ©partagĂ©e. Les autres nâont connu que cette plaine rase. Mais vous avez connu cette pente dĂ©clive. Les autres ont connu le marais et la vase. Mais vous avez connu la fontaine et lâeau vive. Les autres nâont connu que leur commune race. Mais vous avez connu dâavoir dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©. Les autres nâont connu que de suivre Ă la trace. Mais vous avez connu dâavoir dĂ©libĂ©rĂ©. Le autres ont connu dâĂȘtre dans ce royaume. Mais vous avez connu de descendre en ce lieu. Les autres nâont connu que la paille et le chaume. Et vous avez connu de descendre de Dieu. Les autres ont connu les murs de la prison. Mais vous avez connu dâentrer dans cette geĂŽle. Et le froid dans la nuque et la main sur lâĂ©paule. Et le refermement dâun immense horizon. Les autres nâont connu que la basse maison. Mais vous avez connu dâentrer dans cette tombe. Les autres nâont connu que la basse raison. Mais vous avez connu la premiĂšre palombe Volant Ă tire dâaile au-dessus dâun jardin Plus jeune quâun jeune homme et plus sage quâun soir. Seule vous avez vu le premier reposoir, Et le premier soleil sur le premier matin. Les autres nâont connu que la porte fermĂ©e. Mais vous avez connu la mĂȘme fermeture. Et vous seule avez vu la clef dans la serrure, Et lâarchange devant ĂŽ mĂšre bien aimĂ©e. Les autres nâont connu que leurs basses fenĂȘtres, Et leur vue encerclĂ©e aux murs de lâhorizon. Mais vous avez connu la jeunesse des ĂȘtres Et les bondissements du renne et du bison. Seule vous le savez, nos vertus dâaujourdâhui Ne valent pas le quart de lâantique innocence. Et les moralitĂ©s de notre morne ennui Ne valent pas le quart de lâantique puissance. Seule vous le savez nos travaux dâaujourdâhui Ne valent pas le quart de lâantique paresse. Et les brutalitĂ©s de notre Ă©norne ennui Ne valent pas le quart de lâantique tendresse. Seule vous le savez nos raideurs dâaujourdâhui Ne valent pas le quart de lâantique rudesse. Et les sĂ©vĂ©ritĂ©s de notre dur ennui Ne valent pas le quart de lâantique mollesse. Seule vous le savez nos Ćuvres dâaujourdâhui Ne valent pas le quart de lâantique noblesse. Et les mortalitĂ©s de notre pauvre ennui Ne valent pas le quart de lâantique sagesse. Seule vous le savez nos forces dâaujourdâhui Ne valent pas le quart de lâantique faiblesse. Et les vellĂ©itĂ©s de notre vague ennui Ne valent pas le quart de lâantique largesse. Seule vous le savez nos clartĂ©s dâaujourdâhui Ne valent pas le quart des antiques tĂ©nĂšbres. Et les Ă©clairements de notre terne ennui Ne sont que des flambeaux et des torches funĂšbres. Seule vous le savez nos sceptres dâaujourdâhui Ne valent pas le quart de lâantique hautesse. Et les redressements du cadavre dâennui Ne valent pas le quart de lâantique bassesse. Seule vous le savez nos Ă©clats dâaujourdâhui Ne valent pas le quart de lâantique silence. Et les ravivements de notre pĂąle ennui Ne sont que les tĂ©moins dâune morne indolence. Seule vous le savez nos gaĂźtĂ©s dâaujourdâhui Ne valent pas le quart de lâantique tristesse. Et les amusements de ce mortel ennui Ne valent pas le quart de lâantique allĂ©gresse. Seule vous le savez nos pudeurs dâaujourdâhui Ne valent pas le quart de lâantique ignorance. Et les rĂ©servements de notre prude ennui Ne sont que les tĂ©moins dâune morne insolence. Seule vous le savez nos occupations Ne valent pas le quart de lâancienne vacance. Et nos rĂšgles de mĆurs et nos privations Ne valent pas le quart de lâantique frĂ©quence. Seule vous le savez nos filtres dâaujourdâhui Ne valent pas le quart du vieux dĂ©sourcement. Les dĂ©cantations de notre trouble ennui Ne valent pas le quart du vieil Ă©panchement. Seule vous le savez nos pĂ©rissables vĆux Et nos activitĂ©s des travaux dâaujourdâhui Et nos fragilitĂ©s ne valent pas les jeux Qui descendaient dâun monde et remontaient en lui. Et nos tours de morale et nos Ă©purements Ne valent pas le quart de la licence antique. Et nos coups de fatigue et nos Ă©puisements Ne valent pas le quart de la puissance antique. Seule vous le savez nos travaux et nos jours Ne valent pas ces jeux qui baignaient dans le temps. Seule vous le savez nos travaux importants Ne valent pas ces jeux qui jaillissaient toujours. Et nos tours de vertus et nos efforcements Ne sont devant les bords du plus ancien cantique Pas plus que les lambris de vos appartements Ne sont devant les bords de la mer Atlantique. Seule vous le savez nos travaux et nos jours Ne valent pas ces jeux qui baignaient dans lâespace. Et nos soucis armĂ©s dâune griffe rapace Ne valent pas ces jeux qui bondissaient toujours. Vous pouvez vous montrer, vertus dâappartements. Carafes dâeau filtrĂ©e Ă travers des faĂŻences. Nous nous avons connu les arches dâalliances Naviguant aux deux bords des premiers OcĂ©ans. Seule vous le savez, nos cĂ©lĂ©brations Ne valent pas le quart de votre ancien silence. Seule vous le savez, nos adorations Ne valent pas le quart de votre ancienne absence. Vous pouvez vous montrer, ĂŽ vertus dâaujourdâhui. Nous nous avons connu lâantique rĂ©ticence. Et les finassements de notre fourbe ennui Ne valent pas le quart de lâantique dĂ©cence. Seule vous le savez nos cĂ©lĂ©brations Ne valent pas le quart de votre ancienne messe. Seule vous le savez, notre unique promesse Nâest quâun pĂąle reflet de vos libations. Seule vous le savez nos mĂ©morations Ne valent pas le quart de votre ancien oubli. Et lâabsoute et la messe et lâhomme enseveli Ne valent pas le quart de vos ovations. Seule vous le savez nos rĂ©parations Ne valent pas le quart de votre ancienne offense. Seule vous le savez, notre maigre dĂ©fense Ne ferait pas le quart de vos donations. Seule vous le savez, nos contemplations Sont troubles du dedans, ĂŽ mon Ăąme ĂŽ ma mĂšre. Seule vous le savez, nos mĂ©ditations Sont vides du dedans, aĂŻeule de misĂšre. Seule vous le savez, nos Ă©lĂ©vations Sont basses par le pied, aĂŻeule inaltĂ©rable. Seule vous le savez, nos dĂ©pravations Sont noueuses du pied, aĂŻeule invulnĂ©rable. Seule vous le savez nos expiations Ne lavent pas le sang sur le dos de la main. Seule vous le savez, nos indignations Laissent trĂŽner la honte au milieu du chemin. Et nous ne valons pas dans nos meilleurs moments Ce que lâhomme valait Ă toute heure du jour. Et nous ne valons pas dans nos plus beaux tourments Et nous ne valons pas dans notre pauvre amour, Et nous ne valons pas dans nos embrassements Ce que lâhomme valait dans la simple lumiĂšre. Et nous ne valons pas dans nos transvasements Ce que lâhomme valait dans une urne premiĂšre. Et nous ne valons pas dans nos abrasements Ce que lâhomme valait dans son inhabitude. Et nous ne valons pas dans nos Ă©crasements Ce que lâhomme valait dans son exactitude. Et nous ne valons pas dans nos renoncements Ce que lâhomme valait dans son inaptitude. Et nous ne valons pas dans nos retranchements Ce que lâhomme valait dans cette plĂ©nitude. Et nous ne valons pas dans le sang des martyrs, Et nous ne valons pas dans le sang des bourreaux, Et nous ne valons pas au fond des tombereaux, Et nous ne valons pas dans nos beaux repentirs Ce que lâhomme valait dans son recueillement. Et nous ne valons pas dans nos processions Et dans nos reposoirs et nos accessions Ce que lâhomme valait dans un effeuillement. Et nous en faisons moins dans nos Ćuvres de jour Que lâhomme nâen faisait rien dans son reposement. Et nous sommes perdus tout en haut de la tour Et ne voyons venir quâun vaste Ă©puisement. Et nous en faisions moins dans nos fiĂšvres de nuit Que lâhomme nâen faisait dans un calme sommeil. Et nous en faisons moins dans notre ardent rĂ©veil Que lâhomme nâen faisait aux messes de minuit. Et nous en faisons moins dans nos guerres civiles Que lâhomme nâen faisait dans son apaisement. Et nous en faisons moins dans nos travaux serviles Que lâhomme nâen faisait dans son amusement. Et moi je vous salue ĂŽ premiĂšre pauvresse. Vous savez ce que câest que dâavoir innovĂ©. Les autres nâont connu quâun plateau de dĂ©tresse. Vous savez ce que câest que dâavoir inventĂ©. Seule vous avez pu faire la diffĂ©rence, Mesurer lâOcĂ©an dâavec un pauvre port. Il fallut demander Ă la jeune espĂ©rance Ce qui jusquâĂ ce jour Ă©tait donnĂ© dâabord. Les autres nâont connu que dâĂȘtre malheureux. Vous avez innovĂ© dâentrer dans le malheur. Les autres nâont connu que dâĂȘtre douloureux. Vous avez inventĂ© dâentrer dans la douleur. Les autres nâont connu que le commun niveau. Mais vous connu le dĂ©nivellement. Les autres nâont connu quâun pauvre caniveau. Mais vous avez connu le grand ruissellement. Les autres nâont connu quâun pĂ©rissable sort. Vous avez innovĂ© lâautel et lâhĂ©catombe. Les autres nâont connu quâune commune mort. Vous avez inventĂ© dâentrer dans cette tombe. Les autres nâont connu que le miel dans des ruches. Les autres nâont connu quâun miel hexagonal. Et les autres nâont vu le ciel que dans des cruches. Et lâĂ©norme OcĂ©an dans un pauvre canal. Les autres nâont connu que lâĂ©table et la grange. Vous avez innovĂ© la charrue et la houe. Les autres nâont connu que la commune fange. Vous avez inventĂ© dâentrer dans cette boue. Les autres nâont connu quâun plane misĂšre. Mais vous avez connu cette descension. Et vous avez connu cette dissension. Vous avez vu semer les roses du rosaire. Les autres nâont connu que dâĂȘtre malheureux. Vous avez innovĂ© dâentrer dans ces dĂ©goĂ»ts. Vous avez innovĂ© dâentrer au chemin creux. Dans la honte et lâordure et la ronce et le houx. Les autres nâont connu que dâĂȘtre dispersĂ©s. Mais vous avez connu cette dispersion. Les autres nâont connu que dâĂȘtre dĂ©versĂ©s. Mais vous avez connu cette dĂ©version. Les autres nâont connu que dâĂȘtre divisĂ©s. Mais vous avez connu cette division. Les autres nâont connu que la dĂ©rision. Mais vous avez connu dâĂȘtre dĂ©baptisĂ©e. Les autres nâont connu que leur propre bassesse. Mais vous avez connu le mĂȘme abaissement. Les autres nâont connu que cette petitesse. Mais vous avez connu le rapetissement. Les autre nâont connu que le manteau de peine. Mais vous avez appris dâen ĂȘtre revĂȘtue. Les autres nâont connu que cette immense plaine. Mais vous avez appris dây ĂȘtre descendue. Les autres nâont connu que la plaine dâabsence. Mais vous avez appris dây ĂȘtre descendue. Les autres nâont connu que ce morne silence. Mais vous avez appris dâen ĂȘtre revĂȘtue. Les autres nâont connu que leur humilitĂ©. Vous avez innovĂ© dâĂȘtre une pauvre femme. Vous avez inventĂ© de gouverner votre Ăąme Selon la turpitude et la docilitĂ©. Les autres nâont connu que le manteau de haine. Mais vous avez appris dâen ĂȘtre revĂȘtue. Les autres nâont connu que leur immense peine. Mais vous avez appris dây ĂȘtre descendue. Les autres nâont connu que la fable et le conte. Vous seule vous savez la vĂ©ritable histoire. Vous seule vous savez, ĂŽ temple de mĂ©moire, Comment on inventa dâentrer dans cette honte. Et moi je vous salue ĂŽ la premiĂšre nĂ©e. Les autres ont connu de manquer de naissance. Les autres ont connu de manquer de puissance. Mais vous avez connu dâĂȘtre dĂ©racinĂ©e. Les autres nâont connu que de planter leur tente Au milieu du dĂ©sert dâun immense plateau. Mais vous avez connu la descente et la pente, Et les pampres pendus tout le long du coteau. Et je vous aime tant, premiĂšre exterminĂ©e. Vous seule avez passĂ© par-dessous cette porte. Vous seule avez frĂŽlĂ© le long de la mer Morte Les ailes de la mort et de la destinĂ©e. Les autres nâont connu que cette platitude. Mais vous avez connu cette dĂ©clivitĂ©. Les autres nâont connu quâune longue habitude. Les autres nâont connu que la captivitĂ©. Mais vous avez connu dâentrer dans cette geĂŽle. PremiĂšre vous avez passĂ© sous cette voĂ»te. PremiĂšre vous avez mis le pied sur la route Et cheminĂ© le long des bouleaux et du saule. PremiĂšre vous avez passĂ© sous cette porte. PremiĂšre vous avez dâun pas abandonnĂ© FoulĂ© dâun pas caduc et tout Ă©chelonnĂ© Le sentier de lâexil semĂ© de feuille morte. PremiĂšre vous avez devers la cheminĂ©e Tendu vos pĂąles mains transparentes de vieille Et devant le foyer et dans la longue veille RĂ©chauffĂ© votre peau toute parcheminĂ©e. Les autres nâont connu que la commune honte. Mais vous avez connu cette ruelle oblique Qui descend sur la foire et la place publique, Et dâoĂč nul ne revient et que nul ne remonte. Les autres nâont connu que cette Ă©galitĂ©. Les autres nâont connu que la place publique. Mais vous avez connu que cette venelle oblique Qui descend dans la fosse et la docilitĂ©. Les autres nâont connu que de planter leur tente Au milieu du dĂ©sert dâun immense plateau. Mais vous avez connu la suspense et lâattente, Et le dĂ©versement tout le long du coteau. Les autres nâont connu que de planter leur tente Au milieu du dĂ©sert dâun immense plateau. Mais vous avez connu cette brusque dĂ©tente, Et le renversement tout le long du coteau. Les autres nâont connu que de planter leur tente Au milieu dâun dĂ©sert dâun immense plateau. Mais vous avez connu cette premiĂšre entente Et les pampres grimpant tout le long du coteau. Les autres nâont connu que de planter leur tente Au milieu du dĂ©sert dâun immense plateau. Mais vous avez connu le ravin et la sente Et lâhorizon jailli du faĂźte du coteau. Et moi je vous salue, aĂŻeule insoupçonnĂ©e. Les autres sont sans grĂące et sans fleuronnement Et sans procession et sans couronnement. Mais vous avez connu dâĂȘtre dĂ©couronnĂ©e. Les autres nâont connu quâun immense plateau, Les autres nâont connu que la plaine dâabsence. Mais vous avez connu cette auguste prĂ©sence Qui seule emplissait tout ainsi quâun beau coteau Emplit tout lâhorizon de lâun Ă lâautre bord, Et se prolonge et rĂšgne et va de part en part, Ainsi quâun beau sourire et quâun pauvre regard Emplit tout un destin de lâune Ă lâautre mort. Les autres nâont connu que le torve et le courbe. Mais vous avez connu la premiĂšre droiture. Les autres nâont connu que la lie et lâordure. Vous avez inventĂ© dâentrer dans cette tourbe. Les autres nâont connu que la morne imposture. Mais vous avez connu lâauguste vĂ©ritĂ©. Les autres nâont connu que la morne luxure. Mais vous avez connu la jeune austĂ©ritĂ©. Et je vous aime tant, premiĂšre infortunĂ©e. Les autres nâont connu que dâĂȘtre sans fortune. Et nous voici debout sur la plus haute hune Et nous ne voyons rien quâune mer dĂ©montĂ©e. Et nous avons sombrĂ© devers quelque lagune, Dans la vase et le sable et dans les goĂ©mons. Et nous sommes rentrĂ©s dans les premiers limons, Dans les algues de mer et dans la loi commune. Et nous sommes montĂ©s sur la plus haute dune. Et nous nâavons rien vu que le travers du sort. Et vous avez conduit, premiĂšre inopportune, Votre barque debout par le travers du port. Et vous avez touchĂ© sur le bord dâun autre Ăąge. Comme un enfant qui touche au bord dâun autre temps. Et vous avez touchĂ© dans le commun naufrage Au bord dâune autre cĂŽte et sur des mĂąts flottants. Et vous avez jouĂ© sur le bord dâun autre Ăąge, Comme un enfant qui joue au bord dâun autre temps. Vous avez abordĂ© dans le commun naufrage Au bord dâune autre cĂŽte et sur des mĂąts flottants. Comme les naufragĂ©s abordaient dans des Ăźles, Vous ĂȘtes abordĂ©e au bord dâun autre temps. Vous ĂȘtes abordĂ©e Ă des guerres civiles Et sur un appareil et vers des habitants. Comme les naufragĂ©s abordaient dans des villes, Vous ĂȘtes abordĂ©e au bord dâun autre temps. Vous ĂȘtes abordĂ©e aux batailles serviles Entre nos plats commis et leurs plats commettants. Comme des naufragĂ©s qui demandaient asile, Vous avez abordĂ© dans cet Ăąge nouveau. Vous avez abordĂ© sur un ponton fragile NouĂ© de quelque corde Ă quelque soliveau. Comme les naufragĂ©s abordaient dans des ports, Vous avez abordĂ© dans de nouveaux climats. Vous voici dĂ©sormais reine parmi les morts, PassagĂšre Ă©chappĂ©e au long de quelques mĂąts. Et vous avez touchĂ© vers un autre courage, Comme un homme dâhonneur qui tremble sous lâinjure. Et vous avez touchĂ© vers un autre rivage Avant de retomber dans un monde parjure. Et vous avez touchĂ© vers un ancien village Avant de retourner dans nos pauvres hameaux. Et vous avez baisĂ© le premier sarcophage Avant de revenir sur nos pauvres tombeaux. Et vous avez touchĂ© vers un ancien barrage, Du temps quâil Ă©tait plein des eaux tumultueuses. Câest un vieil Ă©tang tout plein de scabieuses, Un manteau tout drapĂ© des fleurs du premier Ăąge. Et les ondes coulaient dessus le dĂ©versoir Et par-dessus lâĂ©cluse et par-dessus la bonde. Et lâocĂ©an sans terme et lâocĂ©an du monde Passait dessus la darse et dessus le musoir. CâĂ©tait un vieil Ă©tang retirĂ© du village Dans une solitude et un recueillement. Et vous avez touchĂ© vers un ancien parage Avant les jours dâĂ©tude et de dĂ©feuillement. Et vous avez passĂ© par un ancien passage Tout plein dâincertitude et de cheminement. Et vous avez reçu le foudroyant message, Tout plein de promptitude et dâĂ©pouvantement. Et câest depuis ce jour que vous avez montĂ© Un escalier plus dur quâun escalier de marbre. Et câest depuis ce jour que vous avez chantĂ© Une chanson plus dure Ă lâombre dâun autre arbre. Et câest depuis ce temps que vous avez montĂ© Un escalier plus dur au pied dâun autre amour. Et câest depuis ce jour que vous avez chantĂ© Une chanson plus dure au pied dâun autre jour. Et câest depuis ce jour que vous avez montĂ© Des degrĂ©s plus ardu que des degrĂ©s de marbre. Et câest depuis ce jour que vous avez comptĂ© Vos comptes Ă©ternels Ă lâombre dâun autre arbre. Et câest depuis ce jour que vous avez montĂ© Un escalier plus dur quâun escalier dâexil. Et câest depuis ce jour que vous avez chantĂ© Un adieu plus poignant quâune chanson dâavril. Et câest depuis ce jour que vous avez traĂźnĂ© Un regret prosternĂ© jusque sur votre seuil. Et câest depuis ce jour que vous avez menĂ© Un secret dĂ©robĂ© dans les plis dâun long deuil. Les autres nâont connu que dâĂȘtre malheureux. Mais vous avez connu dâinventer le secret. Et vous avez connu dâinventer le regret. Et de les enfermer dans un cĆur douloureux. Et vous avez connu premiĂšre de monter Des degrĂ©s sans grandeur et sans processions. Et vous avez connu de ceindre et de porter Des regrets plus amers que des possessions. Et câest depuis ce jour que vous avez traĂźnĂ© Des secrets plus fermĂ©s que des fleuronnements. Et câest depuis ce jour que vous avez menĂ© Des regrets plus profonds que des couronnements. Et câest depuis ce jour que vous avez portĂ© Un coffret plus fermĂ© que la galĂšre antique. Et câest depuis ce jour que vous avez chantĂ© Un regret plus poignant que le premier cantique. Et câest depuis ce jour que vous avez suivi Un progrĂšs sans allure et sans procession. Et câest depuis ce jour que vous avez gravi Un regret sans parjure et sans dĂ©pression. Et câest depuis ce jour que vous avez perdu Un secret plus fermĂ© que la citĂ© mystique. Et depuis cettui jour vous avez descendu Un regret plus recreux que la vague nautique. Et les ressouvenirs plus prĂ©sents que des tombes. Et des cyprĂšs plus beaux que la rose dâavril. Des avenirs pliĂ©s au fond des catacombes. Et des regrets plus beaux que la robe dâexil. Et câest depuis ce jour que vous avez montĂ© Des degrĂ©s plus usĂ©s que des marches de pierre. Et câest depuis ce jour que vous avez passĂ© Sous le cintre de plĂątre et les arches de lierre. Et câest depuis ce jour que vous avez couvĂ© Un secret fomentĂ© dans le profond du cĆur. Et câest depuis ce jour que vous avez trouvĂ© Un regret prolongĂ© jusquâau confins du chĆur. Et câest depuis ce jour que vous avez portĂ© Un secret plus fermĂ© que lâacropole antique. Et câest depuis ce jour que vous avez chantĂ© Un regret plus secret que le premier cantique. Et câest depuis ce jour que vous avez portĂ© Un coffret plus fermĂ© que lâancien tabernacle. Et câest depuis ce jour que vous avez jetĂ© Des fleurs sur le parvis du premier habitacle ; Et que vous le savez, nos adorations Ne se courbent jamais quâaux autels des faux dieux. Et que nous nâapportons sur les derniers hauts lieux Que des genoux raidis parmi les nations. Et que vous le savez, nos adorations Ne se courbent jamais que devant le veau dâor. Câest lĂ notre appareil et lĂ notre trĂ©sor, Et le dernier objet de nos libations. Seule vous le savez, que le vol des colombes Ne retournera pas dans ses orbes premiers. Seule vous le savez, que le vol des palombes Ne se mĂȘlera plus dans le vol des ramiers. Seule vous le savez, que la crĂ©ation Ne connaĂźt plus son pĂšre, et son maĂźtre, et son Dieu. Et nous nâapportons plus sur le dernier haut lieu Que des cĆur ulcĂ©rĂ©s de macĂ©ration. Seule vous le savez, que lâargent seul est maĂźtre Et quâil Ă mis son trĂŽne Ă la place de Dieu. Et son autel dâargent sur le dernier haut lieu. Et son prĂȘtre dâargent Ă la place du prĂȘtre. Et son trĂŽne dâargent installĂ© sur le TrĂŽne. Et son ventre dâargent sur le dernier autel. Et sa bave dâargent sur le pĂ©chĂ© mortel. Et son verbe dâargent installĂ© dans le prĂŽne. Les autres nâont connu que dâĂȘtre dĂ©gradĂ©s. Mais vous avez connu la dĂ©gradation. Les autres nâont connu que la prostration. Mais vous avez connu dâĂȘtre contremandĂ©s. Les autres ont connu dâĂȘtre dĂ©possĂ©dĂ©s. Mais vous avez connu la dĂ©possession. Les autres nâont connu que lâexĂ©cration. Mais vous avez connu dâĂȘtre dĂ©commandĂ©s. Et nos tours de morale et nos intentions Ne valent pas le quart de cette ancienne danse. Et nos tours de malice et nos contentions Ne valent pas le quart de lâancienne abondance. Et nos tours de sagesse et nos rĂ©tentions Ne valent pas le quart de lâantique imprudence. Et nos tours de bĂąton et nos inventions Ne valent pas le quart de lâantique Ă©vidence. Et nos tours de rudesse et nos contorsions Ne valent pas le quart de cette contredanse. Et nos retournements et nos conversions Ne valent pas le quart de lâantique impudence. Ainsi vous le savez, nos expiations Ne lavent pas le pus jusquâau fond de lâabcĂšs. Et nos tours de fortune et nos heureux succĂšs Ne lavent pas le quart de nos extorsions. Seule vous le savez, nos plus beaux sentiments Ne durent jamais plus que lâespace dâun jour. Et lâamour le plus ferme et le plus dur amour Ne dure jamais plus que de quelques moments. Et nos tours de souplesse et nos rĂ©torsions Ne valent pas le quart de lâancienne cadence. Et nos tours de dĂ©tresse et nos rĂ©versions Ne valent pas le quart de votre confidence. Ainsi vous le savez, nos expiations Ne lavent pas la honte aux confins de la mort. Nos coups de rĂ©ussite et le plus heureux sort Ne lavent pas le quart de nos inactions. Seule vous le savez, nos indignations Ne se meuvent jamais que quand il est trop tard. Quand le meurtre est passĂ© tout le long du rempart, Alors nous soulevons nos exĂ©crations. Ainsi vous le savez, nos expiations Ne lavent pas lâordure aux portes de la mort. Et nos tours de finesse et le plus heureux sort Ne lavent pas le quart de nos exactions. Seule vous le savez, nos imprĂ©cations Ne se lĂšvent jamais que quand il est trop tard. Quand le crime est passĂ© le long du boulevard, Alors nous soulevons nos proclamations. Seule vous le savez, nos rĂ©volutions Ne se mettent debout que quand le crime est fait. Quand le meurtre est acquis et quand il est parfait, Alors nous soulevons nos dĂ©clamations. Tant que le crime est lĂ , tant que le meurtre est maĂźtre, Nous couchons Ă ses pieds nos rĂ©signations. Tant que Satan est dieu, tant que Satan est prĂȘtre, Nous plions Ă ses pieds nos gĂ©nuflexions. Aussi vous le savez, nos rĂ©probations Ne se lĂšvent jamais que quand il est trop tard. Quand le char est passĂ© qui voiturait CĂ©sar, Alors nous soulevons nos conspirations. Seule vous le savez, nos rĂ©signations Ne se couchent jamais quâaux autels des faux dieux. Nous nâapportons jamais sur les derniers hauts lieux Que des cĆurs dĂ©lavĂ©s de consolations. Seule vous le savez, nos imprĂ©cations Nâassaillent que le pauvre et le plus malheureux. Nous nâapportons jamais Ă des cĆurs douloureux Que des cĆurs contractĂ©s de tribulations. Seule vous le savez, nos supplications Ne se courbent jamais quâaux autels des faux dieux. Nous nâapportons jamais sur les derniers hauts lieux Que des cĆurs Ă©crasĂ©s de consternations. Seule vous le savez, que nos fondations Ne fondent jamais rien que la citĂ© dâinjure. Nous nâapportons jamais sur un autel parjure Que des vĆux perforĂ©s de dubitations. Seule vous le savez, nos dĂ©prĂ©cations Ne dĂ©tournent jamais un sort inexorable. Nous nâapportons jamais sur un autel dâĂ©rable Que des vĆux pleins de doute et dâhĂ©sitations. Seule vous le savez, nos consolations Laissent un goĂ»t de pleur au fond de la mĂ©moire. Nous nâapportons jamais aux rayons de lâarmoire Que des vĆux tout moisis de vĂ©gĂ©tations. Seule vous le savez, que nos dĂ©lations Ne dĂ©nonce jamais que le pauvre et le nu. Nous nâapportons jamais sur un autel connu Que des cĆurs couturĂ©s de lacĂ©rations. Seule vous le savez, nos consolation Laisse un goĂ»t de fiel au fond de la mĂ©moire. Nous nâapportons jamais au rayon de lâarmoire Que des cĆurs dĂ©lavĂ©s de profanations. Seule vous le savez, nos tribulations Sont petites de mode et petite de jeu. Nous nâapportons jamais sur un autel de feu Que des cĆurs pleins de cendre et de confusions. Seule vous le savez, nos rĂ©parations Laissent un goĂ»t de mort au fond de la mĂ©moire. Nous nâapportons jamais aux rayons de lâarmoire Que des cĆurs pleins de trouble et de dĂ©risions. Seule vous le savez, nos dĂ©solations, Assise parmi nous ne sont pas mĂȘme grandes. Nous nâapportons jamais sur la table dâoffrande Que des cĆurs pleins de boue et de corruptions. Seule vous le savez, seule vous le compter Nos tribulations ne sont pas mĂȘme grandes. Nous nâapportons jamais sur la table dâoffrandes Que les restes des cĆurs que nous avons prĂȘtĂ©s. Nous nâapportons jamais au temple de mĂ©moire Que des cĆurs pleins de mort et dâostentations. Nous nâapportons jamais aux portes de lâarmoire Que des cĆurs pleins de fange et pleins dâalluvions. Seule vous le savez, pourquoi nous sommes nĂ©s. Nos tribulations ne sont pas mĂȘme grandes. Nous nâapportons jamais sur la table dâoffrandes Que les restes des cĆurs que nous avons donnĂ©s. Nous nâapportons jamais Ă nos temples de gloires Que des cĆurs pleins de creux et pleins dâintrusions. Nous ne mettons jamais dans nos conservatoires Que des cĆurs pleins de vide et de prĂ©cisions. Seule vous le savez, nos adulations Ne se courbent jamais que sur des pieds dâargile. Nous nâapportons jamais sur un autel fragile Que des cĆurs dĂ©vorĂ©s de malversations. Et vous savez quel air nos modulations Conduisent sur la corde et sur de maigres flĂ»tes, Et que nous nâapportons dans nos plus Ăącres luttes Que des cĆurs dĂ©tendus par les vexations. Et vous savez quel air nos ondulations Font flotter sous le plectre et sur de vagues lyres. Et que nous ne mettons dans nos pauvres dĂ©lires Que des cĆurs affolĂ©s de palpitations. Seule vous le savez, nos Ă©mulations Ne rivalisent pas pour le juste et le beau. Nous nâapportons jamais aux portes du tombeau Que des cĆurs dĂ©vorĂ©s de contestations. Seule vous le savez, nos contemplations Sont troubles du dedans, ĂŽ mon Ăąme, ĂŽ ma mĂšre. Nous nâapportons jamais dans un temple Ă©phĂ©mĂšre Que des cĆurs et des vĆux et des dĂ©votions. Seule vous le savez, nos contemplations Ne contemple jamais quâun ciel dĂ©possĂ©dĂ©. Nous nâapportons jamais dans nos libations Quâune lĂšvre contrainte et un cĆur obsĂ©dĂ©. Seule vous le savez, nos contemplations Sont lourdes du dedans, ĂŽ mon Ăąme, ĂŽ ma mĂšre. Nous nâapportons jamais sur un autel sommaire Que des vĆux pleins dâordure et dâexplications. Seule vous le savez, nos acclamations Ne sâĂ©lĂšvent jamais devers le roi du ciel. Nous nâapportons jamais au roi des nations Que des cĆurs plein dâĂ©cume et des cĆurs pleins de fiel. Seule vous le savez, nos acclamations Ne sâĂ©lĂšvent jamais que vers le temporel. Nous nâapportons jamais quâau temple corporel Notre cĆur et nos vĆux et nos donations. Seule vous le savez, nos acclamations Ne sâĂ©lĂšvent jamais que vers les rois charnels. Nous nâapportons jamais aux temples Ă©ternels Notre cĆur et nos vĆux et nos vocations. Seule vous le savez, nos dĂ©clamations Et nos tours de rhĂ©teur sont la honte du verbe. Et la haute Ă©loquence et toute sa superbe Ne sont pleins que de creux et de vibrations. Seule vous le savez, nos rĂ©clamations Ne rĂ©clament jamais que des biens temporels. Nous ne rĂ©clamons pas ces biens surnaturels, De pauvretĂ©, de peine et de privations. Seule vous le savez, nos rĂ©clamations Ne rĂ©clament jamais pour le pauvre et le juste. Nous nâapportons jamais sur une table auguste Que des cĆurs et des vĆux creusĂ©s dâambitions. Seule vous le savez, nos rĂ©clamations Ne rĂ©clament jamais que pour des biens charnels. Nous ne rĂ©clamons pas ces objets Ă©ternels, DâhumilitĂ©, dâamour et de contritions. Seule vous le savez, nos rĂ©clamations Ne rĂ©clament jamais que des biens pĂ©rissables. Nous nâapportons jamais dans des temples de sables Que des cĆurs et de vĆux pleins de dĂ©ceptions. Seule vous le savez, nos proclamations Ne proclament Ă©lus que les rois de la chair. Nous ne portons que lĂ notre bien le plus cher, Nos cĆurs pourris dâorgueil et de prĂ©tentions. Seule vous le savez, nos acclamations Ne sâĂ©lĂšvent jamais vers le chef de lâarmĂ©e. Nous nâapportons jamais au roi des nations Que des morceaux restant dâune amour entamĂ©e. Seule vous le savez, nos exclamations Ne soulignent jamais que des feux dâartifice. Nous nâapportons jamais aux barres de justice Que le faux tĂ©moignage et les inventions. Seule vous le savez, nos acclamations Ne dĂ©ferlent jamais vers le chef de lâarmĂ©e. Nous nâapportons jamais au roi des nations Que le dernier morceau dâune amour entamĂ©e. Seule vous le savez, nos exclamations Ne soulignent jamais que des tours dâacrobate. Nous nâapportons jamais au roi des nations Que les retournements dâune Ăąme renĂ©gate. Seule vous le savez, nos acclamations Ne dĂ©ferlent jamais aux pieds du roi des rois. Nous nâapportons jamais au roi des nations Que des cĆurs de faĂŻence et des sabres de bois. Seule vous le savez, que nos sommations Ne sâadressent jamais quâĂ des places rendues. Nous nâemportons dâassaut que des ville vendues. VoilĂ notre courage et nos profusions. Seule vous le savez, les consommations Des siĂšcles passeront plus brĂšves quâun matin. Et les jours quitteront leur manteau de satin Pour lâappareil de deuil et de contritions. La face de la terre Ă©tait alors si blonde Que les blĂ©s dĂ©roulĂ©s faisaient de longs cheveux. Et la beautĂ© de lâĂąme et la beautĂ© du monde FĂ»t descendue ainsi jusque chez nos neveux. La face de la terre Ă©tait alors si lourde Que les blĂ©s dĂ©roulĂ©s sâĂ©croulaient en torsades. Et la bontĂ© de lâĂąme Ă©tait alors si sourde Que tous les animaux partaient en ambassades Vers lâhomme prĂȘtre et roi par les mains du seul roi. Et les blĂ©s dĂ©roulĂ©s faisaient des Ă©cheveaux. Et les Ăąnes parmi les superbes chevaux Menaient le mĂȘme train parmi le mĂȘme arroi. Seule vous le savez, nos affirmations Sont creuses par le pied, ĂŽ mĂšre des docteurs. Nous nâapportons jamais quâĂ des contradicteurs Sur des tables de bois des propositions. Seule vous le savez, nos infirmations Ne dĂ©mentent jamais que le pur et le juste. Nous nâapportons jamais sur un autel auguste Que des cĆurs taraudĂ©s de contradictions. Seule vous le savez, nos confirmations Ne confirment jamais que la fausse nouvelle. Nous nâemplissons jamais notre pauvre cervelle Que dâun fatras de texte et de discussions. Seule vous le savez, que nos formations Sont creuses du dedans, ĂŽ mĂšre des soldats. Nous nâapportons jamais aux terrestres combats Que des carrĂ©s crevĂ©s de fluctuations. Seule vous le savez, nos dĂ©formations Ne dĂ©forment jamais que vers les formes laides. Nous nâapportons jamais que de grossiers remĂšdes Aux manques de dĂ©cence et de prescriptions. Seule vous le savez, nos rĂ©formations Sont pires que le mal quâon prĂ©tend rĂ©former. Et nos rĂšgles de mĆurs et nos collusions Sont pires que lâabcĂšs quâon prĂ©tend refermer. Seules vous le savez, nos informations Ne remontent jamais vers les formes premiĂšres. Nous nâapportons jamais aux cĂ©lestes lumiĂšres Que des yeux de tĂ©nĂšbre et de confusions. Seule vous le savez, nos conformations Ne remontent jamais vers les formes antiques. Nous nâapportons jamais aux cĂ©lestes cantiques Que des Ăąmes dâordure et dâexplications. Seule vous le savez, nos transformations Ne transforment jamais que vers les formes basses. Nous nâapportons jamais dans nos crĂ©ations Que des cĆurs dĂ©tendus et que des Ăąmes lasses. Car tout ce qui sâacquiert peut toujours se reperdre. Mais tout ce qui se perd est Ă jamais perdu. Et tout ce qui se gagne on peut toujours le perdre. Mais tout ce qui se perd est vraiment dĂ©pendu. Et tout ce que lâon prend il faut toujours le rendre. Mais tout ce que lâon rend est Ă jamais rendu. Et tout ce que lâon monte il faut le redescendre. Mais ce que lâon descend est vraiment descendu. Tout ce que lâon achĂšte il faut quâon le revende. Mais tout ce que lâon vend est Ă jamais vendu. Et tout ce que lâon tend il faut quâon le dĂ©tende. Mais ce que lâon dĂ©tend est vraiment dĂ©tendu. Vous nous voyez debout parmi les nations. Nous battrons-nous toujours pour la terre charnelle. Ne dĂ©poserons-nous sur la table Ă©ternelle Que des cĆurs pleins de guerre et de sĂ©ditions. Vous nous voyez marcher parmi les nations. Nous battrons-nous toujours pour quatre coins de terre. Ne mettrons-nous jamais sur la table de guerre Que des cĆurs pleins de morgue et de rĂ©bellions. ? Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle, Mais pourvu que ce fĂ»t dans une juste guerre. Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre. Heureux ceux qui sont morts dâune mort solennelle. Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles, CouchĂ©s dessus le sol Ă la face de Dieu. Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu, Parmi tout lâappareil des grandes funĂ©railles. Heureux ceux qui sont morts pour des citĂ©s charnelles. Car elles sont le corps de la citĂ© de Dieu. Heureux ceux qui sont morts pour leur Ăątre et leur feu, Et les pauvres honneurs des maisons paternelles. Car elles sont lâimage et le commencement Et le corps et lâessai de la maison de Dieu. Heureux ceux qui sont morts dans cet embrassement, Dans lâĂ©treinte dâhonneur et le terrestre aveu. Car cet aveu dâhonneur est le commencement Et le premier essai dâun Ă©ternel aveu. Heureux ceux qui sont morts dans cet Ă©crasement, Dans lâaccomplissement de ce terrestre vĆu. Car ce vĆu de la terre est le commencement Et le premier essai dâune fidĂ©litĂ©. Heureux ceux qui sont morts dans ce couronnement Et cette obĂ©issance et cette humilitĂ©. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans la premiĂšre argile et la premiĂšre terre. Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre. Heureux les Ă©pis murs et les blĂ©s moissonnĂ©s. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans la premiĂšre terre et lâargile plastique. Heureux ceux qui sont morts dans une guerre antique. Heureux les vases purs, et les rois couronnĂ©s. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans la premiĂšre terre et dans la discipline. Ils sont redevenus la pauvre figuline. Ils sont redevenus des vases façonnĂ©s. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans leur premiĂšre forme et fidĂšle figure. Ils sont redevenus ces objets de nature Que le pouce dâun Dieu lui-mĂȘme a façonnĂ©s. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans la premiĂšre terre et la premiĂšre argile. Ils se sont remoulĂ©s dans le moule fragile DâoĂč le pouce dâun Dieu les avait dĂ©moulĂ©s. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans la premiĂšre terre et le premier limon. Ils sont redescendus dans le premier sillon DâoĂč le pouce de Dieu les avait dĂ©fournĂ©s. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans ce mĂȘme limon dâoĂč Dieu les rĂ©veilla. Ils se sont rendormis dans cet allĂ©luia Quâils avaient dĂ©sappris devant que dâĂȘtre nĂ©s. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont revenus Dans la demeure antique et la vieille maison. Ils sont redescendus dans la jeune saison DâoĂč Dieu les suscita misĂ©rables et nus. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans cette grasse argile oĂč Dieu les modela, Et dans ce rĂ©servoir dâoĂč Dieu les appela. Heureux les grands vaincus, les rois dĂ©couronnĂ©s. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans ce premier terroir dâoĂč Dieu les rĂ©voqua, Et dans ce reposoir dâoĂč Dieu les convoqua. Heureux les grands vaincus, les rois dĂ©possĂ©dĂ©s. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans cette grasse terre oĂč Dieu les façonna. Ils se sont recouchĂ©s dedans ce hosanna Quâils avaient dĂ©sappris devant que dâĂȘtre nĂ©s. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournĂ©s Dans ce premier terreau nourri de leur dĂ©pouille, Dans ce premier caveau, dans la tourbe et la houille. Heureux les grands vaincus, les rois dĂ©sabusĂ©s. â Heureux les grands vainqueurs. Paix aux hommes de guerre. Quâils soient ensevelis dans un dernier silence. Que Dieu mette avec eux dans la juste balance Un peu de ce terreau dâordure et de poussiĂšre. Que Dieu mette avec eux dans le juste plateau Ce quâils ont tant aimĂ©, quelques grammes de terre. Un peu de cette vigne, un peu de ce coteau, Un peu de ce ravin sauvage et solitaire. MĂšre voici vos fils qui se sont tant battus. Vous les voyez couchĂ©s parmi les nations. Que Dieu mĂ©nage un peu ces ĂȘtres dĂ©battus, Ces cĆurs pleins de tristesse et dâhĂ©sitations. Et voici le gibier traquĂ© dans les battues, Les aigles abattus et les liĂšvres levĂ©s. Que Dieu mĂ©nage un peu ces cĆurs tant Ă©prouvĂ©s, Ces torses dĂ©viĂ©s, ces nuques rebattues. Que Dieu mĂ©nage un peu ces ĂȘtres combattus, Quâil rappelle sa grĂące et sa misĂ©ricorde. Quâil considĂšre un peu ce sac et cette corde Et ces poignets liĂ©s et ces reins courbatus. MĂšre voici vos fils qui ce sont tant battus. Quâils ne soient pas pesĂ©s comme Dieu pĂšse un ange. Que Dieu mette avec eux un peu de cette fange Quâils Ă©taient en principe et sont redevenus. MĂšre voici vos fils qui se sont tant battus. Quâils ne soient pas pesĂ©s comme on pĂšse un dĂ©mon. Que Dieu mette avec eux un peu de ce limon Quâils Ă©taient en principe et sont redevenus. MĂšre voici vos fils qui se sont tant battus. Quâils ne soient pas pesĂ©s comme on pĂšse un esprit. Quâils soient plutĂŽt jugĂ©s comme on juge un proscrit Qui rentre en se cachant par des chemins perdus. MĂšre voici vos fils et leur immense armĂ©e. Quâils ne soient pas jugĂ©s sur leur seule misĂšre. Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre Qui les a tant perdus et quâils ont tant aimĂ©e. MĂšre voici vos fils qui se sont tant perdus. Quâils ne soient pas jugĂ© sur une basse intrigue. Quâils soient rĂ©intĂ©grĂ©s comme lâenfant prodigue. Quâils viennent sâĂ©crouler entre deux bras tendus. Quâils ne soient pas jugĂ© comme un pauvre commis Ă qui Dieu redemande un compte capital. Quâils ne soient pas taxĂ©s comme un peuple soumis Ă qui CĂ©sar demande un rĂšglement total. Quâils soient rĂ©honorĂ©s comme de nobles fils. Quâils soient rĂ©installĂ©s dans la noble maison. Et dans les champs de blĂ©s et les champs de maĂŻs. Et quâils soient replacĂ©s dans la droite raison. Et quâils soient reposĂ©s dans leur jeune saison. Et quâils soient rĂ©tablis dans leur jeune printemps. Et que sur leur Ă©paule une blanche toison Les refasse pasteurs de troupeaux importants. Et quâils soient replacĂ©s dans le premier village. Et quâils soient reposĂ©s dans lâantique chaumiĂšre. Et quâils soient restaurĂ©s dans la splendeur premiĂšre. Et quâils soient remontĂ©s dans leur premier jeune Ăąge. Car ce qui se remet nâest jamais bien remis, Et tout se compromet par un ajournement. Mais ce qui se dĂ©met est toujours bien dĂ©mis, Et rien ne se refait par un retournement. Et ce qui se promet nâest jamais bien promis, Mais ce qui se refuse est vraiment rĂ©volu. Et ce qui se permet nâest jamais bien permis, Mais ce qui se dĂ©fend est vraiment dĂ©fendu. Ce qui se compromet est toujours compromis. Mais ce qui reste pur nâest jamais assurĂ©. Car ce qui se commet nâest jamais bien commis. Mais ce qui se trahit est toujours bien livrĂ©. Car ce qui se soumet nâest jamais bien soumis. Mais ce qui se rĂ©volte est vraiment rĂ©voltĂ©. Car ce que lâon admet nâest jamais bien admis. Mais ce que lâon rejette est vraiment rejetĂ©. Car tout se dilapide et rien ne se recouvre. Tout se dĂ©considĂšre et rien ne se reprend. Et la vie et la mort et le chaume et le Louvre. Et rien ne se remonte et tout se redescend. Quâils ne soient pas jugĂ©s comme des esprits purs. Quâils ne soient pas pesĂ©s dans le spirituel. Quâils ne soient pas comptĂ©s dans le perpĂ©tuel. Que Dieu mette avec eux la rocaille et les murs Et ce maigre buisson qui bornait leur destin. Quâils ne soient pas jugĂ©s dans la rigueur premiĂšre. Quâils ne soient pas jugĂ©s dans la dure lumiĂšre. Quâils ne soient pas jugĂ©s dans le premier matin. Quâils ne soient pas jugĂ©s comme des esprits purs. Quâils ne soient pas pesĂ©s dans un juste plateau. Quâils soient comme la treille et comme les blĂ©s murs Qui ne sont pas pesĂ©s sur le flanc du coteau. Quâil ne soient pas jugĂ©s comme des esprits purs. Quâils soient ensevelis dans lâombre et le silence. Quâils ne soient pas jetĂ©s misĂ©rables et durs Dans le creux du plateau dâune juste balance. Quâils ne soient pas jugĂ©s comme des esprits purs. Quâils ne soient pas pesĂ©s dans lâimmatĂ©riel. Quâil soit comptĂ© quâils ont un sang artĂ©riel Et des raisonnements lamentables et sĂ»rs. Quâils ne soient pas pesĂ©s par les poids Ă©ternels. Quâils ne soient pas jugĂ©s sur une basse brigue. Quâils soient rĂ©embrassĂ©s, comme lâenfant prodigue Rentre, et se prĂ©cipite aux genoux paternels. MĂšre voici vos fils faibles et saugrenus. Quâils ne soient pas jugĂ©s sur leur basse fatigue. Quâils soient rĂ©invoquĂ©s comme lâenfant prodigue Rentre et sais se glisser par des chemins connus. Quâils ne soient pas jugĂ©s sur une basse ligue. Quâils ne soient pas livrĂ©s aux mains de lâennemi. Quâils soient rĂ©entourĂ©s comme lâenfant prodigue ReconnaĂźt la pelouse et le perron ami. Que Dieu leur soit clĂ©ment et que Dieu leur pardonne Pour avoir tant aimĂ© la terre pĂ©rissable. Câest quâils en Ă©taient fait. Cette boue et ce sable, Câest lĂ leur origine et leur pauvre couronne. Câest le sang de lâartĂšre et le sang de la veine. Et le sang de ce cĆur qui ne bat dĂ©jĂ plus. Câest le sang du dĂ©sir et le sang de la peine. Et le sang du regret des Ăąges rĂ©volus. Que Dieu leur soit clĂ©ment et que Dieu leur pardonne Pour avoir tant aimĂ© la terre pĂ©rissable. Ils en Ă©taient venus. Cette boue et ce sable, Câest lĂ leurs pieds dâargile et leur pauvre couronne. Câest le sang de lâartĂšre et le sang de la veine Et le sang de ce cĆur qui ne bat que pour vous. Câest le sang du regret et le sang de la peine Et le sang de ce cĆur qui sâamortit en nous. Câest le sang de la honte et le sang de la peine Et le sang de lâaorte et câest le sang du cĆur. Câest le sang de lâamour et le sang de la haine Et le sang du vaincu sur les mains du vainqueur. Câest le sang de lâorgueil et le sang de la peine Et de la veine porte et câest le sang du cĆur Et de la veine cave et du sang de la haine Et les taches du sang sur les bras du vainqueur. Et câest aussi le sang dâune pauvre colĂšre Qui se soulĂšve en vain dans un si pauvre cĆur. Et câest aussi le sang dâune pauvre misĂšre Qui se rĂ©volte en vain sous le poing du vainqueur. Câest le sang du martyr et le sang de CĂ©sar. Câest le sang du martyr et le sang du bourreau, Câest le sang qui dĂ©goutte au fond du tombereau. Le sang de la victime exposĂ© au bazar. Câest le sang de la messe et le sang du calice Et le sang du martyr sur les bras du bourreau, Et le sang qui sâĂ©caille au fond du tombereau, Et le sang qui jaillit aux pointes du cilice. Et câest le sang jouĂ© dans les jeux de hasard. Et lâhonneur exposĂ© dans les jeux dâaventure. Et la race jouĂ©e aux jeux de forfaiture. Et le bonheur jouĂ© dans ce morne alcazar. Et câest le forcement de cet homme hagard. Et les bourreaux lĂąchĂ©s dans la plaine et les bois. Et le dĂ©rĂšglement de cette pauvre voix. Et le dĂ©sĆuvrement de ce pauvre regard. Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre Quâils Ă©taient en principe et sont redevenus. Câest le sang de la veine et le sang de lâartĂšre Et le sang de ces corps misĂ©rables et nus. Et moi-mĂȘme le sang que jâai versĂ© pour eux, CâĂ©tait leur propre sang et du sang de la terre. Du sang du mĂȘme cĆur et de la mĂȘme artĂšre. Du sang du mĂȘme peuple et du mĂȘme HĂ©breux. Les pleurs que jâai versĂ©s sur un mont solitaire, Les pleurs que jâai pleurĂ©s quand jâai pleurĂ© sur eux, CâĂ©taient les mĂȘmes pleurs et de la mĂȘme terre, Et de la mĂȘme race et des mĂȘmes HĂ©breux. Le sang que jâai versĂ© sous la lance romaine, Le sang que jâai versĂ© sous la ronce et le clou ; Et quand je suis tombĂ© sur ma faiblesse humaine Sur les paumes des deux mains et sur les deux genoux ; Le sang que jâai versĂ© sous la lance de Rome, Le sang que jâai versĂ© sous lâortie et le houx ; Et quand je suis tombĂ© par ma faiblesse dâhomme Sur mes mains, sur ma face et sur mes deux genoux ; Le sang que jâai versĂ© sous la lance de Rome, Le sang artĂ©riel que jâai versĂ© pour vous Le jour que je tombai sur mes maigres genoux, CâĂ©tait le sang du juste et câĂ©tait du sang dâhomme. Le sang que jâai versĂ© sous la feinte couronne, Les pleurs que jâai versĂ©s sous cette multitude ; Les mots que jâai versĂ©s dans ma similitude, Les coups que jâai reçu sous la double colonne ; Les verbes que jâai mis en forme de parole Et lâamour que jâai mis en forme de bontĂ©, La gerbe que jâai mise en forme dâunitĂ©, Le grain que jâai semĂ© dans toute parabole ; Le sang que jâai versĂ© sous la blanche aubĂ©pine, Le sang que jâai perdu dans mon humanitĂ© ; Les pleurs que jâai versĂ©s dans la creuse ravine, Le sang que jâai perdu dans mon Ă©ternitĂ© ; Les pleurs que jâai perdus dans ma misĂ©ricorde, Les coups que jâai reçus dans mon humanitĂ© ; Lâavanie et lâoutrage aux mains de cette horde, Les coups que jâai reçus dans mon Ă©ternitĂ© ; Le sang que jâai versĂ© le jour de la promesse, Le sang que jâai versĂ© sur le premier autel ; Et le sang que je verse aux tables de la messe, Le sang inĂ©puisable et le sacramentel ; Les mots que jâai semĂ©s dans ma misĂ©ricorde, Le sang que jâai payĂ© pour le pĂ©chĂ© mortel, Et la rage et la honte et le sceptre et la corde, Le sang intarissable et le sacramentel ; Le sang que je versai le jour que je fus prĂȘtre Et que jâofficiai sur le premier autel ; Et celui que je verse et que je fais renaĂźtre, Le sang renouvelable et le sacramentel ; Le sang que je versai le lendemain du jour Que je fus embrassĂ© par un malheureux traĂźtre ; Et ce sang dâun Ă©gal et dâun nouvel amour Que je verse et refais aux mains dâun nouveau prĂȘtre ; Et le pain de mon corps et le vin de mon sang, Et le verbe jailli de mes divines lĂšvres ; Et le salut gagnĂ© par mes divines fiĂšvres, Et lâĂ©ponge et le fiel et cette plaie au flanc ; Le sang que je laissais sur un pauvre mouchoir OĂč mes traits sont empreints pour Ă©ternellement ; Lâimage que reçut ce frĂȘle monument, CâĂ©tait la mĂȘme glaise et le mĂȘme Ă©bauchoir Et le mĂȘme modĂšle aux mains du statuaire Et la mĂȘme figure et la mĂȘme plastique Et le mĂȘme relief du mĂȘme masque antique ; Et les plis de mon corps sous le drap mortuaire. CâĂ©tait la mĂȘme glaise aux mains du statuaire, Le mĂȘme modelĂ© sous un pouce plastique, Le mĂȘme figurĂ© sous un masque authentique, Et le mĂȘme tracĂ© sous le drap mortuaire. Le sang qui dĂ©goutta sur ma pauvre tunique, Ma barbe et mes cheveux souillĂ©s de cette bourbe, Mon regard et mon verbe aux mains de cette tourbe, Et ce quâils avaient fait de votre Fils unique, Mon nez qui sâĂ©crasait dans lâordure et la boue, Mes disciples en proie Ă la terreur panique, Le bourreau qui clouait dâun geste mĂ©canique Et qui plantait la croix dedans cette gadoue Et lâempreinte lĂ©guĂ©e aux mains de VĂ©ronique, Ma barbe et mes cheveux essuyĂ©s dĂ©sormais, Mon plus ancien portrait et le seul authentique, Le seul que nul oubli ne dĂ©fera jamais, Le seul que nul oubli nâa jamais dĂ©passĂ©, Le seul qui soit sauvĂ© de leur ingratitude, Le seul qui soit sauvĂ© de la dĂ©crĂ©pitude, Le seul que nul dessin nâa jamais surpassĂ©, Le seul que nul oubli nâa jamais effacĂ©, Le seul qui soit sauvĂ© des dĂ©gradations, Le seul qui soit posĂ© parmi les nations Comme le seul tĂ©moin dâun Ă©ternel passĂ©, Le seul que nul oubli nâa jamais effacĂ©, Le seul qui soit inscrit dans lâĂ©ternitĂ© mĂȘme, Le seul qui soit gravĂ© dans le mouvant systĂšme Du prĂ©sent, du futur, et du tendre passĂ© ; Ce masque mon seul masque et ce moule plastique, Cette empreinte laissĂ©e Ă cette pauvre femme, Cette unique mĂ©moire et cette forme unique, La mĂȘme qui parut aux yeux de Notre Dame ; Ce masque sans retour, cette forme Ă©ternelle, Cette empreinte laissĂ©e entre de pauvres doigts, CâĂ©tait le rĂ©sultat de lâapplique charnelle Dâun mouchoir pĂ©rissable au front du roi des rois. CâĂ©tait le modelĂ© dâune forme charnelle Sous la fidĂ©litĂ© dâun mouchoir de la terre. CâĂ©tait la mĂȘme face auguste et solitaire, Telle quâelle apparut Ă lâamour maternelle. Cette face laissĂ©e entre de pauvres doigts, Cette face terreuse et ce mouchoir terreux, CâĂ©tait le mĂȘme aspect qui ne vint quâune fois, CâĂ©tait la mĂȘme terre et les mĂȘmes HĂ©breux. Et ce pain et ce vin et ma chair et mon sang, Et ce verbe et ces pleurs sur cette multitude ; Et lâaccusĂ© debout le long dâun pauvre banc, Et le dĂ©versement de cette ingratitude ; Et cette foule ardente et qui voulait mon sang, Et qui criait de joie aux mots malencontreux, Et votre fils rĂ©duit en cet infime rang, CâĂ©tait la mĂȘme terre et les mĂȘmes HĂ©breux. Cette foule houleuse et qui voulait mon sang, Et qui pleurait de joie aux mots cadavĂ©reux, Ces groupes dĂ©chaĂźnĂ©s, ce peuple grimaçant, Câest la mĂȘme terre et les mĂȘmes HĂ©breux. Cette foule hurlante et qui voulait mon sang, Et qui crevait de joie aux mots aventureux, Ces groupes forcenĂ©s, ce peuple repoussant, CâĂ©tait la mĂȘme terre et les mĂȘmes HĂ©breux. CâĂ©taient les mĂȘmes pleurs et câest la mĂȘme race. CâĂ©tait le mĂȘme sang, le sang hĂ©rĂ©ditaire. CâĂ©taient les mĂȘmes pas suivant la mĂȘme trace. CâĂ©tait le mĂȘme corps fait de la mĂȘme terre. CâĂ©taient les mĂȘmes cris jaillis des mĂȘmes gorges, CâĂ©tait la mĂȘme houle et le mĂȘme ocĂ©an, CâĂ©tait le mĂȘme feu jailli des mĂȘmes forges, CâĂ©tait la mĂȘme foule et le mĂȘme nĂ©ant. CâĂ©tait le mĂȘme sang, le premier hĂ©ritage Que tout homme ait reçu de sont pĂšre charnel, Comme le don de grĂące est le premier partage Que tout homme ait reçu de son pĂšre Ă©ternel. CâĂ©tait le mĂȘme peuple et la race pĂ©destre Et le cheminement pour monter au Calvaire. Et le gouvernement sous une race Ă©questre, Antoine, Marc-AurĂšle et Septime-SĂ©vĂšre. Et le gouvernement sous LĂ©pide et Octave, Et les casernements sous le procurateur, Et le prosternement devant le laticlave, Et devant le prĂ©fet et lâadministrateur. CâĂ©tait le mĂȘme peuple et la race pĂ©destre Sous le balancement des cavaliers romains, Sous la lance et la verge et sous les lourdes mains Et sous les lourds chevaux de cette race Ă©questre. Seigneur qui les avez pĂ©tris de cette terre, Ne vous Ă©tonnez pas quâils soient trouvĂ©s terriens. Vous les avez rivĂ©s sous la lourde galĂšre. Ne vous Ă©tonnez pas quâils soient galĂ©riens. Seigneur qui les avez nourris de cette terre, Ne vous Ă©tonnez pas que cette nourriture Les ait faits cette race ingrate et solitaire, De petite noblesse et de pauvre nature. Seigneur qui les avez formĂ©s de cette terre, Ne soyez pas surpris quâils soient trouvĂ©s informes, Et bossus et bancales et sournois et difformes, Et mauvaise nature et mauvais caractĂšre. Seigneur qui les avez nourris de cette terre, Ne vous Ă©tonnez pas quâils soient trouvĂ©s parjures, Et que cette origine et que ces nourritures En aient fait cette race obscure et rĂ©fractaire. Seigneur qui les avez pĂ©tris de cette terre, Ne vous Ă©tonnez pas quâils soient trouvĂ©s terrestres. Vous avez jalonnĂ© la voie hĂ©rĂ©ditaire. Ne vous Ă©tonnez pas quâils soient trouvĂ©s pĂ©destres. Seigneur qui les avez nourris de cette terre, Ne vous Ă©tonnez pas que cette nourriture En ait fait cette race agreste et solitaire, De petite noblesse et de grande roture. Seigneur qui les avez pĂ©tris de cette terre, Ne vous Ă©tonnez pas quâils soient trouvĂ©s terreux. Vous les avez pĂ©tris de vase et de poussiĂšre, Ne vous Ă©tonnez pas quâils marchent poussiĂ©reux. Seigneur qui les avez frappĂ©s de votre foudre, Ne vous Ă©tonnez pas quâils soient trouvĂ©s peureux. Vous qui les avez fait sortir de cette poudre, Ne vous Ă©tonnez pas quâils soient trouvĂ©s poudreux. Vous les avez pĂ©tris de cette humble matiĂšre, Ne vous Ă©tonnez pas quâils soient faibles et creux. Vous les avez pĂ©tris de cette humble misĂšre. Ne soyez pas surpris quâils soient des misĂ©reux. Vous qui les avez faits dâune argile grossiĂšre, Ne soyez pas surpris quâils soient trouvĂ©s lĂ©preux. Et vous qui les avez livrĂ©s aux vers de terre, Ne vous Ă©tonnez pas quâils soient trouvĂ©s vĂ©reux. Car le surnaturel est lui-mĂȘme charnel Et lâarbre et la grĂące est racinĂ© profond Et plonge dans le sol et cherche jusquâau fond Et lâarbre de la race est lui-mĂȘme Ă©ternel. Et lâĂ©ternitĂ© mĂȘme est dans le temporel Et lâarbre de la grĂące est racinĂ© profond Et plonge dans le sol et touche jusquâau fond Et le temps est lui-mĂȘme un temps intemporel. Et lâarbre de la grĂące et lâarbre de nature Ont liĂ© leurs deux troncs de nĆuds si solennels, Ils ont tant confondu leurs destins fraternels Que câest la mĂȘme essence et la mĂȘme stature. Et câest le mĂȘme sang qui court dans les deux veines, Et câest la mĂȘme sĂšve et les mĂȘmes vaisseaux, Et câest le mĂȘme honneur qui court dans les deux peines, Et câest le mĂȘme sort scellĂ© des mĂȘmes sceaux. Câest le mĂȘme destin qui court dans les deux chances. Et câest la mĂȘme mort qui meurt dans les deux morts. Et câest le mĂȘme effroi qui court dans les deux transes. Et la mĂȘme bonace au sein de ces deux ports. Toute Ăąme qui se sauve aussi sauve son corps. Toute Ăąme qui pĂ©rit entraĂźne son jumeau. Toute Ăąme qui se pose au long des derniers bords Est comme un reposoir dans un dernier hameau. Toute Ăąme qui se sauve ainsi sauve son corps. Toute Ăąme qui se perd entraĂźne son besson. Toute Ăąme qui se pose au fond des derniers ports Est comme un double oiseau sur un dernier buisson. Toute Ăąme qui se pose emporte aussi son corps, Comme une proie heureuse et comme un nourrisson. Et toute Ăąme qui touche aux suprĂȘmes abords Est comme un moissonneur le soir de la moisson. Tout Ăąme qui se sauve ensauve aussi son corps, Comme une sĆur aĂźnĂ©e emporte un nourrisson. Est toute Ăąme qui touche aux suprĂȘmes rebords Et comme un moissonneur au bord de la moisson. Et lâarbre de la grĂące et lâarbre de nature Se sont liĂ©s tous deux de nĆuds si fraternels Quâils sont tous les deux Ăąme et tous les deux charnels Et tous les deux carĂšne et tous les deux mĂąture. Et tous les deux crĂ©es et tous les deux crĂ©ature, Et tous les deux vaisseaux sur le mĂȘme OcĂ©an. Et tous les deux armĂ©s de la mĂȘme armature, Et tous les deux berceaux sur le mĂȘme nĂ©ant. Et tous les deux leçons de la mĂȘme lecture, Et comme deux tuteurs dans un double arbrisseau, Et tous deux cavaliers et tous les deux monture, Et comme un double enfant dans un double berceau. Et lâarbre de la grĂące et lâarbre de nature Se sont Ă©treints tous deux comme deux lourdes lianes. Par-dessus les piliers et les temples profanes, Ils ont articulĂ© leur double ligature. Et lâun ne pĂ©rira que lâautre aussi ne meure. Et lâun ne survivra que lâautre aussi ne vive. Et lâun ne restera que lâautre ne demeure. Et lâun ne passera sur la suprĂȘme rive Que lâautre aussi ne fasse un semblable voyage. Et lâun ne partira dans son dernier trousseau Que lâautre aussi ne fasse un tel appareillage Et ne sâembarque aussi sur un dernier vaisseau. Et JĂ©sus est le fruit dâun ventre maternel, Fructus ventris tui, le jeune nourrisson Sâendormit dans la paille et la balle et le son, Ses deux genoux pliĂ©s sous son ventre charnel. Et ses beaux yeux fermĂ©s sous lâarceau des paupiĂšres Ne considĂ©raient plus son immense royaume. Et les bergers venus par des chemins de pierres Le regardaient dormir dans la paille et le chaume. Et ses beaux yeux fermĂ©s sur nos ingratitudes Ne considĂ©raient plus quâun rĂȘve intĂ©rieur. Ses jeunes yeux fermĂ©s sur nos dĂ©crĂ©pitudes Ne considĂ©raient plus quâun Ăąge antĂ©rieur. Et la lourde toison de ses cheveux bouclĂ©s Retombait sur sa nuque en dĂ©cuple cascade. Et son poing volontaire et ses bras potelĂ©s Supportaient tout le poids de cette colonnade. Ses beaux cheveux tombaient en mouvante torsade Et faisaient sur sa nuque une ombre creuse et blonde. Les rois de lâOrient, venus en ambassade, Le regardaient dormir comme le roi du monde. Et sa tĂȘte portait dans le creux de son coude Comme un beau bĂątiment porte dans son berceau. Il nâĂ©tait pas froncĂ© comme un enfant qui boude. Il Ă©tait dĂ©tendu comme un jeune roseau. Et sa tempe battait dâun sang si gĂ©nĂ©reux Que sa tĂȘte sonnait comme un jeune tambour. Et son cĆur se gonflait dâun sang si chaleureux Que tout son corps tremblait de ce nouvelle amour. Un pli du bras portait lâimpĂ©rissable tĂȘte. Et câest ce pli du bras quâon nomme la saignĂ©e. Il admirait tout bas quelque invisible fĂȘte. Il Ă©tait comme une aube Ă©clatante et baignĂ©e. Juste le pli du bras portait la tĂȘte blonde. Les membres dĂ©tendus formaient comme un recueil. Tout Ă©tait jeune alors, et le sauveur du monde Ătait un jeune enfant qui jouait sur un seuil. Dans le creux de ce pli roulait la tĂȘte ronde. La mĂȘme qui fut mise en un pauvre cercueil. Tout sâappesantissait dans cette nuit profonde, La mĂȘme qui tomba sur un suprĂȘme deuil. Tout en lui reposait et ses lĂšvres lactĂ©es Riaient et sâentrâouvraient comme une fleur Ă©close. Et le sang nouveau-nĂ© sur ses lĂšvres de rose Courait dans le rĂ©seau des veines ajourĂ©es. Tout en lui reposait. Sur ses lĂšvres lactĂ©es Quelques gouttes tremblaient vaguement nĂ©gligentes. Quelques gouttes perlaient vainement engageantes, Comme la sĂšve perle au bord des fleurs coupĂ©es. Le rĂ©seau qui tremblait sous la lĂšvre lactĂ©e Battait comme les nĆuds dâune souple dentelle. Car la vie Ă©ternelle et la sacramentelle Nâest point une entreprise aride et contractĂ©e. Le rĂ©seau qui battait sous la lĂšvre lactĂ©e Laissait comme les jours dâune souple dentelle. Car la vie Ă©ternelle et la sacramentelle Nâest point une entreprise Ă©paisse et contractĂ©e. Le rĂ©seau qui battait sous la lĂšvre lactĂ©e Laissait comme les pleins dâune souple dentelle. La vie intĂ©rieure et la sacramentelle Nâest point une entreprise ingrate et contractĂ©e. Le rĂ©seau qui battait sous la lĂšvre lactĂ©e Laissait comme le jeu dâune souple dentelle. La vie intĂ©rieure et la sacramentelle Nâest point une entreprise Ă bloc et contractĂ©e. Le rĂ©seau qui jouait sous la lĂšvre lactĂ©e Faisait tout le travail dâune souple dentelle. Car la vie Ă©ternelle et la sacramentelle Nâest point une entreprise Ă©norme et contractĂ©e. Le rĂ©seau qui tremblait sous la lĂšvre lactĂ©e Laissait la libertĂ© dâune souple dentelle. La vie intĂ©rieure et la sacramentelle Nâest point une entreprise esclave et contractĂ©e. Le rĂ©seau qui tremblait sous la lĂšvre lactĂ©e Respirait la santĂ© dâune souple dentelle. Car la vie Ă©ternelle et la sacramentelle Nâest point une entreprise infirme et contractĂ©e. Les solives du toit faisaient comme un arceau. Les rayons du soleil baignaient la tĂȘte blonde. Tout Ă©tait pur alors et le maĂźtre du monde Ătait un jeune enfant dans un pauvre berceau. Chaque poutre du toit Ă©tait comme un vousseau. Les ombres de la nuit baignaient la tĂȘte ronde. Tout Ă©tait juste alors et le maĂźtre du monde Ătait un jeune enfant sous un maigre cerceau. Et ce sang qui devait un jour sur le Calvaire Tomber comme une ardente et tragique rosĂ©e NâĂ©tait dans cette heureuse et paisible misĂšre Quâun filet transparent sous la lĂšvre rosĂ©e. Et ce sang qui devait un jour sur le Calvaire Tomber comme une tiĂšde et fĂ©conde rosĂ©e NâĂ©tait dans cette auberge et dans cette chaumiĂšre Quâun rĂ©seau rose et bleu sous une peau rosĂ©e. Et ce sang qui devait un jour sur le Calvaire Tomber comme une chaude et virile rosĂ©e NâĂ©tait dans sa tendresse et sa douceur premiĂšre Quâun souple rĂ©seau fin sous une peau rosĂ©e. Et ce sang qui devait par un destin sĂ©vĂšre Couler comme une rouge et vivante rosĂ©e, Le sang du sacrifice et le sang du Calvaire NâĂ©tait quâun tremblement sous la lĂšvre arrosĂ©e. Et ce sang qui devait un jour sur le Calvaire Couler comme une Ă©paisse et fumante rosĂ©e NâĂ©tait sous le regard dâune prudente mĂšre Quâun souple gonflement sous la peau reposĂ©e. Et le jour qui passait par une Ă©norme brĂšche, Le soleil descendu dans la pauvre maison, NâĂ©clairait dans lâĂ©table et dans cette humble crĂšche Quâun jeune enfant gonflĂ© de sa jeune saison. Et ce sang qui devait par un dur ministĂšre Couler comme une pure et sanglante rosĂ©e, Le sang du sacrifice et le sang du Calvaire NâĂ©tait quâun beau rĂ©seau de veine entrelacĂ©e. Et ce sang qui devait par un sacrĂ© mystĂšre Couler comme une source et comme une rosĂ©e, Le sang de lâoffertoire et le sang du Calvaire NâĂ©tait quâun beau rĂ©seau de veine entrecroisĂ©e. Et le sang de la veine et le sang de lâartĂšre, Le mĂȘme dâoĂč devait jaillir cette rosĂ©e, Et le sang du rachat des pĂ©chĂ©s de la terre NâĂ©tait quâun beau rĂ©seau de veine entreposĂ©e. Et le sang de lâaorte et le sang de ce cĆur Qui devait tant saigner pour les pĂ©chĂ©s du monde NâĂ©tait dans ces deux bras et dans la tĂȘte ronde Que le beau tremblement dâun timide vainqueur. Et ce sang qui devait sur le dernier Calvaire Couler tout plein dâĂ©cume et comme une rosĂ©e, Le sang de lâamertume et du dernier mystĂšre NâĂ©tait quâun beau rĂ©seau sous la lĂšvre amusĂ©e. CâĂ©tait un beau rĂ©seau comme un filet marin Quâon relĂšve lavĂ© de la plus basse Ă©cume. CâĂ©tait un beau filet comme un rĂ©seau salin Quâon relĂšve lavĂ© de la mĂȘme amertume. CâĂ©tait un tremblement comme un filet marin Qui se coud et dĂ©coud dans une eau transparente. CâĂ©tait un gonflement comme un rĂ©seau salin Qui se gonfle et rĂ©sout dans une onde apparente. CâĂ©tait un gonflement comme un rĂ©seau de mer Qui se noue et dĂ©noue au sein des grandes ondes. CâĂ©tait un tremblement comme un filet amer Qui se joue et dĂ©joue aux plis des vastes mondes. CâĂ©tait un gonflement comme un rĂ©seau de mer Que lâon a retirĂ© de la vague marine. CâĂ©tait un tremblement comme un filet amer Que lâon a mis sĂ©cher sur la barque latine. CâĂ©tait un battement comme un rĂ©seau de mer Qui se roule et dĂ©roule au creux des vagues rondes. CâĂ©tait un flottement comme un filet amer Que lâon a recoulĂ© dans les vagues profondes. Et ce sang qui devait un jour sur le Calvaire Couler comme une offrande et comme une rosĂ©e, Le dur sang du martyr et le sang funĂ©raire Ătait comme le lin dâune voile dâĂ©pousĂ©e. Et ce sang qui devait couler sur le Calvaire Dâune quadruple plaie et dâune plaie au flanc NâĂ©tait dans la pĂ©nombre et la douce lumiĂšre Que le rĂ©seau dâamour dâun enfant rose et blanc. Sous une peau plus douce et frĂȘle et transparente Que la peau du raisin quand il devient dorĂ©, Sous une peau plus fine et grĂȘle et dĂ©fĂ©rente Que la peau dâun raisin humide et mordorĂ©. Et ce sang qui devint une Ă©paisse liqueur NâĂ©tait quâune fluide et transparente sĂšve. Et ce cĆur qui devint lâinĂ©puisable cĆur Ne poursuivait quâun jeune et dĂ©lectable rĂȘve. Ces veines qui devaient hors des poignets liĂ©s Jaillir et se gonfler comme des nĆuds de cordes, Ces veines de clĂ©mence et de misĂ©ricordes NâĂ©taient dans lâappareil des membres dĂ©liĂ©s Quâun beau rĂ©seau plus fin que de fils de la Vierge, Un filet mieux venu quâun filet de pĂȘcheur, Et dans la paix et lâombre au fond de cette auberge Un rĂ©seau rose et bleu tremblotant de blancheur. Sous une peau plus lisse et plus souple et plus douce Que la peau du raisin qui mĂ»rit sur la treille, Sous une peau dorĂ©e et lĂ©gĂšrement rousse Et lĂ©gĂšrement blonde et vivace et pareille Ă la peau du raisin qui blondit sur la treille, Ă lâheure oĂč le soleil mĂ»rit la lourde grappe, Ă lâheure ou le frelon et la mouvante abeille Viennent se reflĂ©ter sur le blanc de la nappe. Et ce sang qui devait un jour sur le Calvaire Tomber comme une pluie au sable de la grĂšve NâĂ©tait dans cette auberge et dans ce jeune rĂȘve Que lâirrigation dâune rose paupiĂšre. LâimpĂ©rial dĂ©bat du jour et de la nuit Marquait dans ce silence une invisible trĂȘve. Et le temps suspendu, dans cet humble rĂ©duit DĂ©coupait les contours dâune heure chaste et brĂšve. Le dĂ©partagement de la nuit et du jour Sur le tracĂ© commun marquait une heure brĂšve. Le dĂ©harnachement de tendresse et dâamour Sur le parvis commun posait une humble trĂȘve. Le solennel dĂ©bat du jour et de la nuit Marquait dans ce silence une invisible trĂȘve. Et le temps suspendu, dans cet humble rĂ©duit DĂ©coupait les contours dâune heure unique et brĂšve. Le dĂ©partagement de la nuit et du jour Sur le double tracĂ© posait comme une trĂȘve. Le dĂ©harnachement de rudesse et dâamour Sur le double parvis posait une heure brĂšve. Le solennel dĂ©bat de la nuit et du jour Au-dessus de ces fronts suspendait comme un glaive. Le dĂ©harnachement dâallĂ©gresse et dâamour Sur le double parvis posait une heure brĂšve. Le dĂ©mantĂšlement de la nuit et du jour Sur le double fossĂ© jetait comme une trĂȘve. Et le dĂ©sarmement de jeunesse et dâamour Sur lâĂ©ternel dĂ©bat jetait une heure brĂšve. Et ce sang qui devait sous la lance romaine Couler comme la source aux sables du dĂ©sert NâĂ©tait dans un berceau soigneusement couvert Quâun peu de vigilance et de tendresse humaine. Et ce sang qui devait sur le dernier haut lieu Pleuvoir comme la manne aux dĂ©serts de lâexode NâĂ©tait dans cette heureuse et molle pĂ©riode Que lâentrelacement dâun rĂ©seau rose et bleu. Et ce poil qui devait balayer le chemin NâĂ©tait pas mĂȘme encor un peu de poil follet. Cette barbe souillĂ©e au tribunal romain NâĂ©tait pas mĂȘme une ombre et pas mĂȘme un duvet. Et cette peau tannĂ©e autant quâun parchemin Ătait comme la peau dâun raisin sur la treille, Ă lâheure oĂč le frelon et la mouvante abeille Reviennent se poser sur le pampre romain. Ainsi lâhomme nâĂ©tait quâun petit Benjamin, Un nouveau Benjamin sous un nouveau Joseph. Et tout lâhonneur de lâhomme et tout lâespoir humain Tenaient dans le vaisseau de cette unique nef. Et tout lâhomme nâĂ©tait quâun nouveau Benjamin, Un nouveau Benjamin sous un nouveau Joseph. Et tout lâavoir de lâhomme et tout lâespoir humain Tenaient en cet instant implacablement bref. Et tout lâhomme nâĂ©tait quâun dernier Benjamin, Un dernier Benjamin sous un dernier Joseph. Et le salut de lâhomme et tout lâespoir humain Tenaient dans le berceau de cet unique chef. Le pĂšre nourricier Ă©tait comme un grand frĂšre. Et ce nouveau Joseph Ă©tait un frĂšre aĂźnĂ©. Mais cette autre Rachel Ă©tait vraiment la mĂšre Et se penchait vraiment sur un fils nouveau-nĂ©. Et ce fut lĂ vraiment dans un double hĂ©ritage Un instant fugitif et presque insaisissable. Et ce fut lĂ vraiment dans un double partage Un fils deux fois aimĂ© deux fois impĂ©rissable. Et tout ce sang nâĂ©tait encor quâun sang de lait Fleuri de jeune grĂące et riant de bonheur. Et tous ces jours nâĂ©taient encor quâun chapelet De bonheurs enfilĂ©s sur le fil de lâhonneur. Et tout ce sang nâĂ©tait encore quâun sang de lait Fleuri de bonne grĂące et semĂ© de bonheur. Et tous ces jours nâĂ©taient encor quâun chapelet De beaux jours enfilĂ©s au rĂ©seau de lâhonneur. Sous le regard de lâĂąne et le regard du bĆuf Cet enfant reposait dans la pure lumiĂšre. Et dans le jour dorĂ© de la vieille chaumiĂšre SâĂ©clairait son regard incroyablement neuf. Lâenfant levait les yeux vers les deux grosses tĂȘtes, Promenant son regard sur ces deux monuments. Ces voisins lui donnaient dâinconcevables fĂȘtes, Balançant du chĂąteau comme deux bĂątiments. Balançant du fronton comme deux grands navires Balancent des haubans et des courbes chĂąteaux, Quand la mer est bonace et quand les doux zĂ©phires Sâamusent Ă jouer dans les porte-manteaux. Lâenfant levait les yeux vers les Ă©normes yeux Plus profonds et plus doux que lâĂ©norme OcĂ©an. Novice il contemplait dans ce miroir gĂ©ant La profondeur des mers et le reflet des cieux. Lâenfant levait les yeux vers ce miroir bĂ©ant OĂč se rĂ©flĂ©chissait la bontĂ© de ce monde. Un amour se peignait sur la face profonde, NoyĂ© dans le reflet dâun palpable nĂ©ant. Le soleil qui passait par les Ă©normes brĂšches Ăclairait un enfant gardĂ© par du bĂ©tail. Le soleil qui passait par un pauvre portail Ăclairait une crĂšche entre les autres crĂšches. Mais le vent qui soufflait par les Ă©normes brĂšches EĂ»t glacĂ© cet enfant qui câĂ©tait dĂ©couvert. Et le vent qui soufflait par le portail ouvert EĂ»t glacĂ© dans sa crĂšche entre les autres crĂšches Cet enfant qui dormait en fermant les deux poings Si ces deux chambellans et ces museaux velus Et ces gardes du corps et ces deux gros tĂ©moins Pour le garer du froid nâeussent soufflĂ© dessus. Sous le regard du bĆuf et le regard de lâĂąne Cet enfant respirait dans son premier sommeil. Les bĂȘtes calculant dedans leur double crĂąne Attendaient le signal de son premier rĂ©veil. Et ces deux gros barbus et ces deux gros bisons Regardaient sâĂ©clairer la lĂšvre humide et ronde. Et ces deux gros poilus et ces deux gros barbons Regardaient sommeiller le premier roi du monde. Et ces deux mal tondus et ces sortes dâoursons Regardaient sâĂ©clairer la face rose et blonde. Et ces museaux pointus et ces deux gros garçons Regardaient respirer le premier roi du monde. Et ces deux tard-venus et ces deux vieux garçons Regardaient sâĂ©clairer la face humide et fraĂźche. Et tous deux sâavançant au-dessus de la crĂšche Regardaient reposer le roi des nations. Et ces deux vieux bourrus et ces parfait notaires Regardait cette face Ă©ternelle et profonde. Et ces deux gros joufflus et ces protonotaires Regardait sommeiller le plus beau roi du monde. Et ces pattes pelues et ces ambassadeurs ConsidĂ©raient la bouche ouverte et toute ronde. Et ces deux gros zĂ©bus et ces deux commandeurs ConsidĂ©raient cet ĂȘtre oĂč tout ĂȘtre se fonde. Ainsi ces deux tortus, ainsi ces deux gros pĂšres ConsidĂ©raient la face Ă©blouissante et blonde. Ainsi ces deux bossus, ainsi ces deux compĂšres Regardaient ce premier que tout ĂȘtre seconde. Ainsi ces deux ventrus, ainsi ces beaux garçons Contemplaient cette face Ă©panouie et ronde. Ainsi ces deux repus et ces deux nourrissons Le regardaient dormir pour le salut du monde. Et ces avantageux et ces deux vieux grognons Opinaient du museau vers un jeune bambin. Et ces deux partageux et ces deux compagnons Laissaient tomber leur nez sur ce pauvre gamin. Et ces chapeau pointus et ces deux esprits forts Dominaient de trĂšs haut cet enfant ingĂ©nu. Et ces deux yeux ouverts comme deux grand sabords ConsidĂ©raient de haut cet enfant pauvre et nu. Et ces deux gros mafflus et ces croquemitaines Regardaient cet enfant comme un superbe fils. Et ces deux gros pansus et ces plein de maĂŻs Regardaient le vainqueur des plus gros capitaines. Et ces mufles savants et ces intelligences DĂ©ploraient cet Ă©tat oĂč nous lâavons laissĂ©. Et ces deux pleins dâesprit et ce couple empressĂ© En soi-mĂȘme blĂąmaient de telles nĂ©gligences. Et ces deux grands docteurs et ces deux bonnets dâĂąnes DĂ©ploraient lâabandon oĂč nous lâavons laissĂ©. Et ces deux pleins de cĆur et ce couple enchĂąssĂ© Ruminaient des pensers qui fuyaient sous ces crĂąnes. Ainsi ces deux experts et ces fins connaisseurs, Dâun mufle balancĂ© pesaient le divin fils. Et ces deux courbatus et ces pleins de maĂŻs Faisaient les entendus et les intercesseurs. Ainsi ces deux grison et ces deux amateurs Dâun mufle audacieux jugeaient le fils de lâhomme. Et ces deux rebondis et ces consommateurs Mesuraient cet enfant qui poursuivaient son sommes. Ainsi ces beaux tendrons, ainsi ces fins diseurs Dâun mufle prĂ©cieux jaugeaient le fils unique. Par-devant ces messieurs commissaires-priseurs Lâenfant comparaissait dans sa pauvre tunique. Et ces deux paysans et ces deux potentats Dâun mufle officieux pesaient le roi mon maĂźtre. Et ces deux prĂ©sidents et ces hommes dâĂtats ConsidĂ©raient cet ĂȘtre oĂč se fonde tout ĂȘtre. Et ces gouvernements et ces deux majordomes Du haut de leur museau pesaient le Grand Dauphin. Et ces deux renchĂ©ris et ces deux museau fin Contemplaient lâhĂ©ritier des rois et des royaumes. Et ces deux prĂ©bendĂ©s et ces deux gros chanoines Contemplaient le seigneur du siĂšcle et de la rĂšgle. Et ces deux dĂ©bridĂ©s et ces deux premiers moines Contemplaient le seigneur de lâavoine et du seigle. Et ces hommes du peuple et ces reprĂ©sentants Du haut de leur grandeur pesaient ce petit frĂšre. Et ces hommes de tĂȘte et ces deux compĂ©tents Du haut de leur grosseur narguaient ce petit pĂšre. Et ces deux prĂ©voyants et ces deux Ă©conomes Veillaient de tout leur poids sur le roi notre sire. Et ces deux surveillants et ces deux gros bonshommes Pensaient de tout leur poids et cherchaient Ă sâinstruire. Et ces deux bienveillants et ces chevau lĂ©gers Pensaient de tout leur poids et cherchaient Ă dĂ©duire. Et ces hommes de biens et ces galants bergers Dansaient de tout leur poids et cherchaient Ă sĂ©duire Et ces deux plein de paille et ces deux prĂ©sidents Dâun mufle gracieux pesaient le roi mon frĂšre. Et ces deux pleins dâavoine et ces deux rĂ©sidents Dâun mufle astucieux interrogeaient la mĂšre. Et ces deux pleins dâastuce et ces deux gros sergents Dâun mufle soucieux pesaient le roi mon frĂšre. Et ces pleins de tendresse et ces pleins de misĂšre Faisaient les radieux et les intelligents. Et ces deux amoureux et ces deux beaux athlĂštes Jouaient leur double jeu pour ce maigre public. Et ces deux langoureux et ces rudes ascĂštes Sâadoucissaient un peu pour ce jeune laĂŻc. Et ces hommes de poids, ces administrateurs Dans leur double cerveau calculaient la dĂ©pense. Et ces lĂ©gislateurs et ces conservateurs Balançaient leurs beaux flancs parmi leur double panse. Et ces hallebardiers montaient leur double garde. Et ce pertuisaniers faisaient la double haie. Et ces gonfalonniers arboraient leur cocarde Deux pennons de poils blancs coupĂ©s par une raie. Et ces prĂ©tentieux et ces estimateurs Voyaient de prĂšs celui que nous nâavons pas vu. Et ces deux donateurs et ces adorateurs Gardaient ce fils de Dieu que nous avons perdu. Et ces laborieux et ces deux gros fidĂšles PossĂ©daient cette enfant que nous nâavons pas eu. Et ces industrieux et ces deux haridelles Gardaient ce fils de Dieu que nous avons vendu. Et ces maĂźtre de lâhomme et ces gouvernateurs Gouvernaient cet enfant que nous nâavons pas su. Et ces prĂ©fets de Rome et ces procurateurs Gardaient ce fils de Dieu que nous nâavons pas pu. Et ces deux gros bedons, ces hommes dâimportance Laissaient leur bel esprit courir la pretentaine. Et Ă notre dĂ©faut et par notre inconstance Ils veillaient cet enfant dans sa maigre futaine. Et notre incohĂ©rence et notre inconsistance Abandonnaient lâenfant Ă ces deux beaux danseurs. Et notre suffisance et notre inadvertance Abandonnaient lâenfant Ă ces deux grands penseurs. Et notre ingratitude et notre incompĂ©tence Abandonnaient lâenfant Ă ces pauvres censeurs. Et notre turpitude et notre impĂ©nitence Abandonnaient lâenfant Ă ses vrais dĂ©fenseurs. Et notre platitude et notre inexistence Abandonnaient lâenfant Ă ces deux connĂ©tables. Et notre quiĂ©tude et notre intermittence Abandonnaient lâenfant Ă ces deux gros comptables. Et ces deux estafiers et ces deux gros gendarmes Autour du bel enfant montaient leur double garde. Or cet enfant venu pour notre sauvegarde, OĂč lâavons-nous laissĂ© dans le fracas des armes. Et les pauvres moutons eussent donnĂ© leur laine Avant que nous nâeussions donnĂ© notre tunique. Et ces deux gros pandours donnaient vraiment leur peine. Et nous quâavons-nous mis aux pieds du fils unique. Avons nous rĂ©pandu les cendres de nos haines Comme un manteau dâargent sous des pieds adorĂ©s. Avons-nous rĂ©pandu le sable de nos peines Comme un tapis dâargent aux reflets mordorĂ©s. Avons-nous rĂ©pandu par les champs de la plaine Notre fumier dâorgueil et dâostentation. Avons-nous recueilli dans lâurne grave et pleine Les grĂące de dĂ©tresse et de contrition. Avons-nous dĂ©roulĂ© le tissu de nos jours Sur le parvis de marbre et dans le beau jardin. Avons-nous dĂ©roulĂ© lâombre de nos amours Entre lâombre de lâarbre et le premier gradin. Avons-nous dĂ©roulĂ© le fil de nos discours Entre la porte dâor et la porte de corne. Avons-nous dĂ©roulĂ© lâĂ©cheveau de nos jours Entre le premier terme et la derniĂšre borne. Avons-nous dĂ©roulĂ© tout le long des sentiers Le long dĂ©filement des soins de chaque jour. Avons-nous apportĂ© vers un unique amour Des cĆurs incirconcis et des ĂȘtres entiers. Avons-nous dĂ©roulĂ© dans les grandes allĂ©es Le large dĂ©ploiement des vĆux de chaque jour. Avons-nous concentrĂ© sur un unique amour Le long recensement des peines revĂ©lĂ©es. Avons-nous apportĂ© dans un noble sĂ©jour Le long recordements des amours et des haines. Avons-nous fait monter sur la plus haute tour Le vaste isolement des oublis et des peines. Avons-nous dĂ©posĂ© sous les pieds les plus chers LâĂ©cheveau dĂ©mĂȘlĂ© dâun immense concours. Avons-nous apportĂ© notre faible secours Et notre aide dĂ©bile Ă des plus pauvres clercs. Sommes-nous revenus par un noble dĂ©tour Vers le retournement de nos jeunes annĂ©es. Pourrons-nous remonter par un dernier retour Jusquâau recouvrement de nos jeunes journĂ©es. Avons-nous apportĂ© vers un dernier sĂ©jour Le long recolement de nos jours de jeunesse. Avons-nous fait monter sur la plus haute tour Le vaste isolement de nos jours de dĂ©tresse. Avons-nous dĂ©roulĂ© le fil de nos terreurs Entre le tribunal et le pied de la croix. Avons-nous repliĂ© le fil de nos erreurs Pour en dĂ©sentraver les pieds du roi des rois. Avons-nous dĂ©roulĂ© le fil de nos amours Entre le Voici lâhomme et lâinterrogatoire. Avons-nous dĂ©roulĂ© sur le seuil du prĂ©toire Comme un manteau dâargent le manteau de nos jours. Avons-nous dĂ©roulĂ© le fil de nos discours Entre le fils de lâhomme et le procurateur. Avons-nous Ă©tendu le manteau de nos jours Des pieds du blasphĂ©mĂ© jusquâau blasphĂ©mateur. Avons-nous dĂ©roulĂ© le fil de nos amours Comme un Ă©cheveau dâor aux pieds du fils de lâhomme. Avons-nous dĂ©roulĂ© le manteau de nos jours Entre le roi des Juifs et le prĂ©fet de Rome. Avons-nous dĂ©roulĂ© le manteau de nos peines, Plus profond, plus Ă©pais quâun Ă©cheveau dâamour. Avons-nous dĂ©livrĂ© du rĂ©seau de nos haines Les pieds immaculĂ©s du roi du dernier jour. Avons-nous dĂ©roulĂ© ces toisons et ces laines, Plus moite de regrets quâun Ă©cheveau dâamour. Avons-nous libĂ©rĂ© du fatras de nos haines Les pieds silencieux du roi du dernier jour. Avons-nous dĂ©posĂ© lâescabeau de nos fronts Sous les pieds les plus chers et les plus malheureux. Avons-nous Ă©tendu le manteau de nos vĆux Entre une face auguste et les derniers affronts. Avons-nous Ă©tendu le manteau de nos peines Sur lâusure et les trous dâune pauvre tunique. Avons-nous repliĂ© le tissu de nos haines Pour en dĂ©sentraver les pieds du fils unique. Avons-nous inclinĂ© le fronton de nos tĂȘtes Pour servir dâescabeau sous les pieds les plus chers. Avons-nous dĂ©roulĂ© le manteau de nos fĂȘtes Pour en vĂȘtir le pauvre en plein cĆur des hivers. Avons-nous dĂ©posĂ© lâescabeau de nos fronts Sous les pieds les plus chers et les plus malheureux. Avons-nous essuyĂ© des larmes de nos yeux La poussiĂšre et la boue et les derniers affronts. Avons-nous inclinĂ© lâescabeau de nos tĂȘtes Sous les pieds les plus chers et les plus rĂ©vĂ©rĂ©s. Avons-nous revĂȘtu du manteau de nos fĂȘtes Le pauvre le plus pauvre entre le plus sacrĂ©s. Avons-nous dĂ©posĂ© lâescabeau de nos fronts Sous les pieds les plus chers et sous les plus sanglants. Avons-nous essuyĂ© des linges les plus blancs La marque du baiser et des derniers affronts. Avons-nous soutenu des genoux chancelants. Les avons-nous baisĂ©s jusquâau seuil des tombeaux. Avons-nous soutenu les pas les plus tremblants Et les pas les plus chers et les pas les plus beaux. Avons-nous Ă©tendu sous des pas chancelants Les paumes de nos mains comme des escabeaux. Avons-nous essuyĂ© des linges les plus blancs Les pieds les plus souillĂ©s et les pieds les plus beaux. Avons-nous Ă©tendu la manteau de tendresse Sous les pieds les plus purs et sous les plus meurtris. Avons-nous repliĂ© le tissu de paresse Pour en dĂ©sentraver les pieds de ces proscrits. Avons-nous Ă©tendu le manteau de noblesse Sous les pieds les plus neufs et sous les plus flĂ©tris. Avons-nous repliĂ© le tissu de sagesse Pour en dĂ©sentraver ces pieds endoloris. Avons-nous effeuillĂ© la lavande et le thym Sous les pieds les plus purs et sous les plus aimĂ©s. Avons-nous dĂ©ployĂ© le silence latin Sous les pieds les pus doux et les plus embaumĂ©. Avons-nous Ă©tendu comme un manteau de fleurs Nos oraisons, nos vĆux et nos recueillements. Avons-nous Ă©tendu le rideau de nos pleurs Entre le fils de lâhomme et nos dĂ©laissements. Avons-nous dĂ©lavĂ© du ruisseau de nos larmes Ces pieds percĂ©s de clous et ces membres sanglants. Avons-nous exposĂ© nos reins, nos dos, nos flancs Entre le fils de lâhomme et ses quatre gendarmes. Avons-nous essuyĂ© de nos mouchoirs de poche Ces yeux perdus de larme et ce front ruisselant. Avons-nous essuyĂ© du linge le plus blanc Notre plus proche frĂšre et notre ami plus proche. Avons-nous essuyĂ© des nappes de nos tables Ce corps incorruptible et ce corps pantelant. Avons-nous essuyĂ© du linge le plus blanc Le maĂźtre de nos rois et de nos connĂ©tables. Avons-nous recueilli dans un dernier linceul Ce corps incorrompu, ces membres dĂ©liĂ©s. Avons-nous pas laissĂ© mĂ©lancolique et seul Ce grand corps dĂ©tendu, ces jarrets dĂ©pliĂ©s. Avons-nous recueilli dans un dernier suaire Ce long corps dĂ©pendu, ces membres oubliĂ©s. Avons-nous recueilli dans un drap mortuaire Ces membres confondus, ces secrets publiĂ©s. Avons-nous introduit la force de nos bras Entre le dos saignant et la lourde matraque. Valons-nous ces valets, ces valets gros et gras Qui gardaient leur seigneur au fond dâune baraque. Ces deux beaux animaux retenaient leur haleine, Tremblant de rĂ©veillĂ© lâenfant expiatoire. Et les touffes de buis semĂ© de marjolaine Achevaient dâembaumer ce premier oratoire. Et ces deux hommes dâarme et ces vrais Bourguignons Autour du fils de Dieu montaient une humble garde. Et notre intermittence aidant notre mĂ©garde, Nous laissĂąmes lâenfant Ă ces deux gros Gascons. Et ces deux gros dodus et ces deux bons apĂŽtres AuprĂšs du divin maĂźtre avaient pris leur service. Et ces bourgeois cossus et ces mangeurs dâĂ©peautres AuprĂšs du Grand Dauphin poursuivaient leur office. Ainsi lâenfant dormais sous ce double museau, Comme un prince du sang gardĂ© par des nourrices. Et ses amusements et ses jeunes caprices Reposaient dans le creux de ce pauvre berceau. LâĂąne ne savait pas par quel chemin de palmes Un jour il porterait jusquâen JĂ©rusalem Dans la foule Ă genoux et dans des matins calmes Lâenfant alors Ă©clos aux murs de BethlĂ©em. Ainsi lâenfant dormait dans son premier matin. Il allait commencer quelle immense journĂ©e. La robe du soleil, un instant dĂ©tournĂ©e, Lui versait le reflet dâun manteau de satin. Ainsi lâenfant dormait dans son premier matin. Il allait commencer Dieu sait quelle journĂ©e. Il allait commencer une Ă©ternelle annĂ©e. Il allait commencer quel immense destin. Ainsi lâenfant dormait dans son premier destin. Il allait commencer quelle immense fortune. Ainsi lâenfant dormait dans sa blonde infortune. Il allait commencer quel immense festin. Ainsi lâenfant dormait dans cette pĂ©nurie. Il allait commencer quelle immense fortune. Ainsi lâenfant dormait Ă cĂŽtĂ© de Marie. Elle avait commencĂ© quelle immense infortune. Ainsi lâenfant dormait dans sa premiĂšre aurore. Il allait commencer quelle immense saison. Ainsi lâenfant dormait et reposait encore Avant de commencer quelle immense maison. Ainsi lâenfant dormait dans son jour et son aube. Il allait commencer le cercle de quel temps. Il allait commencer quel immense printemps. Comme un torrent gonflĂ© qui pĂšse sur une aube, La grĂące allait peser sur le monde romain. Et lâenfant endormi dans son jour et son aube, Comme un prĂȘtre vĂȘtu de lâĂ©tole et de lâaube, Allait appareiller pour quel nouveau chemin. La grĂące allait peser sur lâappareil humain. Et lâenfant qui dormait aux prĂ©misses de lâaube, Comme un prĂȘtre vĂȘtu de lâĂ©tole et de lâaube, Allait inaugurer quel appareil romain. Ainsi lâenfant dormait aux roses de lâaurore. Il allait commencer quelle innombrable annĂ©e. Il allait commencer quelle Ă©norme journĂ©e. Il allait commencer quel appareil encore. Ainsi lâenfant dormait dans le rĂšgne herbivore. Et la belle et la bĂȘte autour de lui veillaient. Ainsi lâenfant dormait dans la faune et la flore Et la belle et la bĂȘte autour de lui priaient. Ainsi lâenfant dormait au royaume herbivore Avant de commencer quelle immense pĂąture. Ainsi lâenfant dormait dans la faune et la flore. Avant de commencer quelle immense nature. Ainsi lâenfant dormait dans le rĂšgne herbivore. Et la fleur et la bĂȘte autour de lui veillaient. Et lâenfant reposait dans la faune et la flore. Et la fleur et la bĂȘte autour de lui priaient. Et ces deux bienveillants autour de lui veillaient. Il allait commencer quelle immense veillĂ©e. Et ces deux surveillant autour de lui priaient. Il allait acquitter quelle dette impayĂ©e. Il allait acquitter quelle innombrable dette. Il allait enrayer lâeffroyable dĂ©pense. Il allait apporter quelle Ă©norme recette Dans le plateau perdu de la double balance. Il allait regagner lâĂ©norme rĂ©compense. Il allait commencer lâĂ©norme sauvetage. Il allait nous ravoir notre Ă©norme hĂ©ritage. Et nous faire lever lâĂ©ternelle suspense. Il allait nous sauver dans ce commun pĂ©ril. Il allait commencer quel immense partage. Il allait nous gagner quel immense avantage. Il allait commencer quel Ă©ternel avril. Ainsi lâenfant dormait comme un ĂȘtre créé. Il allait commencer quelle crĂ©ation. Il plaisait, il Ă©tait comme un fils agréé. Venus nous proposer quelle imitation. Cette nacelle Ă©tait comme un bateau gréé. Nous embarquerons-nous sur cette frĂȘle barque. Accompagnerons-nous notre premier monarque, Notre amiral des mers sur son bateau parĂ©. Ainsi lâenfant dormait dans son premier sommeil. Il allait commencer quelle sollicitude. Ainsi lâenfant dormait dans sa bĂ©atitude. Il allait commencer quel immense rĂ©veil. Ainsi lâenfant dormait dans son premier silence. Il allait commencer quelle immense parole. Ainsi lâenfant dormait dans sa jeune indolence. Il allait commencer quelle Ă©ternelle Ă©cole. Ainsi lâenfant dormait dans son premier berceau. Il allait commencer quelle vicissitude. Ainsi lâenfant dormait dans cette solitude Avant de gouverner quel immense troupeau. Ainsi lâenfant dormait sous ce premier cerceau. Il allait commencer quelle arche dâalliance. Ainsi lâenfant dormait sous ce premier arceau. Il allait commencer quelle Ă©norme audience. Et quelle servitude et quelle obĂ©dience, La seule qui soit libre et qui soit gracieuse. La seule qui soit serve et qui soit prĂ©cieuse. La seule qui soit ferme et fasse obĂ©issance. Et quelle exactitude et quelle obĂ©issance, La seule qui soit libre et parle Ă cĆur ouvert ; La seule qui soit serve et parle Ă dĂ©couvert ; La seule qui soit ferme et fasse obĂ©dience. Ainsi lâenfant dormait dans ce premier vaisseau. Il allait commencer quelle innombrable nef. Il allait devenir lâimpĂ©rissable chef. Il allait apposer lâimpĂ©rissable sceau. Ainsi lâenfant dormait dans son premier repos. Il allait commencer quel immense travail. Ainsi lâenfant dormait dans son premier bercail. Il allait commencer quel immense propos. Ainsi lâenfant dormait au fond du premier somme. Il allait commencer lâimmense Ă©vĂ©nement. Il allait commencer lâimmense avĂšnement. LâavĂšnement de lâordre et du salut dans lâhomme. Perdu, lâenfant dormait dans le fond de son somme. Il allait commencer le grand gouvernement. Il allait commencer le grand avĂšnement, LâavĂšnement de Dieu dans le cĆur de tout homme. Perdu, lâenfant dormait au fond du premier somme. Il allait commencer le grand Ă©branlement. Il allait commencer le nouveau rĂšglement. Il allait commencer le cĆur du nouvel homme. Perdu, lâenfant dormait au fin fond de son somme. Il allait commencer le renouvellement, CrĂ©er le nouveau Dieu dans ce redoublement, CrĂ©er le Fils de lâHomme au cĆur du nouvel homme. Il allait commencer quelle innovation CrĂ©er le nouveau siĂšcle et la nouvelle rĂšgle. Il allait commencer quelle importation Dans les anciens labours crĂ©er le nouveau seigle. Perdu, lâenfant dormait dans ce frĂȘle vaisseau. Il allait commencer le grand embarquement. Car il allait lancer sur lâĂ©norme OcĂ©an LâimpĂ©rissable nef, ce fragile berceau. Perdu, lâenfant dormait dans son pauvre trousseau. Il allait commencer le grand revĂȘtement. Lâhabillement du cĆur et le contentement. Et le dĂ©vĂȘtement dâun siĂšcle jouvenceau. Perdu, lâenfant dormait dans se vaisseau de charge. Il allait commencer le grand rechargement. Le chargement de peine et le dĂ©chargement De cette cargaison quand nous serons au large. Comme dormait MoĂŻse au bord du pĂšre Nil, Ainsi lâenfant dormait dans son pauvre berceau. Mais la fille du roi, dans ce commun pĂ©ril, NâĂ©tait point accourue en jouant au cerceau. Comme dormait MoĂŻse au long du fleuve Nil, Ainsi lâenfant perdu dormait dans son berceau. Mais la fille du roi, qui jouait au cerceau, NâĂ©tait point accourue en ce commun pĂ©ril. Comme dormait MoĂŻse au bord du premier Nil, Ainsi lâenfant dormait sous ces pauvre arceaux. Mais la fille du roi, qui jouait aux ciseaux, NâĂ©tait point accourue en ce premier pĂ©ril. Comme dormait MoĂŻse au bord du large Nil, Ainsi lâenfant dormait dans son pauvre trousseau. Mais la fille du roi, qui jouait au boisseau, NâĂ©tait point accourue en ce vaste pĂ©ril. Comme dormait MoĂŻse au grĂ© du chaste Nil, Ainsi lâenfant perdu dormait sous ces museaux. Mais la fille du roi, qui jouait aux rĂ©seaux, NâĂ©tait point accourue en ce nouveau pĂ©ril. Comme dormait MoĂŻse au fil de lâeau du Nil, Ainsi lâenfant dormait sous ces deux damoiseaux. Mais la fille du roi, qui chantait aux oiseaux, NâĂ©tait point accourue au bord de ce pĂ©ril. Comme dormait MoĂŻse aux bercements du Nil, Ainsi lâenfant dormait dans son lit de roseaux. Mais la fille du roi, qui jouait aux fuseaux, NâĂ©tait point accourue en ce matin dâavril. Comme lâenfant MoĂŻse au bord du pĂšre Nil, Ainsi lâenfant perdu dormait sous ces naseaux. Mais la fille du roi, qui jouait aux pinceaux, Ne saisit point lâenfant dâun geste puĂ©ril. Comme lâenfant MoĂŻse aux confluents du Nil, Ainsi lâenfant dormait sous cet Ăąne rousseau. Mais la jeune princesse en ce lointain exil NâĂ©tait point accourue au fil de son cerceau. Ainsi lâenfant dormait dans son premier berceau. Mais la jeune princesse au bord dâun nouveau Nil NâĂ©tait point accourue Ă ce jeune babil avec sa robe blanche et ses rubans ponceau. Comme dormait MoĂŻse au giron du vieux Nil, Ainsi lâenfant dormait sous ce deux jouvenceaux. Leurs tĂȘtes balançaient ainsi que panonceaux. Leurs beaux yeux poursuivaient quelque rĂȘve subtil. Comme lâenfant MoĂŻse aux sables de lâĂgypte, Comme lâenfant MoĂŻse au milieu des roseaux. Ainsi lâenfant dormait dans cette basse crypte, Sous ces pauvres festons et ces pauvres rinceaux. Ainsi le gouverneur et le fils premier nĂ©, Ainsi lâenfant perdu dormait dans sa nacelle. Mais la jeune princesse avec sa demoiselle Dâhonneur ne veilla point sur lâenfant nouveau-nĂ©. Ainsi le gouverneur, ainsi le fils aĂźnĂ©, Ainsi le pauvre enfant dormait dans sa nacelle. Mais la jeune princesse avec sa demoiselle Dâhonneur ne veilla point sur lâenfant destinĂ©. Et le nouveau bambin et le nouveau MoĂŻse Dormait dans le recueil des grĂąces dispensĂ©es. Mais la fille du roi, la princesse HĂ©loĂŻse, NâĂ©tait point survenue au fil de ses pensĂ©es. Comme dormait MoĂŻse au rives de Memphis, Ainsi lâenfant dormait aux rives dâIsraĂ«l. Ainsi le pauvre enfant, ainsi le divin fils Dormait dans son berceau pour son premier NoĂ«l. Comme dormait MoĂŻse aux confins de Memphis, Ainsi lâenfant dormait aux confins dâIsraĂ«l. Et du mĂȘme sommeil dormait un nouveau fils Dans un mĂȘme berceau pour un nouveau NoĂ«l. Comme dormait MoĂŻse au bord de Memphis, Ainsi lâenfant dormait au pays dâIsraĂ«l. Et cet autre MoĂŻse et cet Emmanuel Ătait comme un fragile et pĂ©rissable fils. Comme dormait MoĂŻse au temple de lâĂgypte, Ainsi lâenfant dormait au temple dâIsraĂ«l. Et ce sauveur venu dans un dernier NoĂ«l Dormait dans cette basse et pĂ©rissable crypte. Comme dormait MoĂŻse au secret de Memphis, Ainsi lâenfant dormait au secret dâIsraĂ«l. Comme un nouveau MoĂŻse ainsi ce jeune fils Dormait dans le berceau de son jeune NoĂ«l. Comme dormait MoĂŻse en un frĂȘle coffret, Ainsi lâenfant dormait en un frĂȘle NoĂ«l. Il allait commencer quel immense regret. Il allait commencer le regret dâIsraĂ«l. Ainsi lâenfant dormait dans sa premiĂšre paix. Il allait commencer quelle immense bataille. Ainsi lâenfant dormait sous cette valetaille. Il allait commencer quel immense procĂšs. Il allait commencer quelle magistrature. Devant quel tribunal et sous quel magistrat. Il allait commencer quelle raison dâĂtat. Il allait commencer quelle immense aventure. Il allait commencer quelle mĂ©saventure. Il allait commencer quelle immense prudence. Il allait commencer quelle jurisprudence. Il allait inventer quelle bonaventure. Il allait commencer quelle immense gageure. Il allait commencer quel immense dĂ©bat. Il allait engager quel Ă©ternel combat. Il allait endosser quel immense parjure. Il allait encaisser quelle innombrable injure. Il allait encaisser quels mauvais compliments. Il allait essuyer les mauvais boniments Et les effets de bras de lâhomme qui conjure. Il allait essuyer lâimmense reniement De lâhomme qui blasphĂšme et de lâhomme qui jure. Il allait Ă©couter le sot balbutiement Et le sot bĂ©gaiement par qui tout homme abjure. Ainsi lâenfant dormait dans son premier oubli. Il allait commencer quelle immense mĂ©moire. Il allait commencer quelle Ă©ternelle histoire, Lâhistoire de tout homme en terre enseveli. Comme dormait MoĂŻse au bord du fil de lâeau, Ainsi lâenfant dormait dans lâombre enseveli. Et dĂ©jĂ le bois dâorme et le bois du bouleau Et le bois du sapin formaient son premier lit. Ainsi lâenfant dormait sans un mot, sans un pli. Il allait commencer lâĂ©norme inscription. Il allait essayer lâĂ©norme exception, Le long resurgement de lâhomme enseveli. Il allait supporter quelle innombrable mort. Il allait demander quelle rĂ©mission. Il allait opĂ©rer quelle rĂ©demption. Il allait affronter quel innombrable sort. Il allait dĂ©fier lâimpĂ©rissable mort. Il allait exiger quelle soumission. Il allait demander quelle contrition. Il allait embrasser lâinsaisissable sort. Il allait aborder lâinabordable port. Il allait commencer lâĂ©ternelle prĂ©sence. Il allait sâĂ©vader dâune Ă©ternelle absence. Il allait emporter lâinĂ©branlable fort. Il allait refonder lâimpĂ©rissable Rome. Il allait refouler quelle perdition. Il allait demander quelle dĂ©mission, Et quel dĂ©sistement dans la terre et dans lâhomme. Il allait assurer lâinĂ©branlable Rome. Il allait gouverner lâĂ©norme nation. Il allait provoquer quelle dĂ©mission, Et quel gouvernement dans le cĆur de tout homme. Il allait assumer lâhĂ©ritage de Rome. Il allait couronner quelle incarnation. Il allait dĂ©crĂ©ter quelle dĂ©mission, Et quel dĂ©sistement dans le cĆur de tout homme. Il allait hĂ©riter des provinces de Rome. Il allait affirmer sa domination. Il allait confirmer quelle dĂ©mission, Et quel retranchement dans le cĆur de tout homme. Il allait hĂ©riter de la ville de Rome. Il allait diluer quelle obstination. Il allait postuler quelle dĂ©mission, Et quel arrachement dans le cĆur de tout homme. Il allait hĂ©riter de la terre et de Rome Et de la mer violette et de lâĂąpre Sion. Il allait invoquer quelle dĂ©mission, Et quel arrachement dans le cĆur de tout homme. Il allait hĂ©riter de lâempire et de Rome. Il allait endurer quel mauvais traitement. Il allait revĂȘtir quel pauvre vĂȘtement Il allait hĂ©riter de la terre et de lâhomme. Il allait hĂ©riter de lâantique trirĂšme Et des blĂ©s de Sicile et du droit de citĂ©. Et du Tibre latin et du pouvoir suprĂȘme. Et des peuples couchĂ©s sous la nĂ©cessitĂ©. Il allait hĂ©riter de Rome capitale Et de la mer latine et des longues erreurs. Il allait hĂ©riter des antiques terreurs Et des retournements dans la terre natale. Il allait hĂ©riter du monde occidental, De celui qui se lĂšve aux colonnes dâHercule. Il allait hĂ©riter dâun foudre ridicule, Et des dĂ©barquements dâun monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, De celui qui commence oĂč finissait le monde. Il allait hĂ©riter de la vague profonde Et des refoulements du monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Des cheveux de varechs et des verts goĂ©mons. Il allait aveugler par ces nouveaux limons Les infiltrations du monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Et des pulsations de lâĂ©norme ocĂ©an. Il allait annuler par cet autre nĂ©ant LâanĂ©antissement du monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Dâune vague plus lourde et dâune mer verdĂątre. Il allait consigner dans ses temples dâalbĂątre, LâĂ©vanouissement du monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Dâune mer transparente ensemble que profonde. Il allait enfoncer sous les plis de cette onde Et sous cet ocĂ©an le monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Dâune mer frauduleuse ensemble que profonde. Il allait submerger sous le plis de cette onde Et de cet ocĂ©an le monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Et des cheveux de lâalgue et des longs cheveux verts, Et des plis de la vague et des chemins ouverts Loin du gouvernement du monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Des cheveux submergĂ©s et de longs cheveux blonds. Et des bateaux poussĂ©s par dâautres aquilons Hors du gouvernement du monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Et des plis de la vague et des plis du destin. Et des peuples jaillis pour un nouveau festin Loin des prostrations du monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Dâun homme moins nerveux et dâOcĂ©ans plus mornes, Dâun homme moins heureux inventĂ© hors des bornes Et des amusements du monde oriental. Il allait hĂ©riter du monde occidental, De abĂźmes creusĂ©s au pied des promontoires, Des peuples nouveau-nĂ©s jaillis loin des histoires Et des Ă©ternitĂ© du monde oriental. Il allait hĂ©riter dâune vague profonde Et des Ă©croulements et dâune mer plus glauque Et des Ă©crasements et dâune voix plus rauque Et des effondrements dâun gigantesque monde. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Et des barque de pĂȘche et des vaisseaux de charge. Il allait engloutir sous une mer plus large Les circonspections du monde oriental. Il allait hĂ©riter dâun royaume tendu Comme un ballon gonflĂ© de lâun Ă lâautre pĂŽles. Il allait hĂ©riter du palais et des geĂŽles Et dâun gouvernement actif et dĂ©tendu. Il allait hĂ©riter du monde occidental, Des horizons perdu au loin des promontoires, Et des peuples perdus au large des histoires Et des antiquitĂ©s du monde oriental. Il allait hĂ©riter dâun royaume nouveau Tendu de bout en bout comme une vaste tente. Il allait hĂ©riter dâune Ă©ternelle attente. Il allait rejaillir de lâantique caveau. Il allait hĂ©riter dâun royaume gĂ©ant. Il allait hĂ©riter dâun monde gigantesque. Il allait hĂ©riter de cette autre nĂ©ant GardĂ© par des bourreaux et de la soldatesque. Il allait hĂ©riter de ce gouffre bĂ©ant, La destination de la terre et de lâhomme. Il allait hĂ©riter de ce couple gĂ©ant, La domination du barbare et de Rome. Il allait hĂ©riter du monde temporel, Dâune crĂ©ation Ă©paisse et gouvernĂ©e. Il allait hĂ©riter du monde corporel, Dâune crĂ©ation pauvresse et prosternĂ©e. Il allait hĂ©riter des rondes basiliques Et du palais des rois et de pauvres cabanes. Il allait hĂ©riter des grandes rĂ©publiques Et des peuples sacrĂ©s et des peuples profanes. Il allait hĂ©riter de ce monde charnel, Dâune crĂ©ation Ă©paisse et condensĂ©e. Il allait hĂ©riter du monde originel, Dâune crĂ©ation antique et entassĂ©e. Il allait hĂ©riter des plus vastes royaumes Et des prĂ©fets perdus dans les gouvernements. Il allait hĂ©riter des plus modestes chaumes Et des peuples courbĂ©s dans les prosternements. Il allait hĂ©riter des couronnes murales, Des fossĂ©s, des crĂ©neaux et des retranchements. Il allait Ă©riger les hautes cathĂ©drales Sur le mouvant dĂ©bris de nos arrachements. Il allait hĂ©riter des chambres sĂ©pulcrales. Il allait hĂ©riter de la herse et des tours. Il allait Ă©riger les hautes cathĂ©drales Sur le mouvant dĂ©bris des plus fermes amours. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales. Il allait hĂ©riter des plus fermes amours. Il allait Ă©riger les hautes cathĂ©drales Sur le mouvant dĂ©bris du dĂ©clin de nos jours. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De la borne et du champs que nous tenons toujours. Et des propriĂ©tĂ©s qui rĂšgnent dans les bourgs Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des champs que nous coupon et que nous recoupons, Des prĂšs que nous taillons et que nous retaillons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des bois que nous payons et que nous dĂ©coupons, Des lots que nous marquons et que nous dĂ©marquons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des murs que nous dressons et que nous abattons, Des parts que nous taillons et que nous retaillons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des droits que nous coupons et que nous dĂ©coupons, Et des propriĂ©tĂ©s quâĂ force nous poussons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des lois que nous coupons et que nous recoupons, Et des pĂ©nalitĂ©s quâĂ force nous poussons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De rois que nous marquons et que nous dĂ©marquons, Et des hĂ©rĂ©ditĂ©s quâĂ force nous poussons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter du duchĂ© dâAquitaine. Il allait hĂ©riter de notre pauvre amour. Il allait devenir le plus grand capitaine. Et le plus besogneux des barons dâalentour. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De rois que nous posons et que nous dĂ©posons, Des lĂ©gitimitĂ©s que nous acheminons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des saints que nous chĂŽmons et que nous oublions, Et des crĂ©dulitĂ©s quâĂ force nous poussons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des morts que nous aimons et que nous enterrons, Et des fidĂ©litĂ©s quâĂ force nous poussons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des chĆurs que nous chantons et que nous dĂ©chantons, Et des docilitĂ©s quâĂ force nous poussons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des mĆurs que nous gardons et que nous dĂ©sertons, Et des moralitĂ©s quâĂ force nous poussons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des cĆurs les plus aimĂ©s que nous avons perdus, Des ĂȘtres les plus chers, que nous avons rendus Au maĂźtre incontestĂ© des hautes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De mĆurs que nous rĂ©glons et que nous dĂ©rĂ©glons. Et des infirmitĂ©s que nous acheminons Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De limitations qui font tant de dĂ©tours, Et des cheminements de nos pauvres amours Jusque sur le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Et des discernements de nos maigres labours, Et des recreusements de nos pauvres amours Jusque sous le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Et des recoupements de nos maigres labours, Et des recensements de nos pauvres amours Jusque sous le parvis des saintes cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Et du dĂ©labrement de nos pauvres dieux termes. Il allait hĂ©riter des amours les plus fermes Et les plus prosternĂ©s au seuil des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De nos pauvres chemins qui font tant de dĂ©tours Et qui se perdent tant dans leur tours et retours Avant de revenir au seuil des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales Des fils de nos sentiers qui font tant de dĂ©tours Et qui sâĂ©garent tant parmi les alentours Avant de remonter au seuil des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De nos sentiers perdus qui sâen vont dans les vignes Et dans ses beaux vallons dont nous sommes indignes Avant de retomber au seuil des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De nos maigres chemins qui sâen vont dans les pierres Et qui flĂąnent le long des roseaux des riviĂšres Avant de retourner au seuil des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des sentiers de Saint-Marc et de Saint-Jean-de-Braye, Qui sâen vont dans la ronce et parmi lâoseraie Avant de retomber au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De nos chemins vĂ©reux qui se perdent toujours Et qui vont se nouer sur les places des bourgs Avant de sâeffiler au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De nos chemins pierreux qui se perdent toujours, Et qui vont sâĂ©garer au fond des vieux faubourgs Avant de disparaĂźtre au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Qui nous font rois dâun jour dans un pauvre village. Et maĂźtres dâun sentier dans un pauvre bailliage. Et maĂźtres dâune chaise aux chĆurs des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Qui nous font rois dâun jour dans un quartier de terre, Et maĂźtres de marcher dans un sentier de pierre, Et maĂźtres de dormir au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des enregistrements de nos quartiers de terre, Des dĂ©linĂ©aments de nos sentiers de pierre, De nos prosternements au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Et des abornements de nos pauvres vertus, Des destitutions de nos pauvres statuts, De nos processions au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des grands que nous craignons et que nous harcelons, Des biens que nous gagnons et que nous morcelons, Des morts que nous couchons au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des dĂ©partagements de nos parts de misĂšre Et des lotissements de nos lots de poussiĂšre Et de nos lots dâorgueil au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Des enregistrements de nos propriĂ©tĂ©s, Des consĂ©crations de nos humilitĂ©s, De nos retournements au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales Qui nous font rois dâun jour dans un pauvre canton Et maĂźtres dâavancer un double phaĂ©ton Et maĂźtres dâune tombe au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales Qui nous font rois dâun jour dans un dernier naufrage Et maĂźtres dâun cocher et dâun pauvre Ă©quipage, Et maĂźtres dâune croix au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales Qui nous font redouter dans un pauvre canton, Et maĂźtres de lâhonneur et du quâen dira-t-on, Et maĂźtres de pourrir au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De nos sentiers perdus qui vont dans les lilas Et que nous parcourrons solitaires et las Avant de retomber au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De nos chemins perdus parmi les routes neuves Et qui flĂąnent perdus dans les osiers des fleuves Avant de remonter au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De nos chemins perdus qui vont le long des treilles Dans le bourdonnement des mouvantes abeilles Avant de retourner au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De nos chemins perdus qui vont dans les venelles Et parmi les jets dâeau et parmi les tonnelles Avant de retomber au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Et du rĂ©partement du peu que nous avons, Et de lâencombrement du peu que nous savons, Et des alignements des chambres sĂ©pulcrales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, De nos chemins perdus qui vont dans les fraisiers Et parmi la glycine et le long des rosiers Avant de comparaĂźtre au pied des cathĂ©drales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales, Et du gouvernement de ce rien que nous sommes Et des biens de la terre et de nous autres hommes, Et du vieux baptistĂšre et des ondes lustrales. Il allait hĂ©riter des listes cadastrales Qui nous font les premiers dans un pauvre village Et qui nous font seigneurs sur tout le voisinage Et mĂȘme sur les bancs des chĆurs des cathĂ©drales. Il allait dĂ©mĂȘler aux souches cadastrales LâĂ©cheveau des contours de nos propriĂ©tĂ©s, Le rĂ©seau des retours de nos hĂ©rĂ©ditĂ©s, Les droits que nous avons aux chambres sĂ©pulcrales. Il allait retrouver aux souches cadastrales Nos titres dâorigine et de propriĂ©tĂ©s, Nos titres de naissance et notre hĂ©rĂ©ditĂ©, Les parts que nous avons aux chambres sĂ©pulcrales. Il allait retrouver aux souches cadastrales Nos titres de crĂ©ance et de fidĂ©litĂ©, Nos titres de finance et de finalitĂ©, Les lots que nous avons aux chambres sĂ©pulcrales. Il allait retrouver aux souches cadastrales Nos titres de roture et de lĂ©galitĂ©, Nos titres de noblesse et de fatalitĂ©, Le droit que nous avons aux chambres sĂ©pulcrales. Les pas des lĂ©gions allaient marcher pour lui. Les voiles des bateaux pour lui sâĂ©taient gonflĂ©es. Pour lui les grands soleils dâautomnes avaient lui. Les voiles des bateaux pour lui avaient pliĂ©es. Rome avait fait marcher les lourds lĂ©gionnaires Et le lourd bouclier et le glaive pour lui, Et la lourde tortue. Et les durs mercenaires Devant Rome et CĂ©sar et le glaive avaient fui. Câest lui qui marchait derriĂšre le Romain, DerriĂšre le prĂ©fet, derriĂšre la cohorte. Câest lui qui passait par cette haute porte. Il Ă©tait le seigneur dâhier et de demain. Et le pas dâAnnibal avaient marchĂ© pour lui Des fins fonds des dĂ©serts vers la porte Colline. Jusquâau fond des frimas les Parthes avaient fui Sous le redoublement de la force latine. Les Ă©lĂ©phants dâAfrique avaient marchĂ© pour lui Du fin fonds des dĂ©serts jusquâaux portes de Rome. Et pour lui les soleils dâIsraĂ«l avaient lui, Du haut du SinaĂŻ jusquâau fin fond de lâhomme. Il allait hĂ©riter des naufrages de Rome, Du monde divisĂ© dans des morcellements. Il allait hĂ©riter des naufrages de lâhomme, Du cĆur subdivisĂ© par amoncellements. Il allait hĂ©riter des partages de Rome, Dâun empire brisĂ© par des morcellements. Il allait hĂ©riter des partages de lâhomme, Dâun royaume Ă©puisĂ© par des ruissellements. Les Ă©lĂ©phants massus avaient marchĂ© pour lui, Et les princes captifs et les peuples liĂ©s. Et pour lui les soleils dâIsraĂ«l avaient lui Le long du fil du temps sur des jours oubliĂ©s. Il allait hĂ©riter de lourds lĂ©gionnaires, Tout harnachĂ©s de fer des cuirassiers. Il allait hĂ©riter des maigres mercenaires, Tout harnachĂ©s de cuir comme des carnassiers. Il allait hĂ©riter des lourds lĂ©gionnaires, Tout en muscles de fer comme des cuirassiers. Il allait hĂ©riter des maigres mercenaires, Tout en paquets de nerfs comme des carnassiers. Il allait hĂ©riter des lourds lĂ©gionnaires, GainĂ©s comme des Ă©tuis comme des scarabĂ©es. Il allait hĂ©riter des martyrs MacchabĂ©es, Il allait hĂ©riter des maigres mercenaires. Il allait hĂ©riter des peuples dĂ©bonnaires, Et des peuples cruels et du peuple romain. Il allait hĂ©riter des antiques tonnerres, Des foudres oubliĂ©s sur le bord du chemin. Il allait hĂ©riter des peuples centenaires, Des peuples nouveau-nĂ©s et du peuple romain. Il allait hĂ©riter des foudres sĂ©culaires, Et des Ă©tonnements laissĂ©s sur le chemin. Il allait hĂ©riter des princes dĂ©bonnaires Et des princes cruels et du peuple monarque. Il allait hĂ©riter des princes sanguinaires Et des peuples humains et dâHĂ©rode tĂ©trarque. Il allait hĂ©riter des peuples diplomates. Et des consternements dâun peuple sĂ©nateur. Il allait hĂ©riter des peuples dĂ©mocrates. Et des prosternements dâun peuple donateur. Il allait hĂ©riter des forĂȘts sĂ©culaires Et des dĂ©boisements laissĂ©s sur le chemin. Il allait hĂ©riter des chĂȘnes centenaires Et des abattements et du peuple romain. Il allait hĂ©riter des lourds lĂ©gionnaires Tout lamellĂ©s de fer comme des scarabĂ©es. Il allait hĂ©riter des gĂ©ants MacchabĂ©es. Il allait hĂ©riter des maigres mercenaires. Il allait hĂ©riter des lourds lĂ©gionnaires BardĂ©s, plaquĂ©s, lamĂ©s comme des cuirassiers. Il allait hĂ©riter des maigres mercenaires Battus, creusĂ©s, tendus comme des carnassiers. Il allait hĂ©riter des lourds lĂ©gionnaires Tout bardĂ©s de mĂ©tal comme de grands carabes, Il allait hĂ©riter des cavaliers arabes. Il allait hĂ©riter des maigres mercenaires. Il allait hĂ©riter des lourds lĂ©gionnaires Trapus, musclĂ©s, barbus comme des cuirassiers. Il allait hĂ©riter des maigres mercenaires Tout tendus de tendons comme des carnassiers. Il allait hĂ©riter des lourds lĂ©gionnaires SanglĂ©s dans la rudesse et la force romaine. Il allait hĂ©riter des maigres mercenaires Noueux et ravinĂ©s comme une Ă©corce humaine. Et les peuples de Rome et les lĂ©gionnaires Ătaient comme des chiens rompus Ă toute garde. Et la horde dâAfrique Ă la face hagarde Ătaient comme des loups maigres et mercenaires. Et les peuples de Rome et les lĂ©gionnaires Sous les centurions Ă©taient dâĂ©normes dogues. Et les loups de Carthage impĂ©rieux et rogues Sous les nĂ©gociants demeuraient mercenaires. Et le hordes dâAfrique et les durs mercenaires Se payaient dâor, dâargent, de sang et de fureur. Et les peuples de Rome et les lĂ©gionnaires Se payaient dâavoir fait un immense empereur. Et ces peuples brĂ»lĂ©s et tous ces marchands dâhomme Se payaient dâavoir fait un monde mercenaire. Mais les peuples civils et les hommes de Rome Se payaient dâavoir fait un monde centenaire. Et ces peuples payĂ©s, ces maigres mercenaires Se payaient dâor, dâargent, de sang et de luxure. Mais ces peuples profonds, les lourds lĂ©gionnaires Se payaient dâavoir fait une immense nature. Et ces peuples vĂ©reux, les maigres mercenaires Se payaient dâor, dâargent, de luxe et de bavure. Mais ces peuples terreux, les lourds lĂ©gionnaires Se payaient dâavoir fait une immense armature. Ces peuples ramassĂ©s, ces brĂ»lants mercenaires Ătaient comme des loups maigres et dĂ©charnĂ©s. Ces peuples assemblĂ©s, ces lourds lĂ©gionnaires Ătaient des chiens de garde ardents et acharnĂ©s. Et ces peuples crevĂ©s, ces acres mercenaires Se payaient dâor, dâargent, de crimes et dâordure. Mais ces peuples sevrĂ©s, les grands lĂ©gionnaires Se payaient dâavoir fait une magistrature. Les Romains prĂ©posĂ©s Ă la garde du monde Ătaient assis en rond devant les triples portes. Et lâunivers Ă©tait une immense rotonde Sous le gouvernement de deux mille cohortes. Et les peuples payĂ©s en outre se frayaient Une route de sang effroyable et profonde. Mais les soldats romains en outre se payaient Par le gouvernement de tout lâordre du monde. Et les peuples payĂ©s en outre se frayaient Une route dâhorreur solennelle et profonde. Mais les soldats romains en outre se payaient Par le gouvernement de tout lâorbe du monde. Il allait hĂ©riter des peuples mercantiles Et du peuple nomade et des peuples marchands. Il allait hĂ©riter des comptoirs et des champs Et des peuples dĂ©serts et des races fertiles. Il allait hĂ©riter des peuples inactifs Et des peuples bourreaux et du peuple martyr. Il allait hĂ©riter de Sidon et de Tyr. Il allait hĂ©riter des Romains et des Juifs. Il allait hĂ©riter des frondeurs balĂ©ares, Du bouclier gaulois et du glaive romain. Il allait hĂ©riter des hĂ©ritiers barbares. Il allait hĂ©riter de lâhĂ©ritier latin. Il allait hĂ©riter des cavaliers numides Et dâAssourbanipal et de Masinissa. Il allait hĂ©riter du rude Micipsa. Il allait hĂ©riter des hautes Pyramides. Et les pas dâAlexandre avaient marchĂ© pour lui De son jeune berceau jusquâĂ sa jeune mort. Il Ă©tait le seigneur de lâun et lâautre port. Il Ă©tait le seigneur dâhier et dâaujourdâhui. Et les pas dâHĂ©rodote avaient marchĂ© pour lui. Il Ă©tait le seigneur de lâun et lâautre sort. Il Ă©tait le seigneur de lâune et lâautre mort. Il Ă©tait le seigneur dâhier et dâaujourdâhui. Les pas mĂȘme dâHercule avaient marchĂ© pour lui. Il Ă©tait le seigneur de lâAverne et de Lerne, Et de la monstrueuse et sanglante caverne, Il Ă©tait le seigneur dâhier et dâaujourdâhui. Et les pas de ThĂ©sĂ©e avaient marchĂ© pour lui. Câest lui quâon attendait dans les pĂąles enfers. Câest lui quâon attendait dans lâimmense univers. Il Ă©tait le seigneur dâhier et dâaujourdâhui. Les pas de Darius avaient marchĂ© pour lui. Câest lui quâon attendait au fin fond de la Perse. Câest lui quâon attendait dans une Ăąme disperse. Il Ă©tait le seigneur dâhier et dâaujourdâhui. Et lâAsie et lâEurope avaient marchĂ© pour lui. Il Ă©tait le seigneur de lâun et lâautre bord. Il Ă©tait le preneur de lâun et lâautre fort Et seul PoliorcĂšte hier et aujourdâhui. Les pas de la phalange avaient marchĂ© pour lui, Du fin fond de la Thrace aux portes de la Chine. Pour lui les vieux sapins avaient courbĂ© lâĂ©chine. Pour lui les vents dâhiver et dâautomne avaient fui. Et les pas de CĂ©sar avaient marchĂ© pour lui, Du fin fond de la Gaule aux rives de Memphis. Tout hommes aboutissaient aux pieds du divin fils. Et il Ă©tait venu comme un voleur de nuit. Et les pas dâAlexandre avaient marchĂ© pour lui Du palais paternel aux rives de lâEuphrate. Et le dernier soleil pour lui seul avait lui Sur la mort dâAristote et la mort de Socrate. Et les voleurs de jour et les voleurs de nuit Ensemble aboutissaient Ă ce pauvre berceau. Et les gloires dâhier et celles dâaujourdâhui Ensemble aboutissaient Ă ce frĂȘle vaisseau. Et les voleurs de jour et les voleurs de nuit Ensemble aboutissaient Ă ce pauvre trousseau. Et les routes dâhier et celles dâaujourdâhui Ensemble aboutissaient Ă ce pauvre hameau. Et les voleurs de jour et les voleurs de nuit Ensemble aboutissaient Ă cet humble trĂ©teau. Et les villes dâhier et celles dâaujourdâhui Ensemble aboutissaient Ă ce pauvre chĂąteau. Il allait hĂ©riter du chĂȘne de Dodone Et des sapins dâIthaque et des cĂšdres bibliques, Il allait hĂ©riter des grandes RĂ©publiques Et des prosternements prĂšs du bourg de Colone. Et les pas de la GrĂšce avaient marchĂ© pour lui, Des bords de lâEurotas aux rives du Scamandre, Et pour lui les soleils de la GrĂšce avaient lui Des sources dâArĂ©thuse aux dĂ©tours du MĂ©andre. Et lâantique Hellade avait marchĂ© pour lui Des quais de Syracuse aux bords du SimoĂŻs. Et les derniers soleils pour lui seul avaient lui Du haut de TaygĂšte aux dĂ©troits de Chalcis. Lâantique Agamemnon avait marchĂ© pour lui Du palais de son pĂšre au camp devant Aulis. Les soleils du retour pour lui seul avaient lui Des bords de la Troade au temple dâEleusis. Les rĂȘves de Platon avaient marchĂ© pour lui Du cachot de Socrate aux prisons de Sicile. Les soleils idĂ©aux pour lui seul avaient lui. Et pour lui seul chantĂ© le gigantesque Eschyle. Les rĂšgles dâAristote avaient marchĂ© pour lui Du cheval dâAlexandre aux rĂšgles scholastiques. Et pour lui lâascĂ©tisme et la rĂšgle avaient lui Des rĂšgles dâĂpicure aux rĂšgles monastiques. Les rĂšgles de ZĂ©non avaient marchĂ© pour lui, Des siĂšcles dĂ©tendus aux siĂšcles ascĂ©tiques. Et pour lui Pythagore et la rĂšgle avaient lui Des rĂšgles de calcul jusquâaux rĂšgles mystiques. Il allait hĂ©riter de lâĂ©cole stoĂŻque. Il allait hĂ©riter de lâhĂ©ritier romain. Il allait hĂ©riter du laurier hĂ©roĂŻque. Il allait hĂ©riter de tout lâeffort humain. Il allait hĂ©riter dâun effort sĂ©culaire. Il allait hĂ©riter du cavalier latin. Il allait hĂ©riter dans son premier matin Du peuple bucolique et du peuple insulaire. Il allait hĂ©riter dâun monde dĂ©jĂ fait. Et pourtant il allait tout entier le refaire. Il allait dĂ©border de la cause Ă lâeffet Comme un fleuve dĂ©borde et gagne une autre terre. Il allait hĂ©riter dâun monde dĂ©jĂ fait. Et pourtant il allait tout nouveau le refaire. Il allait dĂ©fluer de la cause Ă lâeffet Comme un monde dĂ©flue et gagne une autre sphĂšre. Il allait hĂ©riter dâun monde dĂ©jĂ fait. Et pourtant il allait tout jeune le refaire. Il allait procĂ©der de la cause Ă lâeffet Comme le Fils procĂšde en descendant du PĂšre. Il allait hĂ©riter dâun monde circonscrit Et pourtant il allait du dedans le refaire. Comme un nĂ©gociant gouverne son affaire, Il allait gouverner les Ćuvres de lâesprit. Il allait hĂ©riter dâun monde dĂ©jĂ vieux. Et pourtant il allait tout enfant le refondre. Comme un vieux paysan, avant que de rĂ©pondre, Consulte lâappareil de la terre et des cieux. Il allait hĂ©riter dâun univers tout fait. Et pourtant il allait tout entier le rĂ©soudre. Comme une vieille aĂŻeule, avant que de recoudre, Regarde les morceaux dâun pantalon dĂ©fait. Il allait hĂ©riter dans un pauvre canton De lâaffaiblissement des plus vieux municipes. Il allait hĂ©riter dâAristote et de Platon Par le dĂ©sistement des plus fermes principes. Il allait hĂ©riter dans son pauvre canton De lâannulation des plus grands municipes. Il allait hĂ©riter de Socrate et Platon Par lâaffaiblissement des plus fermes principes. Il allait hĂ©riter dans son pauvre canton De la sĂ©nilitĂ© des plus grands municipes. Il allait hĂ©riter dâAristote et Platon Par la prostration des plus fermes principes. Dieu qui nous jugerez sur un autre cadastre Par notre ingratitude et nos morcellements, Dieu qui nous peserez dans ce commun dĂ©sastre Par notre platitude et nos nivellements ; Ă Dieu qui rangerez sur un dernier cadastre Nos titres dâorigine et de propriĂ©tĂ©, Ă Dieu qui classerez dans ce commun dĂ©sastre Nos titres de rĂ©gime et de caducitĂ© ; Ă Dieu qui dresserez un bien autre cadastre Pour nos parts de fortune et nos lotissements Dieu qui gouvernerez un bien autre dĂ©sastre Que nos coups dâinfortune et nos terrassements ; Seigneur qui classerez pour un dernier cadastre Nos titres de fortune et de vulgaritĂ©, Seigneur qui rangerez dans ce commun dĂ©sastre Nos titre de rancune et de prĂ©caritĂ©. Veuillez nous rechercher pour ce dernier cadastre Des biens moins temporels, des titres moins vulgaires. Veuillez nous rechercher dans ce commun dĂ©sastre Dans le surnaturel des titres moins prĂ©caires. Veuillez nous rechercher pour ce dernier cadastre Et pour le rĂšglement des comptes de misĂšres, Veuillez nous rechercher dans ce commun dĂ©sastre Des biens qui ne soient pas nos chĂąteaux et nos terres. Veuillez nous rechercher de bien autres fortunes. Veuillez nous rechercher un autre Ă©vĂ©nement. Veuillez nous retrouver des sources moins communes. Veuillez nous retrouver un autre avĂšnement. Veuillez nous recherchez des biens incorporels Qui nous soient gratuits et ne soient pas de nous. Seigneur nous nâavons rien que nos biens naturels Et le prosternement de nos raides genoux. Veuillez nous dĂ©pouiller de nos vieilles rancunes. Veuillez nous revĂȘtir de vos dĂ©sarmements. Veuillez nous mĂ©nager des rades opportunes. Veuillez nous prĂ©parer de grands dĂ©barquements. Veuillez nous recherchez des biens intemporels Qui nous soient gracieux et ne soient pas de nous. Seigneur nous nâavons rien que nos biens naturels Et le flĂ©chissement de nos raides genoux. Veuillez nous dĂ©pouiller de nos vieilles fortunes. Veuillez nous revĂȘtir de votre pauvretĂ©. Veuillez nous prĂ©parer des morts moins importunes. Veuillez nous assurer de votre suretĂ©. Veuillez nous rechercher des biens surnaturels. Seigneur nous nâavons rien que notre humble nature. Veuillez nous dispenser des biens moins naturels. Veuillez nous mĂ©nager votre magistrature. Veuillez nous dĂ©pouiller de nos vieilles ordures. Veuillez nous revĂȘtir de votre puretĂ©. Veuillez nous dĂ©pouillez de nos investitures. Veuillez nous revĂȘtir de votre duretĂ©. Veuillez nous rechercher ce que nous nâavons pas. Nous nâavons que nos cĆurs et nos biens pĂ©rissables. Veuillez nous dĂ©voiler aprĂšs le dernier pas Le long bouillonnement des eaux intarissables. Veuillez nous procurer des biens moins temporels. Nous nâavons que le peu qui procĂšde de nous. Et parmi tant dâoutrage et de biens corporels Le sillon du collier dans la peau de nos cous. Veuillez nous rechercher ce que nous nâavons pas, MaĂźtre des biens caducs et des impĂ©rissables. AprĂšs le dernier jour et le dernier trĂ©pas, Veuillez nous rĂ©vĂ©ler les biens infranchissables. Veuillez nous insĂ©rer sur un nouveau registre, Ă Dieu qui dresserez un tout autre cadastre. Ă Dieux qui paraĂźtrez en ce nouveau dĂ©sastre Et ne parlerez plus par la voix dâun ministre. Veuillez nous procurez ce que nous nâavons pas. Veuillez nous rĂ©vĂ©ler, roi des biens pĂ©rissables, AprĂšs le dernier jour et le dernier trĂ©pas, La porte et le perron des biens infranchissables. Veuillez nous retrouver dâimpĂ©rissables titres, Dieu qui classerez tout sur un nouveau cadastre. Ă Dieu qui surgirez dans ce commun dĂ©sastre, Veuillez nous reclasser dans de nouveaux chapitres. Veuillez nous dĂ©pouiller de nos raides fortunes, Veuillez nous revĂȘtir de vos contentements. Veuillez nous Ă©viter des morts inopportunes. Veuillez vous contentez de nos dĂ©portements. Il allait hĂ©riter des couronnes murales, Des fossĂ©s, des crĂ©neaux, des encorbellements. Des palais, des chĂąteaux et des morcellements. Il allait hĂ©riter des colonnes rostrales. Il allait hĂ©riter des victoires nautiques, De Candie et de Malte et de la mer Latine. Il allait hĂ©riter des dĂ©sastres antiques, Et de lâĂ©croulement des murs de Palestine. Il allait hĂ©riter de vertes Feuillantines Et du gĂ©nie autant que de la saintetĂ©. Il allait hĂ©riter des frĂȘles brigantines, Et du tonnage autant que de la pauvretĂ©. Il allait hĂ©riter du plus lointain Ă©cho, Du plus ancien tonnerre et du premier ramage. Et de lâĂ©croulement du plus ancien village. Et de lâĂ©croulement des murs de JĂ©richo. Il allait hĂ©riter des suppliants antiques, De Priam et dâHomĂšre et des chĆurs de Sophocle. Il allait hĂ©riter du fronton et du socle Et du vieillard aveugle et des dĂšmes attiques. Il allait hĂ©riter des sables des dĂ©serts Et des ruisseaux de lait et des ruisseaux de miel. Et des vallons ombreux et des chemins couverts, Et des reposements de la terre et du ciel. Il allait hĂ©riter des vainqueurs authentiques. Il allait hĂ©riter plus encor des vaincus. Il allait hĂ©riter des dĂ©sastres dâĂ©cus. Il allait hĂ©riter des dĂ©sastres mystiques. Il allait hĂ©riter des victoires nautiques Et de la grĂące autant que de la libertĂ©. Il allait hĂ©riter des licences antiques Et de la race autant que de la voluptĂ©. Il allait hĂ©ritĂ© de a voile latine Et du pays sabin et de lâorbe du monde. Il allait hĂ©riter de la vague profonde Et de lâĂ©crasement dâun temple en Palestine. Il allait hĂ©riter de la courbe nautique Et du navire autant que de la cargaison. Il allait hĂ©riter de la sagesse antique Et du dĂ©lire autant que de droite raison. Il allait hĂ©riter de la prose latine, Et du verbe latin il en ferait ses proses. De lâĂ©glantier latin il en ferait des roses. Et de lâĂ©croulement dâun temple en Palestine Il en ferait son temple et son arche Ă©ternelle. Des tentes dâIsraĂ«l ferait son tabernacle. Des crĂšches de NoĂ«l ferait son habitacle Et sa niche de saint et sa couche charnelle. Des reposoirs ferait toute sa rĂ©sidence. Et de notre salut ferait tous ses amours. Et des processions qui sâen vont dans les bourgs Ferait pour nous servir toute sa prĂ©sidence. Des reposoirs ferait sa tribune et son siĂšge Au-dessus de la foule enfant et fraternelle. Et des processions ferait tout son cortĂšge Et sa marche prĂ©sente et sa marche Ă©ternelle. Il allait hĂ©riter de la courbe nautique Et du volume autant que de la pauvretĂ©. Il allait hĂ©riter de la sagesse antique Et de lâĂ©cume autant que de la puretĂ©. Il allait hĂ©riter des manquements de Rome Et du dĂ©lire antique il ferait sa raison. Il allait hĂ©riter des manquements de lâhomme Et de la lyre attique il ferait oraison. Il allait hĂ©riter de la courbe nautique Et du recul autant que de la flottaison. Il allait hĂ©riter de lâappareil antique Et du calcul autant que de simple raison. Il allait hĂ©riter des manquements de lâhomme Et du plein et du vide et du manque et des creux. Il allait hĂ©riter des manquements de Rome Et du plus indigent et du plus malheureux. Il allait hĂ©riter de la prose latine. Il en ferait la messe et le grĂ©gorien. Il allait hĂ©riter de la rouge Ă©glantine. Il en ferait la rose et lâoratorien. Il allait hĂ©riter de ce qui manque Ă lâhomme. Et celui qui nâa rien et qui donne le plus. Il allait hĂ©riter de ce qui manque Ă Rome. Et celui qui nâa rien fait de dons absolus. Il allait hĂ©riter des plus antiques lĂšpres. Il en ferait lâoffense et le pĂ©chĂ© mortel. Il allait hĂ©riter du plus antique autel. Il en ferait lâautel de la messe et des vĂȘpres. Il allait hĂ©riter des manquements de Rome. Et celui qui nâa rien, câest un bel hĂ©ritage. Il allait hĂ©riter des manquements de lâhomme. Et celui qui nâa rien, câest le plus beau partage. Il allait hĂ©riter des mĂ©triques latines. Il en ferait sa prose et son hymne et ses vĂȘpres. Il allait hĂ©riter des plus antiques lĂšpres. Il en ferait lâhorreur des lĂšpres clandestines. Il allait hĂ©riter des manquements de lâhomme. Et celui qui nâa rien, il en hĂ©rite plus. Il allait hĂ©riter des manquements de Rome. Et celui qui nâa rien fait des legs absolus. Il allait hĂ©riter des mĂ©triques latines. Il en ferait son nombre et son rythme et ses vĂȘpres. Il allait hĂ©riter des apparentes lĂšpres. Il en ferait lâhorreur des lĂšpres intestines. Il allait hĂ©riter de nos charnelles lĂšpres. Il en ferait lâordure et le pĂ©chĂ© mortel. Il allait hĂ©riter du plus caduc autel. Il en ferait lâautel de la messe et des vĂȘpres. Il allait hĂ©riter du sacrifice antique. Il en ferait sa messe et son propre offertoire. Il allait hĂ©riter de lâaruspice attique. Il en ferait sa dette et son propre oratoire. Il allait hĂ©riter de nos lĂšpres charnelles. Il en ferait lâinjure et la contrition, La lĂšpre intĂ©rieure et la rĂ©mission, Et la dĂ©mangeaison des lĂšpres Ă©ternelles. Il allait hĂ©riter de la prose latine. Il en ferait don rite avec sa liturgie. Il allait hĂ©riter de Rome byzantine. Il en ferait son cadre et sa thĂ©ologie. Il allait hĂ©riter de nos lĂšpres charnelles. Il en ferait lâoutrage et la corruption. Il allait hĂ©riter du temple de Sion. Il y ferait sonner des vĂȘpres Ă©ternelles. Il allait hĂ©riter de la pourpre latine. Il en ferait sa robe et sa pourpre Ă©largie. Il allait hĂ©riter de la loi byzantine. Il en ferait son code et sa thaumaturgie. Il allait hĂ©riter de lâantique noblesse. Il allait en former une noble priĂšre. Il allait hĂ©riter de lâantique bassesse. Il allait en former notre basse misĂšre. Il allait hĂ©riter de la Rome de brique. Il allait hĂ©riter de la Rome de marbre. Il allait hĂ©riter de la souche et de lâarbre. Il allait hĂ©riter de Carthage dâAfrique. Il allait hĂ©riter de lâantique raison. Il en ferait sa prise, et son humble servante. Il allait hĂ©riter de lâantique maison. Il en ferait sa grise et sa mouvante tente. Et des vieux tympanons il en ferait des cloches. Et des vieux cabanons il en ferait des temples. Des antiques pennons il ferait des exemples. Et des vieux gonfanons il ferait des fantoches. Il allait hĂ©riter des manquement de Rome. Et celui qui nâa rien, câest un grand colportage. Il allait hĂ©riter des manquements de lâhomme. Et celui qui nâa rien, câest un grand sauvetage. Il allait hĂ©riter de la voile et la rame Et du port de commerce et de dĂ©barquement. Il allait hĂ©riter des rudesses de lâĂąme Et du port de dĂ©tresse et de baraquement. Il allait hĂ©riter des manquements humains. Et celui qui nâa rien, câest lui seul qui se donne. Il allait hĂ©riter des manquements romains. Et celui qui nâa pas, câest lui seul qui couronne. Il allait hĂ©riter de la rame et la voile Et des pontons liĂ©s aux quais dâembarquement. Il allait hĂ©riter de ce carrĂ© de toile Et du mĂąt qui travaille et craque un craquement. Il allait hĂ©riter des manquements latins. Et celui qui nâa pas, câest lui seul qui pardonne. Il allait hĂ©riter des antiques destins. Et celui qui nâa pas, câest lui qui sâabandonne. Il allait hĂ©riter des premiĂšres murailles Et des premiers fossĂ©s et des rois fondateurs. Il allait hĂ©riter des successeurs dâentrailles Et des premiers procĂšs et des usurpateurs. Il allait hĂ©riter des antiques festins. Mais il allait en faire un festin Ă©ternel. Il allait hĂ©riter des temples clandestins. Mais il allait en faire un temple solennel. Il allait hĂ©riter des premiĂšres bĂątisses, Du lyrique Amphion et des rois bĂątisseurs. Il allait hĂ©riter des premiers possesseurs. Il allait hĂ©riter des premiĂšres justices. Il allait hĂ©riter de cette pauvre femme. Et celui qui nâa rien, câest lui qui donne tout. Il allait hĂ©riter des pauvretĂ©s de lâĂąme. Et celui qui nâa rien, câest lui qui meurt debout. Il allait hĂ©riter de lâantique bordage Et du port militaire et des rĂ©armements. Il allait hĂ©riter du dernier abordage Et de la mise Ă terre et des effondrements. Il allait hĂ©riter de tout ce qui se donne, Des tendresses de lâĂąme et des grĂąces du cĆur. Il allait hĂ©riter dâune pĂąle couronne EffeuillĂ©e aux genoux dâun absurde vainqueur. Il allait hĂ©riter des derniers successeurs. Il allait hĂ©riter des dĂŽmes byzantins. Il allait commencer les grands intercesseurs. Il allait investir les comtes palatins. Il allait hĂ©riter de tout ce qui se lĂšgue Et celui qui nâa rien, JĂ©sus seul en hĂ©rite. Il allait hĂ©riter de tout ce quâon relĂšgue Et de ce quâon mĂ©prise aux marchĂ©s du mĂ©rites. Il allait hĂ©riter de nos Ă©tats civils. De ceux qui nous font dire Une vie est Ă nous. Seigneur nous nâavons rien que ces portiques vils Et le roidissement de nos roides genoux. Il allait hĂ©riter des titres cadastraux, De ceux qui nous font maĂźtre et seigneur de la terre Et qui nous font rĂ©gner dans des cantons ruraux Au nom du droit civil par les mains du notaire. Il allait hĂ©riter de nos maĂźtres avides, De ceux qui nous font dire Une science est Ă nous. Seigneur nous nâavons rien que nos cartables vides Et lâabdication de nos roides genoux. Il allait hĂ©riter des biens paraphernaux. Il en ferait sa dot et celle de sa mĂšre. Il allait hĂ©riter des palais infernaux. Il en ferait son lot et celui de son pĂšre. Il allait hĂ©riter des tables de mĂ©moire. Mais puissions-nous les perdre au jour du jugement Comme on perd un papier quâon avait dans lâarmoire Et qui commĂ©morait un pauvre Ă©vĂ©nement. Il allait hĂ©riter des titres cadastraux, De ceux qui nous font dire Une terre est Ă nous. Seigneur nous nâavons rien que nos roides genoux Et le gouvernement de ces cantons ruraux. Ce nâest pas de mĂ©moire et de certificat Que nous aurons besoin dans ce commun dĂ©sastre. Et ce nâest pas dâhistoire et de raison dâĂtat Que nous aurons besoin sur cet autre cadastre. Il allait hĂ©riter des cartes de la terre, De celles qui font dire Un royaume est Ă nous. Seigneur nous nâavons rien quâune basse misĂšre Et le prosternement de nos raides genoux. Et ce nâest pas de carte et de gĂ©ographie Que nous aurons besoin dans ce commun dĂ©sastre. Et ce nâest pas de plan et de topographie Que nous nous munirons pour ce nouveau cadastre. Et ce nâest pas de carte de gĂ©ographies Que nous emporterons au jour du jugement. Et ce nâest pas des plans et des topographies Que nous emporterons sur notre bĂątiment. Et ce nâest pas des textes dâarchĂ©ologies Que nous emporterons sur notre galĂ©asse. Ce nâest pas par des notes de philologies Que nous justifierons notre vieille carcasse. Ce nâest pas des cadrans et de mauvais compas Que nous emporterons le jour de cette chasse. Ce nâest pas de conserve et dâun mauvais repas Que nous aurons empli notre maigre besace. Ce nâest pas un fatras de physiologies Que nous emporterons le jour de la colĂšre. Ce nâest pas un ramas de gĂ©nĂ©alogies Que nous emporterons pour le jour du salaire. Et ce ne sera pas une maigre boussole Que nous consulterons dans son morne habitacle. Et nos pavois seront une autre banderole. Et nos coffres seront un autre tabernacle. Et ce nâest pas des tas de sociologies Que nous emporterons le jour du jugement. Et ce nâest pas des rats de bibliographies Que nous emporterons le jour du rĂšglement. Et ce nâest pas des sots et des sociologues Qui rameront pour nous sur nos pauvres trois-mĂąts. Et ce nâest pas des mots et des archĂ©ologues Qui penseront pour nous dans ces derniers frimas. Et ce nâest pas des planches de bibliothĂšques Qui trembleront pour nous le jour de la colĂšre. Et des recolements et des pinacothĂšques Le jour du rĂšglement et le jour du salaire. Ce nâest pas un chorĂšge avec des mystagogues Qui rĂ©gleront nos chĆurs et conduiront nos pas. Et ce nâest pas des clercs avec des pĂ©dagogues AprĂšs le dernier jour et le dernier trĂ©pas. Et ce nâest pas des bras tout plein de catalogues Qui rameront pour nous sur nos derniers vaisseaux. Et ce nâest pas des cĆurs tout chargĂ©s dâapologues Qui trembleront pour nous sur nos derniers radeaux. Ce nâest pas des savants et des anthropologues Qui rameront pour nous sur une humble galĂšre. Ce nâest pas des talents doublĂ©s de psychologues, Le jour du rĂšglement et le jour du salaire. Et ce nâest pas dâun scribe et de ses rĂ©pertoires Que nous nous pourvoirons le jour du jugement. Et ce nâest pas des vĆux des professeurs dâhistoires Que nous nous munirons le jour du rĂšglement. Et ce nâest pas de plumes et de boĂźtes de fiches Que nous nous armerons le jour de la colĂšre. Ce nâest pas de placard et ce nâest pas dâaffiches, Le jour du rĂšglement et du dernier salaire. Et ce nâest pas dâarchive et de conservatoires Que nous nous armerons le jour du jugement. Et ce nâest pas des jeux des professeurs dâhistoires Que nous nous prĂ©vaudrons le jour du rĂšglement. Ce ne sont pas les courbes et les sismographes Que nous invoquerons le jour du tremblement. Et ce nâest pas lâarticle avec les paragraphes Que nous invoquerons le jour du rĂšglement. Et ce nâest pas non plus ces pompeux cĂ©notaphes Qui nous introduiront dans un monde nouveau. Et ce nâest pas non plus ces faiseurs dâĂ©pitaphes Que nous invoquerons pour sortir du tombeau. Et ce nâest pas leurs points et leur alinĂ©as Que nous rĂ©clamerons le jour de la justice. Et ce nâest point aussi leurs tables dâalĂ©as Que nous allĂ©guerons le jour de lâarmistice. Et ce nâest point leur lettre avec leurs monogrammes Qui nous introduiront dans un siĂšcle nouveau. Et ce nâest point leur sceptre avec leurs diagrammes Que nous consulterons pour sortir du tombeau. Ce nâest point ces rentiers et ces fonctionnaires Qui garderont la porte au jour du jugement. Ce nâest point ces taupiers et ces factionnaires Qui monteront la garde au jour du rĂšglement. Ce nâest point ces lanciers et ces gardes du corps Qui monteront la garde au seuil du tribunal. Ce nâest pas ces massiers et ces portiers des morts Que nous allumeront notre dernier fanal. Ce nâest point ces caissiers et ces gardes des sceaux Qui nous feront passer de lâun Ă lâautre bord. Ce nâest point ces huissiers et ces grands panonceaux Qui nous enseigneront Ă sortir de la mort. Ce nâest pas ces greffiers et ces parfaits notaires Que nous invoquerons sur les bords Ă©ternels. Ce nâest pas les dossiers de ces protonotaires Que nous allĂ©guerons aux bords intemporels. Nous les aurons laissĂ©s parmi leurs glyptothĂšques, Parmi leur cendriers cherchant des poudriers. Un autre lĂšvera nos lourdes hypothĂšques. Un autre affranchira nos absurdes terriers. Un autre purgera nos autres hypothĂšques. Un autre lĂšvera nos stupides Ă©crous. Un autre lavera de la peau de nos cous Le sang et le sillon des colliers extrinsĂšques. Un autre lĂšvera des registres dâĂ©crous Nos prĂ©noms et nos noms et nos Ă©tats civils. Un autre arrachera de la peau de nos cous Le sang et le sillon de nos colliers dâexils. Un autre brisera les registres dâĂ©crous. Un autre brisera les portes de la geĂŽle. Un autre effacera de notre maigre Ă©paule La poussiĂšre et le sang descendus de nos cous. Un autre, un Dieu rompra les registres dâĂ©crous. Un autre, un Dieu rompra les deux portes dâairains. Un autre effacera de la peau de nos reins La poussiĂšre et le sang descendus de nos cous. Un autre arrachera ces absurdes licous. Un autre, un triple Dieu rompra les doubles portes. Un autre arrachera de la peau de nos cous La strangulation de ces laniĂšres mortes. Un autre effacera de la peau de nos cous Un bleuĂątre sillon de nos colliers de force. Un autre effacera de notre vieille Ă©corce Lâantique inscription des prĂ©noms les plus doux. Un autre effacera de notre maigre Ă©paule La poussiĂšre et le sang descendus de nos cous. Un autre effacera de lâĂ©corce du saule La poussiĂšre et le sang du prĂ©nom le plus doux. Un autre effacera de nos fĂ©briles reins La poussiĂšre et le sang descendus de nos cous. Un autre effacera de nos tables dâairains La poussiĂšre et le sang du prĂ©nom le plus doux. Un autre effacera de la peau de nos nuques Le bleuĂątre sillon de nos colliers dâĂ©crous. Un autre effacera de nos tables caduques La creuse inscription du prĂ©nom le plus doux. Un autre effacera de la peau de nos reins Le bleuĂątre sillon des vieilles disciplines. Un autre effacera du sommet des collines Les noms jadis creusĂ©s au fil de nos burins. Un autre effacera de la peau de nos cous Le bleuĂątre sillon de nos colliers de force. Un autre effacera de notre vieille Ă©corce La marque du carcan et les traces des clous. Un autre effacera de nos colliers de force La marque des seuls jougs que nous aurons portĂ©s. Un autre effacera de notre dur Ă©corce La marque des seuls clous que nous aurons plantĂ©s. Un autre effacera du revers des coteaux La poussiĂšre et lâhonneur du prĂ©nom le plus doux. Un autre effacera de lâĂ©corce du houx Les noms jadis gravĂ©s au fil de nos couteaux. Un autre effacera de nos livres de peine La trace de la ronce et de la fleur de mai. Un autre effacera de lâĂ©corce du chĂȘne La trace du seul nom que nous ayons aimĂ©. Un autre effacera de nos livres de haine La trace du chiendent, le grain de sĂ©nevĂ©. Un autre effacera de lâĂ©corce du frĂȘne La trace du seul nom que nous ayons gravĂ©. Mais nul nâeffacera de nos livres de peine La trace dâun Pater ni celle dâun Ave. Car nul nâeffacera de lâĂ©corce du chĂȘne La trace du tourment qui nous fut rĂ©servĂ©. Un autre effacera du profond de notre ĂȘtre La trace du tourment que nous avons bĂ©ni. Un autre effacera de lâĂ©corce du hĂȘtre La morsure du bec et la paille et le nid. Un autre effacera du secret de notre ĂȘtre La trace du seul nom qui ne soit pas banni. Un autre effacera de lâĂ©corce du hĂȘtre La griffure de lâongle et la tiĂ©deur du nid. Un autre Ă©cartera des sept degrĂ©s du trĂŽne LâĂąpre invocation du bras le plus tendu. Lâautre effacera de lâĂ©corce de lâaune La creuse inscription du nom le plus perdu. Un autre alignera ces deux qui vont ensemble. Et câest lâhomme et la femme et lâamour et la peine. Un autre effacera de lâĂ©corce du tremble Ces chiffres que liait une Ă©ternelle chaĂźne. Un autre fixera dans sa premiĂšre forme Le seul ĂȘtre idĂ©al quâun Ăąge ait dĂ©formĂ©. Un autre effacera de lâĂ©corce de lâorme La trace du seul nom que nous ayons aimĂ©. Et ce nâest pas les yeux de nos maĂźtres charnels, Et ce nâest pas les yeux des professeurs dâhistoire Que nous regarderont Ă lâinterrogatoire Quand nous serons assis sur les bancs Ă©ternels. Et ce nâest pas le poids quâils ont dans leurs balances Qui diront notre poids quand nous serons pesĂ©s. Et ce nâest pas leurs lois et leurs Ă©quipollences Qui feront encore loi quand nous serons jugĂ©s. Et ce nâest pas leur poids et leurs Ă©quivalences Qui diront notre poids quand nous serons pesĂ©s. Et ce nâest pas leurs lois et leurs doubles balances Qui fixeront le sort quand nous serons dosĂ©s. Et ce nâest pas leur poids et leurs contre-balances Qui pĂšseront alors lâombre que nous serons. Et ce nâest pas leurs lois et leurs prix dâexcellences Qui classeront alors le peu que nous ferons. Ce nâest pas dans leur tente et leur salle des prix Que tant de malheureux seront rĂ©compensĂ©s. Ce nâest pas leurs discours savamment balancĂ©s Qui nous ranimeront quand nous serons pĂ©ris. Ce nâest pas dans leur tente et leurs salles des prix Que le bien et le mal seront rĂ©compensĂ©s. Ce nâest pas leur musique et leurs pas cadencĂ©s Qui nous rĂ©voqueront quand nous serons pĂ©ris. Ce nâest pas dans leur tente et leurs salles des prix Que nous autres pĂ©cheurs prendrons nos rĂ©compenses. Ce nâest point vers leur face et vers leurs maigres panses Que nous apporterons notre pauvre dĂ©bris Ce nâest pas dans leur tente et leurs salles des prix Que nous autres faillis rĂ©glerons nos dĂ©penses. Ce nâest point vers leur face et leurs augustes panses Que nous apporterons notre pauvre mĂ©pris. Et ce nâest pas non plus Ă monsieur le prĂ©fet Que nous apporterons le peu que nous ferons. Câest vers une autre cause et vers un autre effet Que nous apporterons le rien que nous serons. Et ce nâest pas leurs poids posĂ©s dans leurs balances Qui pĂšseront la poudre et la cendre et les vers. Et ce nâest pas leurs lois et leurs Ă©quipollences Qui doseront le sort de lâimmense univers. Ce ne sont pas des bras tout chargĂ©s de Digestes Qui rameront pour nous sur nos derniers vaisseaux. Ce ne sont pas ces preux et ces porte-boisseaux Qui nous rattraperont avec leurs manifestes. Ce ne sont pas des bras tout chargĂ©s de Pandectes Qui rameront pour nous sur nos derniers trois-mĂąts. Ce ne sont pas ces gueux et ces porte-hamacs Qui nous rattraperont avec leurs analectes. Ce ne sont pas des bras tout chargĂ©s de glossaires Qui rameront pour nous sur nos derniers radeaux. Ce ne sont pas ces bleus et ces porte-badauds Qui nous rattraperont des mains garnisaires. Ce ne sont pas des bras tout chargĂ©s de lexiques Qui rameront pour nous sur une frĂȘle barque. Ce nâest pas leurs discours, fussent-ils syntaxiques, Qui plaideront pour nous prĂšs du plus grand monarque. Et ce nâest pas des bras pleins de dictionnaires Qui rameront pour nous sur nos derniers trois-mĂąts. Et ce nâest pas des jeux pleins de fonctionnaires Qui nous rĂ©chaufferont dans ces derniers frimas. Et ce nâest pas leurs poids dans leurs cages de verre Qui pĂšseront le sang qui fut versĂ© pour nous. Ce nâest pas leur balance avec des caoutchoucs Qui pĂšsera le sang versĂ© sur le Calvaire. Et ce nâest pas leurs poids chez les pharmaciens Qui pĂšseront lâoffense et le pĂ©chĂ© mortel. Et ce nâest pas leurs lois chez les praticiens Qui laveront le sang sur le dernier autel. Et ce nâest pas leurs poids dans les laboratoires Qui pĂšseront la chute et leur rĂ©demption. Et ce nâest pas leurs lois dans les conservatoires Qui fermeront la lutte et la contrition. Et ce nâest pas leurs poids dans leurs laboratoires Qui pĂšseront lâorgueil et la contention. Et ce nâest pas leurs lois dans leurs conservatoires Qui fermeront le seuil sur la prescription. Ce nâest pas leurs bocaux chez les pharmaciens Qui recevront le sang qui fut versĂ© pour nous. Ce nâest pas leur locaux chez les praticiens Qui recevront le pli de nos humbles genoux. Ce nâest pas leurs balances de pharmaciens Qui diront notre poids quand nous serons pesĂ©s. Ce nâest pas leurs sentences de praticiens Qui diront notre sort quand nous serons dosĂ©s. Ce nâest pas leurs balances de prĂ©cision Qui diront notre poids quand nous serons pesĂ©s. Ce nâest pas leur sentence et leur dĂ©cision Qui diront notre sort quand nous serons dosĂ©s. Ce nâest pas lâapophtegme et les concisions Qui diront le seul mot quand nous serons pesĂ©s. Ce nâest point des calculs que nous invoquerons Le jour que nous serons offerts et adjugĂ©s. Ce nâest pas les articles du Code civil Que nous invoquerons dedans cette dĂ©tresse. Nos regards connaĂźtront un bien autre pĂ©ril. Nos regards chercheront une autre forteresse. Ce nâest pas les articles du Code pĂ©nal Que nous invoquerons dans ce dernier combat. Nos regards connaĂźtront un autre Tribunal. Nos regards chercheront un bien autre Avocat. Et ce nâest pas de toge et de robe et de toques Que nous nous couvrirons dans cet abaissement. Et ce ne sera pas ces porteurs de breloques Que nous invoquerons pour ce redressement. Et ce nâest pas du Code et de ses accessoires Que nous nous recouvrirons dans ce recueillement. Et non plus du Codex et de ses balançoires Que nous aurons couvert notre dĂ©pouillement. Et nos yeux chercheront pour lâĂąme scĂ©lĂ©rate Une autre couverture, un autre couvrement. Et nos yeux chercheront pour ce recouvrement Le maternel manteau dâune illustre Avocate. Et nos yeux chercheront pour lâĂąme candidate Une autre couverture, un autre couvrement. Et nos yeux chercheront pour ce recouvrement LâĂ©blouissant manteau dâune jeune Avocate. Et nos yeux chercheront pour lâĂąme renĂ©gate Une autre couverture, un autre couvrement. Et nos yeux chercheront pour ce recouvrement Le manteau de vertu dâune grande Avocate. Et nos yeux chercheront pour lâĂąme laurĂ©ate Une autre couverture, un autre couvrement. Et nos yeux chercheront pour ce recouvrement Le manteau de candeur dâune belle Avocate. Advocata nostra, ce que nous chercherons, Câest le recouvrement dâun illustre manteau. Et spes nostra, salve, ce que nous trouverons, Câest la porte et lâaccĂšs dâun illustre chĂąteau. Ce nâest pas dans leur tente et leurs lits dâambulance Que nous nous coucherons pour notre Ă©ternitĂ©. Ce nâest pas dans leur poudre et leur pulvĂ©rulence Que nous retournerons dans notre inanitĂ©. Ce nâest pas leurs dĂ©lais et leurs atermoiements Qui nous ajournerons le jour du dernier jour. Ce nâest pas les relais de leurs apitoiements Le jour du dernier terme et du dernier amour. Et ce nâest pas leurs drogues de pharmaciens Qui guĂ©riront le mal dont nous sommes perclus. Et ce nâest pas leurs morgues de praticiens Qui fermeront le seuil dont nous sommes exclus. Un autre Ă©cartera des sept degrĂ©s du trĂŽne LâĂąpre adjuration des bras les plus tendus. Un autre effacera de lâĂ©corce de lâaune Jusquâau tracĂ© des noms que nous avons perdus. Ce nâest pas dans leur tente et leurs lits dâambulances Quâon recoudra les bords dâune affreuse morsure. Ce nâest pas leur chloral coupĂ© de somnolence Qui nous endormira cette affreuse blessure. Ce nâest pas dans leur tente et leurs lits dâambulance Le jour du dernier jour, que nous serons laissĂ©s. Ce nâest point par leur drogue et dans leur somnolence Que nous achĂšverons nos rĂȘves de blessĂ©s. Ce nâest pas des degrĂ©s de leur amphithéùtre Que descendra le verbe et la pĂ©roraison. La piĂšce se jouera pour un autre théùtre. Le rideau tombera pour une autre saison. Ce nâest pas des degrĂ©s de leur amphithéùtre Que montera lâhommage et la triple oraison. La piĂšce se jouera pour un autre théùtre. Le rideau tombera sur une autre maison. Ce nâest pas dans leur tente et leurs lits dâambulance Et dans leur appareil que nous serons pansĂ©s. Ce nâest pas par leurs soins que seront dispensĂ©s Les sceaux du dernier jour et du dernier silence. Ce nâest pas leurs danseurs et leurs porte-sellettes Qui nous apporteront une aide fraternelle. Ce nâest pas leurs valseurs et leurs porte-palettes Qui nous dessineront une image Ă©ternelle. Ce nâest pas leurs masseurs et leurs porte-amulettes Qui passeront pour nous devant le divin juge. Ce nâest pas leurs brosseurs et leurs porte-Ă©paulettes Qui seront ce jour-lĂ notre unique refuge. Ce nâest pas leurs caissiers et leurs porte-cassettes Qui passeront pour nous devant le divin juge. Ce nâest point leurs lanciers et leurs porte-musettes Qui seront notre garde et notre beau refuge. Ce nâest pas leurs moyens et leur jurisprudence Que nous invoquerons dans lâĂ©ternel dĂ©bat. Ce nâest pas leur sagesse et mĂȘme leur prudence Que nous Ă©voquons dans lâĂ©ternel combat. Ce nâest pas leurs massiers et leurs porte-serviettes Qui passeront pour nous devant le divin juge. Ce nâest pas leurs huissiers et leurs porte-mazettes Qui seront notre asile et notre beau refuge. Ce nâest point leurs museaux, fussent-ils symboliques, Qui se seront penchĂ©s sur le divin enfant. Ce nâest point leurs naseaux, fussent-ils bucoliques, Qui se seront penchĂ©s sur un roi triomphant. Ce nâest pas leurs dossiers, fussent de procĂ©dure, Que nous emporterons sur nos maigres Ă©paules. Ce nâest pas leurs aciers, fussent-ils de soudure, Qui nous gouverneront de lâun Ă lâautre pĂŽles. Ce nâest pas leurs dossiers, fĂ»t-ce de procĂ©dure, Que nous emporterons sur notre maigre dos. Ce nâest pas leurs aciers, fussent-ils de soudure, Qui nous gouverneront sur nos derniers radeaux. Ce nâest pas leurs dossiers, fussent de procĂ©dures Que nous emporterons sur nos dĂ©biles reins. Ce nâest pas leurs aciers, fussent-ils de soudures Qui nous feront des lois et nos tables dâairains. Ce nâest pas leurs dossiers, fussent de procĂ©dure, Qui nous conserveront nos premiers parchemins. Ce nâest pas leurs aciers, fussent-ils de soudure, Que nous Ă©lĂšverons sur nos fragiles mains. Ce nâest pas leurs dossiers et leurs vases dâordure Que nous emporterons dans nos derniers demains. Ce nâest pas leurs aciers, fussent de procĂ©dure, Qui nous gouverneront dans nos derniers chemins. Ce nâest pas leurs dossiers, fussent de procĂ©dure, Que nous emporterons aux rives Ă©ternelles. Ce nâest pas leurs aciers, fussent-ils de soudure, Qui nous cuirasseront nos barques solennelles. Ce nâest pas leurs dossiers, fussent de procĂ©dure, Que nous emporterons aux rives Ă©ternelles. Ce nâest pas leurs aciers, fussent-ils de soudure, Qui nous cuirasseront nos Ă©paves charnelles. Ce nâest pas leurs dossiers, fussent de procĂ©dure, Qui nous Ă©pargneront les derniers chĂątiments. Ce nâest pas leurs aciers, fussent-ils de soudure, Qui nous cuirasseront nos derniers bĂątiments. Ce nâest pas leurs tableaux, fussent de concordance, Qui nous accorderont quand nous serons discords. Ce nâest pas leur bedeaux et leurs maĂźtres de danse Qui nous feront vivants quand nous seront des morts. Ce nâest pas leurs tableaux, fussent de concordance, Qui nous Ă©tabliront nos suprĂȘmes accords. Ce nâest pas leurs badauds et leurs maĂźtres de danse Qui nous feront danser quand nous serons des morts. Ce nâest pas leurs greniers, fussent-ils dâabondance, Qui nous conserveront les septuples froments. Ce nâest pas leurs paniers et leurs maĂźtres de danse Qui nous feront danser dans nos derniers moments. Ce nâest pas leurs archets et leurs maigres cadences Qui nous emporteront, au pied du dernier fort. Ce nâest pas les dĂ©chets de leurs maĂźtres de danses Qui nous enlĂšveront, au seuil du dernier port. Ce nâest pas leurs cachets et leur antipyrine Qui nous auront nourri notre pauvre carcasse. Ce nâest pas les dĂ©chets de leur maigre farine Qui nous feront ramer sur notre galĂ©asse. Ce nâest pas ces cadets et leur salles dâattente Qui nous accrocheront au creux du dernier fort. Ce nâest pas ces baudets chacun portant sa tente Qui nous apporteront aux quais du dernier port. Ce nâest pas ces cadets en soufflant dans leur voile Qui nous accrocheront sur le dernier rebord. Ce nâest pas ces baudets et leurs tentes de toile Qui nous emporteront dans un dernier effort. Ce nâest pas leurs godets et leurs poudres de plĂątre Qui nous feront grimper le long du dernier fort. Ce nâest pas leurs genoux et leurs coudes dâalbĂątre Qui nous feront ramer au seuil du dernier port. Ce nâest pas leur gondole et leurs joueurs de flĂ»tes Qui sauront nous poser sur un fragile bord. Ce nâest pas leur boussole et leurs porte-volutes Qui sauront nous trouver le lieu du dernier Nord. Et ce nâest pas leurs poids et leurs doubles pesĂ©es Qui diront notre poids dans une autre balance. Et ce nâest pas leurs lois et leurs billevesĂ©es Qui briseront le sceau des lĂšvres du silence. Et nous ne fierons riens quâaux voiles de priĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a tissĂ©es. Et nous fierons rien quâaux voiles de misĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a hissĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux voiles de priĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les tendues. Et nous ne fierons rien quâaux voiles de misĂšre Par ce que câest JĂ©sus qui nous les a pendues. Et nous ne fierons rien quâaux voiles de priĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a rendues. Et nous ne fierons rien quâaux voiles de misĂšre Parce que câest JĂ©sus qui les a dĂ©tendues. Et nous ne fierons rien quâaux voiles de priĂšre Parce que JĂ©sus-Christ nous les avait prĂȘtĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux voiles de misĂšre Par ce que JĂ©sus-Christ les avait arrĂȘtĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux verbes de priĂšre Parce que JĂ©sus-Christ les avait entendus. Et nous ne fierons rien quâaux verbes de misĂšre Parce que JĂ©sus-Christ les avait dĂ©pendus. Et nous ne fierons rien quâaux vergues de priĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a clouĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux vergues de misĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a nouĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux vergues de priĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a croisĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux vergues de misĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a toisĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux voiles de priĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a carguĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux cordes de misĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a raguĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux voiles de priĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a lĂ©guĂ©es. Et nous nâenfilerons que de basses riviĂšres Parce que câest JĂ©sus qui nous les a draguĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux palmes de priĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a fleuries. Et nous ne fierons rien quâaux palmes de misĂšre Parce que câest JĂ©sus qui les a dĂ©fleuries. Et nous ne fierons rien quâaux palmes de priĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a donnĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux palmes de misĂšre Parce que câest JĂ©sus qui les a couronnĂ©es. Et nous ne fierons rien quâaux grĂąces de priĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a tendues. Et nous ne fierons rien quâaux grĂąces de misĂšre Parce que câest JĂ©sus qui nous les a rendues. Et nous ne nous fierons quâaux grĂąces de priĂšre Parce quâelle est du maĂźtre et du seigneur JĂ©sus. Et nous ne nous fierons quâaux grĂąces de misĂšre Parce quâelle est du PĂšre et du Fils absolus. Et ce nâest pas les voix des professeurs dâhistoires, Il ne sâagira plus de voter, mes enfants, Et ce nâest pas les voix des professeurs de gloires Que nous allĂ©guerons dans nos accablements. Et ce nâest pas les voix des maĂźtres de mĂ©moires Qui classeront les purs avec les triomphants. Et ce nâest pas les poids des maĂźtres de grimoires Que nous invoquerons dans ces Ă©vĂšnements. Et ce nâest pas les voix des professeurs dâhistoires Qui classeront le juste avec les triomphants. Et ce nâest pas les poids des maĂźtres de grimoires Que nous invoquerons pour nos avĂšnements. Et nous ne fierons rien quâaux voiles Ă©ternelles Parce que câest JĂ©sus qui nous les a tendues. Et nous ne fierons rien quâaux attaches charnelles Parce que JĂ©sus-Christ nous les a dĂ©tendues. Et nous ne nous fierons quâaux vergues Ă©ternelles Parce que câest JĂ©sus qui noues les a pendues. Et nous ne fierons rien aux manĆuvres charnelles Parce que JĂ©sus-Christ nous les a dĂ©pendues. Et nous sommes tombĂ©s dans les filets de Pierre Parce que câest JĂ©sus qui nous lâavait tendu. Et nous avons gardĂ© dâavoir un cĆur de pierre Parce que câest JĂ©sus qui nous lâa dĂ©fendu. Et nous avons brĂ»lĂ© la bĂ»che de NoĂ«l Parce que câest JĂ©sus qui nous lâavait fendue. Et nous avons aimĂ© ce peuple dâIsraĂ«l Parce quâAnne et Marie en Ă©tait descendue. Et nous sommes tombĂ©s dans le filet de Pierre Parce que câest JĂ©sus qui nous lâavait tendu. Et nous nâavons pas pu garder un cĆur de pierre Parce que câest JĂ©sus qui nous lâavait fondu. Et ce ne sera pas ces frĂȘles greluchons Qui nous adorneront le jour du jugement. Et ce ne sera pas leurs pauvres baluchons Qui nous Ă©quiperont le jour du tremblement. Et ce ne sera pas ces frĂȘles greluchons Qui nous adorneront le jour du jugement. Et ce ne sera pas leur pauvres baluchons Qui nous transporteront notre humble chargement. Et ce ne sera pas ces frĂȘles greluchons Qui nous adorneront le jour du jugement. Et ce ne sera pas leurs pauvres balluchons Qui nous transporteront notre emmĂ©nagement. Et ce ne sera pas ces savants petits-maĂźtres Qui nous adorneront le jour du jugement. Et ce ne sera pas ces lamentables ĂȘtres Qui nous Ă©quiperont le jour du tremblement. Et ce nâest pas ces fils et ces jeunes gandins Qui nous adorneront le jour de la colĂšre. Et ce ne sera pas ces genets et ces daims, Le jour du rĂšglement et le jour du salaire. Et ce ne sera pas leurs illustres travaux Qui nous adorneront le jour de la colĂšre. Et ce ne sera pas ces poneys et ces veaux, Le jour du dernier prix et du dernier salaire. Et ce ne sera pas leur double ventricule Qui nous fera bondir le sang de notre cĆur. Et ce ne sera pas leur double clavicule Qui mettra notre Ă©paule au genou du vainqueur. Et ce ne sera pas leurs doubles oreillettes Qui nous feront bondir le sang de notre cĆur. Et ce ne sera pas leurs savantes layettes Qui mettront un enfant dans les stalles du chĆur. Et ce ne sera pas ces chefs du protocole Qui nous introduiront dans un siĂšcle plus beau. Ce nâest pas ces barbons et ces maĂźtres dâĂ©cole Qui nous aligneront au sortir du tombeau. Ce nâest pas ces huissiers et ces introducteurs Qui nous introduiront dans un siĂšcle plus beau. Ce nâest pas ces massiers et ces ordonnateurs Qui nous aligneront au sortir du tombeaux. Ce nâest pas ces boursiers et ces grands amateurs Qui nous introduiront dans un monde nouveaux. Ce nâest pas ces peaussiers et ces profanateurs Qui nous aligneront dans un dernier caveau. Ce nâest pas ces glaciers et ces amateurs dâart Qui nous introduiront dans un siĂšcle plus beau. Ce nâest pas ces placiers et ces vendeurs de lard Qui prendront notre graisse au sortir du tombeau. Ce nâest pas ces merciers et ces vendeurs de nard Qui nous embaumeront notre vieille carcasse. Ce nâest pas ces taupiers et ces vendeurs de fard Qui nous ravaleront la peau de notre face. Ce nâest pas ces sorciers et ces appariteurs Qui nous feront entrer par la centrale porte. Ce nâest pas ces sourciers et ces solliciteurs Qui nous ranimeront notre carcasse morte. Et ce ne sera pas ces maĂźtres corroyeurs Qui feront un tapis des laines du troupeau. Ce nâest pas ces brossiers et ces maĂźtres tanneurs Qui sauront nous tanner le cuir avec la peau. Et ce ne sera pas ces maigres donateurs Qui seront Ă genoux dans le coin du tableau. Et ce ne sera pas ces pauvres armateurs Qui lanceront la barque errante au fil de lâeau. Ce nâest pas ces lanciers et ces parfaits notables Qui veilleront sur nous le jour de cette veille. Ce nâest pas ces caissiers et ces parfaits comptables Qui payeront pour nous le jour de cette paye. Et nous sommes tombĂ©s dans le filet de Pierre Parce que câest JĂ©sus qui nous lâavait lancĂ©. Et nous nâavons pas pu garder ce cĆur de pierre Parce que JĂ©sus-Christ nous lâavait dĂ©pensĂ©. Ce nâest pas leurs longs doigts et leurs ongles limĂ©s Qui nous arracheront des griffes du destin. Ce nâest pas les reliefs de leur maigre festin Qui ravitailleront des soldats dĂ©cimĂ©s. Ce nâest pas leurs beaux doigts et leurs ongles limĂ©s Qui nous arracheront des griffes du destin. Ce nâest pas les reliefs de leur maigre festin Qui nous rassasieront nos ventres abĂźmĂ©s. Ce nâest pas leurs doigts fins et leur ongles limĂ©s Qui nous arracheront des griffes du destin. Ce nâest pas les reliefs de leur maigre festin Qui nous redresseront nos corps inanimĂ©s. Ce nâest pas leur doigt mince et leurs ongles limĂ©s Qui nous arracheront des griffes du destin. Ce nâest pas les reliefs de leur maigre festin Qui nous ranimeront nos corps dĂ©sanimĂ©s. Ce nâest pas leurs moiteurs qui chercheront nos fiĂšvres Parmi les orangers et les myrtes Ă©pais. Ce nâest pas leur museaux que chercheront nos lĂšvres Pour venir y poser notre baiser de paix. Ce nâest pas leur tiĂ©deur qui chercheront nos fiĂšvres Parmi les nĂ©fliers et les myrtes Ă©pais. Ce nâest pas leurs museaux qui chercheront nos lĂšvres Pour venir nous donner notre baiser de paix. Ce nâest pas leur candeur qui trouveront nos lĂšpres Ă lâombre des pommiers et du pĂ©chĂ© mortel. Ce nâest pas leurs museaux qui chanteront nos vĂȘpres Dans le dernier jardin sur le dernier autel. Ce nâest pas leur fadeurs qui trouveront nos fiĂšvres Parmi les cognassiers et le myrtes Ă©pais. Ce nâest pas leur museaux qui trouveront nos lĂšvres Pour y placer enfin notre baiser de paix. Ce nâest pas ces galants et ces parfaits gandins Qui viendront nous chercher dans notre pourriture. Ce nâest pas ces chalands et ces beaux muscadins Qui viendront nous chercher dans la boue et lâordure. Ce nâest pas ces flamants et ces manche Ă balais Qui nous balayeront notre vieille demeure. Et ce ne sera pas ces grotesques valets, Le jour du dernier terme et de la derniĂšre heure. Et ce ne sera pas ces maigres Ă©chassiers Qui viendront nous porter notre pauvre besace. Et ce ne sera pas ces pauvres carnassiers Qui viendront nous manger notre maigre carcasse. Et ce ne sera pas ces maigres besaciers Qui porteront pour nous nos sacs de pĂ©nitence. Et ce ne sera pas ces pauvres grimaciers, Le jour de la dĂ©tresse et de lâomnipotence. Et ce ne sera pas ces pauvres plumassiers Qui referont le lit de notre inadvertance. Et ce ne sera pas ces maigres terrassiers, Le jour de la justice et de la compĂ©tence. Ce nâest pas ces plumeaux et ces manche Ă balais Qui nous balayeront le seuil de notre porte. Ce nâest pas ces grimauds et ces parfaits valets Qui nous repouilleront notre dĂ©pouille morte. Ce nâest pas ces marmots et ces manche Ă balais Qui nous balayeront le devant de notre Ăąme. Et ces diseurs de mots et ces parfaits valets Qui nous inclineront aux pieds de Notre Dame. Et ce ne sera pas ces maĂźtres de relais Qui nous feront courir notre derniĂšre poste. Et ce ne sera pas ces maĂźtres des dĂ©lais Qui feront consumer le dernier holocauste. Ce nâest pas ces faquins et ces nobles varlets Qui nous introduiront dans la vieille demeure. Ce nâest pas ces coquins et ces maĂźtres de lâheure Qui nous introduiront dans le dernier palais. Et ce ne sera pas ces maĂźtres enquesteurs Qui viendront nous chercher dans la tombe oĂč nous sommes. Et ce ne sera pas ces maĂźtres requesteurs, Quand nous ne serons plus que de la cendre dâhommes. Et ce ne sera pas ces nobles terrassiers Qui viendront nous chercher dans la terre oĂč nous sommes. Et ce ne sera pas ces nobles poudriers, Quand nous ne serons plus que de la poudre dâhommes. Et ce ne sera pas ces maĂźtres des requĂȘtes Qui nous requĂȘteront combien nous sommes vils. Et ce ne sera pas ces maĂźtres des enquĂȘtes Qui nous enquĂȘteront dans nos Ă©tats-civils. Et ce ne sera pas ces maĂźtres des requĂȘtes Qui nous requĂȘteront dans les blĂ©s et les vignes. Et ce ne sera pas ces maĂźtres des enquĂȘtes Qui nous remontreront que nous sommes indignes. Et ce ne sera pas ces maĂźtres dâĂ©loquence Qui parleront pour nous dans les derniers tournois. Et ce ne sera pas ces gens de consĂ©quence Qui nous harnacheront notre dernier harnois. Et ce ne sera pas ces maĂźtres dâĂ©loquence Qui plaideront pour nous dans un dernier dĂ©bat. Et ce ne sera pas ces guerriers en vacance Qui se battront pour nous dans un dernier combat. Et ce ne sera pas ces maĂźtres du barreau Qui plaideront pour nous dans un dernier procĂšs. Et ce ne sera pas ces valets de bourreau Qui viendront nous crever notre dernier abcĂšs. Ce nâest pas leurs courants et leurs hautes frĂ©quences Qui nous fera jaillir le sang de nos artĂšres. Ce nâest pas leur bavette et leur grandiloquence Qui viendra nous chercher dans nos tacites terres. Ce nâest pas ces portiers et ces grands-chambellans Qui nous feront passer par la derniĂšre porte. Ce nâest pas ces courtiers avec leurs bras ballants Qui nous ramasseront notre dĂ©pouille morte. Ce nâest pas ces courtauds et ces portiers-consignes Qui nous feront passer dans nos appartements. Ce nâest pas ces rustauds et ces gardes-insignes Qui viendront nous chercher dans les dĂ©partements. Ce nâest pas ces badauds et ces messieurs trĂšs dignes Qui viendront nous chercher dans notre pourriture. Ce nâest pas ces bedeaux et ces porte-bouture Qui viendront nous chercher dans nos blĂ©s et nos vignes. Et ce ne sera pas ce maĂźtres des requĂȘtes Qui nous aligneront dans la derniĂšre ligne. Et ce ne sera pas ces maĂźtres des enquĂȘtes, Sous nos derniers drapeaux et sous un divin signe. Ce nâest pas ces portiers et ces grands-chambellans Qui nous feront passer dans la derniĂšre chambre. Ce nâest pas ces courtiers avec leur bras ballants, Par la porte de corne et par la porte dâambre. Ce nâest pas ces portiers et ces grands-chambellans Par la porte dâivoire et la porte de corne. Ce nâest pas ces courtiers avec leurs bras ballants, Par la porte de chĂȘne et par la porte dâorne. Ce nâest pas ces portiers et ces grands-chambellans Qui nous feront tourner le coin de cette borne. Ce nâest pas ces courtiers avec leurs bras ballants, Par la porte de hĂȘtre et la porte dâorne. Ce nâest pas ces portiers et leurs clefs dans le dos Qui nous feront sauter la derniĂšre serrure. Ce nâest pas ces courtiers et ces porte-ferrures Qui nous ramasseront les cendres de nos os. Une autre, une autre clef nous ouvrira la porte. Un autre porte-clefs en a tout un trousseau. Un autre garde-chef sous le dernier vousseau Regarde, et pense encore au lac de la Mer Morte. Une autre, une autre clef, faite dâune autre sorte, Nous rĂ©intĂ©grera dans le premier berceau. Un vieux avec sa barbe, assis sous un arceau, Regarde, et pense encore aux bords de la Mer Morte. Une autre, une autre clef, ouvrant une autre porte, Nous laissera passer. Un maĂźtre de pĂ©niche, Un vieux Ă barbe blanche assis dans une niche Regarde, et pense encore au lit de la Mer Morte. Ce nâest pas leurs onguents et leurs pots de tisanes Qui nous ravaleront une carcasse usĂ©e. Ce nâest pas leurs ferments et leurs amours profanes Qui rĂ©animeront lâĂąme dĂ©sabusĂ©e. Ce nâest pas ces drapiers et ces porte-rideaux Qui viendront nous border dans notre dernier lit. Ce nâest pas ces fripiers et ces porte-cadeaux Qui rĂ©animeront un corps enseveli. Ce nâest pas ces tripiers et ces porte-boyaux Qui viendront dĂ©mĂȘler le fil de nos entrailles. Ce nâest pas ces pompiers et ces porte-tuyaux Qui viendront nous chercher parmi nos funĂ©railles. Ce nâest pas ces tripiers et ces porte-boyaux Qui viendront dĂ©vider le fil de nos entrailles. Ce nâest pas ces taupiers et ces porte-boyaux Qui viendront nous chercher parmi nos funĂ©railles. Ce nâest pas ces croupiers et ces porte-rĂąteaux Qui nous ramasseront sur un dernier tapis. Ce nâest pas ces troupiers et ces derniers kĂ©pis Que lâon verra passer sur les derniers plateaux. Ce nâest pas ces lanciers et ces porte-couronnes Qui viendront nous chercher dans notre monument. Ce nâest pas ces messieurs et ces porte-colonnes Qui viendront nous chercher dans notre bĂątiment. De plus chastes vertus et non pas moins luronnes Viendront nous rĂ©veiller dans notre monument. De plus augustes mains et non pas moins patronnes Viendront nous relever dans notre bĂątiment. De plus hautes vertus et un peu moins baronnes Viendront nous rĂ©veiller dans notre monument. Des saintes bien en cour et non pas moins patronnes Viendront nous relever dans notre bĂątiment. Ce nâest pas ces drapiers et ces porte-rideaux Qui viendront nous fermer notre derniĂšre alcĂŽve. Mais la foi qui nous garde et la foi qui nous sauve Saura nous ramasser sur nos derniers radeaux. De plus chastes vertus un peu moins mijaurĂ©es Viendront nous ramasser dans notre pourriture. De plus augustes mains un peu moins dĂ©dorĂ©es Viendront nous ramasser dans la lĂšpre et lâordure. Ce nâest pas ces gabiers et ces porte-lanternes Qui viendront nous veiller dans notre dernier lit. Ce nâest pas ces troupiers et ces portes-gibernes Qui rĂ©animeront un ĂȘtre enseveli. Ce nâest pas leurs barbiers et leur savon moderne Qui nous feront le poil, et le cuir et la peau. Et ce ne sera pas leurs pavillons en berne Qui nous remplaceront notre unique drapeau. Et ce ne sera pas ces portiers de caserne Qui nous installeront dans nos casernements. Et ce ne sera pas ces portiers de taverne Qui nous installeront dans nos gouvernements. Et ce ne sera pas ces buveurs de falernes Qui nous remplaceront le vin du dernier jour. Et ce ne sera pas ces buveurs de sauternes, Le vin du dernier sang et du dernier amour. Et ce ne sera pas ces buveurs dâambroisies Qui nous remplaceront le vin du dernier jour. Et ce ne sera pas leurs bouteilles moisies, Le vin du sacrifice et du dernier amour. Et ce ne sera pas ces buveurs dâambroisies Qui nous remplaceront le vin du dernier jour. Et ce ne sera pas leurs bouteilles choisies, Le sang du sacrifice et du dernier amour. Et ce ne sera pas ces garçons dâabattoir Qui nous ramasseront le sang du dernier jour. Et ce ne sera pas ces valets de comptoir Qui nous ramasseront notre dernier amour. Et ce ne sera pas ces maĂźtres de lavoir Qui sauront nous laver notre vieille guenille. Et ce ne sera pas ces fils dâune illustre famille Qui descendront pour nous la pente du guĂ©voir. Et ce ne sera pas ces maĂźtres de dortoir Qui viendront nous border dans des lits de prison. Et ce nâest pas ces fils dâune illustre maison Qui viendront nous chercher dans notre dĂ©potoir. Et ce ne sera pas ces princes du grattoir Qui nous remplaceront une autre signature. Et ce ne sera pas leurs cordons en sautoir Qui nous rattacheront notre double nature. Et ce ne sera pas ces fils dâapothicaires Qui nous ramasseront sur le bord dâun trottoir. Et ce ne sera pas ces mornes antiquaires Qui nous ramasseront au bas dâun accotoir. Et ce ne sera pas ces hauts fonctionnaires Qui nous ramasseront le long dâun dĂ©crottoir. Et ce ne sera pas ces sots factionnaires Qui heurteront la porte en levant le heurtoir. Et ce ne sera as leur traitement externe Qui nous fera sortir de notre pourriture. Et la foi qui nous sauve et seule nous discerne Saura nous retrouver dans la poudre et lâordure. Et ce ne sera pas par leur usage externe Que nous nous lĂšverons de notre pourriture. Mais la foi qui nous sauve et seule nous discerne Saura nous retrouver dans la fange et lâordure. Et ce ne sera pas leurs boĂźtes de conserve Qui feront notre espoir et notre nourriture. Mais la foi qui nous sauve et seule nous conserve Saura nous retrouver dans cette pourriture. Et ce ne sera pas leur extrĂȘme rĂ©serve Qui fera notre rĂšgle et notre nourriture. Mais la foi qui nous sauve et seule nous conserve Saura nous retrouver dans cette pourriture. Et ce ne sera pas leur suprĂȘme Ă©lĂ©gance Qui nous fera laisser le peu que nous savons. Et ce ne sera pas leur extrĂȘme arrogance Qui nous fera baisser les yeux que nous avons. Ce nâest pas leur tutelle et leurs augustes bourdes Qui nous dĂ©placeront la borne du chemin. Ce nâest pas leur chandelle et leurs lanternes sourdes Qui nous remplaceront le soleil de demain. Et ce nâest pas leur bore et leurs vapeurs de soufre Qui viendront nous blanchir de nos abjections. Et ce nâest pas leur chlore et leurs objections Qui viendront nous tirer du fond du dernier gouffre. Et ce nâest pas leur bore et leurs vapeurs de soufre Qui viendront nous blanchir nos derniers ossements. Et ce nâest pas leur chlore et leurs exhaussements Qui viendront nous tirer du fond du dernier gouffre. Ce nâest pas leurs talus et leurs adossements Qui feront un rempart Ă notre humble poussiĂšre. Et ce ne sera pas ces porte-gibeciĂšre Qui nous ramasseront nos derniers ossements. Ce nâest pas leurs saluts et leurs endossements Qui payeront pour nous le jour de la contrainte. Et ce ne sera pas ces professeurs de crainte Qui nous ramasseront nos derniers ossements. Et ce ne sera pas ces porteurs de contraintes Qui payeront pour nous le jour de la saisie. Et ce ne sera pas ces professeurs dâĂ©treintes, Le jour de la quittance et de lâapostasie. Et ce ne sera pas parmi leur labyrinthes Que nous Ă©garerons les pas que nous ferons. Et ce ne sera pas en suivant leurs empreintes Que nous disperserons le peu que nous serons. Et ce ne sera pas dans leurs maigres enceintes Que nous rassemblerons notre dernier dĂ©bris. Et ce ne sera pas ces professeurs dâastreintes Qui viendront nous chercher dans notre grand Paris. Et ce ne sera pas leurs pauvres fantaisies Qui nous feront entrer dans un siĂšcle plus beau. Et ce ne sera pas leurs plates frĂ©nĂ©sies Qui nous feront marcher au sortir du tombeau. Et ce ne sera pas leurs plates poĂ©sies Qui nous introduiront dans un siĂšcle nouveau. Et ce ne sera pas leurs pauvres hĂ©rĂ©sies Qui viendront nous chercher dans le dernier caveau. Et ce ne sera pas leurs maigres fantaisies Qui guideront nos pas vers un siĂšcle nouveau. Et ce ne sera pas leurs plates frĂ©nĂ©sies Qui viendront nous chercher dans un dernier caveau. Et ce ne sera pas parmi leurs aphasies Que nous rechercherons le Verbe nouveau-nĂ©. Et ce ne sera pas leurs paronomasies Qui nous baptiseront notre Verbe incarnĂ©. Et ce ne sera pas parmi leurs aphasies Que nous rechercherons le Verbe couronnĂ©. Et ce ne sera pas leurs paronomasies Qui nous baptiseront le Verbe unique-nĂ©. Et ce ne sera pas parmi leurs aphasies Que nous rechercherons le nom du mois de mai. Et ce ne sera pas leurs paronomasies Qui nous indiqueront le nom du bien-aimĂ©. Et ce ne sera pas leurs tonneaux dâambroisie Qui nous remplaceront le vin du dernier jour. Et ce ne sera pas leur fleur de malvoisie, Le vin du dernier sang et du dernier amour. Et ce ne sera pas leurs analgĂ©sies Que nous demanderons lâoubli de la douleur. Et ce ne sera pas leurs anesthĂ©sies, Lâoubli de la souffrance et lâoubli du malheur. Et ce ne sera pas leurs palingĂ©nĂ©sies Qui nous rĂ©veilleront dâentre les pĂąles morts. Et ce ne sera pas leurs hyperesthĂ©sies Qui nous feront sentir le plus horrible mors. Et ce ne sera pas parmi leurs amnĂ©sies Que nous rechercherons la plus haute mĂ©moire. Et ce ne sera pas dans leurs PolynĂ©sies Que nous rechercherons le temple de la gloire. Et ce ne sera pas dans leurs paralysies Que nous irons chercher le jeu de notre coude. Et ce ne sera pas dans leur cendre de soude Que nous irons laver nos pĂąles jalousies. Et ce ne sera pas dans leurs paralysies Que nous rechercherons le jeu de notre nuque. Et ce ne sera pas dans leurs hydropisies Que nous retrouverons une force caduque. Et ce ne sera pas dans leurs hydropisies Que nous retrouverons le sang de notre ventre. Et ce ne sera pas dans leurs hypocrisies Que nous retrouverons notre axe et notre centre. Et ce ne sera pas dans leurs paralysies Que nous rechercherons le jeu de nos genoux. Et nous ne mettrons pas dans leurs apostasies Lâappareil de ce cĆur qui ne bat que pour vous. Et ce ne sera pas dans leur Aphrodisies Que nous irons veiller un misĂ©rable feu. Et ce ne sera pas dans leurs Dionysies Que nous demanderons ce que câest que dâun Dieu. Et ce ne sera pas dans leur Papouasie Que nous rechercherons ce que câest quâun haut lieu. Mais câest sur un haut lieu de lâĂ©ternelle Asie Que nous avons connu ce que câest que dâun Dieu. Et ce nâest pas parmi leur Caucasie Que nous irons chercher un temple de la gloire. Mais câest beaucoup plus prĂšs et dans notre Austrasie Que nous avons connu nos temples de mĂ©moire. Et ce ne sera pas parmi leur Malaisie Que nous irons chercher une Ăąme plus profonde. Et ce ne sera pas parmi leur SilĂ©sie Que nous irons placer la flĂšche unique au monde. Mais câest beaucoup plus prĂšs, dans notre plate Beauce, Que nous avons dressĂ© la flĂšche inimitable. Et câest ici tout prĂšs, dans une Ă©troite fosse, Que viendra nous chercher notre grand connĂ©table. Et ce ne sera pas parmi leurs hĂ©rĂ©sies Que nous rechercherons notre dernier destin. Et ce ne sera pas dans leurs MĂ©lanaisies Que nous verrons lever notre dernier matin. Et ce ne sera pas dans leur MicronĂ©sie Quâon nous convoquera pour un dernier festin. Mais câest beaucoup plus prĂšs, dans notre Tunisie, Que nous avons connu le grand saint Augustin. Et ce ne sera pas dans une Ăźle lointaine Quâon sonnera pour nous notre suprĂȘme glas. Mais câest beaucoup plus prĂšs, et dans notre Lorraine, Que nous avons connu le grand saint Nicolas. Et ce ne sera pas ces faussement paternes Qui nous remplaceront un pĂšre paternel Et ce ne sera pas leurs antiques lanternes Qui nous remplaceront le soleil Ă©ternel. Et ce ne sera pas leurs lampadaires ternes Qui nous remplaceront un soleil solennel. Et ce ne sera pas leurs grimaces paternes Qui nous remplaceront notre pĂšre Ă©ternel. Et ce ne sera pas ces simili faux frĂšres Qui nous remplaceront un frĂšre fraternel. Et ce ne sera pas leurs simili misĂšres Qui nous remplaceront un ventre maternel. Et ce ne sera pas leurs simili misĂšres Qui nous introduiront aux siĂšcles absolus. Et ce ne sera pas ces simili faux frĂšres Qui nous remplaceront notre frĂšre JĂ©sus. Et ce ne sera pas ces simili baigneurs Qui nous introduiront aux climats absolus. Et ce ne sera pas ces simili seigneurs Qui nous remplaceront notre seigneur JĂ©sus. Et ce ne sont pas ces simili fraudeurs Qui nous introduiront aux sources rĂ©solues. Et ce ne seront pas ces simili grandeurs Qui nous introduiront aux grandeurs absolues. Et ce ne sera pas leurs simili tendresses Qui nous remplaceront un mot de notre mĂšre. Et ce ne sera pas leurs simili dĂ©tresses Qui nous remplaceront une auguste misĂšre. Et ce ne sera pas leurs simili caresses Qui nous remplaceront les yeux de notre mĂšre. Et ce ne sera pas leurs simili dĂ©tresses Qui nous remplaceront une juste misĂšre. Et ce ne sera pas leurs savants aqueducs Qui nous remplaceront une source tarie. Et ce ne sera pas leurs miracles caducs Qui nous remplaceront notre mĂšre Marie. Et ce ne sera pas dans leurs bateaux-lavoirs Quâon nous effacera la tache originelle. Et ce ne sera pas parmi leurs abreuvoirs Que nous Ă©tancherons notre fiĂšvre charnelle. Seule vous le savez nos soirs du mois de mai Ne valent pas le quart de vos plus durs dĂ©cembres. Et notre plus beau soir et le plus embaumĂ© Nâest quâun pĂąle reflet de vos mornes novembres. Et ce ne sera pas ces suprĂȘmes gandins Qui viendront nous chercher sous nos couches dâhumus. Et ce ne sera pas ces genets et ces daims Qui viendront nous chanter un dernier orĂ©mus. Et ce ne sera pas ces maĂźtres de dĂ©dains Qui viendront nous chercher sous nos couches dâhumus. Et ce ne sera pas ces professeurs soudains Qui viendront nous sonner un dernier angĂ©lus. Et ce ne sera pas ces allumeurs de gaz Qui viendront nous chercher dans nos pĂąles tĂ©nĂšbres. Ce nâest pas Joachaz et ce nâest pas Achaz Qui viendront nous chercher sur nos couches funĂšbres. Et ce ne sera pas ces pĂąles allumeurs Qui nous Ă©blouiront de lâĂ©clat de leurs becs. Et ce ne sera pas sur le banc des rameurs Que nous nous chaufferons au feu de ces cĆurs secs. Et ce ne sera pas ces pĂąles rĂ©tameurs Qui nous radouberont notre dernier vaisseau. Et ce ne sera pas ces pĂąles embaumeurs Qui nous restitueront notre premier berceau. Et ce ne sera pas leurs pĂąles rĂ©verbĂšres Qui nous jalonneront notre dernier chemin. Et ce ne sera pas leurs vertus exemplaires Qui nous embaumeront notre dernier demain. Et ce ne sera pas Ă leurs sens des affaires Que nous auront recours dans notre Ă©conomat. Et ce ne sera pas Ă leurs calorifĂšres Que nous demanderons de nous faire un climat. Ce nâest pas leur entente et leurs sans des affaires Qui rameront pour nous sur nos derniers trois-mĂąts. Et ce ne sera pas Ă leurs calorifĂšres Que nous nous chaufferons dans ces derniers frimas. Et ce ne sera pas Ă leur goĂ»t des affaires Que nous fierons nos cĆurs et notre Ă©conomie. Et ce ne sera pas Ă leurs calorifĂšres Que nous rĂ©chaufferons une peine endormie. et ce ne sera pas ces maigres donateurs qui viendront nous chercher dans nos pĂąles tĂ©nĂšbres. Et ce ne sera pas ces lourds ordonnateurs Qui nous encadreront dans leurs pompes funĂšbres. Et ce ne sera pas ces beaux archĂ©ologues Qui viendront nous chercher dans nos pĂąles dĂ©combres. Et ce ne sera pas ces savants mystagogues Qui viendront nous tirer du royaume des ombres. Et ce ne sera pas ces parfais nettoyeurs Qui viendront nous chercher parmi les dĂ©tritus. Et ce ne sera pas ces maĂźtres fossoyeurs Qui nous rĂ©citeront notre dernier Agnus. Et ce ne sera pas ces auteurs dĂ©licats Qui viendront nous chercher dans nos derniers humus. Et ce ne sera pas ces savants candidats Qui nous rĂ©citeront notre dernier Deus. Et ce ne sera pas ces robes dâavocats Qui viendront nous chercher dans nos derniers humus. Et ce ne sera pas ces parfaits renĂ©gats Qui forceront pour nous les portes du blocus. Ce nâest pas ces penseurs et ces hommes dâĂtats Qui viendront nous chercher dans notre insuffisance. Et ce ne sera pas ces hardis potentats Qui nous mettront jamais au chemin de plaisance. Et ce ne sera pas ces courtauds de boutiques Qui viendront nous chercher dans notre nĂ©gligence. Et ce ne sera pas ces marquis authentiques Qui nous mettront jamais au chemin dâallĂ©geance. Et ce ne sera pas ces maĂźtres parfumeurs Qui viendront nous trier dâentre nos immondices. Et ce ne sera pas ces chercheurs de blandices Qui viendront nous tirer de nos mauvaises mĆurs. Et ce ne sera pas ces maigres chiffonniers Qui viendront nous trier les dĂ©chets de nos corps. Et ce ne sera pas ces grĂȘles nautonniers Qui viendront nous tirer dâentre les pĂąles morts. Et ce ne sera pas ces hommes dâimportance Qui viendront ramasser notre dernier dĂ©bris. Ce nâest pas leur jactance et leur intermittence Qui viendra nous chercher dans notre vieux Paris. Et ce ne sera pas ces gens de consĂ©quence Qui viendront ramasser notre corps et notre Ăąme. Et ce ne sera pas ces maĂźtres dâĂ©loquence Qui viendront nous chercher aux pieds de Notre Dame. Et ce ne sera pas ces gens dâextrĂȘmes goĂ»ts Qui viendront nous chercher dans notre inconsistance. Ce nâest pas leur jactance et leur belle prestance Qui viendra nous chercher dans le fond des Ă©gouts. Et ce ne sera pas leurs vieux fonds de citerne Qui nous remplaceront une source profonde. Et ce ne sera pas ces premiers rois du monde Qui nous feront passer la derniĂšre poterne. Et ce ne sera pas ces restants de citerne Qui nous remplaceront une source dâeau vive. Et ce ne sera pas leur pĂąle dĂ©fensive Qui nous fera passer la derniĂšre poterne. Et ce ne sera pas ces Ă©gouts de citerne Qui nous remplaceront une source profonde. Et ce ne sera pas ces illustres du monde Qui nous feront passer la derniĂšre poterne. Seule, nous le savons, une dure offensive Nous livrera la porte, et le pont, et la herse. Seule, nous le savons, une rude lessive Lavera les effets de ce double commerce. Seule, nous le savons, une dure offensive Nous livrera la porte et le pont du fossĂ©. Seule, nous le savons, une rude lessive Lavera le restant de ce double passĂ©. Seule, nous le savons, une dure offensive Nous livrer la porte et le pont du fossĂ©. Seule, nous le savons, une rude lessive Effacera les pas de lâombre du passĂ©. Et ce ne sera pas ces chasseurs de casquettes Qui nous emporteront dans leurs maigres carniers. Et ce ne sera pas ces maĂźtres des requĂȘtes Qui viendront nous chercher dans nos pauvres charniers. Et ce ne sera pas ces chasseurs de casquettes Qui nous emporteront parmi leurs gibeciĂšres. Et ce ne sera pas ces maĂźtres des enquĂȘtes Qui nous feront lever de nos mornes glaciĂšres. Et ce ne sera pas ces colleurs dâĂ©tiquettes Qui se poseront sur nous la derniĂšre formule. Et ce ne sera pas ces chasseurs de conquĂȘtes Qui pĂšseront sur nous le gramme et le scrupule. Et ce ne sera pas ces courtiers de basoches Qui rĂ©gleront pour nous lâordre de la procĂ©dure. Et ce ne sera pas ces chercheurs dâanicroches Qui viendront nous chercher dans le trouble et lâordure. Et ce ne sera pas ces chasseurs de casquettes Qui nous emporteront parmi leurs gibeciĂšres Et ce ne sera pas ces joueurs de raquettes Qui viendront nous chercher dans nos humbles poussiĂšres. Et ce ne sera pas ces Ă©lĂ©gants bancroches Qui nous enseigneront ce que câest que marcher. Et ce ne sera pas ces candides fantoches Qui nous enseigneront ce que câest que pĂ©cher. Et ce ne sera pas ces essayeurs de roches Qui nous enseigneront lâordre de la matiĂšre. Et ce ne sera pas leurs cinquantuples croches Qui nous rĂ©veilleront dans notre cimetiĂšre. Et ce ne sera pas ces dĂ©coupeurs de roches Qui nous rĂ©vĂ©leront le secret de matiĂšre. Et ce ne sera pas ces essayeurs de croches Qui nous rĂ©veilleront dans notre cimetiĂšre. Et ce ne sera pas tous ces vide-goussets Qui payeront pour nous de lâargent de nos poches. Et ce ne sera pas tous ces tourneurs de broches Qui nous enseigneront un ordre que je sais. Et ce ne sera pas tous ces passe-lacets Qui payeront pour nous le jour du dernier terme. Et ce ne sera pas ces frotteurs dâĂ©piderme Qui nous enseigneront un terme que je sais. Et ce ne sera pas tous ces lace-corsets Qui nous arracherons de la derniĂšre Ă©treinte. Et ce ne sera pas ces porteurs de contrainte Qui nous enseigneront un terme que je sais. Et ce ne sera pas tous ces cache-corsets Qui nous arracheront dâun autre embrassement, Ce nâest pas leurs cordons et leur enlacement Qui nous enseigneront le seul nĆud que je sais. Et ce ne sera tous ces petits poucets Qui nous arracheront dâun autre enlacement. Et ce nâest pas leur botte et leur entassement Qui nous enseigneront le seul pas que je sais. Et ce ne sera pas tous ces petits poucets Qui nous apporteront des bottes de sept lieues Et ce ne sera pas ces nouveaux Barbe-Bleues Qui nous enseigneront un meurtre que je sais. Et ce ne sera pas tous ces petits poucets Qui nous arracheront de la maison de lâogre. Ce nâest pas leur boussole et ce nâest pas leur dogre Qui nous enseignera le seul nord que je sais. Et ce ne sera pas tous ces petits poucets Qui nous installeront dans une autre chaumiĂšre. Ce nâest pas leurs cailloux et leur pauvre lumiĂšre Qui nous enseigneront un chĂąteau que je sais. Et ce ne sera pas tous ces petits poucets Qui nous installeront dans la candeur premiĂšre. Ce nâest pas leurs cailloux et leur pauvre lumiĂšre Qui nous enseigneront un jardin que je sais. Et ce ne sera pas tous ces petits poucets Qui nous transporteront dans de plus nobles cieux. Ce nâest pas leur lumiĂšre et leur main sur les yeux Qui nous enseigneront notre dernier palais. Et ce ne sera pas ces portiers dâanicroches Qui nous transporteront dans un unique lieu. Et ce ne sera pas tous ces courtiers bancroches Qui nous enseigneront Ă marcher devant Dieu. Et ce ne sera pas tous ces dĂ©mĂ©nageurs Qui nous installeront notre dernier mĂ©nage. Et ce ne sera pas ces maĂźtres mĂ©nageurs Qui feront notre firme et notre patronage. Et ce ne sera pas ces porteurs de sacoches Qui nous introduiront par la porte dâĂ©rable. Et ce ne sera pas ces amateurs de croches Qui nous enseigneront un chĆur inaltĂ©rable. Et ce ne sera pas ces gros dĂ©mĂ©nageurs Qui nous emporteront notre pauvre mĂ©nage. Et ce ne sera pas tous ces maĂźtres nageurs Qui rameront pour nous dans le dernier naufrage. Et ce ne sera pas ces montants de guichets Qui nous encaisseront notre pauvre recette. Et ce ne sera pas ces fraudeurs de pĂ©chĂ©s Qui nous dĂ©caisseront lâargent de notre dette. Et ce ne sera pas dans leurs Ă©tuis-musettes Quâils nous transporteront le pain de chaque jour. Et ce ne sera pas dans leurs sacs dâamusettes Que nous transposerons notre dernier amour. Et ce ne sera pas dans leurs Ă©tuis-musettes Que nous transporterons le pain du dernier jour. Et ce ne sera pas dans leurs sacs dâamusettes Que nous transposerons notre premier amour. Et ce ne sera pas tous ces Petits Poucets Qui nous arracheront dâun grave enchaĂźnement. Et ce nâest pas leur trĂŽne et leur avĂšnement Qui nous arrachera la chaĂźne que je sais. Et ce ne sera pas ces hĂ©ros dâantichambres Qui nous introduiront dans un dernier rĂ©duit. Et ce ne sera pas ces simili Sicambres Qui nous feront passer dans le dernier dĂ©duit. Et ce ne sera pas ces hĂ©ros de bastilles Qui nous feront passer la Moselle et la Sambre. Et ce ne sera pas ces marchands de pastilles Qui nous ferons passer dans un dernier dĂ©cembre. Ce nâest pas ces cutters et ces chasse-marĂ©es Qui viendront nous chercher dans un sauvage port. Et ce ne sera pas leurs troupes chamarrĂ©es Qui viendront nous lever dâune sordide mort. Et ce ne sera pas tous ces caquets bons becs Qui nous remplaceront le triple Gloria. Et ce ne sera pas tous leur salamalecs Qui nous remplaceront un Ave, Maria. Et ce ne sera pas ces illustres blancs-becs Qui nous remplaceront le triple Hosanna. Et ce ne sera pas tous leurs salamalecs Qui nous remplaceront un Salve, regina. Et ce ne sera pas leurs illustres bons mots Qui nous remplaceront une auguste parole. Et ce ne sera pas ces beaux maĂźtres dâĂ©cole Qui viendront nous chercher dans nos derniers hameaux. Et ce ne sera pas ces diseurs de bons mots Qui nous remplaceront une illustre parole. Et ce ne sera pas dans leurs maisons dâĂ©cole Que nous apporterons lâoubli de tous les maux. Et ce ne sera pas ces faiseurs de bons mots Qui nous remplaceront une antique parole. Et ce ne sera pas ces beaux maĂźtres dâĂ©cole Qui viendront nous chercher au fin fond des hameaux. Et ce ne sera pas leurs vagues hyperboles Qui nous remplaceront un authentique Verbe. Et ce ne sera pas leurs outils agricoles Qui nous auront liĂ© notre Ă©ternelle gerbe. Et ce ne sera pas ces amateurs de mots Qui nous remplaceront lâauguste parabole. Et ce ne sera pas leur comice agricole Qui nous remplacera notre jour des Rameaux Et ce ne sera pas ces inventeurs de gestes Qui viendront nous chercher nos corps involontaires. Et ce ne sera pas tous ces complĂ©mentaires Qui viendront nous chercher nos dĂ©plorables restes. Et ce ne sera pas ces dĂ©biteurs de gestes Qui viendront nous chercher nos corps Ă©lĂ©mentaires. Et ce ne sera pas tous ces supplĂ©mentaires Qui viendront nous chercher nos lamentables restes. Et ce ne sera pas ces professeurs de gestes Qui nous ramasseront nos corps sans commentaires. Et ce ne sera pas tous ces parlementaires Qui nous recueilleront nos misĂ©rables restes. Et ce ne sera pas ces raisonneurs de gestes Qui nous ramasseront nos corps hĂ©rĂ©ditaires. Et ce ne sera pas tous ces rĂ©glementaires Qui viendront nous chercher nos pĂ©rissables restes. Et ce ne sera pas ces connaisseurs de gestes Qui viendront nous chercher dans nos plus pauvres terres. Et ce ne sera pas tous ces propriĂ©taires Qui viendront nous chercher nos dĂ©testables restes. Et ce nâest pas leur chlore et leurs bains sulfureux Qui viendront nous blanchir notre pauvre carcasse. Et ce ne sera pas ces faiseurs de grimace Qui viendront nous chercher quand nous serons affreux. Et ce ne sera pas ces fĂącheux prĂ©tendants Qui banderont un arc dans le palais dâUlysse. Et ce ne sera pas ces fameux intendants Qui boiront la lumiĂšre et le vin du calice. Et ce ne sera pas ces fĂącheux prĂ©tendants Qui banderont un arc dans le palais dâUlysse. Et ce ne sera pas ces fameux intendants Qui boiront lâamertume et le sang du calice. Et ce ne sera pas ces fĂącheux prĂ©tendants Qui banderont un arc dans le palais dâUlysse. Et ce ne sera pas ces fameux intendants Qui boiront la poussiĂšre et le sang du calice. Et ce ne sera pas ces grĂȘles soupirants Qui feront le pourchas de cette illustre veuve. Et ce ne sera pas ces frĂȘles aspirants Qui sâen iront lutter dans les roseaux du fleuve. Et ce ne sera pas ces grĂȘles soupirants Qui feront le pourchas dâune faussement veuve. Et ce ne sera pas ces frĂȘles aspirants Qui pourront triompher dans la derniĂšre Ă©preuve. Et ce ne sera pas ces grĂȘles aspirants Qui feront le pourchas dâune censĂ©ment veuve. Et ce ne sera pas ces frĂȘles aspirants Qui seront revĂȘtus de la tunique neuve. Et ce ne sera pas ces grĂȘles soupirants Qui feront le pourchas dâune prudente veuve. Et ce ne sera pas ces frĂȘles aspirants Qui seront revĂȘtus dâune naissance neuve. Et ce ne sera pas ces grossiers soupirants Qui verront le pourchas de la plus fine toile. Et ce ne sera pas ces grossiers aspirants Qui verront se lever la plus candide Ă©toile. Et ce ne sera pas ces grossiers prĂ©tendants Qui verront le pourchas dâune faussement toile. Et ce ne sera pas ces grossiers intendants Qui rangeront le mĂąt dâavec la toile Ă voile. Et ce ne sera pas ces grossiers soupirants Qui verront le pourchas dâune prudente toile. Et ce ne sera pas ces grossiers aspirants Qui verront se lever le plus candide voile. Et ce ne sera pas ces brumeux prĂ©tendants Qui feront le pourchas dâune autre PĂ©nĂ©lope. Et ce ne sera pas ces fameux intendants Qui sauront se sortir de lâantre du Cyclope. Ce nâest pas ces prĂ©teurs et ces inaccessibles Qui nous introduiront dans un dernier Ătat. Ce nâest pas ces questeurs et ces inamovibles Qui nous feront entrer dans le dernier sĂ©nat. Ce nâest pas ces galants et ces beaux tĂ©nĂ©breux Qui viendront nous chercher dans notre turpitude. Ce nâest pas ces savants et ces maĂźtres dâĂ©tude Qui viendront nous chercher quand nous seront affreux. Ce nâest pas leur peau mate et leur face polie Qui viendra nous chercher dans notre enterrement. Ce nâest pas leur peau plate et leur effarement Qui viendra nous lever notre mĂ©lancolie. Ce nâest pas leur peau grasse et leur lĂšvre jolie Qui viendra nous chercher dans notre enterrement. Câest nâest pas leur peau basse et leur effleurement Qui viendra nous lever notre mĂ©lancolie. Ce nâest pas un poignard dans une panoplie Qui combattra pour nous un suprĂȘme combat. Et ce ne sera pas leur Ă©ternel dĂ©bat Qui viendra nous lever notre mĂ©lancolie. Ce nâest pas ces nerveux et ces beaux soupirants Qui viendront nous chercher dans nos dĂ©positoires. Et ce ne sera pas nos professeurs dâhistoires Qui feront le cortĂšge et dĂ©feront les rangs. Ce nâest pas ces verveux et tous ces museaux secs Qui viendront nous chercher dans nos anciens espaces. Et ce ne sera pas nos professeurs de grecs Qui rĂ©gleront la pompe et marqueront les places. Et ce ne sera pas tous ces tĂ©lĂ©pathiques Qui viendront nous chercher dans notre isolement. Et ce ne sera pas tout leur affolement Qui pourra soulever nos membres apathiques. Ce nâest pas ces fameux prestidigitateurs Qui viendront nous chercher dans notre Ă©loignement. Et ce ne sera pas tout leur besognement Qui les empĂȘchera dâĂȘtre des amateurs. Ce nâest pas ces fiĂ©vreux et ces agitateurs Qui viendront nous chercher dans notre solitude. Et ce ne sera pas leur Ă©ternelle Ă©tude Qui les empĂȘchera dâĂȘtre des orateurs. Ce nâest pas ces crĂ©meux et ces grands gĂ©ographes Qui viendront nous chercher dans des pays perdus. Ce nâest pas ces spumeux et ces beaux cartographes Qui pourront soulever nos membres dĂ©tendus. Ce nâest pas ces vitreux et ces machinateurs Qui remettront en route un mĂ©canisme usĂ©. Ce nâest pas ces cercleux et ces profanateurs Qui baiseront les mains dâun Dieu dĂ©sabusĂ©. Ce nâest pas ces gommeux et ces beaux topographes Qui sauront nous trouver lâimpĂ©rissable lieu. Ce nâest pas ces messieurs et ces lexicographes Qui sauront nous trouver lâinaltĂ©rable Dieu. Et ce ne sera pas ces historiographes Qui viendront nous chercher par des chemins rompus. Et ce ne sera pas ces tourneurs de carafes Qui viendront soulever nos membres corrompus. Et ce ne sera pas ces graveurs dâĂ©pitaphes Qui nous feront passer les ponts interrompus. Et ce ne sera pas ces auteurs dâautographes Qui viendront soulever nos membres corrompus. Et ce ne sera pas ces maĂźtres dâorthographes Qui nous feront passer par les ponts suspendus. Et ce ne sera pas ces auteurs de paraphes Qui pourront soulever nos membres dĂ©tendus. Et ce ne sera pas ces faiseurs dâĂ©pigraphes Qui nous introduiront Ă la source de lâĂȘtre. Et ce ne sera pas ces stĂ©nobiographes Qui viendront nous chercher dans la ronce et le hĂȘtre. Et ce ne sera pas ces tĂ©lĂ©phonographes Qui nous introduiront aux racine de lâĂȘtre. Et ce ne sera pas ces stĂ©nologographes Qui viendront nous chercher dans la ronce et le hĂȘtre. Et ce ne sera pas leurs jeux interrompus. Qui nous feront gagner la partie Ă©ternelle. Et ce ne sera pas leur vigueur solennelle Qui pourra nous lever nos membres corrompus. Et ce ne sera pas leurs mots interrompus Qui nous feront gagner la centrale partie. Et ce ne sera pas leur vigueur dĂ©partie Qui pourra soulever nos membres corrompus. Et ce ne sera pas leurs savants pronostic Qui nous rĂ©vĂ©leront notre dernier demain. Et ce ne sera pas leurs gestes et leurs tics Qui nous relĂšveront de la main Ă la main. Et ce ne sera pas leurs savants pronostics Qui nous dĂ©voilerons notre dernier demain. Et ce ne sera pas leurs gestes et leurs tics Qui nous mettront lâobole au creux de notre main. Et ce ne sera pas leurs fĂącheux pronostics Qui nous feront lever notre dernier demain. Et ce ne sera pas leurs gestes et leurs tics Qui viendront nous chercher et nous prendre la main. Et ce ne sera pas leurs douteux pronostics Qui nous Ă©claireront notre dernier demain. Et ce ne sera pas leurs gestes et leurs tics Qui viendront nous laver le sang de notre main. Et ce ne sera pas leurs savantes tactiques Qui nous emporteront dans un dernier dĂ©bat. Et ce ne sera pas leurs creuses balistiques Qui nous feront gagner dans un dernier combat. Et ce ne sera pas leurs basses politiques Qui nous emporteront dans un dernier fossĂ©. Et ce ne sera pas leurs simili mystiques Qui nous emporteront dans un dernier passĂ©. Et ce ne sera pas leurs honteuses tactiques Qui nous emporteront dans un dernier assaut. Et ce ne sera pas leurs vaines balistiques Qui nous feront sauter dans un dernier ressaut. Et ce ne sera pas leurs douteuses pratiques Qui nous emporteront dans un dernier Ă©lan. Ce nâest pas leur programme et ce nâest pas leur plan Qui nous remplaceront nos dures dogmatiques. Et ce ne sera pas leurs molles pragmatiques Qui nous emporteront dans un dernier assaut. Et ce ne sera pas leurs gestes hiĂ©ratiques Qui nous feront sauter le pas du dernier saut. Et ce ne sera pas leurs airs diplomatiques Qui nous emporteront dans un dernier assaut. Et ce ne sera pas leurs tons Ă©nigmatiques Qui nous distingueront lâhonnĂȘte homme et le sot. Et ce ne sera pas ces portants de théùtre Qui nous transporteront dans le dernier dĂ©cor. Et ce nâest pas leurs trucs et leurs gestes dâalbĂątre Qui nous remplaceront notre dernier trĂ©sor. Et ce ne sera pas ces distinguĂ©s cloportes Qui viendront nous chercher dans notre enterrement. Ce nâest pas leur dĂ©tresse et leur dĂ©labrement Qui nous fera passer le seuil des doubles portes. Et ce ne sera pas ces distinguĂ©s cloportes Qui viendront nous chercher dans notre enterrement. Ce nâest pas leur dĂ©tresse et leur Ă©garement Qui nous fera quitter nos lits de feuilles mortes. Et ce ne sera pas ces distinguĂ©s cloportes Qui viendront nous chercher dans notre enterrement. Ce nâest pas leur dĂ©tresse et leur effarement Qui nous rassembleront en de pĂąles cohortes. Et ce ne sera pas ce distinguĂ©s cloportes Qui viendront nous chercher dans notre enterrement. Ce nâest pas leur dĂ©tresse et leur effondrement Qui nous assembleront en furtives cohortes Et ce ne sera pas ces distinguĂ©s cloportes Qui viendront nous chercher dans notre enterrement. Ce nâest pas leur dĂ©tresse et leur dĂ©sĆuvrement Qui se promĂšnera sur nos dĂ©pouilles mortes. Et ce ne sera pas ces puissants mille-pieds Qui se promĂšneront parmi nos pĂąles faces. Et ce ne sera pas ces illustres troupiers Qui nous ramasseront nos sordides carcasses. Et ce ne sera pas ces troublants mille-pieds Qui se promĂšneront sur nos augustes faces. Et ce ne sera pas ces candides troupiers Qui viendront nous lever nos dĂ©biles carcasses. Et ce ne sera pas ces puissants mille-pattes Qui viendront nous chercher dans notre enterrement. Et ce ne sera pas ces troublants acrobates Qui nous dĂ©mĂȘleront notre enchevĂȘtrement. Ce nâest pas ces peau glabre et ces faces rasĂ©es Qui viendront nous chercher sous les myrtes Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs lĂšvres Ă©crasĂ©es Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Ce nâest pas ces peau moite et ces lĂšvres brasĂ©es Qui viendront nous chercher sous les lauriers Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs faces abrasĂ©es Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces chambellans Ă©pais Qui viendront nous chercher dans les maisons rĂ©gnantes. Et ce ne sera pas leurs lĂšvres rĂ©pugnantes Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces buveurs de tisanes Qui viendront nous chercher sous les hĂȘtres Ă©pais. Et ce ne sera pas Ă des baisers profanes Que nous demanderons notre baiser de paix. Et ce ne sera pas cette bande charnelle Qui viendra nous chercher sous les beaux orangers. Et ce ne sera pas ces pauvres horlogers Qui nous remonteront une horloge Ă©ternelle. Et ce ne sera pas ces nobles Ă©trangers Qui nous boulangeront le pain de chaques jours. Et ce ne sera pas ces pauvres boulangers Qui nous cuiront le pain des terrestres amours. Et ce ne sera pas ces nobles Ă©trangers Qui nous boulangerons le pain de chaques jours. Et ce ne sera pas ces pauvres boulangers Qui nous cuiront le pain des charnelles amours. Et ce ne sera pas ces nobles Ă©trangers Qui nous boulangeront des pains insaisissables. Et ce ne sera pas ces pauvres boulangers Qui nous cuiront le pain des amours pĂ©rissables. Et ce ne sera pas ces nobles Ă©trangers Qui nous boulangerons le pain des autres jours. Et ce ne sera pas ces pauvres boulangers Qui nous cuiront le pain des cĂ©lestes amours. Et ce ne sera pas ces nobles Ă©trangers Qui nous boulangeront le pain des derniers jours. Et ce ne sera pas ces pauvres boulangers Qui verseront le vin des divines amours. Et ce ne sera pas ces nobles Ă©trangers Qui nous effaceront la tache originelle. Et ce ne sera pas ces pauvres boulangers Qui nous cuiront le pain dâune amour Ă©ternelle. Et ce ne sera pas ces pauvres solennels Qui viendront nous chercher sous les beaux orangers. Et ce ne sera pas ces pauvres horlogers Qui feront tourner lâheure aux cadrans Ă©ternels. Et ce ne sera pas ces demi-criminels Qui viendront nous chercher dans une entiĂšre mort. Et ce ne sera pas ces demi-colonels Qui sauront emporter lâindivisible fort. Et ce ne sera pas ces faux passionnels Qui sauront emporter le cĆur de la maison. Et ce ne sera pas ces faux rationnels Qui sauront emporter le cĆur de la raison. Et ce ne sera pas ces faux passionnels Qui sauront saluer le cĆur de leur saison. Et ce ne sera pas ces faux rationnels Qui sauront saluer le cĆur de la raison. Et ce ne sera pas ces unipersonnels Qui sauront saluer une triple personne. Et ce ne sera pas ces faussement charnels Qui sauront recevoir une fausse couronne. Et ce ne sera pas ces faux confraternels Qui reviendront jamais dans la maison du pĂšre. Et ce ne sera pas un illustre confrĂšre Qui fera tourner lâheure aux cadrans Ă©ternels. Et ce ne sera pas ces illustres faux frĂšres Qui rentreront jamais aux jardins fraternels. Et ce ne sera pas ces augustes compĂšres Qui feront tourner lâheure aux cadrans Ă©ternels. Et ce ne sera pas leur pauvre ritournelle Qui nous rĂ©veillera sous les beaux orangers Et ce ne sera pas ces pauvres horlogers Qui nous remonteront une horloge Ă©ternelle. Et ce sera la voix dâune autre villanelle Qui nous rĂ©veillera sous les arceaux lĂ©gers. Et ce ne sera pas ces pauvres horlogers Qui nous remonteront une horloge Ă©ternelle. Et ce ne sera pas ces fausses sentinelles Qui garderont la rive et le suprĂȘme bord. Et ce ne sera pas leurs gilets de flanelles Qui sauront les sauver du baiser de la mort. Et ce ne sera pas ces pĂąles sentinelles Qui garderont Ninive et la plus haute porte. Et ce ne sera pas leurs gilets de flanelles Qui sauront les sauver de cette Ă©treinte morte. Et ce ne sera pas ces blĂȘmes sentinelles Qui crieront le Qui-Vive au faĂźte de ce fort. Et ce ne sera pas leurs gilets de flanelles Qui sauront les sauver du frisson de la mort. Et ce ne sera pas ces louches sentinelles Qui garderont lâogive et les crĂ©neaux du fort. Et ce ne sera pas leurs gilets de flanelles Qui sauront les sauver des lĂšvres de la mort. Et ce ne sera pas ces beaux polichinelles Qui sauteront la rampe et les derniers trĂ©teaux. Et ce ne sera pas leur ailes de pĂ©ronnelles Qui les embarqueront sur les derniers bateaux. Et ce ne sera pas ces hommes de théùtres Qui viendront nous chercher parmi la pimprenelle. Et ce ne sera pas ces faussement folĂątres Qui viendront dĂ©ranger la ronde coccinelle. Et ce ne sera pas ces hommes de morale Qui viendront nous chercher sous les vertes tonnelles. Et ce ne sera pas ces Ăąmes en spirale Qui sauront sâĂ©garer dans les vieilles venelles. Et ce ne sera pas ces hommes de serment Qui viendront nous chercher dans notre dormitoire. Et ce ne sera pas nos professeurs dâhistoire Qui viendront nous chercher dans notre enterrement. Ce nâest pas ces monteurs et ces mĂ©caniciens Qui nous remonteront nos vieilles mĂ©caniques. Ce nâest pas ces docteurs et ces statisticiens Qui pourront nous sauver de nos terreurs paniques. Ce nâest pas ces monteurs et ces mĂ©caniciens Qui nous remonteront une vieille machine. Ce nâest pas ces compteurs et ces statisticiens Qui nous assoupliront une grinçante Ă©chine. Ce nâest pas ces compteurs et ces mĂ©caniciens Qui nous remonteront de raides mĂ©canismes. Ce nâest pas ces graisseurs et ces Ă©lectriciens Qui nous assouplirons nos raides rhumatismes. Et ce ne sera pas ces pĂąles faces rases Qui viendront nous chercher sous les charmes Ă©pais. Et ce ne sera pas ces constructeurs de phrases Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces faiseurs dâantiphrases Qui viendront nous chercher sous des ombres Ă©paisses. Et ce ne seront pas leurs molles paraphrases Qui viendront dĂ©couper le genre et les espĂšces. Et ce ne sera pas leurs sottes pĂ©riphrases Qui viendront nous chercher sous les ormes Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs timides emphases Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces hardis mousquetaires Qui viendront nous chercher dans notre enterrement. Et ce ne sera pas tous leur accoutrement Qui viendra nous chercher dans le fond de nos terres. Et ce ne sera pas ces vaillants mousquetaires Qui viendront nous chercher dans notre accoutrement. Et ce ne sera pas leur enchevĂȘtrement Qui viendra nous chercher dans nos derniĂšres terres. Et ce ne sera pas ces apprentis notaires Qui viendront nous chercher dans notre enterrement. Et ce ne sera pas tout lâenregistrement Qui viendra nous chercher dans nos plus basses terres. Et ce ne sera pas ces grands navigateurs Qui nous ramasseront sur une seule barque. Et ce ne sera pas ces beaux instigateurs Qui rĂ©pondront pour nous devant le seul monarque. Et ce ne sera pas ces sonneurs de fanfares Qui viendront nous sonner le rĂ©veil du matin. Et ce ne sera pas tout ces gardiens de squares Qui nous introduiront dans le dernier jardin. Et ce ne sera pas ces sonneurs de fanfares Qui nous rĂ©veilleront dans un dernier matin. Et ce ne sera pas tous ces gardiens de squares Qui nous feront passer la grille du jardin. Et ce ne sera pas ces gardiens de musĂ©es Qui viendront nous chercher sous les hĂȘtres Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs lĂšvres amusĂ©es Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas leurs faces polissonnes Qui viendront nous chercher sous les chastes cyprĂšs. Et ce ne sera pas leur lĂšvres mollassonnes Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces pompiers de services Qui viendront nous chercher dans les derniers portants. Et ce ne sera pas ces hommes importants Qui dĂ©partageront les vertus et les vices. Et ce ne sera pas ces grands metteurs en scĂšnes Qui viendront nous chercher sous les myrtes Ă©pais. Et ce ne sera pas Ă leurs lĂšvres obscĂšnes Que nous demanderons notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces pompiers de services Qui viendront nous chercher dans les derniers portants. Et ce ne sera pas ces hommes importants Qui viendront dĂ©couper les vertus et les vices. Et ce ne sera pas ces grands metteurs en scĂšne Qui nous convoqueront sur un dernier plateau. Et ce ne sera pas de leur dernier bateau Que Pierre jettera les mailles de la senne. Et ce ne sera pas ces faces glacĂ©es Que nos yeux sâouvriront sous les myrtes Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs lĂšvres dĂ©lacĂ©es Que viendra nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas leurs faces lassĂ©es Que nos yeux sâouvriront sous les lauriers Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs lĂšvres passĂ©es Que nous demanderons notre baiser de paix. Et ce ne sera pas Ă ces faces tassĂ©es Que nos yeux sâouvriront sous les hĂȘtres Ă©pais. Et ce ne sera pas Ă leurs lĂšvres cassĂ©es Que nous demanderons notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces revendeurs dâissues Qui viendront nous chercher sous les chastes cyprĂšs. Et ce ne sera pas leurs lĂšvres dĂ©cousues Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas parmi leurs pĂąles faces Que nos yeux sâouvriront sous les ormes Ă©pais. Et ce nâest pas leurs dents et leurs lĂšvres molasses Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas devant leurs pĂąles faces Que nos yeux sâouvriront sous les hĂȘtres Ă©pais. Et ce nâest pas leurs dents et leurs lĂšvres cocasses Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces buveurs de lavasses Qui viendront nous chercher sous les rameaux Ă©pais. Et ce nâest pas leurs dents et leurs lĂšvres bonasses Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces faiseurs de grimaces Qui viendront nous chercher sous les graves cyprĂšs. Et ce ne sera pas Ă ces lĂšvres trop grasses Que nous demanderons notre baiser de paix. Et ce nâest pas ces faussement tenaces Qui viendront nous chercher sous les charmes Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs lĂšvres de menaces Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces faces harassĂ©es Qui viendront nous chercher dans des repos Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs lĂšvres dĂ©classĂ©es Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Ce nâest pas ces geĂŽliers et ces pisciculteurs Qui viendront nous chercher dans nos tombes encloses. Ce nâest pas ces tĂŽliers et ces aviculteurs Qui viendront nous chercher dans nos fosses reposes. Ce nâest pas ces poĂȘliers et ces apiculteurs Qui viendront nous chercher dans nos tombes dĂ©closes. Ce nâest pas ces toiliers et ces agriculteurs Qui viendront nous chercher sous la ronce et les roses. Ce nâest pas ces gabiers et ces viticulteurs Qui viendront nous chercher parmi les passeroses. Ce nâest pas ces barbiers et ces horticulteurs Qui nous dĂ©laceront des lilas et des roses. Ce nâest pas ces tuiliers et ces sylviculteurs Qui viendront nous chercher parmi les lauriers-roses. Et ce ne sera pas ces mornes inspecteurs Qui nous dĂ©laceront de la ronce et des roses. Et ce ne sera pas ces mornes producteurs Qui nous feront entrer dans un dernier partage. Et ce ne sera pas ces mornes conducteurs Qui nous feront passer par un dernier village. Et ce ne sera pas ces mornes traducteurs Qui nous feront passer par un dernier langage. Et ce ne sera pas ces pauvres sĂ©ducteurs Qui nous disloqueront notre pauvre mĂ©nage. Et ce ne sera pas ces fameux capitaines Qui nous emporterons dans la derniĂšre place. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s de mitaines Qui viendront essuyer notre derniĂšre face. Et ce ne sera pas ces fameux capitaines Qui nous emporteront la place auguste et forte. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s de mitaines Qui viendront ramasser notre dĂ©pouilles morte. Et ce ne sera pas ces galants capitaines Qui nous emporteront la place unique et forte. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s de mitaines Qui nous ramasseront la chair stupide et morte. Et ce ne sera pas ces vaillants capitaines Qui nous emporteront la place chaste et forte. Et ce ne sera pas ces gantĂ© de mitaines Qui viendront essuyer la peau bleuĂątre et morte. Et ce ne sera pas ces grĂȘles capitaines Qui nous emporteront la place grave et forte. Et ce ne sera pas ces gantĂ© de mitaines Qui nous dĂ©fonceront une derniĂšre porte. Et ce ne sera pas ces frĂȘles capitaines Qui nous emporterons la place pauvre et forte. Et ce ne sera pas ces gantĂ© de mitaines Qui sauront rassembler la derniĂšre cohorte. Et ce ne sera pas ces maigres capitaines Qui nous emporteront la place noble et forte. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s de mitaines Qui viendront nous laver des traces du cloporte. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s de mitaines Qui nous emporteront la place nue et forte. Et ce ne sera pas des gens de cette sorte Que nous reconnaĂźtrons pour des grands capitaines. Et ce ne sera pas ces hardis capitaines Qui nous emporteront lâauguste forteresse. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s de mitaines Qui nous arracheront dâune juste dĂ©tresse. Et ce ne sera pas ces hardis capitaines Qui nous emporteront la haute forteresse. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s de mitaines Qui nous arracheront dâune basse dĂ©tresse. Et ce ne sera pas ces hardis capitaines Qui nous emporteront la chaste forteresse. Et ce ne sera pas ces gantĂ© de mitaines Qui nous arracheront dâune impure dĂ©tresse. Et ce ne sera pas ces hardis capitaines Qui nous emporteront la droite forteresse. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s de mitaines Qui nous arracheront dâune pauvre dĂ©tresse. Et ce ne sera pas ces hardis capitaines Qui nous emporteront la roide forteresse. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s de mitaines Qui nous arracheront dâune molle dĂ©tresse Et ce ne sera pas ces hardis capitaines Qui nous emporteront la place unique au monde. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s de mitaines Qui viendront nous chercher dans la vase profonde. Et ce ne sera pas ces hardis capitaines Qui nous emporteront la place unique au monde. Et ce ne sera pas ces plongeurs en mitaines Qui viendront nous chercher sous la vague profonde. Et ce ne sera pas ces hardis capitaines Qui nous emporteront sur leurs musculatures. Et ce ne sera pas ces gantĂ©s en mitaines Qui viendront nous chercher dans nos maculatures. Et ce ne sera pas ces pauvres frĂ©nĂ©tiques Qui viendront nous chercher sous les myrtes Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs faces fanatiques Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces aristotĂ©liques Qui viendront nous chercher sous les lauriers Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs lĂšvres famĂ©liques Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Une autre, une autre lĂšvre un peu plus catholique Mettra sur nos deux yeux notre baiser de paix. Une main moins aveugle et plus apostolique Saura nous retrouver sous les hĂȘtres Ă©pais Et ce nâest pas ces dents et ces lĂšvres flĂ©tries Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces enquĂȘteurs Ă©pais Qui viendront nous chercher jusque dans notre patrie. Et ce nâest pas leurs dents et leur lĂšvre flĂ©trie Qui viendra nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces malfaiteurs Ă©pais Qui viendront nous chercher jusquâen notre patrie. Et ce ne sera pas leurs faces exĂ©crĂ©es Qui viendront nous chercher sous les trembles Ă©pais. Et ce ne sera pas Ă leurs lĂšvres sucrĂ©es Que nous demanderons notre baiser de paix. Et ce ne sera pas leurs faces Ă©chancrĂ©es Qui viendront nous chercher sous les ormes Ă©pais. Et ce nâest pas leurs dents et leurs lĂšvres nacrĂ©es Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Une autre, une autre lĂšvre et un peu plus sacrĂ©e Mettra sur nos deux yeux notre baiser de paix. Une main moins aveugle un peu plus consacrĂ©e Saura nous retrouver sous les chastes cyprĂšs. Une mains diligente ensemble que sacrĂ© Saura nous retrouver dans la forĂȘt Ă©paisse. Une peine indulgente et pourtant consacrĂ©e Saura se retrouver dans le genre et lâespĂšce. Et ce ne sera pas ces pĂąles muscadins Qui nous soulĂšverons nos nuques soulagĂ©es. Et ce ne sera pas ces inertes gandins Qui nous dĂ©laveront nos faces ravagĂ©es. Et ce ne sera pas leurs faces abhorrĂ©es Qui viendront nous chercher sous les pommiers Ă©pais. Et ce ne sera pas leurs lĂšvres dĂ©florĂ©es Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces fades galantins Qui viendront nous chercher dans notre pourriture. Et ce ne sera pas ces maussades pantins Qui nous retourneront dans lâoutrage et lâordure. Et ce ne sera pas ces fades plaisantins Qui viendront nous chercher dans notre turpitude. Et ce ne sera pas ces aimables pantins Qui nous ramasseront notre dĂ©crĂ©pitude. Et ce ne sera pas ces gardiens de prison Qui viendront nous lever les portes de nos geĂŽles. Et ce ne sera pas par dessus leurs Ă©paules Que nous contemplerons un immense horizon. Et ce ne sera pas ces gardiens de prison Qui viendront nous nommer au seuil de nos geĂŽles. Et ce ne sera pas par dessus leur Ă©paule Que nous nous heurterons au mur de lâhorizon. Et ce ne sera pas ces gardiens de prison Qui nous appelleront au seuil de notre geĂŽle. Et ce ne sera pas par dessus leur Ă©paule Que nous contemplerons un immense horizon. Et ce ne sera pas ces gardiens de prison Qui viendront nous cueillir au seuil de notre geĂŽle. Et ce ne sera pas par-dessus leur Ă©paule Que nous regardons les bords de lâhorizon Et ce ne sera pas ces gardiens de prison Qui viendront nous lever nos registres dâĂ©crous. Et qui feront peser sur la peau de nos cous Lâimmense Ă©crasement de ce morne horizon. Et ce ne sera pas ces gardiens de prison Qui viendront nous lever de nos pĂąles Ă©crous. Et qui feront peser sur la peau de nos cous Le plat Ă©crasement dâun immense horizon. Et ce ne sera pas ces gardiens de prison Qui nous appelleront par nos noms de baptĂȘme. Et qui rĂ©voqueront lâimplacable anathĂšme Suspendu par dessus les bords de lâhorizon. Et ce ne sera pas ces gardiens de prison Qui nous appelleront par nos noms de baptĂȘme. Du nom des saints patrons qui font tous notre thĂšme Et qui tiendront le coup aux bords de lâhorizon. Et ce ne sera pas ces gardiens de prison Qui nous appelleront par nos noms de famille. Du nom de notre pĂšre et du fil en aiguille Du nom de notre aĂŻeul et jusquâĂ lâhorizon. Du nom de notre race et de notre paroisse. Du nom de notre Christ et notre rĂ©dempteur. Du nom de votre grĂące et du premier auteur. Du nom de notre peine et notre morne angoisse. Il nâiront pas chercher dans la derniĂšre alcĂŽve Le nom qui nous distingue et le nom qui nous perd. Le nom qui nous assemble et le nom qui nous sert. Le nom qui nous contente et le nom qui nous sauve. Il allait hĂ©riter de lâantique destin. Le mettrait-il jamais sous le joug de la grĂące. Il allait hĂ©riter dâune Ă©ternelle race. La mettrait-il jamais sous le rĂšgne latin. Ce nâest pas ce vieil homme avec ce jeune beau Qui viendront nous chercher dans notre pourriture, Le jour que nous serons viande et nourriture Et rĂ©crĂ©ation pour les vers du tombeau. Et qui feront peser sur la peau de nos nuques Le poids de la potence et le poids du licol. Et qui feront peser sur nos faces caduques La rĂ©probation courant au ras du sol. Et ce ne sera pas ces maĂźtres de tactiques Qui nous emporteront dans un dernier abord. Ce nâest pas ces frileux et ces antipathiques Qui nous feront sauter par un dernier sabord. Ce nâest point leur tableaux, fussent-ils synoptiques, Qui nous assembleront comme un pauvre troupeau. Ce nâest point leurs terreurs, fussent-elles optiques, Qui nous feront trembler la laine sur la peau. Et nous serons conduits par une autre houlette. Et nos bergers seront de bien autres bergĂšres. Et nous nous dĂ©lierons dâune autre bandelette. Et nous serons menĂ©s par des mains plus lĂ©gĂšres. Et nous serons conduits par une autre houlette Et nos bergers seront deux antiques bergĂšres. Et nous serons liĂ©s dâune autre bandelette. Et nous serons liĂ©s par des mains plus lĂ©gĂšres. Et nous autres Français nous en suivrons une autre. Et nous filerons doux nous autres les malins. Et le plus dĂ©lurĂ© fera le bon apĂŽtre. Et nos derniers soleils seront sur leurs dĂ©clins. Et nous Parisiens nous en suivrons une autre. Et nous filerons doux nous autres les malins. Et le plus coquebin fera le bon apĂŽtre. Et les soleils dâhiver seront sur leurs dĂ©clins. Et nous autres Français nous en suivrons la nĂŽtre. Et nous filerons doux nous autres les malins. Et le plus assurĂ© fera le bon apĂŽtre. Et nos derniers soleils seront sur leurs dĂ©clins. Et nous Parisiens nous en suivront la nĂŽtre. Et nous filerons doux nous autres les malins. Et le plus Ă©purĂ© fera le bon apĂŽtre. Et les pĂąles soleils seront sur leurs dĂ©clins. Et nous gens de Paris nous en suivront la nĂŽtre. Et nous filerons doux nous autres les malins. Et le plus mesurĂ© fera le bon apĂŽtre. Et les soleils dâhiver seront sur leurs dĂ©clins. Et nous gens dâici nous en suivrons la nĂŽtre. Et nous filerons doux nous autres les malins. Et le plus assurĂ© fera le bon apĂŽtre. Et nos derniers soleils seront sur leurs dĂ©clins. Et nos bergers seront deux uniques bergĂšres. Et nous filerons doux par devant ces houlettes. Et nous serons menĂ©s par des mains plus lĂ©gĂšres. Et nous Ă©carterons nos pĂąles bandelette. Lâune est morte au milieu des pĂąles citoyens, Pieusement couchĂ©e en un lieu de parade. Soigneusement dressĂ©e en une haute estrade Lâautre est morte au milieu des pĂąles citoyens. Lâune est morte au milieu de tous les citoyens, Pieusement couchĂ©e en un lit de tendresse. Soigneusement dressĂ©e en un lit de dĂ©tresse, Lâautre est morte au milieu de tous les citoyens. Parmi les jeunes clercs et les curĂ©s-doyens Lâune est morte au milieu dâun immense concours. Parmi les hommes dâarme et les curĂ©s-doyens Lâautre est morte au milieu dâun immense concours. Les yeux sur une croix, sans hĂąte et sans discours, Lâune est morte au milieu dâune vieille paroisse. Les yeux sur une croix, aprĂšs quelques discours, Lâautre est morte au milieu dâune vieille paroisse. Les yeux sur une croix sans hĂąte et sans faiblesse, Lâune est morte au milieu dâun immense appareil. Les yeux sur une croix sans honte et sans faiblesse Lâautre est morte au milieu dâun immense appareil. Sous un dais garanti des rayons de soleil, Lâune est morte au milieu dâune simple noblesse. Ă la face de Dieu liĂ©e en plein soleil Lâautre est morte au milieu dâune simple noblesse. Pieusement couchĂ©e en un lit dâĂ©chafaud, Lâune est morte au milieu dâun immense diocĂšse. Soigneusement dressĂ©e en un dur Ă©chafaud Lâautre est morte au milieu dâun immense diocĂšse. AĂŻeule sans reproche, aĂŻeule sans dĂ©faut, Lâune est morte au milieu dâune foule française. Captive sans reproche et prise par dĂ©faut Lâautre est morte au milieu dâune foule française. Les yeux levĂ©s au ciel, sans hĂąte et sans angoisse, Lâune est morte au milieu dâun peuple convoquĂ©. Les yeux levĂ©s au ciel, non sans un peu dâangoisse, Lâautre est morte au milieu dâun peuple convoquĂ©. Ses beaux doigts joints levĂ©s vers la misĂ©ricorde, Lâune est morte au milieu dâun peuple interloquĂ©. Ses deux poignets liĂ©s aux nĆuds dâune Ăąpre corde, Lâautre est morte au milieu dâun peuple interloquĂ©. Ses beaux cheveux nouĂ©s le long de son sarrau, Lâune est morte au milieu dâun peuple de fidĂšles. Ses beaux cheveux nouĂ©s par la main du bourreau, Lâautre est morte au milieu dâun peuple de fidĂšles. Ces yeux qui tant avaient guettĂ© les hirondelles Ne guettĂšrent plus rien que les dons de lâEsprit. Ces yeux qui tant avaient guettĂ© les hirondelles Ne guettĂšrent plus rien que de voir JĂ©sus-Christ. Diligente bergĂšre, inlassable gardienne, Lâune est morte au milieu de toute chrĂ©tientĂ©. Diligente bergĂšre, inlassable gardienne, Lâautre est morte au milieu de toute chrĂ©tientĂ©. Vigilante bergĂšre, aĂŻeule et paroissienne, Lâune est morte au milieu de toute chrĂ©tientĂ©. Vigilante bergĂšre, aĂŻeule et paroissienne Lâautre est morte au milieu de toute chrĂ©tientĂ©. Dâun cĆur sans dĂ©faillance et dâun cĆur indomptĂ©, Lâune est morte au milieu de la race chrĂ©tienne. Dâun cĆur sans dĂ©faillance et dâun cĆur indomptĂ©, Lâautre est morte au milieu de la race chrĂ©tienne. Et nous autres Français nous en suivrons la nĂŽtre, La plus appareillĂ©e aux dons du Saint-Esprit, La plus appareillĂ©e au livre de lâapĂŽtre, La plus appareillĂ©e au cĆur de JĂ©sus-Christ. Et nous autres Français nous en suivrons la nĂŽtre. Câest la plus attachĂ©e aux dons du Saint-Esprit. Et la plus affichĂ©e au livre de lâapĂŽtre. Et la plus approchĂ©e au cĆur de JĂ©sus-Christ. Et nous autres Français nous en suivrons la nĂŽtre. Câest la plus accointĂ©e aux dons du Saint-Esprit. Et la plus attestĂ©e au livre de lâapĂŽtre. Et la plus imitĂ©e au cĆur de JĂ©sus-Christ. Dans un vallon semĂ© de bouleaux et de hĂȘtres Lâune est morte au milieu dâun peuple prosternĂ©. Sur un haut Ă©chafaud de bouleaux et de hĂȘtres Lâautre est morte au milieu dâun peuple consternĂ©. Au milieu des bourgeois, des manants et des prĂȘtres, Lâune est morte au milieu dâun peuple nouveau-nĂ©. Au milieu des soldats, des bourreaux et des prĂȘtres, Lâautre est morte au milieu dâun peuple abandonnĂ©. Dans le propre pays de ses simples ancĂȘtres Lâune est morte au milieu dâun peuple couronnĂ©. Au milieu des docteurs, des savants et des traitres Lâautre est morte au milieu dâun peuple rançonnĂ©. Dans le propre pays de ses travaux champĂȘtres Lâune est morte au milieu dâun peuple façonnĂ©. Sous les regards dardĂ©s de toutes les fenĂȘtres Lâautre est morte au milieu dâun peuple pardonnĂ©. Au milieu du troupeau conduit pas ses pasteurs, Lâune est morte au milieu dâune sorte de place. Au milieu du troupeau sĂ©duit par les docteurs Lâautre est morte au milieu dâune publique place. Lâune est morte au milieu dâune sorte dâespace LaissĂ© par le respect et par le recueillement. Lâautre est morte au milieu dâun implacable espace GardĂ© par la terreur et le gouvernement. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut. Car elle a parcourus les degrĂ©s de la vie. Et le pĂ©chĂ© dâorgueil et le pĂ©chĂ© dâenvie Se sont longtemps liguĂ©s contre son noble vĆu. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut. Car elle a parcouru les relais de la vie. Et le pĂ©chĂ© dâorgueil et le pĂ©chĂ© dâenvie Se sont longtemps jouĂ©s aux rĂšgles de ce jeu. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut. Car elle a parcouru les dĂ©lais de la vie. Et le pĂ©chĂ© dâorgueil et le pĂ©chĂ© dâenvie Se sont longtemps brĂ»lĂ©s aux flammes de ce feu. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut. Car elle Ă parcouru les palais de la vie. Et le pĂ©chĂ© dâorgueil et le pĂ©chĂ© dâenvie Se sont longtemps pincĂ©s aux mailles de ce nĆud Sans hĂąte et sans faiblesse et sans nul tremblement, Lâune est morte au milieu de la plĂšbe chrĂ©tienne. Sans honte et sans faiblesse et sans nul tremblement, Lâautre est morte au milieu de la plĂšbe chrĂ©tienne. Diligente, attentive et candide doyenne, Lâune est morte au milieu dâun grand assemblement. Diligente, attentive et jeune citoyenne, Lâautre est morte au milieu dâun grand assemblement. Et lâune Ă©tait ridĂ©e et câĂ©tait une ancienne. Et tous la regardaient comme une auguste aĂŻeule. Et lâautre, obĂ©issante et pauvre paroissienne, Parmi ce grand concours demeurait pauvre et seule. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut. Car elle a parcouru les Ăąges de la vie. Voici le long chemin de la route suivie Depuis le premier Ăąge et le premier aveu. Voici son livre dâheure et voici son horaire. Voici tout le parcours de son Ă©vĂ©nement. Voici ses lieux dâĂ©tape et son itinĂ©raire. Voici tout le discours de son avĂšnement. Or la terre est chargĂ©e, et câest la terre seule, De faire le long Ăąge et lâĂąge rĂ©volu. Et de faire une enfant et de faire une aĂŻeule, Et de marquer les bords de notre Ăąge absolu. Et de marquer les bords dâun courage rebelle. Et de marquer les bords dâune longueur de temps. Et de faire une laide et de faire une belle. Et de faire un automne et de faire un printemps. Et de marquer les bords dâun Ăąge de merveille Ou dâun Ăąge vieillot frileusement couvert. Et de faire une jeune et de faire une vieille. Et de faire un avril et de faire un hiver. Et la terre est chargĂ©e, et câest la terre seule, De faire le grand Ăąge et lâĂąge rĂ©solu. Et de faire une femme et de faire une aĂŻeule. Et de couper les bords de notre Ăąge absolu. Et la terre est chargĂ©e, et câest la son office, De dĂ©couper les bords de notre Ăąge rĂ©el, Sans aucun appareil, sans aucun artifice, Du premier jour des Rois jusquâau dernier NoĂ«l. Et la vie est chargĂ©e, et câest lĂ son affaire, De marcher tout le long de notre Ăąge rĂ©el. Et nul ne peut changer, et nul ne peut dĂ©faire La courbe quâelle inscrit jusquâau dernier NoĂ«l. Et la vie est chargĂ©e, et câest lĂ son affaire Dâenregistrer lâampleur de notre Ăąge rĂ©el. Nul ne peut altĂ©rer, nul ne peut redĂ©faire Le tracĂ© quâelle inscrit jusquâau dernier NoĂ«l. Câest la terre qui gagne et la terre qui plaide Et qui fait le procĂšs de nos vieillissements Et qui fait une belle et qui fait une laide Et qui fait le tracĂ© de nos bannissements. Câest la terre qui gagne et la terre qui compte Et qui fait le procĂšs de nos inscriptions Et qui fait le mĂ©moire et qui fait le dĂ©compte Et qui fait le tracĂ© de nos descriptions. Câest la terre qui gagne et la terre qui compte Et qui fait le procĂšs de nos endossements Et qui fait le sommaire et qui rĂšgle le compte Et qui fait le tracĂ© de nos efforcements. Câest la terre qui mord et la terre qui compte Et qui fait le procĂšs de nos consomptions Et qui rĂšgle lâhistoire et qui rĂšgle le conte Et qui fait le tracĂ© de nos rĂ©demptions. Câest la terre qui gagne et la terre qui marque Et qui fait le procĂšs de nos morcellements Et qui nous introduit prĂšs du plus grand monarque Et qui fait le tracĂ© de nos nivellements. Câest la terre qui gagne, qui mord, et qui accroĂźt Et qui fait le procĂšs de nos accroissements Et qui nous introduit auprĂšs du plus grand roi Et qui fait le tracĂ© de nos dĂ©passements. Et la terre enregistre et fait le relevĂ©. Elle inscrit pour toujours la creuse inscription. Du pain spirituel, du grain de sĂ©nevĂ© Elle fait lâinventaire et la description. Et la terre enregistre et câest elle qui toise Et qui fait la grandeur ou lâinepte bassesse Et LutĂšce et Paris et Nanterre et Pontoise Et la dame dâatour et la jeune princesse. Et la terre mesure et câest elle qui trace La courbe et le graphique et lâenregistrement. Et qui fait un orgueil et qui fait une race Et qui fait une assise et un effondrement. Et la terre mesure et câest elle qui trace La courbe et le graphique et lâenregistrement. Et qui fait une ligne et qui fait une race Et qui fait un royaume et un dĂ©membrement. Câest la terre qui gagne et câest elle qui fait Un Ă©tablissement et qui fait un dĂ©bris Et câest elle en principe et câest elle en effet Qui fait les cheveux blonds et fait les cheveux gris. Câest la terre qui gagne et câest elle en effet Avant les cheveux blancs qui fait les cheveux gris Et câest elle qui marque et câest elle qui fait Fleurir les cheveux dâor et notre beau Paris. Câest la terre qui note et câest elle en effet AprĂšs les cheveux blonds qui fait les cheveux gris Et câest elle qui cote et câest elle qui fait Neiger les cheveux blancs de notre vieux Paris. Câest elle qui dĂ©coupe un immense parvis Sous les pas de Dieu mĂȘme et devant Notre Dame. Câest elle qui recule aux horizons de lâĂąme Lâimmense espacement de notre grand Paris. Câest elle qui dĂ©roule un immense tapis Sous les pieds de Dieu mĂȘme et devant Notre Dame. Câest elle qui recule aux horizons de lâĂąme Les immenses destins du temporel Paris. Rien ne peut supplĂ©er cet enregistrement Et cette inscription et cette expĂ©rience. Rien ne peut remplacer le jour de lâĂ©chĂ©ance Et la procession et le dĂ©nombrement. Et lâune en Paradis a lâĂąge que Dieu veut. Dieu nâa plus quâĂ choisir entre de si beaux Ăąges. Comme un roi qui hĂ©site entre de beaux villages Et ne sait pas lequel recevra son aveu. Et lâune en paradis a lâĂąge que Dieu veut. Dieu nâa plus quâĂ choisir entre de si beaux jours Comme un roi qui hĂ©site entre de beaux amours, Entre lâamour du peuple, entre lâamour de Dieu. Et lâune en paradis a lâĂąge que Dieu veut. Dieu nâa plus quâĂ choisir entre de si beaux ans Comme un roi qui sâavance entre ses paysans Et porte la concorde et le rĂšgne de Dieu. Et lâune en paradis a lâĂąge que Dieu veut Dieu nâa plus quâĂ choisir dans ces belles annĂ©es Comme un roi qui choisit des gerbes moissonnĂ©es Et ne sait pas laquelle est la plus prĂšs de Dieu. Et lâune en paradis a lâĂąge que Dieu veut. Il nâa plus quâĂ choisir entre de si beaux gages Comme un roi qui hĂ©site entre de beaux parages Et ne sait pas lequel pourrait fixer son vĆu. Et lâune en paradis a lâĂąge que Dieu veut. Il nâa plus quâa choisir entre ces beaux Ă©tages Comme un roi qui choisit entre ses paysages Et ne sait pas lequel ferait le plus beau jeu. Et lâune en paradis a lâĂąge que Dieu veut. Il nâa plus quâĂ choisir entre ces hĂ©ritages Comme un roi qui hĂ©site entre ses apanages Et ne sait pas lequel fait le plus bel enjeu. Et lâune en paradis a lâĂąge que Dieu veut. Il nâa plus quâĂ choisir entre ces beaux partages Comme un roi qui hĂ©site entre tant de bailliages Et ne sait pas lequel recevra son aveu. Et comme on ne sait pas dans une belle annĂ©e Ce quâon aime le mieux, si câest le doux printemps, Ou si câest une glĂšbe en son oĂ»t moissonnĂ©e, Et comme on ne sait pas entre tant de beaux temps, Et comme on ne sait pas quand une annĂ©e est bonne Ce quâon aime le mieux, si câest le dur Ă©tĂ© Ou le mĂ©lancolique et jaunissant automne, Et comme on ne sait pas quand le sort est jetĂ©, Et comme on ne sait pas quand le choix est ouvert Ce quâon aime le mieux, si câest le doux avril Ou lâardent messidor, si câest le grave hiver Ou lâĂ©ternel Ă©tĂ© pĂšre du pĂšre Nil, Et comme on ne sait pas quand une annĂ©e est belle Ce quâon aime le mieux, si câest les giboulĂ©es Ou si câest le retour de la noire hirondelle Ou si câest le rĂ©seau des peines dĂ©roulĂ©es, Et comme on ne sait pas quand le choix est ouvert Ce quâon aime le mieux, si câest le doux avril Ou le lourd fructidor, si câest le grave hiver Ou la feuille dâautomne ou les rĂȘves dâexil, Et comme on ne sait pas quand une annĂ©e est belle Ce quâon aime le mieux parmi tant de beautĂ©, Ou du printemps volage, ou de lâĂ©tĂ© fidĂšle, Ou des graves hivers ou des graves Ă©tĂ©s, Et comme on ne sait pas dans lâimmense univers Ce quâon aime le mieux, si câest le dur Ă©tĂ©, Ou le sĂ©vĂšre automne ou les graves hivers, Et comme on ne sait pas dans cette Ă©ternitĂ©, Et comme on ne sait pas parmi tant de bonheurs Ce quâon aime le mieux, si câest un bel orage, Ou si câest la saison du profond labourage, Ou le balancement des vastes moissonneurs, Et comme on ne sait pas entre tous ces honneurs Ce quâon aime le mieux, si câest un beau verglas, Ou la neige Ă©tendue au loin des pays plats, Ou le ramassement des dĂ©biles glaneurs. Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux jours Ce quâil aime le mieux, si câest le doux printemps, Ou la sĂ©vĂ©ritĂ© de plus fermes amours, Ou la dĂ©clivitĂ© de plus obliques temps. Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux temps Ce quâil aime le mieux, si câest le doux avril Ou la feuille dâautomne et le rĂȘve dâexil, Ou le mĂ©lancolique et volage printemps. Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux jours Ce quâil aime le mieux, si câest la douce enfance Et si câest la modeste et simple obĂ©issance Ou la gratuitĂ© des parfaites amours. Ainsi Dieu ne sait pas, ainsi Dieu ne sait plus Ce quâil aime le mieux dans une belle vie, Si câest cette Ăąpre pente incessamment gravie Ou la gratuitĂ© des amours absolus. Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux jours Ce quâil aime le mieux, si câest la jeune enfance Et si câest le travail ou les jeux de la danse Ou la fidĂ©litĂ© des terrestres amours. Ainsi Dieu ne sait pas dans une belle vie Ce quâil aime le mieux entre tant de beaux jours. Il regarde, il refait la route poursuivie. Lâanticipation des cĂ©lestes amours. Dans une belle vie il nâest que de beaux jours. Dans une belle vie il fait toujours beau temps. Dieu la dĂ©roule toute et regarde longtemps Quel amour est plus cher entre tous ces amours. Ainsi Dieu ne sait pas, ainsi le divin maĂźtre Ne sait quel retenir et placer hors du lieu, Et pour lequel tenir et sâil faut vraiment mettre Lâamour de la patrie aprĂšs lâamour de Dieu. Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux jours, De la plus belle enfant Ă la plus belle aĂŻeule, Quel il aime le mieux de ces propres amours, Et sâil nâaime pas mieux une Ăąme errante et seule. Et sâil nâaime pas mieux une souple jeunesse. Et sâil nâaime pas mieux les dures fermetĂ©s. Et sâil nâaime pas mieux une belle vieillesse. Et sâil nâaimes pas mieux les dures pauvretĂ©s. Depuis les cheveux blonds jusques aux cheveux blancs. Et depuis lâescabeau jusquâaux bras du fauteuil. Jusquâau bord du tombeau, jusquâau ras du cercueil. Depuis les premiers pas jusquâaux pas chancelants. Et des premiers genoux jusquâaux genoux tremblants. Du premier tabouret jusquâau dernier fauteuil. Du premier pas de porte au ras du dernier seuil. Et des beaux cheveux blonds aux plus beaux chevaux blancs. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut. Il nâa plus quâĂ choisir dans ces belles annĂ©es. Comme un roi qui choisit des gerbes moissonnĂ©es Jaune comme un trĂ©sor, blonde comme un cheveu. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut. Il nâa plus quâĂ choisir dans ces belles annĂ©es. Comme un roi qui choisit des gerbes moissonnĂ©es Pleines comme un trĂ©sor, fines comme un cheveux. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut. Il nâa plus quâĂ choisir dans ces belles annĂ©es. Comme un roi qui choisit des gerbes moissonnĂ©es Lourde comme un tapis, souple comme un cheveu. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut. Heureux ceux dâentre nous qui la verront paraĂźtre. Dans le vallon semĂ© de bouleaux et de hĂȘtres Heureux ceux qui pourront former un dernier vĆu. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut. Heureux les gens dâici qui la verront paraĂźtre Comme une fille aimĂ©e aux pieds du divin maĂźtre Et qui formuleront un pĂ©rissable vĆu. Et lâune dans le ciel a lâĂąge que Dieu veut, Fillette ou jeune femme ou diligente aĂŻeule. Comme un roi qui choisit dans une immense meule Une gerbe de blĂ© fine comme un cheveu. Mais lâautre dans le ciel ne peut avoir quâun Ăąge. Et quand Dieu le voudrait il nây pourrait rien faire. Et quand Dieu le voudrait ce nâest pas son affaire. Elle est montĂ©e au ciel dĂšs son apprentissage. Elle est montĂ©e au ciel ensemble jeune et sage Ă peine parvenue au bord de son printemps, Au temps de sa tendresse et de son jeune temps, Ă peine au dĂ©barquĂ© de son premier village. Elle est montĂ©e au ciel aprĂšs un premier stage Plus court que les trois ans du seigneur JĂ©sus-Christ, Mis non moins entendue aux dons du Saint-Esprit Que tant dâautres qui font un long pĂšlerinage. Elle est montĂ©e au ciel aprĂšs un jeune stage Plus court que les trois ans du maĂźtre JĂ©sus-Christ, Mais non moins Ă©clairĂ©e aux dons du Saint-Esprit Que tant dâautres qui font un long appareillage. Elle est montĂ©e au ciel aprĂšs un pauvre stage Plus court que les trois ans publics de JĂ©sus-Christ, Mais non moins entendue au dons du Saint-Esprit Que tant dâautres qui jouent un plus long personnage. Et lâautre dans le ciel nâa que lâĂąge quâelle a. Elle nâen a jamais eu quâun sur cette terre. Elle a le mĂȘme au ciel dans la gloire et voilĂ Ce que nous avons fait dâune enfant volontaire. Et dâautre dans le ciel nâest quâune jeune enfant Telle quâelle quitta des chemins de la terre. Car cet homme dâĂtat et ce chef militaire Ne fut jamais quâune humble et courageuse enfant. Et lâautre dans le ciel nâest quâune jeune enfant Telle quâelle partit de sa jeune Lorraine. Car cet homme de guerre et ce grand capitaine Ne fut jamais quâune humble et courageuse enfant. Et lâautre en paradis nâest quâune jeune enfant. Dieu nâa pas Ă choisir ou lâun ou lâautre Ă©tage. Car cette enfant candide et ce chef triomphant Est morte au premier bord de son premier partage. Et lâautre en paradis nâest quâune jeune enfant. Dieu nâa pas Ă choisir lâun ou lâautre apanage. Car cette enfant fidĂšle et ce chef triomphant Est morte au premier saint de son pĂšlerinage. Et lâautre en paradis nâest quâune jeune enfant. Dieu nâa pas Ă choisir ou lâun ou lâautre gage. Car cette enfant docile et ce chef triomphant Est morte Ă peine entrĂ©e au seuil de lâhĂ©ritage. Et ce grand gĂ©nĂ©ral qui prit tout un royaume, Et ce nâĂ©tait pas rien, le royaume de France, Dans le dernier climat et sous le dernier dĂŽme Nâaura pas plus vieilli que la jeune espĂ©rance. Et ce grand gĂ©nĂ©ral qui saisit un royaume, Et quel saisissement, le royaume de France Dans le dernier climat et sous le dernier dĂŽme Sera du mĂȘme jeu que la jeune espĂ©rance. Et ce grand gĂ©nĂ©ral qui menait des armĂ©es Comme on gagne le ciel et câest tambour battant, Ainsi ce grand vainqueur et ce grand combattant Balayait en passant les graves renommĂ©es Comme elle eĂ»t balayĂ© le devant de sa porte. Et nous ses serviteurs, nous autres les puissants, Nous lâavons fait pĂ©rir, nous lâavons faite morte Comme HĂ©rode fit morts trois cent mille Innocents. Heureux qui la verra dans cette autre lumiĂšre, Le front plus dĂ©couvert que les saints Innocents, Telle quâon la voyait au seuil de sa chaumiĂšre, Ou parmi ses troupeaux frĂȘles et bondissants. Car ce grand gĂ©nĂ©ral qui gagna vingt batailles Comme on gagne le ciel et ce chef triomphant Sous le casque battu, sous la cotte de mailles Ne fut jamais quâune humble et courageuse enfant. Et ce grand gĂ©nĂ©ral qui prenait des bastilles Ainsi quâon prend le ciel, câest en sautant dedans NâĂ©tais devant la herse et parmi le redans Quâune enfant Ă©chappĂ©e Ă de pauvres familles. Et ce grand gĂ©nĂ©ral qui ramassait des bourgs Comme on gaule des noix avec un grand Ă©pieu NâĂ©tait quâune humble enfant perdue en deux amours, Lâamour de son pays parmi lâamour de Dieu. Et ce grand gĂ©nĂ©ral qui ramassait des villes Comme on gaule des noix avec un grand Ă©pieu NâĂ©tait dans la rumeur et des guerres civiles Quâune humble enfant perdue en son amour de Dieu. Et ce grand gĂ©nĂ©ral qui forçait des provinces Comme on gaule des noix avec un grand Ă©pieu NâĂ©tait dans les honneurs, et dans les jeux des princes, Quâune humble enfant perdue en son amour de Dieu. Et ce grand gĂ©nĂ©ral qui reprit un royaume Comme on reprend le ciel, et câest de vive force, Ătait dans la cuirasse et sous la dure Ă©corce Comme un tendre froment dans la paille et le chaume. Et ce grand gĂ©nĂ©ral qui conquit un royaume, Comme on conquiert le ciel, et câest de vive force, Ătait sous la cuirasse, et le masque du heaume, Comme un tendre froment sous une dure Ă©corce. Heureux ceux dâentre nous qui la verront paraĂźtre, Le regard plus ouvert que dâune Ăąme dâenfant Quand ce grand gĂ©nĂ©ral et ce chef triomphant Ressemblera sa troupe aux pieds de notre maĂźtre. Et lâune est morte un soir, et le trois de janvier. Tout un peuple assemblĂ© la regardait mourir. Le bourgeois, le manant, le pĂątre et le bouvier Pleuraient et se taisaient et la voyaient partir. LâĂ©blouissant manteau dâune sĂ©vĂšre neige Couvrait les beaux vallons du pays parisis. Lâamour de tout un peuple Ă©tait tout son cortĂšge. Et ce peuple câĂ©tait le peuple de Paris. LâĂ©blouissant manteau dâune prudente neige Couvrait les beaux recreux de la naissante France. Lâamour de tout un peuple Ă©tait son espĂ©rance. Lâamour de tout un peuple Ă©tait tout son cortĂšge. Et par France jâentends le pays parisis. Et la neige Ă©clatait, tunique grave et blanche. On avait fabriquĂ© comme une estrade en planche. Et lâantique LutĂšce Ă©tait dĂ©jĂ Paris. La neige dĂ©roulait un immense tapis. Lâhistoire dĂ©roulait un immense discours. La gloire en commençait un immense parcours. DĂ©jĂ lâhumble LutĂšce Ă©tait le grand Paris. La neige dĂ©coupait un immense parvis. Lâhistoire prĂ©parait un immense destin. La gloire se levait dans un jeune matin. Et la jeune LutĂšce Ă©tait le vieux Paris. Lâautre est morte un matin et le trente de mai Dans lâhĂ©sitation et la stupeur publiques. Une forĂȘt dâhonneur, de haches et de piques La tenaient circonscrite en un cercle fermĂ©. Et lâune est morte ainsi dâune mort solennelle Sur ces quatre-vingt-dix ou quatre-vingt-douze ans Et les durs villageois et les durs paysans, La regardant vieillir lâavaient crue Ă©ternelle. Et lâautre est morte ainsi dâune mort solennelle. Elle nâavait passĂ© ses humbles dix-neuf ans Que de quatre ou cinq mois et sa cendre charnelle Fut dispersĂ©e aux vents.
ndFo1. 351 176 55 240 464 240 496 183 472
charles peguy la mort n est rien